Season preview 2014-2015 : Pittsburgh Penguins

Eastern Conference – Metropolitan Division

Révolution au palais du roi Crosby

2014 a été l’échec de trop. Dès l’élimination par les Rangers de New York (4-3) en deuxième ronde des séries éliminatoires actée, une élimination marquée par un nouvel effondrement collectif – les Penguins menaient 3-1 au matin du 5e match, disputé à domicile –, le binôme composé du General Manager Ray Shero et de l’entraîneur Dan Bylsma, binôme qui avait conquis la Coupe en 2009, fut remercié. A leur place, deux hommes aux expériences différentes. Le poste de General Manager est confié à Jim Rutherford, qui venait de démissionner après avoir été pendant 20 ans le GM des Whalers de Hartford, devenus les Hurricanes de la Caroline en 1997. Rutherford, âgé de 65 ans, ne compte pas occuper ce poste trop longtemps, et sera chargé de former son successeur, Jason Botterill ou Bill Guerin. Au poste d’entraîneur, Mike Johnston, 57 ans, obtient sa première occasion de diriger une équipe de la Ligue Nationale, après des expériences comme adjoint chez les Canucks et les Kings, au milieu d’une longue carrière d’entraîneur dans les rangs universitaires et juniors. Il sera épaulé par l’ancien Pen (mais surtout Flyer) Rick Tocchet et par Jacques Martin, un des rares à sauver son poste.
Et pourtant, la saison n’avait pas été si négative pour les Penguins. Décimés par les blessures à tous les postes – on citera, parmi les joueurs significatifs, les absences plus ou moins longues de Malkin, Neal, Dupuis, Letang, Martin, Bennett et Vokoun –, ils ont conquis sans forcer la première place de la division Métropolitaine, seulement devancés dans la Conférence Est par les Bruins de Boston. Comme à son habitude, l’attaque, emmenée par Crosby et Malkin, deux des tout meilleurs joueurs de la NHL, a été une des plus performantes de la Ligue (5e avec 2,95 buts par match). Même constat pour les unités spéciales, entre un Power Play dévastateur (1er avec 23,4% d’efficacité) et un Penalty Kill très solide (5e avec 85% d’efficacité). Si les statistiques défensives (10e avec 2,49 buts par match) et à 5 contre 5 (12e avec un ratio de 1,05 but marqué par but encaissé) étaient moins reluisantes, les Penguins ont su être moins dépendants du jeu en supériorité numérique pendant les playoffs, quand les arbitres rangent plus facilement le sifflet (2e derrière les Kings à 5 contre 5, avec un ratio grimpant à 1,21 but marqué par but encaissé). Mais quand on a la chance d’avoir Crosby et Malkin, les statistiques importent peu, le fait d’avoir été battu par des Rangers survoltés émotionnellement, seule la victoire finale est belle. Et les changements, commencés par la direction de l’équipe, ont continué sur la glace.

Un casting tout neuf sur les ailes, du 2e au 4e trio

En raison des blessures en cascade, pas moins de 21 attaquants auront enfilé à plus de 10 reprises le chandail des Pens en 2013-2014. Exit la collection de joueurs de quatrième trio : les Glass, Engelland (aussi défenseur), Vitale, Gibbons, Pyatt, Kobasew, Conner et Zolnierczyk ont été priés de trouver un contrat ailleurs. Lee Stempniak, récupéré à la date limite des transactions pour pallier à l’absence de Dupuis, et le Finlandais Jussi Jokinen, pourtant auteur d’une saison solide aux côtés de Malkin, ont également été remerciés. Le centre russe aura droit à deux nouveaux ailiers, puisque le prolifique buteur James Neal a été envoyé aux Predators de Nashville en retour des ailiers Patric Hornqvist et Nick Spaling. Neal est le joueur le plus talentueux de l’échange, mais les Penguins n’étaient pas satisfaits de son rendement en séries et de son indiscipline. Outre Hornqvist et Spaling, l’agitateur Steve Downie, ancien des Flyers, et le joueur de 4e trio Blake Comeau viennent compléter le nouveau casting d’ailiers.
Si Sidney Crosby devrait donc retrouver Chris Kunitz et Pascal Dupuis, rétabli de sa rupture des croisés, les autres trios seront chamboulés. Sur la 2e unité, Malkin devrait être entouré d’Hornqvist et de Beau Bennett, lui aussi longtemps blessé l’an dernier après des débuts prometteurs. Brandon Sutter pilotera à nouveau le 3e trio, probablement au centre de Spaling et Downie. Quant à Marcel Goc, arrivé en fin de saison dernière, il devrait être entouré sur la 4e unité de Comeau et du vétéran Craig Adams, un des rares survivants de l’écrémage des depth players. Les autres rescapés, Jayson Megna, Zach Sill et Andrew Ebbett, prendront la direction de Wilkes-Barre et de l’AHL, mais se tiendront prêts en cas de nouvelle épidémie de blessures. Au final, l’ensemble apparaît plus équilibré, avec des joueurs légitimes de NHL sur tous les trios, mais il faudra que son contingent soit capable de faire oublier les buts de Neal…

