Season preview 2014-2015 : Minnesota Wild
Western Conference – Central division
L’équipée sauvage

Ryan Suter reste le patron défensif du Wild. Mais c’est surtout en attaque que l’on attend la formation du Minnesota.
A l’image de la bande de Marlon Brando au début du film de László Benedek, les joueurs du Wild veulent semer la terreur parmi leurs adversaires et voler un trophée. Un trophée quelconque ? Non, la Coupe Stanley, uniquement elle ! Après une grosse dizaine d’années marquée par une identité laborieuse et défensive, impulsée par Jacques Lemaire, et seulement trois participations aux séries, le vent a tourné. Devant la relative faiblesse du repêchage et du développement des jeunes espoirs, le DG du Wild, Chuck Fletcher, a reçu le feu vert pour délier les cordons de la bourse et attirer des stars dans le State of Hockey, afin de faire de la franchise un participant régulier aux playoffs et, in fine, un aspirant légitime à la Coupe. C’est ainsi que Ryan Suter et Zach Parisé, attirés par des contrats mirifiques en 2012, ont été rejoints par Jason Pominville en 2013. Avec des résultats probants : après quatre saisons consécutives sans hockey printanier, le Wild a retrouvé les playoffs en 2013, et a enfin regagné une série en 2014, battant l’Avalanche du Colorado (4-3), avant de s’incliner pour la deuxième fois d’affilée contre les Blackhawks de Chicago (4-2). Un puissant adversaire que la nouvelle formule des séries axée sur les divisions risque de ramener régulièrement sur le chemin du Wild, et qu’il faudra donc trouver le moyen de battre…
Au regard de sa courte histoire, Minnesota sort d’une bonne saison, la 2e meilleure en terme de points (98), avec une qualification un peu plus aisée pour les séries que la saison précédente. Néanmoins, malgré l’arrivée de noms ronflants, l’identité de l’équipe reste défensive : 7e défense (2,43 buts encaissés en moyenne) et 5e aux tirs concédés (27,7 par match), le Wild excelle aussi à 5 contre 5 (8e, 1,15 but marqué par but encaissé). C’est toujours compliqué offensivement (24e attaque avec 2,43 buts par match et 29e aux tirs tentés avec 26,6 par match), même si on notera que trois des meilleurs attaquants de l’équipe (Parisé, Mikko Koivu et Mikael Granlund) ont manqué 15 à 20 matches chacun en raison de blessures. Côté unités spéciales, Minnesota n’a pas non plus brillé, 16e en Power Play (17,9%), mais seulement 27e en Penalty Kill (78,8%). Mike Yeo a donc encore du pain sur la planche pour mener son équipe au sommet.
Le retour attendu du fils prodigue
En attaque, la signature de Thomas Vanek dès le 1er juillet n’a surpris personne. Même si, respectant les règles du jeu, l’Autrichien n’a jamais affirmé en public qu’il comptait revenir dans la ville qui l’avait accueilli pendant ses années universitaires, la présence de sa belle-famille et de son ami et ancien coéquipier Pominville dans le Minnesota ne faisaient que confirmer ce qu’il ne pouvait avouer. Après une saison mouvementée qui l’a vu passer de Buffalo, l’équipe qui l’a repêché, à Montréal en transitant par Long Island, où il refusa un pont d’or, Vanek rentre donc au bercail. Le Wild a profité de l’espace libéré sous le plafond salarial par la fin du pesant contrat de l’ancienne star Dany Heatley – à la carrière agonisante, à seulement 33 ans en raison de lacunes en patinage –, pour faire de la place au sniper autrichien, avec un contrat raisonnable (3 ans, 19,5 millions). Séduisant en saison régulière, il devra néanmoins faire oublier ses performances moins reluisantes des Jeux Olympiques et des dernières séries. Vanek viendra s’insérer tout naturellement dans le top 6 du Wild, avec pour mission d’améliorer la production offensive et le PP de l’équipe. Il y prendra la place de Matt Moulson, le joueur contre qui il avait été échangé par les Sabres, et qui avait rejoint le Wild à la date limite des transactions…avant de retourner, après la signature de Vanek, chez les Sabres, en compagnie de Cody McCormick, acquis par le Wild en même temps que Moulson !
