Season preview 2014-2015 : Anaheim Ducks

Western Conference – Pacific division

Un jour sans fin(landais)Anaheim50

Remarquable l’an dernier, Ryan Getlzaf compte sur l’arrivée de Ryan Kesler pour faire passer un pallier aux Ducks

Sami Vatanen nous pardonnera sûrement l’offense, tant le départ des deux légendes du hockey sur glace de son pays natal aura marqué l’été de l’équipe du comté d’Orange. Si Teemu Selänne, qui avait annoncé que ce serait sa dernière saison, avait connu une année de rock star, acclamé dans toutes les patinoires d’Amérique du Nord, le départ de Saku Koivu aura été, à l’image du personnage, plus humble et plus discret, avec une simple annonce à la fin de l’été. A respectivement 44 et presque 40 ans, les deux compères tirent leur révérence sur une carrière qui les aura vus rejoindre le pionnier Jari Kurri au panthéon du hockey finlandais. Si Selänne peut s’enorgueillir d’une Coupe Stanley conquise en 2007 avec les Ducks, Koivu, lui, fut l’un des principaux artisans de la première victoire de la Finlande aux championnats du monde en 1995, sur une ligne complétée par Jere Lehtinen et Ville Peltonen et alors surnommée « Riri, Fifi et Loulou » (Tupu, Hupu ja Lupu en VO), comme si son avenir à Anaheim, la ville de Disney, était déjà écrit…
Mais le scénario du Jour de la marmotte, c’est aussi celui d’un éternel recommencement, tant que le résultat espéré n’a pas été obtenu. Et si la Coupe Stanley n’a pas le sourire d’Andie MacDowell, elle doit aussi se mériter après plusieurs déconvenues successives. Car c’est bien la déception qui prédominait à Anaheim après la courte défaite contre les voisins de Los Angeles (4-3) en mai dernier. Oubliée, la brillante saison régulière qui les avait vus terminer en tête de la Conférence Ouest pour la première fois. Oubliés, les rêves de conquête de la Coupe Stanley pour clore en apothéose la carrière de leurs deux coéquipiers finlandais. Pour mieux repartir vers le succès, le DG Bob Murray a donc procédé à plusieurs changements. Tout en gardant l’objectif de maintenir la même domination à 5 contre 5 (2e de la ligue avec un ratio de 1,39 but marqué par but encaissé) et la même puissance de feu (1er de la ligue avec 3,21 buts par match), il essaiera d’améliorer les unités spéciales (13e PK avec 82,2% mais seulement 22e PP avec 16%) et l’étanchéité défensive (9e avec 2,48 buts encaissés par match), le point fort du rival et voisin, champion en titre.

