Season preview : Minnesota Wild
Western Conference – Central division
Des stars dans le Nord

Depuis l’an dernier, Mikko Koivu (au centre) a reçu de l’aide avec les arrivées de l’ailier Zach Parise, et du défenseur Ryan Suter. Deux stars arrivées en tant qu’agents libres dans un petit marché comme Minnesota, c’est une rareté.
Oui, ce titre aurait dû être publié il y a un an, alors que le Wild venait de frapper un grand coup sur le marché des agents libres en signant les deux gros noms de l’été 2012, deux gars du coin qui plus est : Ryan Suter et Zach Parise, fils de Jean-Paul, vedette des déménagés North Stars dans les années 60-70. Deux noms ronflants chargés de faire oublier aux fervents supporters du State of Hockey la première saison difficile de Mike Yeo à la barre de l’équipe, la troisième saison – toutes sans séries au bout – pour Chuck Fletcher, qui avait succédé à l’historique Doug Risebrough en 2009. Le changement, c’est bien, vouloir offrir au public fidèle une équipe plus offensive et donc plus excitante à voir jouer, c’est très bien, mais pour ça, il fallait plus de talent, et, en cet été 2012, Chuck Fletcher a ouvert le portefeuille en grand pour entourer son capitaine, Mikko Koivu, de joueurs de son calibre. Ajoutez à cela la dernière pépite finlandaise, Mikael Granlund, qui traversait enfin l’Atlantique pour relever le défi de la NHL un an après avoir conquis le second titre mondial de son pays en compagnie de Mikko Koivu, et vous comprendrez que les attentes étaient élevées dans les Twin Cities.
Malheureusement, l’été 2012 est aussi celui de la fin de la convention collective signée en 2005, et le début d’un nouveau lock-out, le troisième en moins de 20 ans. Et les fans de hockey du Minnesota durent une nouvelle fois reporter leur attention sur le hockey scolaire et universitaire, en attendant que les négociations se concluent. L’euphorie de l’été était retombée quand la saison s’est enfin ébranlée au cœur de l’hiver, mais elle commençait sous les meilleurs auspices et les deux nouveaux ne tardèrent pas à apporter le leadership qu’on attendait d’eux, notamment Ryan Suter, défenseur le plus utilisé de la ligue en 2012-2013 et nominé pour l’obtention du trophée Norris remis au meilleur défenseur en fin de saison.
Non, finalement, tout ne fut pas rose lors de cette saison raccourcie. L’adaptation de Mikael Granlund au style de jeu nord-américain s’avéra plus compliquée que prévu, les blessures s’en mêlèrent et, petit à petit, le Wild glissa vers la zone des équipes qui luttent jusqu’au bout pour arracher leur billet en play-offs. Et malgré l’émergence du jeune défenseur suédois Jonas Brodin, autre récent choix de 1ère ronde, malgré les premiers coups de patin en NHL intéressants d’un autre gros espoir de l’organisation, Charlie Coyle, malgré l’acquisition de l’ailier Jason Pominville des Sabres de Buffalo à la date limite des transactions, c’est en effet en 8e et dernière position qualificative que le Wild composta son ticket pour les séries printanières, cinq ans après sa dernière participation. Séries qui furent brèves pour les joueurs du Minnesota, l’adversaire de première ronde n’étant autre que les Chicago Blackhawks, en route vers leur deuxième Coupe Stanley en quatre ans.
Suite à cette rapide élimination, décevante mais prévisible, l’été 2013 fut nécessairement moins spectaculaire que le précédent, plafond salarial oblige. Ainsi, plusieurs vétérans furent invités à faire leurs bagages, leur contrat terminé ou racheté. A commencer par l’inoxydable Matt Cullen, qui pilotait toujours le 2ème trio offensif de l’équipe. Pierre-Marc Bouchard, drafté en 1ère ronde par le Wild en 2002 mais n’ayant jamais pu atteindre son plein potentiel, victime de commotions cérébrales répétées, Tom Gilbert, défenseur offensif aux lacunes défensives trop criantes, et Brett Clark, défenseur défensif fiable mais dispensable, furent ainsi priés de trouver une nouvelle équipe. Devin Setoguchi, incapable de retrouver sa touche de scoreur de 30 buts de sa première saison NHL complète, Cal Clutterbuck, solide ailier à vocation défensive mais capable de marquer sa part de buts et Justin Falk, 6-7ème défenseur furent échangés à d’autres formations.
Des paris en défense
En retour, Fletcher a acquis le seul Nino Niederreiter (pour Clutterbuck et un choix au repêchage) et a signé les agents libres Keith Ballard, Matt Cooke et Jon Blum. Cooke, précédé par sa réputation sulfureuse, remplacera Clutterbuck sur l’aile gauche du 3ème trio, l’expérience et le vice en plus. Ballard, robuste défenseur plutôt complet, remplacera avantageusement Gilbert. Blum dépannera occasionnellement en défense, remplaçant ainsi numériquement Clark. Les autres départs seront compensés en interne, par les meilleurs espoirs de l’organisation. Niederreiter est quant à lui un point d’interrogation. Drafté en 1ère ronde en 2010, comme Granlund et Coyle, en 5ème position, il possède indubitablement un gros potentiel de power forward. Un potentiel que les Islanders de New York ne sont pas parvenus exploiter. Si Mike Yeo et son staff y parviennent, alors avoir obtenu les services du jeune Suisse en échange de Clutterbuck aura été un vol.
En résumé, le Wild 2013-2014 se veut très talentueux sur ses premières lignes, mélangeant – habilement ? – vétérans et jeunes prometteurs, expérimenté et solide sur les lignes à vocation défensive.
