Season preview 2014-2015 : Vancouver Canucks
Western Conference – Pacific division
L’opération «retool» des Canucks

Derniers éléments majeurs avec Edler de l’équipe qui avait atteint la finale de la Coupe Stanley, les frères Henrik et Daniel Sedin auront fort à faire pour relancer des Canucks clairement sur le déclin.
Ils n’avaient pas manqué la danse printanière depuis 2008. Les Canucks ont connu l’an dernier une saison désastreuse, qui a convaincu le propriétaire de la franchise que son organisation avait besoin de se réinventer. Un relooking total du front office a donc suivi. L’emblématique Trevor Linden a été nommé président, et a ensuite confié le rôle de DG à Jim Benning, en remplacement de Mike Gillis. L’ancien agent de joueurs aura connu un séjour peu convaincant avec la franchise de Colombie britannique, héritant d’une équipe brillante, qu’il a d’ailleurs emmenée jusqu’en finale de la Coupe Stanley, mais qu’il a progressivement affaiblie depuis. Benning, lui, arrive de Boston, le tombeur des Canucks lors de la finale 2011, où il était assistant DG. Passé également par Buffalo et les Ducks, il a la lourde tâche de remettre Vancouver sur le chemin du succès. Pour cela, il a mis fin à la décevante expérience Tortorella, remercié après seulement une saison sur le banc des ‘Nucks, et a embauché Willie Desjardins, l’un des coachs les plus convoités du circuit junior, où il officiait à Medicine Hat. Sous la pression de Ryan Kesler, qui avait demandé un échange, Benning a dû expédier son centre numéro 2 à Anaheim en retour de Nick Bonino, Luca Sbisa, un choix de première et de troisième ronde. Un package pas forcément très excitant pour les fans de Vancouver, mais il était difficile d’obtenir mieux, puisque Kesler disposait d’une no trade clause qui lui permettait de choisir quasiment sa destination. Le nouveau DG des Canucks s’est également délesté de Jason Garrison, qui n’avait pas franchement convaincu depuis son arrivée en Colombie Britannique, et recevait un salaire rondelet. Pour renforcer son équipe, Benning a donc fait l’acquisition de deux free agents très convoités, le gardien Ryan Miller (trois ans à 6M$ par saison), et l’ailier tchèque Radim Vrbata (deux ans à 5 M$ par saison). Deux contrats courts qui pourraient indiquent que Benning est conscient que la fenêtre de tir de son équipe est courte… mais qu’elle ne s’est pas encore refermée. Plutôt que de se lancer dans une reconstruction en bonne et dûe forme, le nouveau DG a donc estimé qu’il valait mieux procéder à un retool, une modification plus légère de son effectif pour la ramener vers plus de compétitivité.
Car les Canucks ont tout de même quelques atouts intéressants dans leur jeu. A commencer, évidemment, par les jumeaux Sedin. Même si leur production a chuté l’an dernier de façon spectaculaire, les deux Suédois demeurent des attaquants d’élite dans la ligue. Avec une formation moins en difficulté, ils devraient retrouver un peu de punch. D’autant que la grosse recrue offensive de l’été, Radim Vrbata, pourrait évoluer sur leur ligne et apporter un peu de peps offensif supplémentaire. A moins que Willie Desjardins ne choisisse de plutôt reconstituer l’association avec Alex Burrows, qui a bien fonctionné par le passé. Dans le cas contraire, Burrows devra être un élément moteur de la deuxième unité, qui devrait le voir associé à Nick Bonino, dont le jeu two way sera dans la lignée de Kesler – en moins percutant, forcément – et le rugueux Zack Kassian. L’ailier repêché par Buffalo a connu une progression sensible l’an dernier, mais il n’est pas encore un joueur fiable deuxième trio. Kassian, qui a resigné pour deux ans et 3,5M$, doit montrer plus de constance en attaque, et mieux utiliser son gros gabarit. La troisième unité pourrait être pivotée par le grand espoir de l’organisation, le centre Bo Horvat, ou par Shawn Matthias, un joueur qui continue de montrer des choses intéressantes sans jamais réellement concrétiser le potentiel qu’on lui prêtait. Les deux ailiers de ce troisième trio devraient être Chris Higgins, un ailier solide et percutant qui peut dépanner sur un deuxième trio, et le rapide ailier danois Jannik Hansen. Enfin, sur la dernière unité, on devrait retrouver les rugueux Tom Sestito ou Derek Dorsett, voire Brad Richardson et un des jeunes ailiers de l’organisation, Linden Vey ou Nicklas Jensen, par exemple. Un groupe qui, au-delà de sa première ligne, affiche un certain manque de talents de premier plan, qu’il compense par une réelle profondeur. Mais il faudra un réveil des frères Sedin et que Vancouver se trouve un peu de secondary scoring pour retrouver une attaque plus performante (28e de la ligue avec 2,33 buts par match l’an dernier).
