Boston, l’incroyable implosion

Le nouveau DG des Bruins a fait une entrée en fonction pour le moins fracassante.

Don Sweeney, e nouveau DG des Bruins, a fait une entrée en fonction pour le moins fracassante.

TPPQB n’a pas l’habitude de consacrer des articles aux Bruins – sauf pendant la présaison -, mais la « performance » de la franchise du Massachussets ces derniers jours mérite un coup de projecteur. Pour la première fois depuis 2007, les playoffs NHL n’ont pas fait escale à Boston. Diminuée par les départs de Jarome Iginla et Johnny Boychuk, les Bruins ont bataillé en vain jusqu’au terme de la saison, pour finalement échouer à trois petites longueurs d’Ottawa. Un échec retentissant pour une équipe qui avait tout de même remporté le trophée du président la saison précédente, avant de céder face au rival montréalais en demi finale de conférence Est.

Un échec intolérable pour Jeremy Jacobs, le propriétaire de la franchise, qui choisit donc de congédier son general manager, Peter Chiarelli, coupable de ne pas avoir trouvé l’échange qui aurait remis ses Bruins dans le droit de chemin. Il faut dire que Boston a payé cher une gestion hasardeuse du salary cap, qui a contraint Chiarelli à laisser filer Iginla et à échanger Boychuk. Mais même si l’échec était patent, la décision de remercier Chiarelli, un des DG les plus respectés de la ligue, était surprenante. Une décision qui doit sans doute autant au caractère tempêtueux de Jacobs, qu’à l’impatience du président des Bruins, l’ancienne star locale Cam Neely.

Bye-Bye Hamilton… Pour remplacer Chiarelli, très vite récupéré par les Oilers, Boston a donc confié les rênes à Don Sweeney, qui était son second. Pas exactement l’idée qu’on se fait d’un choix de rupture… Les défis de Sweeney étaient donc nombreux, avec un effectif vieillissant, à l’image de Zdeno Chara, le géant slovaque, et une marge de manœuvre minimale sous le cap. Ce manque de flexibilité a d’abord conduit Sweeney à échanger Carl Soderberg, auteur d’une bonne saison, à Colorado, en retour d’un choix de sixième ronde en 2016. En fin de contrat, le Suédois avait des exigences que Boston ne pouvait satisfaire.

Mais l’échange le plus spectaculaire a été celui de Dougie Hamilton. Le défenseur, que tous présentaient jusqu’à présent comme l’héritier de Chara, était en discussion avec les Bruins pour une extension. Mais les négociations n’avançaient pas, Hamilton souhaitant autour de 7M$ par saison. En cours de semaine, plusieurs rumeurs ont alors fait état d’une possible offer sheet (une procédure qui permet à un club de soumettre une proposition à un agent libre avec restriction. Si ce dernier la signe, son équipe peut égaler l’offre, et conserver ses services, ou le laisser partir, et recevoir un certain nombre de choix de repêchage en compensation). Le nom d’Edmonton et Peter Chiarelli, notamment, circulait, mais les Oilers n’étaient visiblement pas les seuls intéressés. Plutôt que de perdre son joueur, et au vu des exigences de Hamilton, Sweeney a donc décidé de conclure un échange avec Calgary, récupérant dans la transaction, le 15e choix overall, et deux choix de deuxième ronde. Une maigre rançon pour un joueur de la dimension de Hamilton qui a provoqué la colère des partisans des Bruins. D’autant que plusieurs insiders font état de la surprise de certains GMs à l’annonce de la transaction, ce qui indique que Boston n’a pas exploré le marché comme il aurait pu.

…et Lucic
Et ce n’était pas fini. Peu avant la draft, Sweeney réalisait un autre échange d’importance, envoyant Milan Lucic à Los Angeles contre le 13e pick overall de la draft, le gardien Martin Jones et le défenseur Colin Miller. Lucic, joueur emblématique des Bruins s’il en est, arrivait au terme d’un contrat de trois ans qui le payait 6M$ par saison. Et Boston ne se voyait pas retenir ses services pour ce type de tarif, surtout que le gros ailier a pu sembler sur le déclin cette saison. Très physique, Lucic a un jeu qui risque d’accélérer ce déclin. Or, les négociations d’extensions avec Boston avaient commencé sur la base d’un contrat de huit ans, alors que les Bruins en souhaitaient cinq au maximum. D’où la décision de l’échanger. Le problème, c’est que le retour est une nouvelle fois mince pour les Bruins, qui ont en outre retenu 2,75M$ du salaire de Lucic pour permettre aux Kings, eux aussi empêtrés dans le cap, de conclure la transaction.

La bonne nouvelle, c’est que Boston a fait un bon repêchage, avec tous ces choix, même si certains choix ont pu paraître prématuré (Senyshyn, DeBrusk, notamment). Mais c’est une reconstruction en règle qui semble démarrer à Beantown, et ce n’est pas la resignature du laborieux Adam McQuaid qui retardera ce processus. D’autant plus curieux, dans ce cas, de se débarrasser ainsi de Hamilton, qui n’a que 22 ans, et aurait pu être un élément central de cette reconstruction. Don Sweeney a toutefois annoncé viser les playoffs la saison prochaine. Il lui faudra réaliser quelques tours de magie pour y parvenir sans deux éléments aussi importants que Lucic et Hamilton.