Season preview 2015-2016 : Edmonton Oilers
Western Conference – Pacific division
Le sauveur est arrivé

Connor McDavid, le plus grand talent arrivé dans la ligue depuis Sidney Crosby. Sa seule présence pourrait remettre les Oilers dans le droit chemin
Il y a ceux qui se bagarrent à chaque minute pour arriver à monter une équipe compétitive, qui repêchent avec talent, qui font les échanges les plus pertinents. Et puis il y a ceux qui gagnent à la loterie. Plusieurs fois. Pour la quatrième fois en six ans, Edmonton a repêché le premier choix overall. Jusqu’ici, cela n’avait pas suffi à remettre les Oilers sur le chemin du succès. Mais l’identité du dernier arrivé pourrait bien tout changer. Connor McDavid est, de l’aveu de tous les observateurs, un generational talent. Le genre de joueur qui va marquer son époque, et qui va faire, à lui seul, passer un cap à toute une organisation. C’est ce qui est arrivé à Pittsburgh avec Lemieux ou Crosby. C’est aussi ce qu’a connu la franchise albertaine avec Gretzky. Car c’est bien de ce type de talent que l’on parle avec McDavid. Patineur fantastique, il voit le jeu avec une longueur d’avance, faite ce qu’il veut du puck, et excelle autant pour marquer que pour passer. Scruté depuis son plus jeune âge par tous les scouts de la planète, le gamin de Richmond Hill a supporté l’attention médiatique avec une impressionnante maturité. Intelligent, posé, il a en outre démontré des qualités de leaders remarquables. A ce niveau de talent, on serait tenté de dire que même les Oilers n’arriveront pas à faire dérailler l’express McDavid, en route pour le Hall of Fame.
Et avec ce type de joueur, Edmonton va rapidement changer de catégorie. D’autant que l’arrivée de « McSavior » n’est pas le seul changement important qui a affecté la franchise. Un nouveau DG, Peter Chiarelli, est à la barre. Curieusement évincé de Boston pour une première saison ratée en neuf ans à la tête des Bruins, l’Ontarien est un DG respecté dans la ligue, et qui sait se montrer agressif. Il a tout de suite posé son empreinte sur les Oilers. D’abord en allant chercher le gardien Cam Talbot, brillant remplaçant de Lundqvist aux Rangers, acquis contre des choix de repêchage. Chiarelli a ensuite fait l’acquisition d’Eric Gryba, le costaud défenseur d’Ottawa, de Griffin Reinhart, ancien choix numéro 4 du repêchage 2012, et signé Andrej Sekera (contrat de six ans à 6,5M$ par saison), qui s’est révélé depuis deux saisons et son départ de Buffalo. De quoi donner un sérieux coup de pouce à sa défense. Et pour densifier un peu son attaque, il a mis sous contrat Mark Letestu (3 ans à 1,8 M$ par saison) et échangé le centre Boyd Gordon aux Coyotes contre l’ailier Lauri Korpikoski.
Une nouvelle ère
Beaucoup de changements, donc, d’autant que le coaching staff a lui aussi été reformaté. Après avoir viré Dallas Eakins en cours de saison, les Oilers n’ont pas prolongé son remplaçant, Todd Nelson. Et Chiarelli a confié le poste à Tod McLellan, l’ancien coach des Sharks. Le président des opérations hockey, les responsables du scouting pro et amateur ont aussi été démis de leur fonction. Ajoutez la construction d’une nouvelle patinoire dont l’ouverture est prévue pour 2016, et c’est donc, à tous les niveaux, une nouvelle ère qui s’ouvre pour la franchise des Gretzky, Kurri, Messier ou Coffey.