Edler doit rebondir
En défense, les Canucks s’en sont plutôt mieux sorti la saison dernière, avec la 14e brigade défensive de la ligue (2,63 buts encaissés par match). Il faut dire que l’an dernier, même s’il ne régnait plus sur son enclave comme par le passé, Roberto Luongo avait retrouvé un niveau solide. Son backup, Eddie Lack, a lui aussi fait le travail. Ryan Miller, le nouveau starter des Canucks, devra se montrer à la hauteur. Dans le cas contraire, le duo suédois Lack-Markström sera prêt à prendre la relève. Ces gardiens seront protégés par une défense qui s’est sensiblement affaiblie depuis son apparition en finale de la Coupe Stanley, mais qui garde quelques atouts de poids. A commencer par Alexander Edler, qui sort toutefois d’une saison calamiteuse, où il a été frappé par les blessures, les suspensions, et a affiché un pourcentage abyssal au tir (3,5%). Le puck moving defenseman doit rebondir, sous peine de plomber la saison de son équipe. Sa mauvaise année 2013-2014 ne coïncide par pas hasard avec la plus mauvaise saison des Canucks depuis six ans… Le Suédois devrait être associé à Chris Tanev sur la deuxième paire défensive. La première sera celle du duo Bieksa-Hamhuis. Le premier n’a pas réédité son énorme saison 2011-2012 (44 points), et a connu une année frustrante. Avec le départ de Garrison, il devrait retrouver un peu de temps de glace en powerplay. Hamhuis, lui, a connu une nouvelle saison très solide, qui lui a valu de participer à la victoire canadienne à Sochi. Enfin, le nouveau venu Luca Sbisa devrait évoluer avec Ryan Stanton ou Franck Corrado, sur une troisième paire clairement plusieurs coches au-dessous des deux premières.
L’an dernier:
12e de la conférence Ouest avec 83 points. Meilleurs pointeurs: Henrik Sedin (50 points); meilleur buteur: Ryan Kesler (25 buts).
Le joueur à suivre: Ryan Miller
Le héros américain des Jeux de Vancouver, qui avait presque privé Team Canada de l’or sur son sol, a depuis connu une vraie dégringolade dans la hiérarchie des gardiens de la ligue. Echangé à Saint-Louis, il n’a pas réussi à apporter le coup de pouce attendu par les Blues, qui ne l’ont pas conservé. Il demeure un solide starter, mais n’est plus le gardien vedette qu’il était. Vancouver lui donne toutefois une chance de reconquérir ce statut. Sans doute la dernière.
La relève: Duo de gros calibres
Qu’ils soient la récompense de leur incurie de l’an passé, ou d’un échange (celui de Cory Schneider) l’année d’avant, Vancouver a disposé de deux hauts choix au repêchage ces deux dernières années. Bo Horvat (9e overall en 2013) est un centre two way robuste et courageux, qui pourrait jouer en NHL dès cette saison. Alors qu’il quitte tout juste le niveau junior, il a tout d’un pro. Quant à Jake Virtanen (6e overall en 2014), c’est un power forward scoreur en devenir, gros, rapide, puissant, et doté d’un excellent tir. Mais les Canucks disposent d’autres espoirs intéressants, notamment en attaque. On citera le petit, mais très adroit ailier Hunter Shinkaruk (24e overall en 2013), les solides et responsables centres Jared McCann (24e overall en 2014) et Brendan Gaunce (26e overall en 2012). A surveiller également le gardien américain Thatcher Demko (36e overall en 2014), petit gabarit, mais gros talent.
Le pronostic de TPPQB
« Willie Desjardins a du boulot devant lui pour relancer les Canucks. Car si l’on imagine très bien l’équipe retrouver un niveau plus acceptable, ses années de contender sont derrière elles. Et la perte de Ryan Kesler risque de faire mal à une équipe qui avait déjà du mal à scorer l’an dernier. Si tout se passe bien, Vancouver aura du mal à faire mieux qu’une 8e place. Mais la logique voudrait plutôt que les ‘Nucks passent une deuxième saison d’affilée sans hockey printanier. A Jim Benning, si cela devait arriver, de faire un constat lucide et d’amorcer rapidement une reconstruction qui se fait de plus en plus inévitable. »