Season preview 2015-2016 : Winnipeg Jets
Western Conference – Central division
The big bad Jets

En fin de contrat avec les Jets, Dustin Byfuglien risque de faire l’objet de pas mal de rumeurs d’échanges cette saison.
Ne pas dévier du plan de route
Alors qu’on a beaucoup parlé cette année d’une possible expansion de la NHL qui amènerait une nouvelle équipe à Las Vegas, il est un homme qu’on n’imagine pas un jour diriger la franchise de la ville du jeu : Kevin Cheveldayoff. Trois ans et huit mois après son embauche comme directeur général des Jets de Winnipeg, il n’avait toujours pas effectué le moindre échange entre joueurs estampillés NHL, se contentant d’échanges de joueurs des ligues mineures, de jeunes espoirs et de choix au repêchage. C’est pourquoi le 11 février 2015 est un jour à marquer d’une croix blanche dans l’histoire de la franchise. Ce jour-là, le patient DG des Jets envoyait son turbulent ailier vedette Evander Kane et le solide défenseur défensif Zach Bogosian à Buffalo en échange du défenseur Tyler Myers, de l’ailier Drew Stafford, de deux solides espoirs (Joel Armia et Brendan Lemieux) et d’un choix de première ronde au repêchage de 2015. Pour la première de l’ancien adjoint de Stan Bowman chez les Blackhawks, on peut parler d’un véritable blockbuster, dans une ligue où ils se font de plus en plus rares, plafond salarial oblige.
Deux mois exactement après ce coup de tonnerre, alors que la saison régulière s’achevait, les Jets pouvaient fêter une deuxième grande première. En accrochant la deuxième wild card de la conférence Ouest (juste devant les champions en titre, les Kings de Los Angeles s’il vous plaît !), ils offraient au MTS Centre ses premiers matches de séries éliminatoires de NHL, les premiers depuis 1996 pour les supporters manitobains. Malheureusement pour eux, la belle histoire prit aussi rapidement fin que lors de la première, et jusqu’alors unique, participation de la franchise au grand bal printanier, sous la bannière des Thrashers d’Atlanta. Le sévère balayage (4-0) par des Ducks d’Anaheim, qui furent la seule équipe à sérieusement inquiéter les futurs champions lors de leur parcours éliminatoire, laissa néanmoins quelques regrets puisque les Jets menèrent au score dans leurs quatre confrontations, et en particulier au début des troisièmes périodes de chacun des trois premiers matches. Si l’équipe entraînée par Paul Maurice peut justifier ce mauvais scénario récurrent par son manque d’expérience à ce niveau de la compétition, elle tient également là un des axes d’amélioration de la saison à venir, en compagnie de la discipline, puisque l’équipe est celle qui s’est vue décerner le plus de pénalités mineures lors de la dernière saison.
Dans une division Centrale qui s’est révélé la plus compétitive de la ligue ces dernières années, s’améliorer chaque année est indispensable pour espérer une qualification en séries éliminatoires, comme l’ont constaté l’an dernier l’Avalanche (attaque moins flamboyante) et les Stars (défense trop poreuse). Pour cela, Cheveldayoff a décidé de rester fidèle à son plan : peu de mouvements et place à la promotion interne.
Une défense identique
En raison de nombreuses blessures ces dernières saisons, mais aussi du replacement par intermittence de Dustin Byfuglien à l’aile, les Jets ont un nombre important de défenseurs sous contrat NHL, avec pas moins de 10 joueurs postulant à une place dans la formation de départ. En pratique, celle-ci est quasiment fixée : le nouveau venu Tyler Myers, au profil plus offensif que Zach Bogosian mais qui peinait à retrouver l’excellent niveau de sa saison recrue dans une équipe de Buffalo en reconstruction, a tout de suite trouvé ses marques aux côtés du vétéran suédois Tobias Enström, toujours aussi fiable. L’autre paire majeure des Jets sera constitué par un Jacob Trouba aussi solide l’an dernier que lors de sa saison rookie et Dustin Byfuglien, revenu à la ligne bleue et dont le jeu se démarque toujours par son gros apport offensif (18 buts et 45 points en 69 matches l’an dernier) et son style physique, qui lui vaut de passer du temps au cachot (124 minutes de pénalité). Fait remarquable, sur ces quatre joueurs qui devraient se répartir équitablement le temps de glace, seul Enström lance de la gauche alors que sur l’ensemble de la ligue, le ratio est le plus souvent inversé. Un atout en plus, notamment pour le Power Play, seulement 17ème de la ligue (17,8% de réussite) l’an dernier.