Une défense affaiblie
Devant les exigences du salary cap et les millions offerts par les Capitals, Rutherford a dû se résoudre à laisser partir Brooks Orpik et Matt Niskanen. Deux joueurs aux trajectoires opposées : si Orpik, d’abord reconnu pour ses qualités défensives et son jeu rugueux, semble ralentir, Niskanen vient, lui, de connaître une explosion offensive inattendue, à 27 ans. Mais pourra-t-il confirmer ? Dans les deux cas, les risques étaient trop grands pour Rutherford d’accorder des contrats de longue durée pour plus de 5 millions par saison à chacun. Pour combler une partie du vide laissé par ces deux départs, le nouveau DG des Pens s’est tourné vers Christian Ehrhoff. Le vétéran allemand de 32 ans a été libéré de son contrat signé avant le lock-out avec les Sabres, non en raison d’un niveau de jeu devenu incompatible avec son salaire, mais à cause des lourdes pénalités financières qu’encourrait la franchise de Buffalo si le joueur venait à prendre sa retraite avant 2021.
Ehrhoff devrait se greffer au top 4 de la défensive des Penguins, en compagnie de deux joueurs longtemps absents l’an dernier, Paul Martin et Kris Letang – le quart-arrière québécois a été victime d’une crise cardiaque en février ! Le jeune finlandais Olli Määttä, impressionnant pour sa saison rookie qui l’a emmené jusqu’à Sochi, devrait être le quatrième larron. Difficile de prédire les paires tant ses joueurs ont peu joué ensemble (l’habituel binôme de Martin était Orpik). Le dernier duo devrait être composé de l’expérimenté Rob Scuderi et de Robert Bortuzzo. Celui-ci devra néanmoins batailler avec le Québecois Simon Després pour le poste de sixième défenseur. Les premiers rappels devraient être pour Brian Dumoulin, Philip Samuelsson ou Taylor Chorney (arrivé cet été). A moins que le talentueux Derrick Pouliot ne mette tout le monde d’accord et imite Määttä, repêché comme lui lors de la 1^ère ronde du repêchage de 2012.
Dans les buts, Marc-André Fleury, régulièrement pointé du doigt pour ses performances en séries, a pour l’instant évité le couperet. Il n’a pas vraiment démérité le printemps dernier, mais, quand on regarde les gardiens partants des autres formations qualifiées pour les finales de division dans la Conférence Est, Fleury est clairement le moins bon des quatre. A sa décharge, Carey Price, Tuukka Rask et Henrik Lundqvist font partie des cinq meilleurs gardiens du monde… Tomas Vokoun, qui a raté l’ensemble de la dernière saison en raison de caillots de sang, n’a pas été conservé. A sa place, les Pens ont signé l’Allemand Thomas Greiss, ancien back-up de Niemi à San Jose. Jeff Zatkoff, n°2 par la force des choses l’an dernier, retrouvera donc Wilkes-Barre cette saison.

L’an dernier:

2e de la Conférence Est avec 109 points, 1^er de la division Métropolitaine. Eliminés en finale de la division Métropolitaine par les Rangers de New York (4-3). Meilleur pointeur : Sidney Crosby (104 points). Meilleur buteur : Sidney Crosby (36 buts)..