Avec tous ces changements, il ne sera toutefois pas facile de prédire le destin à court terme des Oilers. L’alignement lui-même risque de réserver quelques surprises. On devrait tout de même retrouver une première ligne composée de Taylor Hall, Ryan Nugent-Hopkins et Jordan Eberle. Le premier, ancien premier choix overall comme son centre, est aujourd’hui l’un des meilleurs ailiers gauche offensifs de la ligue, grâce notamment à un coup de patin de classe mondiale. Nugent-Hopkins, lui, est un pivot remarquablement intelligent, qui continue de progresser année après année. Si son total de point n’a pas grimpé l’an dernier, il a atteint ces 56 points en jouant quatre matchs de moins. Surtout, il s’est découvert un talent de buteur, inscrivant 24 buts, soit cinq de mieux que lors de sa meilleure saison. Le troisième larron, Jordan Eberle, est celui qui a été repêché le plus bas (22e overall en 2008), mais c’est lui qui a mené la danse au classement des marqueurs des Oilers l’an dernier. C’est un petit ailier très fin, et très adroit devant le filet adverse. La deuxième unité devrait être celle de McDavid, vraisemblablement associé à Benoît Pouliot, un gros et talentueux ailier qui continue d’afficher une inconstance navrante, et de Nail Yakupov, autre ancien premier choix overall, qui a connu une saison 2014-2015 rassurante, grâce notamment à l’arrivée du vétéran Derek Roy, qui l’a remis sur le bon chemin. Yakupov est aussi talentueux que difficile à gérer. Mais avec McDavid à ses côtés, on peut imaginer qu’il va poursuivre son redressement.
Le talent ne suffit pas
Sur la troisième unité, on devrait retrouver Anton Lander, un centre petit format, mais intelligent, qui brille par son jeu two way. Il sera vraisemblablement associé au rapide, mais peu productif Finlandais Lauri Korpikoski, et à Teddy Purcell, un ailier qui ne manque pas de talent, mais dont le jeu défensif et l’implication physique peuvent être suspects. Enfin, la dernière ligne sera probablement pivotée par Mark Letestu, un quatrième centre très convenable, associé au solide Rob Klinkhammer, et au costaud Matt Hendricks. On pourrait aussi voir l’enforcer Luke Gazdic, mais surtout l’ancien numéro 3 du repêchage 2014, l’Allemand Leon Draisaitl. Ce gros et talentueux playmaker a le talent pour devenir un centre top 6 dans la ligue. Il n’est sans doute pas prêt, et la concurrence est forte avec Nugent-Hopkins et McDavid. Mais il pourrait tout à fait menacer Lander dès cette saison. L’ensemble est en tout cas très talentueux, mais devra démontrer qu’il peut ajouter plus de grit, et une dimension physique plus affirmée pour redevenir un adversaire dangereux. Car les Oilers n’étaient l’an dernier que la 26e attaque de la ligue (2,35 buts par match), avec un powerplay anémique (17,7% de succès, 19e de la ligue). Dans la NHL, et surtout dans la Conférence Ouest, le talent ne suffit pas.
Ceci dit, ce n’est pas en attaque qu’Edmonton était le plus pathétique l’an dernier. Sa défense était tout simplement la plus médiocre de la ligue (3,37 buts par match), le tout avec le deuxième plus mauvais PK de la ligue (76,7%). Inconcevable, dans ces conditions, d’espérer gagner quoi que ce soit. D’où la décision de Peter Chiarelli de renforcer son arrière-garde. Andrej Sekera devra assumer le rôle de défenseur numéro 1. Un costume sans doute un peu grand pour le Slovaque, avant tout un bon puck moving defenseman qui fait la différence grâce à son coup de patin. Il devrait évoluer avec Justin Schultz, et, on l’espère, aider l’arrière américain, au talent évident, à gommer ses errements défensifs.
Le pari Cam Talbot
Sur la deuxième paire, on retrouvera le défensif – mais limité – Andrew Ference, associé à Oscar Klefbom. Le Suédois connaît une progression lente, mais assez constante depuis son repêchage. Il a le gabarit et l’envergure d’un excellent arrière défensif, s’il parvient à gommer certaines sautes de concentration. Enfin, la dernière unité devrait être composée du Russe Nikita Nikitin, grand et pas maladroit offensivement, mais soft, et pas toujours impeccable défensivement, et de Mark Fayne, un gros puck mover que l’on aimerait voir jouer avec un peu plus d’agressivité. Cela dit, il y aura de la concurrence. Le costaud Eric Gryba, et les deux jeunes espoirs Darnell Nurse et Griffin Reinhart vont se bagarrer pour se tailler un poste dans l’alignement des Oilers.