En vertu des bonnes relations sur la glace déjà connues entre Vanek et Pominville, ainsi que celles entrevues la saison dernière entre Granlund et Pominville, on peut imaginer que les trois joueurs seront chargés d’animer le trio le plus offensif de l’équipe. Capitaine Koivu et Parisé animeront l’autre trio du top 6 en compagnie du jeune power forward Charlie Coyle. Ce trio devrait avoir plus de temps de glace que le trio de Granlund, mais avec des missions plus défensives, notamment face aux meilleurs joueurs adverses. Rien n’est cependant figé dans la glace, puisque la combinaison Granlund-Parisé a également fonctionné l’an dernier et Vanek semble bien s’entendre avec Koivu pendant le camp d’entraînement.
Derrière les deux centres finlandais vedettes, on retrouvera un troisième trio piloté par…un Finlandais ! Erik Haula, le « Finnesotan » de 23 ans – comme Vanek, il a fait ses classes avec les Golden Gophers de l’Université du Minnesota – a en effet profité des blessures de Koivu et Granlund pour s’imposer en NHL l’an dernier et gravir les échelons à vitesse grand V, brillant notamment dans la série contre Chicago et décrochant un billet pour les championnats du monde, d’où il revint avec une médaille d’argent. Haula sera entouré d’un Nino Niederreiter qui a convaincu pour sa première saison avec le Wild, après des années d’errance à Long Island, et a été récompensé cet été par un contrat de 3 ans et 8 millions de dollars. Matt Cooke, le bad boy repenti dont la réputation lui aura coûté une suspension sévère en playoffs contre l’Avalanche, devrait occuper l’autre aile du 3e trio.
Signe de la progression du Wild, Kyle Brodziak, 2e centre en temps de glace en 2011-12 et 2012-13, devrait être confiné à la 4e ligne, plus conforme à ses qualités essentiellement défensives. Justin Fontaine, Jason Zucker – longtemps blessé la saison dernière – et l’expérimenté Québécois Stéphane Veilleux partent favoris pour un poste sur ses ailes. A moins qu’un des petits nouveaux ne vienne bousculer la hiérarchie. Le Finlandais Michael Keränen, auteur d’une belle progression offensive avec Ilves Tampere ces deux dernières saisons, cherchera à déloger Cooke du 3e trio. Jordan Schroeder (ex-Vancouver), Brett Sutter (ex-Carolina) et le dur à cuire Joel Rechlicz (ex-Washington) remplaceront numériquement Heatley, McCormick et Mike Rupp. Enfin, les espoirs du club Cody Almond – de retour après deux saisons réussies au Servette Genève – et Brett Bulmer chercheront à s’imposer également en NHL plutôt qu’avec la filiale de l’Iowa.
Toujours les mêmes interrogations dans les buts
En défense comme en attaque, on a surtout changé quelques seconds rôles, mais sans recrue vedette cette fois. Exit Clayton Stoner et Nate Prosser, qui se sont partagés avec Keith Ballard les deux places de la 3e paire défensive l’an dernier. En échange, Fletcher a signé deux défenseurs des Rangers, Stu Bickel, confiné en AHL l’an dernier, et Justin Falk, pour qui c’est un retour dans le Minnesota après un an dans la Grosse Pomme. Sur le papier, les deux joueurs seront réservistes en cas de blessures. Le poste aux côtés de Ballard sur la 3e paire est plutôt promis au Suédois Christian Folin, signé au printemps dernier en provenance de la NCAA, après avoir été courtisé par au moins cinq autres formations de NHL. Jonathon Blum est une autre option sur la 3e paire, mais, comme Bickel et Falk, il a pour l’instant été envoyé en AHL.
