Season preview 2014-2015 : Detroit Red Wings

Eastern Conference – Atlantic Division

Virage jeunesse à Detroit

Vingt-trois qualifications consécutives pour les séries printanières. C’est la série en cours la plus longue de la Ligue Nationale. Une série à laquelle le passage des Red Wings dans la Conférence Est n’a pas mis fin. Mais si le fait de quitter la division des Blackhawks de Chicago pour retrouver celle des Leafs, des Canadiens et des Bruins, autres équipes de l’Original Six, était plutôt perçu comme un avantage sur le plan sportif, la Conférence Ouest apparaissant en ce moment sensiblement plus forte, les partisans des Wings ont tremblé jusqu’à la fin de la saison régulière, leur équipe ne parvenant à arracher que le dernier billet pour les playoffs. Une deuxième saison où ils ne firent que de la figuration, sèchement battus par les Bruins en première ronde (4-1). Et cette élimination rapide, la cinquième consécutive lors d’une des deux premières rondes, marque le début d’une nouvelle série, négative celle-ci : c’est en effet la première fois depuis 1989-1990 et la dernière absence des Red Wings du bal printanier que l’équipe ne parvient pas à atteindre la finale de la Coupe Stanley sur une période de 5 ans.
Déclin durable et retour prochain à la difficile période qui avait caractérisé la période entre la première expansion de la NHL et l’arrivée de Steve Yzerman (seulement 2 qualifications pour les séries entre 1967 et 1983) ? Si Datsyuk, Zetterberg et Kronwall avaient plutôt bien réussis à reprendre le flambeau des Yzerman, Fedorov et Lidström dans les années 2000, ils ont aujourd’hui tous allègrement dépassé la trentaine et attendent la relève qui pourra ramener Detroit sur la glace à la fin du printemps. Il y a un an, on aurait répondu que, malgré leur compétence reconnue à travers toute la ligue, le DG Ken Holland et l’entraîneur Mike Babcock, qui a conduit à nouveau le Canada à la médaille d’or à Sochi, peinaient à renouveler leur effectif, ce qui annonçait un futur à court terme plus difficile. Et pourtant, les Griffins de Grand Rapids, la filiale AHL des Red Wings venaient de remporter la Coupe Calder…
Et la saison 2013-2014 marqua le début de ce virage jeunesse attendu depuis plusieurs saisons du côté de Detroit. Un virage contraint et forcé, puisque la plupart des vétérans de l’équipe connurent une saison marquée par les blessures, à commencer par les vedettes offensives Datsyuk et Zetterberg, ainsi que le vétéran Daniel Alfredsson, récent transfuge d’Ottawa. Sur l’ensemble de l’effectif, un nouveau record de 418 matches manqués en raison de blessures fut atteint. Dans ces circonstances, ce sont les jeunes Gustav Nyquist (28 buts, meilleur buteur), Tomas Tatar (19 buts), Riley Sheahan (24 points), Joakim Andersson, Tomas Jurco et Luke Glendending qui ont comblé avec plus ou moins de succès les postes offensifs, tandis que les Danny De Keyser, Brendan Smith et Brian Lashoff s’installaient en défense. Dans la plus pure tradition des Red Wings, ces jeunes ont d’abord acquis de l’expérience ensemble en AHL et ont fait des apparitions en NHL ces deux dernières saisons avant de faire définitivement le saut en 2013-2014, par la force des circonstances. Au final, une performance moyenne dans tous les secteurs de jeu (16^ème attaque, 16e défense, 14e à 5 contre 5, 18e en PP, 12e en PK, 15e aux tirs tentés, 14e aux tirs subis) et le résultat logique qui en découle : qualification de justesse pour les playoffs et élimination en première ronde !

