Season preview 2015-2016 : San Jose Sharks
Western Conference – Pacific division
Dernier coup de poker

Joe Pavelski a une nouvelle fois brillé l’an dernier, scorant 37 buts. Mais malgré le talent de son scoreur US, San Jose est sur une pente déclinante.
Combien de temps pourront-ils encore prétendre y croire? L’an dernier, pour la première fois depuis 2003, les Sharks ont manqué les playoffs. Un signe de plus du déclin du groupe mené par Joe Thornton, longtemps l’une des puissances de la Conférence Ouest, même si aucune finale de Coupe Stanley n’est venue récompenser cette période dorée. Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Et celle-ci semble se rapprocher dangereusement pour la franchise du Nord de la Californie. Du coup, Doug Wilson, le DG des Sharks, a tenté cet été un dernier coup de poker. Il a d’abord changé son entraîneur. Coach au bilan le plus victorieux de l’histoire de la franchise, Todd McLellan a choisi de quitter San Jose, avec l’accord de son DG. Pour le remplacer, Wilson a fait appel à Peter DeBoer, ancien patron des Panthers et surtout des Devils, qu’il avait emmenés en finale de la Coupe Stanley en 2012. Le gardien titulaire depuis quatre ans, Antti Niemi, a lui aussi plié bagage, non renouvelé par l’organisation. Et pour lui succéder, Wilson a récupéré la doublure de Jonathan Quick, Martin Jones. Echangé par les Kings à Boston dans le cadre de l’échange de Milan Lucic, Jones a très vite retrouvé la Californie, en échange du premier choix 2016 des Sharks. Un échange qui a dû faire grincer quelques dents du côté de Los Angeles. Mais le DG des Sharks ne s’est pas arrêté là, signant deux free agents très convoités, le défenseur des Penguins Paul Martin (4 ans à 4,85M$ par saison), et le robuste ailier des Capitals, Joel Ward (3 ans à 3,275M$ par saison). L’idée est simple, donner au noyau des Sharks les munitions pour exploiter au mieux les dernières années productives de Joe Thornton et Patrick Marleau. Pas sûr, cependant, que cela suffise à passer les obstacles Chicago, Los Angeles, Anaheim ou St. Louis. Pas sûr non plus que les Sharks ne regrettent pas, d’ici un an ou deux, ces contrats longs et coûteux consentis à des joueurs âgés.
Paul Martin, un renfort décisif?
Pour redevenir plus compétitifs, les Sharks devront toutefois nettement améliorer leur rendement défensif. 24e défense de la ligue avec 2,76 buts encaissés par match, l’équipe de Todd McLellan était beaucoup trop friable pour avoir une chance d’accéder aux playoffs l’an dernier. Celle de Peter DeBoer devra avant tout corriger son jeu à 5 contre 5, mais aussi son PK, très en deçà des attentes l’an dernier (25e de la ligue avec 78,5% de réussite seulement). Cela passer par un changement de système, mais les recrues estivales devraient apporter un gros plus aux Sharks dans ce domaine, notamment Paul Martin, un défenseur défensif au style sobre, mais très fiable dans sa zone. Il devrait être associé à Brent Burns, un des défenseurs offensifs les plus productifs de la ligue (211 points sur les cinq dernières saisons, même si McLellan l’a aussi utilisé à l’aile). Sur la deuxième unité, le très solide Marc-Edouard Vlasic évoluera sans doute avec Justin Braun, un arrière à la maturation lente, mais qui est aujourd’hui un puck mover très convenable. Enfin, la dernière paire associera vraisemblablement Brenden Dillon, arrière gros gabarit connu pour ses mises en échec percutantes, et le jeune et talentueux Mirco Mueller, qui a connu une première saison NHL discrète, mais plutôt prometteuse (39 matchs, 4 points l’an dernier). En cas de blessure, on pourrait voir rapidement Matt Tennyson, un gros défenseur two way californien, jamais repêché, mais qui a déjà fait quelques apparitions avec les Sharks ces deux dernières saisons.
Cette arrière-garde compte plusieurs joueurs intéressants, mais elle s’est montré un peu légère l’an dernier. Il faut donc espérer que la présence de l’expérimenté Paul Martin lui donne un peu plus de sérénité. Il vaudrait mieux pour Martin Jones, le nouveau starter, qui étrennera ce nouveau statut avec les Sharks. A son relai, San Jose comptera sur le gardien US Alex Stalock, qui a connu une saison moins brillante l’an dernier, au relai de Niemi, que la précédente, où il s’était souvent montré très convaincant.