Les deux premières paires resteront quant à elles a priori inchangées. Ryan Suter, encore une fois le joueur le plus utilisé l’an dernier, se taillera la part du lion, accompagné le plus souvent par le petit Jared Spurgeon, si on se fie à la tendance de la fin de saison dernière. Le jeune Suédois Jonas Brodin, solide lors de sa 2e saison, sera donc plus souvent jumelé au Québécois Marco Scandella sur la 2e paire. Attention toutefois à deux des meilleurs espoirs du Wild, Matt Dumba et Gustav Olofsson, qui connaîtront leur première saison complète chez les pros, en théorie avec le Wild de l’Iowa en AHL. Mais, pour l’instant, Dumba est toujours à St. Paul…
Dans les buts, l’incertitude plane encore et toujours. Sur le papier, le Wild dispose pourtant de deux très bons gardiens, mais aucun des deux n’a joué en séries l’an dernier ! Josh Harding a encore été ennuyé par sa sclérose en plaques, après un début de saison qui avait pourtant fait de lui l’un des meilleurs gardiens de la ligue. Prêt à reprendre son poste au camp d’entraînement, il s’est bêtement cassé le pied quelques jours avant lors d’une « altercation avec un coéquipier » ! Quant à Nicklas Bäckström, il a été opéré pour des problèmes abdominaux et de hanche au printemps dernier et semble aujourd’hui rétabli. Espérons que ces blessures expliquent ses statistiques peu reluisantes de la saison dernière et que, à 36 ans, il pourra retrouver son excellent niveau de 2006-2009. Si ce n’est pas le cas, deux autres gardiens se tiennent prêts, les deux qui se sont partagé le filet en fin de saison dernière et pendant les séries. Darcy Kuemper, malgré ses 6 petits matches d’expérience en NHL, a réussi à tenir le fort en fin de saison dernière pour préserver la qualification du Wild pour les séries avant de se blesser à son tour ! Le fantasque russe Ilya Bryzgalov, acquis à la date limite des transactions, a donc joué les pompiers de service et a su se faire apprécier rapidement, tant par son niveau correct sur la glace que par son bon esprit dans le vestiaire. Avec la blessure d’Harding, il a été invité au camp du Wild, sans contrat. Sans pour l’instant convaincre, après un été passé à profiter de la vue plutôt qu’à s’entraîner, de son propre aveu.
L’an dernier :
7e de la Conférence Ouest avec 98 points (wild card n°1), 4e de la division Centrale. Eliminés en finale de la division Centrale par les Blackhawks de Chicago (4-2). Meilleur pointeur et meilleur buteur : Jason Pominville (60 points, 30 buts).
Les joueurs à suivre : Mikael Granlund
Seule recrue estivale appelée à jouer un rôle important sur la glace, Thomas Vanek aurait sans doute mérité de figurer dans cette rubrique. Mais son jeu tout en placement et en technique est bien connu, et il a prouvé l’an dernier qu’un changement d’équipe, voire de poste – il a beaucoup joué sur l’aile droite à Montréal, pour la première fois de sa carrière NHL – n’affectait pas son rendement. Un joueur, par contre, a brillé l’an dernier parmi le quarteron de jeunes joueurs du Wild promis à un bel avenir dans ces mêmes colonnes il y a un an. Si les statistiques ne permettent pas vraiment de détacher Granlund de ses compères du repêchage 2010, Coyle et Niederreiter, ou du Suédois Brodin, il en est tout autre de son jeu sur la glace. Appelé à pivoter le premier trio du Wild quand Mikko Koivu est tombé au combat, l’aîné des frères Granlund a répondu en champion. Playmaker de génie, il a gagné en vitesse et en agressivité pour tenir le rythme après une première saison NHL difficile. A tel point que certains fans du Wild, oubliant l’importante contribution défensive de Koivu, ont réclamé que Granlund soit promu officiellement premier centre de l’équipe ! Difficile de les contredire après des JO XXL à Sochi, où il a dû mener la charge offensive aux côtés du légendaire Teemu Selänne, en l’absence de tous les autres centres finlandais de talent (les deux Koivu, Filppula et Barkov, tous blessés ou convalescents). Avec une médaille de bronze et une nomination sur l’équipe d’étoiles du tournoi à la clé ! Néanmoins, tout n’a pas été rose pour le Finnish Baby Jesus l’an dernier, en raison de blessures fréquentes, notamment à la tête, qui inquiètent dans les Twin Cities. A lui d’apprendre à se protéger sans trop diminuer son niveau d’intensité, indispensable à ce niveau quand on a un petit gabarit. Plus que Koivu, Parisé et Pominville, il représente avec Vanek, mais aussi Coyle et Niederreiter, ces buts supplémentaires que le Wild doit apprendre à marquer cette saison.
