Season preview 2014-2015 : Winnipeg Jets
Western Conference – Central division
Des Jets propulsés par les jeunes?

Brillant l’an dernier, le jeune défenseur Jacob Trouba a tout pour devenir un arrière de premier plan. Avec Bogosian, Enström et Byfuglien, il compose une arrière garde très solide. C’est devant que Winnipeg pêche.
Les Jets de Winnipeg, premiers du nom, vainqueurs de 3 championnats dans la défunte World Hockey Association (WHA) n’avaient pas connu beaucoup de succès après leur intégration à la NHL en 1979. S’ils avaient régulièrement joué les playoffs au cours de leurs 17 saisons, avant le déménagement en Arizona de la franchise, ils n’avaient réussi à atteindre la deuxième ronde qu’à deux reprises… pour mieux se faire balayer (4-0) à chaque fois par des Oilers d’Edmonton régnants alors sur la Ligue. Les Thrashers d’Atlanta, parents de l’actuelle franchise, affichent un bilan encore plus médiocre : une seule qualification pour les séries en 11 saisons d’existence, aussi tristement terminée (4-0 contre les Rangers). Dans ces circonstances, le retour du hockey de la NHL dans le Manitoba a provoqué un enthousiasme certain auprès des amateurs, mais s’est accompagné d’ambitions limitées sur la glace. Le retour dans la Conférence Ouest en 2013-14 après une 9e place à l’Est lors de la saison écourtée 2012-13 a encore compliqué les espoirs de renouer avec le hockey printanier à court terme. Néanmoins, le DG Kevin Cheveldayoff, qui a remplacé l’entraîneur Claude Noel par l’expérimenté Paul Maurice au cours de la saison dernière, compte bien faire découvrir les séries de la NHL au MTS Centre, en misant avant tout sur le repêchage et le développement des jeunes. En conséquence, il a procédé à peu de mouvements cet été, préférant la promotion interne des meilleurs espoirs de l’équipe. Avec le but non avoué de lutter un peu plus longtemps pour une qualification pour les playoffs dans une division Centrale dense.
Au niveau des statistiques collectives, deux points d’amélioration ont été identifiés : le nombre de buts encaissés (2,82 par match, 22e de la ligue) et le Power Play (15,4%, 25e). Les autres stats sont plutôt dans la moyenne de la ligue et déjà dignes d’une équipe aspirant à lutter pour une des dernières places qualificatives pour les séries (15e attaque, 18e à 5 contre 5, 10e PK, 12e aux tirs tentés et 17e aux tirs concédés).
Une attaque très peu remaniée
Trois départs, dont deux réguliers, et deux arrivées. En attaque, Cheveldayoff a fait du strict remplacement numérique. Exit le vétéran centre finlandais Olli Jokinen, l’énigmatique ailier Devin Setoguchi et le réserviste James Wright. Le premier, à la production offensive déclinante, est parti découvrir sa 8e formation de NHL à Nashville après deux saisons dans les Prairies. Le second, toujours à la recherche du niveau de sa 2e saison dans la Ligue (2008-09) qui l’avait vu dépasser le plateau des 30 buts, file à Calgary. Deux joueurs de passage, qui ne faisaient pas partie du noyau de l’équipe, donc. Ils seront remplacés par le centre québécois Mathieu Perreault, auteur d’une bonne saison à Anaheim, et par l’ailier T.J. Galiardi, qui fait lui le chemin inverse de celui de Setoguchi.