Une défense rajeunie
En attaque, San Jose ne manque pas de joueurs de talent. A commencer par le premier trio, composé de Patrick Marleau, Joe Thornton et Joe Pavelski. Le dernier, qui est aussi le plus jeune des trois, n’a pas le pedigree de « Jumbo Joe », mais c’est bien lui qui se montre l’attaquant le plus constant des Sharks depuis plusieurs saisons. L’an dernier, Pavelski a terminé dans les top 5 des buteurs de la ligue, et conservé sa couronne de meilleur pointeur des Sharks, malgré une dizaine de matchs manqués sur blessure. Son dauphin, Joe Thornton, demeure l’un des meilleurs playmakers de la ligue. A 36 ans, le gros centre ontarien voit tout sur la glace, mais ses meilleures années semblent tout de même derrière lui. L’an dernier, il a terminé en dessous de la barre des 70 points pour la première fois depuis 2001-2002 (si l’on oublier la saison 2012-2013, raccourcie par le lock-out). Le ralentissement est plus net encore pour Patrick Marleau, son habituel partner in crime, qui n’a pu effacer la barre des 20 buts pour la première fois depuis 2007-2008, inscrivant 14 buts de moins que lors de la précédente saison. Reste que même avec deux éléments importants sur le déclin, cette ligne sera encore très dangereuse cette saison. La deuxième unité, elle, s’appuiera avant tout sur l’excellent Logan Couture, qui a connu sa meilleure saison offensive l’an dernier avec 67 points. Il devra accompagner la progression du subtil ailier tchèque Thomas Hertl, qui a connu une deuxième saison NHL décevante, mais qui a les moyens de rebondir pour s’établir rapidement comme un joueur offensif top 6. L’autre aile sera vraisemblablement confiée à Melker Karlsson, l’une des bonnes surprises de la saison pour San Jose. Solide dans sa zone, l’ancien de Skelleftea (Suède) a tout de même trouvé le moyen d’inscrire 13 buts l’an dernier pour sa première année NHL. Sa deuxième année pourrait lui permettre de passer un palier. Sur la troisième ligne, on retrouvera le nouveau venu Joel Ward, un ailier rugueux qui s’est découvert sur le tard un talent de buteur, avec 24, puis 19 buts lors de ses deux dernières saisons avec les Capitals. Il devrait faire équipe avec Matt Nieto, un ailier US rapide et plutôt adroit devant la cage adverse, malgré son tout petit gabarit, et Chris Tierney, l’un des espoirs de l’organisation. Tierney est un centre two way très responsable dans sa zone, créatif, et qui lit bien le jeu. Enfin, la dernière unité sera composée de l’ancien agitateur Raffi Torres, de Ben Smith, un ancien espoir des Blackhawks, et du rugueux Tommy Wingels. On pourrait aussi y voir le costaud Mike Brown, voir le jeune et très rapide Finlandais Joonas Donskoi, qui fera ses débuts en Amérique du Nord cette saison.
Le lineup probable
Patrick Marleau (#12) – Joe Thornton (#19) – Joe Pavelski (#8)
Melker Karlsson (#68) – Logan Couture (#39) – Thomas Hertl (#48)
Matt Nieto (#83) – Chris Tierney (#50) – Joel Ward (#42)
Raffi Torres (#13) – Ben Smith (#21) – Tommy Wingels (#57)
Mike Brown (#18)
Paul Martin (#7) – Brent Burns (#88)
Marc-Edouard Vlasic (#44) – Justin Braun (#61)
Brenden Dillon (#4) – Mirco Mueller (#41)
Matt Tennyson (#80)
Martin Jones (#31)
Alex Stalock (#32)
Coach: Peter DeBoer
L’an dernier:
12e de la conférence Ouest avec 89 points. Meilleur pointeur et buteur : Joe Pavelski (70 points, 37 buts.
Le joueur à suivre :
Martin Jones
Pas sûr que Los Angeles soit ravi de devoir affronter son ancien gardien remplaçant à chaque fois qu’il fera face aux Sharks. Très brillant il y a deux saisons au relais de Jonathan Quick, Jones a fait moins d’étincelles l’an dernier, mais la plupart des observateurs s’accordent à dire qu’il a le talent pour occuper un poste de starter dans la NHL. Il devra tout de même prouver qu’il peut assumer une charge de travail bien supérieure à celle dont il avait l’habitude avec les Kings.
La relève :
La filière suisse
C’est ce qui s’appelle avoir de la Suisse dans les idées. Deux ans après avoir fait du défenseur Mirco Mueller son premier choix (18e overall en 2013), San Jose a replongé dans le pool de talent helvétique avec Timo Meier (9e overall en 2015). Attaquant puissant et skilled, Meier est instantanément devenu le meilleur prospect des Sharks. Les Californiens comptent deux autres espoirs au potentiel aguicheur, le puck moving defenseman québécois Jérémy Roy (31e overall en 2015), pour qui le DG Doug Mac Lean a beaucoup sacrifié dans un échange avec Colorado, et le sniper russe Nikolai Goldobin (27e overall en 2014).
Le pronostic de TPPQB
Ils auront soif de revanche. Victime d’une défaite crève-cœur face aux Kings en playoffs voici deux saisons, les Sharks ont manqué les playoffs l’an dernier pour la première fois depuis 2003. Mais cette équipe est clairement sur le déclin. Les renforts de joueurs vieillissants lui permettront peut-être de se mêler à la lutte pour les playoffs, mais ça ne serait pas une bonne nouvelle, car San Jose ne peut plus concurrencer les Chicago, St. Louis ou Los Angeles. Les Sharks ont besoin de passer par une phase de reconstruction. Si l’on devait se mouiller, on prédirait à San Jose un finish entre la 10e et la 13e place à l’Ouest.