La relève : Dumba, nouveau Subban ou nouveau bust?
Sur le papier, la description des qualités de Matt Dumba, plus que sa couleur de peau, font tout de suite penser au défenseur du Canadien, qui vient de devenir le défenseur le mieux payé de la NHL. Spectaculaire par son mélange de qualités offensives – dont un tir frappé canon – de qualités physiques – à la fois rapide et puissant, aimant les grosses mises en échec au centre de la glace – et son leadership, le jeune défenseur de la Saskatchewan est, comme Subban à ses débuts, pointé du doigt pour son jeu risqué et les erreurs défensives qui en découlent. Contrairement à Dumba, Subban n’avait pas goûté à la NHL avant de passer une saison complète en AHL après ses années junior et être rappelé en séries avec le succès que l’on connaît. Il est encore beaucoup trop tôt pour être inquiet concernant le développement de Dumba. Entre son début de saison avec le Wild passé régulièrement sur la galerie de presse, des championnats du monde junior perturbés par un virus et une blessure, et un transfert de Red Deer à Portland en WHL, l’année aura été compliquée, certains se questionnant sur sa compréhension du jeu. Elle s’est néanmoins achevée par une place en finale des playoffs de la WHL, où Dumba s’est illustré. Le Wild a suffisamment de défenseurs NHL pour laisser son meilleur espoir progresser tranquillement en AHL, mais pourrait aussi être tenté de lui faire une place protégée en NHL, en l’utilisant surtout sur l’avantage numérique. Pas forcément le meilleur moyen d’en faire un défenseur complet…
De nombreux espoirs du Wild ont fait ou sont en passe de faire leur trou en NHL. On ne s’attardera donc pas au cas des Haula, Zucker, Kuemper ou des nouveaux arrivants Schroeder (repêché 22ème overall en 2009 par les Canucks), Keränen ou Folin (jamais repêchés et signés comme free agents), déjà évoqués plus haut. Non, après Dumba, les deux plus beaux espoirs du Wild ne sont pas attendus en NHL cette saison. C’est sûr pour Alex Tuch (18ème overall en 2014), tout juste repêché, qui ira développer ses talents de power forward au Boston College. C’est moins évident pour Gustav Olofsson (46ème overall en 2013), qui fera le saut en AHL cette saison et voudra imiter son compatriote Jonas Brodin en s’imposant en NHL un peu plus d’un an après avoir été repêché. Moins talentueux que Dumba, l’ancien du Colorado College a néanmoins un jeu déjà plus mature, et suffisamment de talent pour passer rapidement devant les Blum, Falk ou Bickel.
Un petit mot pour les gardiens pour finir. Le Suédois Gustafsson (159ème overall en 2010) entame sa deuxième saison en AHL, mais c’est le Finlandais Kaapo Käkhönen (109ème overall en 2014) qui paraît le plus prometteur, dans un avenir à moyen terme.
Le pronostic de TPPQB :
« Les ambitions sont grandes dans le Minnesota. Si une place en séries ne semble pas une formalité, elle est néanmoins largement à la portée de l’équipe, qui peut même ambitionner de dépasser Colorado ou St. Louis dans la division Centrale. Pour rêver à la Coupe, il faudra néanmoins écarter en 1ere ou en 2e ronde les Blackhawks de Chicago, exploit que n’a pas réussi le Wild lors des deux dernières saisons, malgré une série disputée ce printemps. L’apport de Vanek et la progression des jeunes Granlund, Coyle, Niederreiter et Haula entrevue l’an dernier augurent une attaque moins anémique. Il semble manquer un vrai défenseur n°2 derrière Suter (Brodin ?) et un gardien fiable. Une fois en séries, tout est possible, mais le Wild semble moins complet que ses gros adversaires de l’Ouest. La fenêtre commence néanmoins tout juste à s’ouvrir, même si l’été prochain s’annonce compliqué pour Chuck Fletcher, avec notamment les contrats de Granlund, Coyle, Haula et Brodin à renégocier. »