Season preview: Canadiens de Montréal
Eastern Conference – Atlantic division
Et cette année, Jekyll ou Hyde?

Auteur d’une brillante saison et récompensé par le trophée Norris de meilleur défenseur de la ligue, PK Subban s’impose comme la star du Canadien. Il va devoir confirmer cette saison.
Troisième plus mauvaise équipe de la ligue voici deux saisons, Montréal était l’an dernier la quatrième meilleure, si l’on s’en tient à la saison régulière. Un changement radical qui brouille la lecture du potentiel réel de cette équipe. Car si l’on n’a guère de chance de se tromper en affirmant que le Canadien ne sera pas, sauf grosse catastrophe, en position de repêcher parmi les trois premiers en juin prochain, la plupart des observateurs ne voient pas l’équipe de Marc Bergevin répéter la performance de la saison dernière. Un consensus qui s’explique par une fin de saison régulière particulièrement poussive et par une élimination expresse au premier tour des playoffs. Et ce sans avoir vraiment pu défendre ses chances. La faute pour la plupart des observateurs, à un déficit d’agressivité trop important par rapport aux Senators. La faute surtout à un duel de gardiens remporté haut la main par Craig Anderson, des Senators. Pour se relancer, Montréal va donc avoir besoin d’un Carey Price à la hauteur de son immense talent. Décevant en fin de saison dernière, le gardien d’Anahim Lake avait tout de même réalisé une grosse demi saison avant de baisser de pied. Son potentiel reste énorme, et il a montré par le passé une vraie capacité à rebondir. Mais il ne peut plus se contenter de rebondir et doit désormais s’installer comme un gardien d’élite dans la ligue. Sa doublure, Peter Budaj, a de son côté réalisé une belle saison. Mais il n’a clairement pas l’étoffe d’un numéro 1, ou même d’un remplaçant capable de réduire sensiblement la charge de travail de Price. Il faudra donc un excellent Price, mais aussi une défensive plus solide que l’an dernier. Car si PK Subban a brillé de mille feux, obtenant le trophée Norris de meilleur défenseur de la ligue, on ne peut pas en dire autant de ses camarades. Andrei Markov a été très productif en avantage numérique, mais il n’a clairement pas retrouvé tous ses moyens, et a sensiblement ralenti. Josh Gorges a connu, et c’est inhabituel pour lui, une saison décevante. Alexei Emelin faisait le travail comme espéré, mais il s’est gravement blessé, et sa présence physique a cruellement manqué au Canadien. Quant à Raphael Diaz, une blessure a entravé sa progression dans une saison qu’il avait démarré sur les chapeaux de roue. Enfin, Francis Bouillon est un joueur de devoir, mais il a été trop utilisé l’an dernier. Pour donner un coup de main à cette escouade défensive, Marc Bergevin a resigné Davis Drewiske (qui n’est guère mieux qu’un 7e défenseur), et surtout attiré Douglas Murray, qui a signé pour un an. Le Suédois a beaucoup perdu en vitesse, mais il reste un as du bodychek, et pratique un style particluièrement agressif. Et si ça devait ne pas suffire, Nathan Beaulieu, et surtout Jarred Tinordi, ont montré de belles choses, et ne sont pas loin du niveau NHL. La défense s’annonce le principal chantier de Michel Therrien. Mais l’attaque recèle aussi quelques interrogation.