Ces mouvements devraient entraîner la promotion, à la place de Jokinen, du jeune Mark Scheifele au sein du top 6 offensif. Paul Maurice pourrait être tenté de lui adjoindre ses deux ailiers les plus talentueux, un Evander Kane en quête de rachat après une saison décevante, entre blessures et polémiques hors-glace, et l’Américain Blake Wheeler, à la production solide. Derrière, le sous-estimé Bryan Little, qui assure production offensive et solide contribution défensive, devrait être encadré par le capitaine Andrew Ladd et le massif Dustin Byfuglien, rapatrié à nouveau à l’aile la saison dernière, complétant un top 6 solide. Les nouveaux venus, Perreault et Galiardi, devraient retrouver le Tchèque Michael Frolik sur le 3e trio. Sur le 4e trio, Jim Slater, Matt Halischuk et Chris Thorburn partent favoris pour un poste régulier devant Eric Tangradi, Eric O’Dell et Anthony Peluso. Sur le Power Play, Byfuglien devrait néanmoins retrouver un poste à la ligne bleue pour exploiter son gros lancer frappé, ce qui permettra sans doute à Perreault d’être promu sur la 2e ligne d’attaque massive. S’il n’améliorera pas à lui seul cette facette du jeu des Jets, force est de constater que, sur le papier, Winnipeg a tout les éléments pour être plus efficace dans cette situation.
Une défense inchangée et un gardien sous pression
En défense, c’est encore plus simple : on prend les mêmes et on recommence. Seul Zach Redmond, 9e dans la hiérarchie, n’a pas été conservé cet été. Sur la première paire, on devrait retrouver le sous-estimé Suédois Tobias Enström, à la solide contribution offensive depuis son arrivée dans la ligue en 2007, et le solide Zach Bogosian, qui se consacre d’abord aux tâches défensives. Jacob Trouba, après une très bonne saison rookie, aura également beaucoup de temps de glace. Complet, il est considéré comme le futur défenseur n°1 de la franchise. Imposant physiquement et capable d’utiliser con corps à son avantage, il est aussi un joueur intelligent et un patineur fluide. Son gros lancer frappé laisse enfin espérer un potentiel offensif déjà entrevu lors de sa saison rookie (10 buts, 29 points en 65 matches). Il devrait être associé à un jeune vétéran, soit Mark Stuart, soit Grant Clitsome. Adam Pardy part favori devant Keaton Ellerby pour le poste de 6e défenseur, à moins que le jeune Paul Postma ne parvienne à leur ravir le poste.
Dans les buts, Cheveldayoff a fait de la place pour le jeune Michael Hutchinson, en laissant partir le back-up de ces deux dernières saisons, Al Montoya, et son rival pour le poste de partant en AHL, Eddie Pasquale. Hutchinson a été très bon lors de ses 3 matches avec Winnipeg l’an dernier, et spectaculaire lors des playoffs en AHL, emmenant les Ice Caps de St. John’s jusqu’à la finale de la Coupe Calder. Cette saison, il sera donc le n°2 à Winnipeg et la rustine d’Ondrej Pavelec, si celui-ci explose à nouveau sous la pression. Avec le pire pourcentage d’arrêt (90,1%) des 33 gardiens ayant disputé au moins 35 matches de NHL l’an dernier, le gardien tchèque n’a toujours pas convaincu qu’il peut être un bon n°1 en NHL, et a également déçu ses compatriotes aux JO. Il doit faire regretter à son DG la signature de son lucratif contrat il y a deux ans (5 ans, 19,5 millions). Un DG qui doit également maudire son prédécesseur de l’avoir préféré à Kari Lehtonen il y a 5 ans, alors que le talentueux gardien finlandais n’arrivait pas à se sortir de problèmes physiques récurrents.
L’an dernier:
11e de la Conférence Ouest avec 84 points, 7e et dernier de la division Centrale. Meilleur pointeur et meilleur buteur : Blake Wheeler (69 points, 28 buts).
Le joueur à suivre: Mark Scheifele
Repêché 7e overall en 2011, Mark Scheifele a tous les outils pour devenir un centre de premier plan. Après quelques matches disputés en début de saison en 2011-12 et 2012-13 avant de retourner dans le junior avec les Colts de Barrie (OHL), il a connu sa première campagne complète l’an dernier (13 buts, 34 points en 63 matches), avec un temps de glace en constante progression, jusqu’à dépasser Olli Jokinen dans la hiérarchie. Avec des qualités dans tous les secteurs du jeu (physique, technique, tactique, à la fois buteur et playmaker), les partisans des Jets rêvent pour lui d’une explosion à la Ryan Johansen, d’un an son aîné.