Le vétéran Mark Stuart est étiqueté comme le 5ème défenseur, mais c’est pour le 6ème poste que la concurrence sera rude puisque Adam Pardy, Ben Chiarot, Paul Postma et Jay Harrison, arrivé de la Caroline au cours de la dernière saison, ont tous joué au moins 40 matches en NHL en 2014-2015. Grant Clitsome aspire également au poste, mais part avec une longueur de retard en raison de maux de dos persistants. Enfin, le jeune Josh Morrissey, qui devrait débuter la saison dans l’AHL, essaiera de grimper le plus vite possible dans la hiérarchie.
Derrière cette défense, qui se veut désormais un point fort de l’équipe (10ème de la ligue avec 2,49 buts encaissés par match, 9ème avec 28,7 tirs concédés en moyenne et 13ème en PK à 81,8%), les deux mêmes hommes masqués se partageront le travail. Poussé dans ses retranchements par un Hutchinson qui s’est révélé plus qu’une roue de secours et lui a même ravi le poste de gardien n°1 en début de saison, Ondrej Pavelec a connu sa saison la plus consistante en NHL. S’il est encore loin de mettre la main sur le trophée Vezina et qu’il ne reste pas à l’abri de bourdes coûteuses, il a enfin rendu des statistiques (92% d’arrêts, 2,28 buts encaissés par match) dignes d’un numéro 1. Le plus dur sera de confirmer cette saison car, si les Jets espèrent qu’un de leurs jeunes gardiens parmi Hutchinson, Hellebuyck ou Comrie s’imposera à terme dans les cages, c’est le Tchèque qui aura pour mission de ramener son équipe en séries cette année.
De la place pour les jeunes en attaque
Ce que la défense a gagné en talent avec l’échange Bogosian-Myers, l’attaque l’a perdu en troquant Evander Kane pour Drew Stafford. Mais, à l’instar de l’imposant défenseur, Kane peinait à jouer à la hauteur de ses capacités avec l’équipe qui l’a repêché. Ajoutez à cela des frictions avec ses coéquipiers, une gestion hasardeuse de sa communication sur les réseaux sociaux et une blessure à l’épaule qui a amputé sa saison de moitié, et vous comprendrez que Cheveldayoff n’a pas trop hésité à le remplacer par le plus fiable Stafford, dont l’âge, le parcours et les statistiques ne sont pas sans rappeler celles de son nouveau capitaine, Andrew Ladd. Stafford a d’ailleurs choisi de prolonger son séjour dans le Manitoba en resignant pour deux ans. Il devrait continuer d’évoluer sur la deuxième ligne en compagnie du jeune Mark Scheifele, qui a montré une belle progression pour sa 2ème saison complète, enregistrant 49 points et assumant un temps de jeu conséquent (18,5 min/match). Le polyvalent Tchèque Michael Frolik parti, on devrait retrouver avec eux le Québecois Mathieu Perreault, auteur d’une bonne première saison avec les Jets l’an dernier. La première ligne, elle, devrait rester identique, avec 3 joueurs en mesure de compter leurs 60 points annuels : Bryan Little, Blake Wheeler et Ladd, qui entre dans la dernière année de son contrat et devrait être rapidement prolongé.
C’est sur le bottom six que l’on devrait voir apparaître des nouvelles têtes. Enfin, pas si nouvelle que ça, en ce qui concerne Alexander Burmistrov, de retour à Winnipeg après un break de deux saisons en KHL à Kazan. Avec Adam Lowry, il devrait assumer avec brio les responsabilités défensives qui incombent au 3ème trio. Si l’on s’en réfère au depth chart actuel de l’équipe, c’est le jeune Danois Nikolaj Ehlers qui devrait les accompagner en début de saison. Mais son profil plus offensif, en cas d’adaptation rapide à la NHL, le destine à terme à un rôle dans le top six, vraisemblablement au détriment de Perreault. Jim Slater, T.J. Galiardi Et Eric O’Dell laissés libres, de même que Jiri Tlusty et Lee Stempniak arrivés à la date limite des échanges pour aider l’équipe à se qualifier pour les séries, les trois postes au sein du 4ème trio devraient se partager entre Chris Throburn, Matt Halischuk, Anthony Peluso et le seul agent libre signé cet été par Cheveldayoff, Matt Fraser, qui a partagé sa saison 2013-14 entre Boston et Edmonton. Une profondeur moindre par rapport à l’an dernier, qui laissera sans doute une ouverture pour plusieurs espoirs de l’organisation : Nic Petan ou Andrew Copp au centre, Armia ou Lemieux à l’aile.