Le joueur à suivre: Olli Määttä
Les superlatifs ont manqué dans la Steel City pour décrire la saison du jeune arrière finlandais de 19 ans. A son âge, rares sont les défenseurs à évoluer dans la NHL. Il faut avoir été un des tout premiers choix de son année de repêchage pour avoir ce privilège, tant le poste exige une maturité supérieure par rapport aux joueurs offensifs. Mais Määttä a su mettre en échec tous les sceptiques. Conservé après le camp d’entraînement en raison de la blessure de Letang, il a vu son rôle s’accroître au fur et à mesure de la saison alors que ses coéquipiers plus aguerris tombaient au combat. A la fois performant offensivement et fiable défensivement, il a été logiquement sélectionné au sein de l’équipe olympique finlandaise, où il assumé avec brio, en compagnie du vétéran Sami Salo, un rôle sur la 2e paire. En raison des départs d’Orpik et Niskanen, il devra assumer les mêmes responsabilités dès le début de la saison, en évitant la guigne de la seconde année, car les Pens n’ont pas de solution de rechange expérimentée.

La relève: Pouliot, dès cette saison?
Repêché en 1ere ronde (8e overall) en 2012, quelques rangs devant son futur coéquipier Olli Määttä (22e overall), Derrick Pouliot est à la fois l’espoir le plus talentueux des Penguins et le plus proche de faire le saut dans la NHL. Défenseur réputé pour ses qualités offensives et son coup de patin, habile dans le jeu de transition, il se présentera au camp d’entraînement, tout juste rétabli d’une blessure à l’épaule, avec la ferme intention de devancer Bortuzzo et Després dans la hiérarchie et de se tailler une place dans l’alignement partant. A son crédit, il connaît déjà le nouvel entraîneur de l’équipe puisque Mike Johnston était son coach junior avec la formation des Winterhawks de Portland (WHL). Plus loin de la NHL, le plus récent choix de première ronde de l’équipe, Kasperi Kapanen (22e overall) est l’autre grand talent de la relève des Pens. L’ailier finlandais, fils de Sami Kapanen, rapide et doté de bonnes mains, poursuivra pour le moment son développement dans son pays natal.
Si les autres jeunes n’apparaissent pas aussi talentueux que ces deux-là, les Penguins possèdent néanmoins de bons espoirs à tous les postes. On citera notamment les gardiens Tristan Jarry (44e overall en 2013) et Matt Murray (83e overall en 2012), qui passe pro cette saison. Les défenseurs Simon Després (30e overall en 2009), Scott Harrington (54e overall en 2011), Brian Dumoulin (51e overall en 2009) et Philip Samuelsson (61e overall en 2009) devraient tous avoir du temps de jeu en NHL cette saison. En attaque, on retiendra les noms de Jake Guentzel (77e overall en 2013), Oskar Sundqvist (81e overall en 2012) et Josh Archibald (174e overall en 2011), qui jouera sa première saison complète en AHL.

Le pronostic de TPPQB

« Tant que Crosby et Malin seront au sommet de leur art, les Penguins viseront chaque année la conquête de la Coupe Stanley. Après cinq années d’échec avec une maigre apparition en finale de Conférence lors de la saison raccourcie à se mettre sous la dent, le temps était venu d’apporter des changements. A Mike Johnston de proposer quelque chose de plus compétitif que Dan Bylsma. Il devra le faire avec une attaque remodelée, sans Neal, mais avec plus de profondeur et une « chimie » différente qui, on l’espère à Pittsburgh, apportera le petit plus qui manquait ces dernières années. Par contre, la défense semble affaiblie, mais, entre l’espoir d’éviter les blessures et l’émergence de jeunes joueurs talentueux, la glace pourrait contredire l’évaluation sur papier. Dans les buts, Fleury a encore la confiance du club. Mais, contrairement à Johnston, on ne lui laissera sans doute pas plusieurs saisons avant de ramener la Coupe. Or, si la finale semble à portée de crosse si les ajustements estivaux fonctionnent, battre le vainqueur de la puissante Conférence Ouest sera une autre paire de manches… »