En attaque, on retrouvera donc les vétérans Mikko Koivu, Zach Parise, Jason Pominville et Dany Heatley, chargés de fournir le gros de la production offensive et d’encadrer les 3 jeunes de 21 ans, Granlund, Coyle et Niederreiter. Les lignes défensives seront emmenés par le solide Kyle Brodziak, accompagné de l’expérimenté Matt Cooke et d’un casting moins clinquant composé de Torrey Mitchell, Zenon Konopka, Mike Rupp ou Jake Dowell. Le jeune Jason Zucker, à créditer de bonnes apparitions pour sa première saison en 2012-2013, pourra apporter un peu plus de talent sur les lignes 3 et 4 s’il parvient à faire définitivement le saut en NHL.
La défense sera menée par la star Ryan Suter et le jeune Jonas Brodin. Jarred Spurgeon, Clayton Stoner, Marco Scandella, Nate Prosser et le nouvel arrivant Keith Ballard formeront les deux autres paires apportant une touche offensive (Spurgeon, Scandella) ou une expérience précieuse (Ballard).
Dans les buts, pas de changement, le vétéran finlandais Nicklas Bäckström sera toujours épaulé par Josh Harding, qui a appris il y a un an qu’il était atteint de la sclérose en plaques mais qui, même s’il ne deviendra probablement pas le gardien étoile annoncé, n’a pas pour autant décidé de raccrocher les patins et s’est ainsi vu décerner cet été le trophée Bill Masterton, généralement remis à l’athlète ayant eu à affronter une blessure ou une maladie particulièrement grave.
L’an dernier :
8e de la Conférence Ouest avec 55 points. Battu en 1/4 de finale de conférence Ouest par Chicago (4-1). Meilleur pointeur : Zach Parise (38 points). Meilleur buteur : Zach Parise (18 buts).
Les joueurs à suivre : Jonas Brodin et le trio des ‘92
Koivu, Suter, Parise, Pominville et Heatley, sauf graves blessures ou autres gros problèmes, sont des valeurs sûres. Ces joueurs – si on ne rêve plus au Heatley qui flambait avec Spezza et Alfredsson à Ottawa – produiront suivant les attentes. Mais ils ne pourront porter à eux seuls l’équipe vers les sommets, ils auront besoin de ce fameux « secondary scoring » qui permet aux bonnes équipes de traverser les périodes les plus difficiles en continuant d’engranger des points et de venir à bout des défenses qui tissent les mailles les plus serrées autour des joueurs vedettes adverses… Or, avec les nombreux départs de l’été, le « secondary scoring » reposera d’abord sur les épaules de jeunes joueurs pleins de potentiel, certes (tous draftés en 1ère ronde en 2010 et 2011), mais qui n’ont, au mieux, qu’une demie saison de NHL dans les jambes.
Jonas Brodin devra confirmer aux côtés de Ryan Suter. Charlie Coyle, auteur lui aussi d’une saison 2012-2013 prometteuse, devra continuer à s’améliorer et apprendre à faire face à une attention accrue de la part des défenseurs adverses. Quant à Mikael Granlund, il n’aura plus l’excuse de l’adaptation difficile, et devra produire et faire produire ses coéquipiers. Enfin, Nino Niederreiter, qui n’a pas goûté à la NHL l’an dernier alors qu’il avait été lancé dans le grand bain juste après son repêchage en 2010, devra prouver qu’il vaut beaucoup mieux que ce qu’il a montré aux Islanders.
La relève : Matt Dumba, la tête d’affiche
Certes, Brodin, Coyle, Granlund et Niederreiter sont encore considérés comme des prospects, leur expérience en NHL restant encore limitée, mais, on vient de le voir, le Wild compte déjà sur eux pour cette saison.
Mais le Wild a un autre joueur tout aussi talentueux qui a un peu plus de temps devant lui, à moins qu’il ne parvienne à mêler les cartes dès cette saison. Il s’agit du défenseur Matt Dumba, repêché en 7ème position en 2012. En raison aussi bien de son style de jeu à la fois offensif et physique que de sa couleur de peau, il a souvent été comparé à l’étoile montréalaise P.K. Subban, dernier vainqueur du trophée Norris en date. Autant dire que si Matt Dumba suit le même trajet que l’aîné des frères Subban, le Wild n’aura pas de souci à se faire en défense pour des années avec Suter, Dumba et Brodin comme leaders.
A part Dumba, l’espoir le plus prometteur du Wild est le centre « playmaker » Zack Phillips, repêché en 1ère ronde en 2011. Il devra néanmoins compenser ses lacunes physiques et de vitesse pour se tailler un poste en NHL à l’avenir. Quelques autres noms à suivre pour les années à venir : les gardiens Darcy Kuemper et Johan Gustafsson, le défenseur Gustav Olofsson et les ailiers Erik Haula et Mario Lucia.
Le pronostic de TPPQB :
L’an dernier, avec un noyau renouvelé, une préparation tronquée et quelques blessures au timing mal choisi (Heatley en fin de saison régulière notamment), le Wild a eu de la difficulté à se qualifier pour les séries, où il n’a fait que de la figuration. Décevant, compte tenu des talents ajoutés par Fletcher à l’effectif (Suter, Parise, puis Pominville). Mais cette saison, avec une préparation complète et des joueurs qui se connaissent déjà, les excuses ne tiendront plus.
Cependant, l’équipe sera moins expérimentée que l’an dernier et si, sur le papier, les Granlund, Dumba, Brodin, Coyle et Niederreiter ont tout le talent nécessaire pour faire du Wild un sérieux candidat à la Coupe Stanley dans quelques saisons, la progression sera mesurée sur la glace.
Cette saison, le Wild se doit donc de participer aux séries et d’y acquérir de l’expérience en bataillant un peu plus longtemps que le printemps dernier. Et qui sait, pourquoi pas devancer les pronostics…