Place aux jeunes dans les buts et en défense
Dans les buts, les deux gardiens qui promettaient de se livrer une chaude lutte pour le poste de titulaire il y a un an ne sont aujourd’hui plus là ! Le Suédois Viktor Fasth s’est blessé en début de saison et, à son retour, la place était prise, ce qui l’a envoyé aux Oilers d’Edmonton début mars. Quant à Jonas Hiller, présent depuis 2007 à Anaheim, il n’a pas été convaincant en playoffs et a été laissé libre cet été, rejoignant lui aussi l’Alberta, du côté de Calgary cette fois.
Ce sont donc deux joueurs ayant fait leurs débuts la saison dernière qui seront chargés de préserver les buts des Ducks cette saison. Le Danois Fredrik Andersen, 25 ans, s’est emparé du poste de back-up pendant la blessure de Fasth, avant de venir titiller Hiller pour le poste de n°1 et d’obtenir la majorité des départs en séries. Son rival sera le grand espoir américain John Gibson, tout juste 21 ans, testé avec succès en fin de saison régulière et lui aussi envoyé dans le grand bain en playoffs. Si, à l’avenir, le filet semble promis à Gibson, révélé aux championnats du monde 2013, pour la saison qui vient, la lutte s’annonce ouverte. En cas de pépin, Bob Murray a tout de même signé le vétéran Jason LaBarbera, qui devrait débuter la saison avec Norfolk en AHL.
CapANAPlusieurs départs sont également à signaler en défense. Stéphane Robidas, arrivé de Dallas à la date limite des transactions, s’est à nouveau brisé la jambe en séries et n’a pas été conservé, trouvant refuge à Toronto. Luca Sbisa, auteur d’une saison décevante, a été inclus dans le gros échange du week-end du repêchage pour Ryan Kesler. Enfin, le réserviste Nolan Yonkman a été laissé libre. Côté arrivées, un seul nom à signaler, celui du défenseur défensif Clayton Stoner, dont l’apport dans le jeu physique peine à justifier le contrat de 4 ans et 13 millions de dollars qui l’a sorti du Minnesota.
D’autant que les Ducks ne manquent pas de défenseurs NHL. L’arrière-garde sera toujours dirigée par Cam Fowler, qui a démontré l’an dernier qu’il n’était plus seulement un défenseur offensif mais un défenseur complet capable d’assumer le rôle de n°1. Une saison solide qui lui a permis de représenter les USA à Sochi. Derrière lui, le vétéran François Beauchemin aura toujours d’importantes responsabilités. Les deux hommes, qui évoluent rarement sur la glace en même temps, devraient être associés respectivement à l’étonnant Ben Lovejoy, qui aura attendu ses 30 ans pour devenir un titulaire régulier en NHL, et au précoce Hampus Lindholm, 20 ans, qui a été utilisé à toutes les sauces pour sa saison rookie et a parfaitement répondu aux demandes. L’offensif mais encore un peu léger physiquement Sami Vatanen, sur la 1ere paire finlandaise aux JO, devrait animer la 3e paire et le Power Play. A ses côtés, l’expérimenté Bryan Allen et le nouvel arrivant Clayton Stoner lutteront pour le poste de 6e défenseur. Mark Fistric assurera quant à lui une réserve de qualité. Enfin, le mystère plane concernant le rôle de Sheldon Souray. Blessé au poignet, le défenseur dont le gros lancer frappé est la marque de fabrique a connu une saison blanche l’an passé. A 38 ans et pour sa dernière année de contrat, parviendra-t-il à retrouver sa place alors qu’en son absence, les jeunes Lindholm et Vatanen ont pris leurs quartiers ?

Une ligne de centre fortement renouvelée
En attaque comme en défense et dans les buts, place aux jeunes, repêchés ou non par l’organisation. Selänne et Koivu ne sont en effet pas les deux seuls départs dans ce secteur de jeu puisque Nick Bonino, Mathieu Perreault, Daniel Winnik et David Steckel ont fait leurs bagages. Avec Koivu, cela fait quatre joueurs de centre qui s’en vont, cinq si l’on compte Winnik dont c’est le poste de formation et qui prenait encore sa part de mises en jeu. A l’exception de Bonino, tous ces joueurs ont été laissés libres par Bob Murray, illustrant sa volonté de faire de la place pour les plus jeunes joueurs de l’effectif. En effet, si Koivu et Selänne avaient largement atteint l’âge de la retraite, Winnik et Perreault sortaient d’une saison satisfaisante et ne réclamaient pas de contrat indécent. Pour remplacer ces cinq joueurs réguliers – Steckel n’a disputé que 6 matches en NHL l’an dernier – Bob Murray a fait venir trois joueurs. L’international américain Ryan Kesler, acquis de Vancouver contre Bonino, Sbisa et des choix de repêchage, et Nate Thompson, récupéré à Tampa contre des choix de repêchage, viennent renforcer la ligne de centre dégarnie. Enfin, Murray a fait le pari que Dany Heatley pouvait encore être utile en NHL. Tous ces mouvements ont eu une incidence sur le salary cap de l’équipe (la 6e plus faible masse salariale de la ligue), puisque seuls quatre attaquants émargent aujourd’hui à plus de 1,6 million par an.
Dans tous ces changements, il reste néanmoins une constante de taille : l’attaque des Ducks sera toujours menée par son duo d’internationaux canadiens, Ryan Getzlaf et Corey Perry, encore une fois parmi les meilleurs marqueurs de la ligue l’an dernier (Getzlaf 2e et Perry 5e et 2e meilleur buteur). Sur leur aile gauche, après différentes auditions l’an passé, Matt Beleskey semble tenir la corde pour les compléter, avec pour mission principale d’aller dans les coins et devant le filet pour faire de la place aux deux stars. Derrière, Ryan Kesler prendra le poste de 2e centre. Il devrait être accompagné d’Andrew Cogliano, le seul rescapé de la ligne chargée d’affronter les meilleurs joueurs adverses (avec Koivu et Winnik) et de Jakob Silfverberg. Le Suédois, pièce maîtresse de l’échange qui a envoyé Bobby Ryan à Ottawa, a déçu pour sa première saison avec les Ducks. A sa décharge, il a été blessé dès le mois d’octobre, mais cette saison, on attend de lui une meilleure production offensive.
En cas de défaillance du Suédois, trois ailiers repêchés et développés par les Ducks partiront des deux derniers trios pour essayer de se faire une place dans le top 6 : Kyle Palmieri, Devante Smith-Pelly et le Californien Emerson Etem prétendent tous à un rôle accru. Patrick Maroon, un des rares joueurs de soutien conservé – et prolongé – cet été et Dany Heatley chercheront également à se faire une place sur les ailes tandis que l’autre nouvel arrivant, Nate Thompson devrait occuper un poste de centre. Le dernier poste au centre sera disputé entre deux autres jeunes repêchés par les Ducks, les Suédois Rickard Rakell et William Karlsson, le premier cité partant avec les faveurs des pronostics après avoir fait ses débuts en NHL l’an dernier. L’ailier Tim Jackman, qui devrait être réserviste, complète cette revue offensive.