Si Paul Maurice parvient à trouver les joueurs idoines pour former un quatrième trio solide, ce qui n’est pas négligeable dans une division et une conférence particulièrement denses, les Jets devraient avoir les armes pour maintenir leur domination sur leurs adversaires. En effet, si leur efficacité devant le but n’a pas été particulièrement remarquable l’an dernier (16ème attaque à 2,72 buts/match, 17ème au nombre de tirs/match à 29,7 et en PP à 17,8%), leur différentiel entre tirs déclenchés et tirs subis était le 9ème de la ligue, le 5ème dans les situations de match serré (+/- 1 but d’écart) et le meilleur de la ligue quand le score est de parité.
Le lineup probable
Andrew Ladd (#16) – Bryan Little (#18) – Blake Wheeler (#26)
Mathieu Perreault (#85) – Mark Scheifele (#55) – Drew Stafford (#12)
Adam Lowry (#17) – Alexander Burmistrov (#6) – Nikolaj Ehlers (#42)
Chris Thorburn (#22) – Andrew Copp (#51) – Matt Halischuk (#15)
Anthony Peluso (#14)
Tobias Enström (#39) – Tyler Myers (#57)
Dustin Byfuglien (#33) – Jacob Trouba (#8)
Mark Stuart (#5) – Ben Chiarot (#7)
Jay Harrison (#23)
Ondrej Pavelec (#31)
Michael Hutchinson (#34)
Coach : Paul Maurice
L’an dernier:
7e de la Conférence Ouest avec 99 points et qualifié pour les séries en tant que seconde wild card. Balayé en première ronde par Anaheim (4-0). Meilleur pointeur : Andrew Ladd (62 points) ; meilleur buteur : Blake Wheeler (26 buts).
Le joueur à suivre :
Tyler Myers
Si les partisans des Jets espèrent encore voir les jeunes Scheifele et Trouba progresser après leurs très bonnes deuxièmes saisons, les regards sont désormais braqués sur l’un des derniers arrivés, le défenseur format géant Tyler Myers. En 2009-2010, le jeune défenseur (19 ans à l’époque) avait connu des débuts fracassants avec les Sabres, enregistrant 11 buts et 49 points qui lui permirent de mettre la main sur le trophée Calder, réservé au meilleur rookie de la saison. Après une deuxième saison également convaincante, son jeu a progressivement régressé, en même temps que les Sabres devenaient de moins en moins compétitifs. Longtemps courtisé par les Red Wings, c’est finalement dans le Manitoba qu’il a atterri l’an dernier, où il a retrouvé une équipe et une défense mieux organisées. A Winnipeg, ce n’est plus sur lui seul que repose le leadership de la défense, équitablement réparti entre les quatre meilleurs défenseurs de la formation. Jumelé au complet et régulier vétéran suédois Tobias Enström, il a vite trouvé ses marques, au point que ses statistiques sur les deux derniers mois de la saison font écho à celle de sa première année. On sait que les défenseurs mettent plus longtemps devenir constants au niveau NHL, tout particulièrement ceux dont le gabarit est imposant, à l’image de Zdeno Chara. Si Myers retrouve sur la durée son niveau de 2009-2010, les Jets pourront s’estimer satisfaits de l’échange de février dernier. Mais s’il progresse encore pour devenir un défenseur vedette, Cheveldayoff aura définitivement réalisé un coup de maître…
La relève :
Nikolaj Ehlers, l’étoile danoise
Un an après son repêchage (9ème overall en 2014) et après une nouvelle saison convaincante à Halifax dans la LHJMQ, Nikolaj Ehlers apparaît toujours comme la plus belle pépite de la relève des Jets. Avec 131 points récoltés saison régulière + séries confondues, il ne dépasse pas son total de 2013-14, mais avec 14 matches de moins au compteur, il améliore sa moyenne pour dépasser les 2 points par match. Il n’a plus grand-chose à apprendre dans le junior majeur canadien et, ne pouvant pas évoluer en AHL cette saison, c’est la NHL ou un prêt en Europe qui l’attend. La vitesse étant une des armes principales du prodige danois et son talent offensif indiscutable, seul son gabarit encore un peu frêle pourrait l’empêcher de percer dès cette saison dans la NHL. Bien que doté d’un excellent lancer des poignets, sa dernière saison au Québec lui a permis de travailler ses qualités de playmaker, dans une équipe où il avait la charge de mener l’attaque et d’alimenter le jeune Suisse Timo Meier, repêché au même rang que lui cet été.