Engranger de l’expérience dans tous les secteurs
L’objectif de la saison 2014-2015 sera donc de partir de ces fondations nouvelles et de faire un peu mieux. Pour ça, le retour en santé des deux franchise players sera déterminant. En attaque, Datsyuk et Zetterberg seront encore les piliers du top 6. Ils seront épaulés par un éclectique bestiaire suédois : la Mule, Johan Franzen, surnommé ainsi par Steve Yzerman pour sa capacité à « porter le poids » (de la pression de marquer) et lui aussi longtemps blessé l’an dernier, et l’Oie (Goose), Gustav Nyquist, la révélation offensive de l’hiver dernier. Quatre joueurs se disputeront les deux dernières places. Daniel Alfredsson, ennuyé par des maux au dos, à presque 42 ans, n’est pas encore certain de revenir, auquel cas, sa place serait assurée. Stephen Weiss, chèrement débauché des Panthers l’été dernier (contrat de 24,5 millions sur 5 ans), aura l’occasion de faire oublier une première campagne à Detroit complètement ratée et terminée dès le mois de décembre en raison d’une hernie sportive persistante. S’il retrouve son niveau d’avant le lock-out de 2012, le poste de 2^ème centre sera le sien, ce qui permettra à Zetterberg d’évoluer à l’aile gauche de Datsyuk. Si l’un de ces deux joueurs manque à l’appel, Tomas Tatar (39 points l’an dernier) et Anthony Mantha, électrique avec les Foreurs de Val-d’Or en LHJMQ, se disputeront le dernier poste. Sur les deux derniers trios, exit Todd Bertuzzi et Mikael Samuelsson, dont le retour avec les Red Wings aura été complètement raté. Les vétérans Justin Abdelkader, Darren Helm, Drew Miller et Dan Cleary défendront leurs postes face aux jeunes Riley Sheahan, Tomas Jurco, Luke Glendening et Joakim Andersson. Les méformes et les blessures devraient permettre à tout le monde de trouver du temps de jeu, même si Cleary est bien descendu dans le depth chart de Mike Babcock l’an dernier. Confiance accordée aux joueurs de l’an dernier donc, puisque tous ces joueurs étaient déjà sous contrat avec les Red Wings l’an dernier. Côté départs, outre Bertuzzi et Samuelsson, et en attendant de connaître la décision d’Alfredsson, on notera que le playoff rental David Legwand n’a pas été conservé, de même que Jordin Tootoo et Cory Emmerton, qui ont perdu la confiance de l’entraîneur et ont été dépassés par des joueurs plus jeunes.
Si l’été n’a pas été agité en attaque, en défense, c’est carrément le calme plat ! Les deux olympiens Suédois, Niklas Kronwall et Jonathan Ericsson formeront encore la première paire. Les jeunes Danny DeKeyser, très bon pour sa saison rookie, et Brendan Smith, à la maturation plus lente qu’espéré, devraient assumer un rôle accru cette saison. Ils seront épaulés par les jeunes vétérans Kyle Quincey et Jakub Kindl, alors que le rôle de 7e homme devrait une nouvelle fois revenir à Brian Lashoff. Derrière lui, pousseront pour grignoter de l’expérience en NHL les jeunes Xavier Ouellet, Ryan Sproul et Alexey Marchenko. Dans les buts, Jimmy Howard, qui a connu une saison irrégulière l’an dernier, sera toujours épaulé par le Monstre suédois, Jonas Gustavsson, qui n’aura jamais justifié son surnom européen. Le très prometteur Petr Mrazek continuera sa progression en AHL et aura l’occasion de montrer tout son talent en cas de blessure d’un des deux premiers gardiens.

L’an dernier:

8e de la Conférence Est avec 93 points. Eliminés en demi-finale de la division Atlantique par les Bruins de Boston (4-1). Meilleur pointeur : Daniel Alfredsson et Niklas Kronwall (49 points). Meilleur buteur : Gustav Nyquist (28 buts).