Cette défense aura, a priori, un peu plus le droit à l’erreur cette année. Cam Talbot, brillante doublure de Lundqvist avec les Rangers, est vu par beaucoup d’observateurs comme un futur numéro 1. Mais à l’image de Martin Jones à San Jose, il va devoir apprendre à composer avec une charge de travail bien supérieure à ce dont il a l’habitude. S’il parvient à relever ce challenge, les Oilers seront sur le bon chemin. Il ne faudra en tout cas pas se reposer sur Ben Scrivens, sa doublure, un gardien bien médiocre qui continue de se trouver des postes dans la NHL malgré un manque évident de talent.
Le lineup probable
Taylor Hall (#4) – Ryan Nugent-Hopkins (#93) – Jordan Eberle (#14)
Benoît Pouliot (#67) – Connor McDavid (#97) – Nail Yakupov (#10)
Lauri Korpikoski (#28) – Anton Lander (#51) – Teddy Purcell (#16)
Rob Klinkhammer (#12) – Mark Letestu (#55) – Matt Hendricks (#23)
Leon Draisaitl (#94)
Andrej Sekera (#2) – Justin Schultz (#19)
Oscar Klefbom (#77) – Andrew Ference (#21)
Nikita Nikitin (#86) – Mark Fayne (#5)
Eric Gryba (#62)
Cam Talbot (#33)
Ben Scrivens (#30)
Coach: Todd McLellan
L’an dernier:
13e de la conférence Ouest avec 62 points. Meilleur pointeur: Jordan Eberle (63 points); meilleurs buteurs: Jordan Eberle et Ryan Nugent-Hopkins (24 buts).
Le joueur à suivre :
Justin Schultz
Au printemps 2012, son nom était sur toutes les lèvres. Après avoir refusé de signer avec les Ducks, qui l’avaient repêché, Schultz, brillant jeune défenseur offensif, signait avec Edmonton et venait s’ajouter à la belle brochette de talents Hall-Nugent-Hopkins-Eberle. Mais depuis, l’arrière américain n’a pas connu l’explosion attendue. Offensivement, sa production n’atteint pas les sommets (autour de trente points par saison), et défensivement, c’est moyen. Les Oilers lui ont accordé un contrat d’un an cet été. Il est grand temps pour lui de prouver qu’il vaut mieux qu’une étiquette d’espoir décevant.
La relève :
La qualité plus que la quantité
Si l’on veut bien oublier McDavid, qui sera avec le grand club cette année, Edmonton commence à compter quelques prospects vraiment intéressant, notamment les deux défenseurs Darnell Nurse (photo, 7e overall en 2013), un arrière puissant et agressif qui a tout d’un futur numéro 1 ou 2, et Griffin Reinhart (4e overall en 2012), un gros gabarit complet qui ne sera pas loin de la NHL cette année. En attaque on citera essentiellement le centre Leon Draisaitl, comparé à Anze Kopitar, rien que ça (3e overall en 2014). Le reste du prospect pool des Oilers est plus douteux. Ce n’est pas un hasard si Stu MacGregor, le dépisteur en chef de l’organisation, a été viré cet été…
Le pronostic de TPPQB
Quelle sera l’ampleur de l’effet McDavid? c’est toute la question de la saison prochaine pour Edmonton. Le prodige ontarien va donner un coup de boost considérable à la franchise. Les comparaisons vont néanmoins aller bon train, notamment avec la saison rookie de Sidney Crosby (2006), qui avait vu la star des Penguins inscrire 102 points… sans pouvoir faire décoller son équipe du fond du classement. Un destin qui pourrait ressembler à celui des Oilers 2015-2016, qui auront toutes les peines du monde à retrouver les playoffs dans une conférence Ouest très dense.