Brière, une recrue en question
La plus débattue concerne la première recrue de Bergevin cet été. Après avoir laissé partir Michael Ryder, le DG du Canadien est allé offrir deux ans de contrat à Daniel Brière. Le Québécois avait décliné l’opportunité de rejoindre son équipe d’enfance il y a six ans, mais son lourd contrat était trop contraignant pour Paul Holmgren, le DG des Flyers, qui a donc choisi de s’en séparer. Brière a connu une saison délicate l’an passé (seulement 16 points en 34 matchs), et beaucoup se demandent s’il n’est pas tout simplement fini. Mais le petit attaquant a du caractère, comme le démontrent ses stats impressionnantes en playoffs. Il vient renforcer une attaque qui a connu une année faste (4e dans la ligue, avec le 5e powerplay du circuit), sans qu’aucun joueur n’approche la moyenne d’un point par match. C’est Max Pacioretty qui a présenté la meilleure récolte, marquant toutefois moins que l’année précédente (39 points, 15 buts). Il devra répéter ce type de performance, en ajoutant sans doute un poil plus d’implication physique. Tomas Plekanec reste, lui, le centre numéro 1 de cette équipe. Aussi efficace en attaque qu’en défense, le Tchèque reste un joueur précieux, même s’il ne fait pas partie de l’élite de la ligue à son poste. Brian Gionta a lui connu une saison correcte, mais s’est à nouveau blessé lors des playoffs. Quant à René Bourque, il a été perturbé par les blessures, mais a tout de même démontré qu’il pouvait revenir à un niveau intéressant. Mais la vraie plus value de l’attaque montréalaise est surtout venue de deux jeunes joueurs. Alex Galchenyuk, repêché l’été précédent, a épaté le staff montréalais au point de se tailler une place dans l’effectif. Et il a plus que répondu aux attentes, avec 27 points en 48 matchs et quelques gestes de grandes classe. Son partner in crime, Brendan Gallagher, a été peut-être plus impressionnant encore. Malgré sa petite taille, l’ex Giant de Vancouver a terminé deuxième meilleur buteur du Canadien, tout en allant régulièrement mettre son nez dans les zones les plus embouteillées. Quant à Lars Eller, il a fini la saison très fort, et peut-être prouvé qu’il méritait mieux qu’un poste de troisième centre. Ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour David Desharnais, décevant l’an dernier, et qui va devoir rebondir rapidement, sous peine de ne plus être indispensable. Une question que n’a pas à se poser Brandon Prust. Signé sur le marché des agents libres par Bergevin, l’ailier a démontré l’an dernier qu’il valait bien son coûteux contrat (2M$ par saison). Rien ni personne ne semble lui faire peur, et il a apporté une dose d’agressivité indispensable au Canadien. Même s’il l’a payé cher, enchaînant les blessures. Il aura bien besoin du renfort de l’enforcer George Parros, acquis des Panthers cet été, dans une division où les tough guys ne manquent pas. Pour aider les deux costauds, Montréal aura bien besoin d’un Travis Moen à son niveau. L’an passé, l’ex Duck d’Anaheim en était loin. Quant à Ryan White, il devra apporter son agressivité, sans perdre le contrôle. L’ensemble est équilibré, même s’il manque un peu de robustesse, malgré les apports estivaux.
L’an dernier:
2e de la conférence Est avec 63 points. Eliminés au premier tour des playoffs par Ottawa (4-1). Meilleur pointeur: Max Pacioretty (39 points). Meilleur buteur: Michael Ryder (16 buts).
Le joueur à suivre: Carey Price
Montréal est impitoyable. Brillant en première partie de saison, Carey Price a connu un sérieux coup de pompe en fin de saison, avant de perdre son duel avec un Craig Anderson en apesanteur pendant les playoffs. Et déjà, la métropole québécoise questionne son gardien. Talentueux et bosseur, Price devrait donner tort à ses détracteurs. Surtout qu’il bénéficiera de l’aide de Stéphane Waite, entraîneur des gardiens arrivé de Chicago cet été et considéré comme l’un des meilleurs dans sa profession.
La relève: une jeune classe gros format
En deux repêchages, Montréal a reconstitué une solide banque d’espoirs. Et si le prospect pool montréalais compte quelques petits gabarits de talent (Hudon, Collberg, Lehtonen), la taille est le point commun de la plupart des autres espoirs. A commencer par les deux défenseurs, Nathan Beaulieu et Jarred Tinordi, qui ont brillé cette année avec Hamilton et avec le Canadien. Leur heure ne devrait pas tarder. Offensivement, Montréal compte sur plusieurs costauds, comme Michael McCarron et Jacob De La Rose, repêchés cet été, ou le Français Tim Bozon. Moins imposant, Zach Fucale est lui l’un des grands espoirs canadiens au poste de gardien.
Le pronostic de TPPQB
« Réitérer la performance de la saison dernière ne sera pas simple. La concurrence s’est renforcée, et Montréal risque de devoir lutter pour une place en playoffs. Si Price retrouve son niveau, le Canadien n’aura sans doute pas de mal à retrouver les séries éliminatoires. S’il joue la saison comme il a fini la précédente, ce sera sans doute beaucoup plus complexe. Mais à long terme, cette équipe est sur la bonne voie. »