Autres espoirs attendus dans le Manitoba cette saison, les trois premiers choix du repêchage de 2013, Josh Morrissey (13ème overall), Nic Petan (43ème overall) et Eric Comrie (59ème overall), qui évoluaient tous dans la WHL ces dernières saisons. Le premier est un défenseur offensif, international canadien dans les équipes de jeunes depuis 4 ans (et médaillé d’or avec les -20 ans cette année), mais a connu une dernière saison plus difficile en WHL après un échange de Prince Albert à Kelowna. Le deuxième est un centre offensif de petit gabarit, à la trajectoire comparable à celle de son coéquipier avec l’équipe canadienne. Le dernier est un des deux gardiens d’avenir de l’organisation, en compagnie de Connor Hellebuyck (130ème overall en 2012). Les trois anciens de la WHL devraient rejoindre Hellebuyck avec le Moose dans l’AHL, avant d’espérer goûter à quelques matches de NHL au gré des blessures ou des méformes.
Les deux espoirs acquis dans le gros échange de février dernier méritent également d’être mentionnés dans cette rubrique. Brendan Lemieux (31ème overall en 2014), digne fils de son père Claude, devrait continuer de rendre fou ses adversaires avec les Colts de Barrie dans l’OHL. L’imposant ailier finlandais Joel Armia (16ème overall en 2011), à 22 ans, pourrait quant à lui profiter de la moindre profondeur de l’équipe pour s’imposer dès cette saison sur le bottom six des Jets. Il partira néanmoins avec une longueur de retard sur l’Américain Andrew Copp (104ème overall en 2013), qui a disputé son premier match NHL en avril dernier et, en tant que joueur de centre, pourrait profiter du départ de Jim Slater pour transformer cet essai.
Un dernier mot enfin sur le premier choix de cette année, Kyle Connor (17ème overall). Le jeune centre américain rejoindra l’Université du Michigan cet automne. Il est présenté comme un joueur complet, concerné aussi bien par les tâches offensives que défensives, rapide, créatif, doté de bonnes mains et au gabarit plus respectable (1,85 m) que Nic Petan par exemple.
Le pronostic de TPPQB
Cheveldayoff et les Jets continuent de construire patiemment et intelligemment leur équipe. Paul Maurice, entraîneur expérimenté, a su obtenir assez rapidement des résultats, qu’il faudra désormais confirmer. Après avoir goûté à nouveau aux playoffs, les partisans des Jets voudront désormais voir la franchise glaner sa première victoire en éliminatoires et même, pourquoi pas, sa première série. La marche n’est pas insurmontable mais, dans la division la plus relevée de la ligue à l’heure actuelle, la moindre régression est rédhibitoire. A ce jeu-là, les craintes se tourneront encore vers le poste de gardien. Si Pavelec et Hutchinson sont au niveau, les Jets joueront crânement leur chance et viseront à nouveau une des deux wild cards, sinon, ça sera mission impossible. Et pour espérer plus, il faudra compter sur le talent des plus jeunes. Car, si Winnipeg tient la route collectivement et défensivement, l’équipe n’a pas encore trouvé son joueur d’impact, capable de prendre l’équipe sur ses épaules quand le besoin se fait sentir. Myers, Trouba, Scheifele et Ehlers ont le potentiel pour devenir ce genre de joueurs à terme. En attendant, celui qui ressemble le plus à une star, c’est le controversé Dustin Byfuglien. Il s’apprête à écouler la dernière année de son contrat et, si les Jets ne devaient pas rester dans la course pour les séries, il est peu probable qu’il soit encore là dans 7 mois…