L’an dernier:

1er de la Conférence Ouest avec 116 points, 1er de la division Pacifique. Eliminés en finale de la division Pacifique par les Los Angeles Kings (4-3). Meilleur pointeur : Ryan Getzlaf (87 points). Meilleur buteur : Corey Perry (43 buts).

Le joueur à suivre: Ryan Kesler

Repêché lors de la fameuse première ronde de 2003 comme ses nouveaux coéquipiers Getzlaf et Perry, Ryan Kesler n’avait jusque là connu qu’une seule équipe, les Canucks de Vancouver. Derrière les jumeaux Sedin, il a assumé pendant 10 saisons le rôle de 2e centre, chargé à la fois de produire offensivement et de défendre contre les meilleurs joueurs adverses. Un rôle qu’il a assumé à la perfection et qui l’a emmené à une victoire de la Coupe Stanley en 2011. Depuis cet échec, Vancouver dégringole au classement et les espoirs de soulever la Coupe deviennent de plus en plus minces. C’est dans ce contexte que les Ducks ont convaincu les Canucks de leur échanger Kesler, en retour de jeunes joueurs et de choix au repêchage. Alors que les Ducks n’avaient pas de 2e ligne clairement identifiée, les rôles étant répartis en fonction des qualités des joueurs, Kesler sera chargé de s’acquitter à la fois des responsabilités offensives – rôle qui incombait à Bonino l’an passé – et défensives – rôle tenu jusque là par Koivu. Pour ça, il devra montrer qu’à 30 ans, il a toujours le même niveau d’énergie et peut éviter les blessures – sa saison 2012-2013 avait été écourtée après 5 saisons de fer et seulement 7 matches manqués. Car s’ils veulent enfin soulever la Coupe, les Ducks auront besoin d’un Kesler à son meilleur niveau.