La relève: L’explosif Ehlers
Avec l’installation en NHL de Scheifele et Trouba, le prospect pool des Jets s’est quelque peu dégarni. En conséquence, Nikolaj Ehlers, repêché cet été au 9e rang, apparaît déjà comme le plus bel espoir de l’organisation. Contrairement à la plupart de ses compatriotes qui choisissent de jouer en Suède au niveau junior, le Danois s’est tourné vers la Suisse pour développer ses qualités, avant de faire le saut dans le junior majeur canadien à Halifax (LHJMQ) l’an dernier. Dans une franchise actuellement au sommet malgré la perte de McKinnon (il restait tout de même Drouin et Fucale), Ehlers a tout de suite trouvé sa place aux côtés du jeune attaquant québecois, terminant la saison régulière avec 49 buts et 104 points en 63 matches, avant de s’incliner en finale de la LHJMQ contre Val d’Or en séries. Explosif sur patins et doté d’un excellent lancer des poignets, ses repiquages vers le centre depuis l’aile droite ont fait des ravages toute la saison. A 18 ans, il devrait retourner à Halifax cette saison, où, sans Drouin, il sera chargé de mener l’attaque des Mooseheads.
Le 1er choix précédent des Jets (13e overall en 2013), Josh Morrissey, est l’autre gros talent de ce prospect pool. Défenseur offensif (28 buts et 73 points en WHL l’an dernier), Morrissey est déjà au point dans le patinage et la distribution du jeu et devra concentrer ses efforts sur l’aspect défensif de son poste. A 19 ans, il pourrait goûter à la NHL en début de saison, mais s’il ne parvient pas à accrocher un poste régulier, il devra retourner dans le junior à Prince Albert pour une dernière saison.
Deux autres espoirs offensifs sont à surveiller : le petit et productif centre Nic Petan (43e overall en 2013), coéquipier de Morrissey avec l’équipe juniore canadienne au dernier championnat du monde de la catégorie et auteur de deux saisons consécutives de plus de 110 points avec Portland dans la WHL, et l’ailier Adam Lowry (67e overall en 2011), un power forward en devenir, auteur d’une bonne première saison en AHL l’an dernier. Enfin, deux gardiens retiennent l’attention dans une franchise dont c’est le point faible en NHL : Eric Comrie (59e overall en 2013) et Connor Hellebuyck (130e overall en 2012) sont considérés comme deux des meilleurs espoirs dans leur catégorie. Le premier devrait continuer son développement en WHL, tandis que le second, après deux ans en NCAA marqués par la conquête du trophée Mike Richter en 2013-14, fera le saut en AHL et devrait être le premier rappelé en cas d’échecs de Pavelec et Hutchinson.
Le pronostic de TPPQB
« Les Jets construisent leur équipe intelligemment. En misant avant tout sur le repêchage (Slater, Enström, Pavelec, Little, Bogosian, Kane, Scheifele et Trouba sont home grown), complété par quelques bonnes acquisitions (Wheeler, Ladd, Byfuglien), le noyau de l’équipe semble solide et en phase ascendante. Le gros point noir reste cependant devant les buts. Hutchinson pourra-t-il confirmer sur la durée ses très bonnes statistiques de l’an dernier ou faudra-t-il attendre l’émergence d’Hellebuyck ou Comrie ? Dans tous les cas, la solution semble interne, car l’équipe n’a pas aujourd’hui de joueurs talentueux en surplus, permettant d’obtenir un très bon gardien n°1 par un échange. Vue la densité de la conférence Ouest en général et de la division Centrale en particulier, cela signifie qu’il ne faudra sans doute pas espérer voir les Jets au printemps dès cette saison, même si l’équipe continuera de vendre chèrement sa peau. La patience est de mise à Winnipeg… »