Le joueur à suivre: Gustav Nyquist

Faute de nouveaux visages, les partisans des Red Wings scruteront de près les performances de leur jeune joueur qui ressemble le plus à une star en devenir. L’ailier suédois de 25 ans, après deux campagnes en AHL ponctuées chacune d’une vingtaine d’apparitions avec le grand club, a connu un hiver impressionnant. Rappelé fin novembre, il n’est cette fois pas retourné avec les Griffins. Après des débuts honorables (5 buts en 23 matches), il a connu une explosion offensive (23 buts en 28 matches entre le 20 janvier et le 2 avril) qui lui ont permis de terminer meilleur buteur de son équipe. Cette séquence lui a également fait gagner in extremis un billet pour Sochi, où il s’est montré plus discret. Pourra-t-il répéter ses exploits et s’établir comme un des très bons buteurs de la NHL ? Il a connu une réussite exceptionnelle l’hiver dernier, avec un ratio buts/tirs de 18,75% à 5 contre 5, le second de toute la NHL derrière Steven Stamkos parmi les joueurs ayant marqué plus de 5 buts. Une statistique qui semble difficile à maintenir, à moins d’être un buteur d’exception. A Nyquist de prouver qu’il en est un…

La relève: Anthony Mantha, la merveille de Val-d’Or
Le choix de première ronde des Red Wings en 2013 (20ème overall) a connu une saison du tonnerre. Malgré ses 50 buts inscrits lors de son année de repêchage, certains se demandaient encore il y a un an si ses succès dans la LHJMQ n’étaient pas dus à son avantage de taille (1,95 m) sur ses adversaires, questionnant son manque de régularité, son jeu défensif et son implication physique. Une dernière saison junior électrisante a mis tout le monde d’accord : 57 buts en 57 matches de saison régulière, 24 buts en 24 matches de playoffs, meilleur buteur et pointeur de la saison régulière et meilleur buteur des séries, il a emmené les Foreurs de Val-d’Or jusqu’à la Coupe Mémorial. A 20 ans, le jeune sniper va passer pro cet automne. Mais pourra-t-il s’imposer avec les Red Wings dès cet hiver ou devra-t-il faire ses classes avec les Griffins, comme il est d’usage à Detroit ? Les paris sont ouverts. Curiosité pour finir, le grand-père paternel du jeune prodige est André Pronovost, vainqueur de quatre Coupes Stanley avec les Canadiens de Montréal à la fin des années 50 (époque Maurice Richard et Jean Béliveau). Mais Anthony Mantha n’a pas inscrit le nom de son père sur son chandail, ni celui de son parrain d’ailleurs… Non, comme c’est possible au Québec, il a choisi le nom de sa mère, plus discret que le patronyme Pronovost. Outre Mantha, on retiendra deux noms parmi la relève des Red Wings, qui se déplume à vue d’œil avec la graduation de nombreux jeunes. Le gardien Petr Mrazek (141ème overall en 2010) va passer une dernière saison dans l’AHL avant de faire définitivement le saut en NHL. Ses stats dans ses quelques matches avec le grand club sont excellentes, et il a déjà emmené les Griffins à une Coupe Calder. Il est le successeur annoncé de Jimmy Howard. Un mot également pour Dylan Larkin, repêché en première ronde cet été (15ème overall). Né dans la banlieue de Detroit, cet attaquant est avant tout un excellent patineur qui peaufinera ses qualités à l’Université du Michigan. Bref, un joueur du cru ! Parmi les joueurs plus proches de la NHL, nous avons déjà cité Ouellet (48ème overall), Sproul (55ème overall) et Marchenko (205ème overall), tous repêchés en 2011, en défense. En attaque, le premier rappel sera probablement pour Teemu Pulkkinen (111ème overall en 2010), très bon pour sa saison rookie en AHL l’an dernier et dont le slap shot fait déjà des dégâts en Amérique du Nord. Andreas Athanasiou (110ème overall en 2012) et Mattias Janmark (79ème overall en 2013), qui rejoignent cette année les Griffins, sont également des joueurs talentueux à suivre..

Le pronostic de TPPQB

« La fenêtre de tir semble s’être refermée pour les Red Wings. Difficile d’espérer conquérir une nouvelle Coupe Stanley pour Datsyuk et Zetterberg dans les circonstances actuelles. Si toutes les pièces se mettent en place dans les prochaines années, du gardien aux buteurs d’exception, pourquoi ne pas rêver à nouveau dans quelques années. Même s’il semble que la relève manque d’un playmaker du calibre des deux stars actuelles. En attendant, l’objectif sera d’abord d’engranger de l’expérience, en saison régulière d’abord, mais surtout en playoffs, pour maintenir cette série en vie. »