La relève: Ritchie, dans la lignée de Perry

La détection et le développement des jeunes sont actuellement un des points forts des Ducks : Palmieri et Vatanen (2009), Fowler, Etem et Smith-Pelly (2010), Rackell, Gibson et Karlsson (2011), Lindholm et Andersen (2012) ont tous été repêchés ces dernières années. Si on ajoute Beleskey (2006), Getzlaf et Perry (2003) et Shea Théodore (2013), 14 des 28 joueurs figurant en ce moment dans l’effectif des Ducks ont été repêchés par l’équipe. Ils devraient être 12 sur 23 pour le coup d’envoi de la saison. Plus impressionnant encore, presque tous ces joueurs ont été repêchés dans les deux premières rondes, les seules exceptions étant Andersen (3e ronde), Vatanen (4e ronde) et Beleskey (4e ronde). Un taux de réussite impressionnant qui illustre la capacité des scouts d’Anaheim à identifier les joueurs capables d’évoluer en NHL parmi les espoirs les mieux connus de chaque génération. Avec un tel bilan, c’est fort logiquement qu’on se tournera vers les premières rondes des plus récents repêchages pour identifier les espoirs les plus prometteurs des Ducks.
Le premier nom de la liste est celui de Nick Ritchie (10e overall en 2014). Grâce à l’échange de Bobby Ryan à Ottawa et à la mauvaise saison des Senators, les Ducks ont pu repêcher beaucoup plus tôt que prévu cet été et ont mis la main sur un jeune ailier gauche qui a tout du power forward en devenir : de bonnes mains et un bon coup de patin viennent compléter un physique de poids (1,91 m – 104 kg) que Ritchie sait déjà mettre à profit pour conserver le palet et délivrer de grosses mises en échec dans le junior canadien. Avant de le voir peut-être compléter un 1er trio de rêve avec Getzlaf et Perry, il peaufinera ses qualités avec les Petes de Peterborough dans l’OHL.
Autre choix de 1e ronde attendu, Shea Theodore (26e overall en 2013) figure pour l’instant dans l’effectif des Ducks. Blessé pendant le camp d’entraînement, il n’a pas eu la chance de se faire valoir pendant les matches de pré-saison. Vue la profondeur des Ducks à la ligne bleue, il devrait être renvoyé avec les Seattle Thunderbirds en WHL une fois rétabli. La saison 2013-2014 lui aura néanmoins permis de faire grimper sa cote puisqu’il a non seulement amélioré ses statistiques offensives – 79 points en 70 matches, meilleur marqueur de son équipe et meilleur marqueur parmi les défenseurs de WHL – mais également prouvé qu’il avait les atouts pour être un défenseur complet.
Nicolas Kerdiles (36e overall en 2012) complète ce trio de grands espoirs qui n’ont pas encore goûté à la NHL. Cela ne saurait tarder pour le Franco-américain, qui a fait le saut dans la AHL depuis l’Université du Wisconsin au printemps dernier. Doté d’un solide gabarit et d’une bonne éthique de travail, il est capable de remplir des missions offensives et défensives. Même si c’est d’abord dans le premier rôle qu’il s’est illustré au dernier championnat du monde des -20 ans…sous le maillot américain.
Derrière ce trio, on notera les noms de quatre joueurs. En commençant par deux Suédois qui essaieront d’imiter Silfverberg, Lindholm et Rackell. Déjà cité, William Karlsson (53e overall en 2011), est le plus proche de la NHL et devrait être un des leaders des Norfolk Admirals cette saison en AHL. A l’inverse, Marcus Pettersson (38e overall en 2014), ancien joueur de centre reconverti en défense, prendra le temps de développer ses énormes qualités en Suède. Stefan Noesen (21e overall en 2011) faisait lui aussi partie de l’échange de Bobby Ryan. Comme Kerdiles et Karlsson, l’ailier américain connaîtra sa 1ere saison complète en AHL cette année, puisqu’il sort d’une saison blanche. Enfin, l’ailier Suédo-danois Nick Sörensen (45e overall en 2013) quitte la LHJMQ et les Remparts de Québec pour poursuivre sa progression en Suède chez le double champion en titre, Skellefteå.

Le pronostic de TPPQB

« Les Ducks ont fortement remanié leur effectif, notamment dans les buts et en attaque. De la place a été faite pour les nombreux jeunes repêchés et développés par le club, en sacrifiant parfois des vétérans qui n’avaient pas démérité. A eux de saisir l’occasion qui leur est offerte pour emmener les Ducks un peu plus loin en séries. Car, dans ce cas, rajeunissement ne signifie pas perte d’ambition à court terme. Avec Getzlaf et Perry toujours en forme et l’arrivée de Kesler, la puissance de feu est toujours là. L’entraîneur Bruce Boudreau, spécialiste des saisons régulières pyrotechniques, devra prouver qu’il sait s’adapter au hockey des playoffs. Anaheim a bien résisté contre Los Angeles, mais a tout de même conclu trop vite sa meilleure saison régulière. Or, faire mieux voudra dire être capable de battre ses rivaux californiens. Bruce Boudreau, récemment critiqué par Teemu Selänne, devra convaincre rapidement. »