Season preview 2015-2016 : Los Angeles Kings
Western Conference – Pacific division
It’s payback time
Aucun champion NHL n’avait échoué à se qualifier pour les playoffs depuis Carolina en 2007. Une « performance » que les Kings ont réalisé l’an dernier, à leur corps défendant. Et pourtant, on n’aurait pas misé un kopeck sur les chances de voir la puissante franchise californienne échouer aussi lamentablement. D’autant qu’à quelques encablures de l’arrivée, Los Angeles avait les moyens de passer devant les Flames, leur principal concurrent. Mais quelques défaites malvenues, dont une, franchement honteuse, chez les bottom feeders Oilers (2-4), et une, cruciale, à Calgary dans une « finale » pour la 8e place (1-3). Un échec cuisant, conclusion d’une saison marquée par plusieurs affaires extrasportives.
C’est d’abord le talentueux arrière russe Slava Voynov qui a fait la une des journaux après s’être rendu coupable de violences domestiques envers son épouse. La NHL a très vite suspendu le défenseur, qui n’a donc pu jouer que 6 matchs l’an dernier. Et, début juillet, Voynov était condamné à 90 jours de prison par la justice américaine. Une fois sa peine purgée, le mystère demeure sur son futur. Pourra-t-il rejoindre les Kings? Rentrera-t-il en Russie, ou le Traktor Chelyabinsk semble prêt à l’accueillir? Au vu des dernières informations, Voynov devrait rentrer en Russie. Pour Jarret Stoll, la question de l’avenir est réglée. Arrêté en possession de cocaïne et d’ecstasy, le centre canadien a signé un contrat avec les Rangers. Enfin, les Kings ont annoncé la rupture du contrat de Mike Richards, arrêté pour possession d’oxycodine à la frontière canadienne. Inculpé fin août, Richards a, via l’association des joueurs de la NHL, contesté la décision de rupture de contrat, qui courait sur encore 5 ans, alors que le joueur avait été relégué en AHL, et que les Kings faisaient tout pour l’échanger. L’affaire est encore loin d’être réglée. Mais tant qu’aucun jugement n’est prononcé, il semble bien que le contrat de Richards (5,75M$ par saison) ne compte pas dans la masse salariale de Los Angeles.
Lucic, renfort de poids
Toutes ces affaires extrasportives ne peuvent toutefois suffire à expliquer l’échec des Kings, dont les raisons se trouvent avant tout sur la glace. Plusieurs joueurs cadres comme Dustin Brown ont connu une saison décevante. Et l’attaque de LA s’est enrayée (2,66 buts par match, 18e de la ligue). Les blessures n’ont pas non plus épargné la franchise californienne, notamment celle de Tanner Pearson, pourtant parti sur un rythme impressionnant. Cette année, l’envie de rebondir sera forte, mais le challenge est difficile. Los Angeles a en effet perdu un autre atout avec Justin Williams, qui apportait bon an mal an une vingtaine de buts en saison régulière, et surtout, haussait considérablement son niveau en playoffs. Pour le remplacer, Dean Lombardi, le DG, a frappé un grand coup en faisant l’acquisition de Milan Lucic des Bruins, en retour de Martin Jones, d’un choix de première ronde et du jeune défenseur Colin Miller. Lombardi a en outre obtenu que Boston conserve une partie du cap hit de l’attaquant canadien (2,7M$), rendant plus raisonnable son impact dans la masse salariale des Kings.
Une masse salariale qui, en attendant la résolution du cas Richards, reste problématique. Elle a notamment empêché Lombardi de retenir le défenseur Andrej Sekera, qui était arrivé en cours de saison. Quant à Robin Regher, vieillissant, il a choisi de mettre un terme à sa retraite. Sans Voynov, la défense des Kings risque donc de ressembler à un casse-tête. Elle sera toutefois toujours emmenée par l’excellent Drew Doughty, peut-être le défenseur le plus complet du circuit, rapide, puissant, très adroit offensivement, intelligent… Il sera associé à Jake Muzzin, un arrière qui progresse constamment depuis trois saisons, et a passé un cap important l’an dernier. Grand, très mobile, il amène les éléments de robustesse et de vitesse qu’apprécie Darryl Sutter le coach des Kings. Sur la deuxième unité, une fois ses problèmes judiciaires derrière lui, on pourrait retrouver Christian Ehrhoff, signé fin août à un tarif très raisonnable (1 an à 1,5M$), associé à Alec Martinez, un bon puckmover qui compte sur un puissant lancer, et vient de décrocher une prolongation de 6 ans à 4M$ la saison. Sur la troisième unité, le vétéran Matt Greene sera une présence rassurante, associé au costaud Brayden McNabb. Même privé de Voynov, le système étouffant de Darryl Sutter devrait aider les Kings à demeurer, comme l’an dernier (4e défense NHL, 2,4 buts encaissés par match), une des équipes les plus hermétiques de la ligue.
Surtout si Jonathan Quick est à la hauteur de son (énorme) talent. Le gardien US fait partie de l’élite de la NHL à son poste. Capable de faire des différences énormes, notamment en playoffs, il sort d’une saison solide avec un total ahurissant de 72 matchs disputés. Extrêmement difficile à battre dans le sprint final, Quick doit toutefois améliorer son score lors des shootouts (2 victoires, 7 défaites). Avec 50% de réussite dans cet exercice, les Kings auraient en effet participé aux playoffs. Sa doublure sera l’ancien gardien des Sabres Jhonas Enroth, un petit gabarit capable, à l’occasion, de matchs d’extraterrestre.
That 70’s line
On l’a dit plus haut, l’attaque des Kings n’a pas connu sa plus brillante saison l’an dernier. Elle est pourtant outillée pour faire de sérieux dégâts. Sur la première unité, on retrouvera le Slovène Anze Kopitar, l’un des meilleurs centres two way – et l’un des meilleurs centres tout court – de la ligue. Il devrait évoluer avec le puissant Milan Lucic, qui aura beaucoup à prouver après son échange des Bruins et alors qu’il entame la dernière année de son contrat, et avec Marian Gaborik. Le Slovaque demeure l’un des attaquants les plus rapides de la ligue, même si ses plus belles années sont derrière lui. Adroit, très fort pour conserver la possession du puck, il a bien rebondi l’an dernier après deux saisons médiocres, inscrivant 27 buts et 47 points. La deuxième unité, baptisée « That 70’s line » en raison des numéros des joueurs qui la composent, devrait être conduite par Jeff Carter, l’un des buteurs les plus prolifiques de la ligue, encadré par les deux jeunes talents des Kings. A gauche, Tanner Pearson, un ailier scoreur très adroit, qui voudra reprendre le fil d’une progression stoppée net l’an dernier par une fracture du péroné. A droite, un autre sniper, Tyler Toffoli, plus skilled mais moins intense que son alter ego. Sur la troisième unité, Nick Shore, un centre pas très gros, mais intelligent et doté d’un bon lancer, devra prendre la relève de Jarret Stoll. Il sera chargé d’alimenter Dwight King, un gros ailier fort dans les bandes, et le capitaine Dustin Brown, qui sort d’une saison extrêmement décevante (seulement 27 points). A 30 ans seulement, certains observateurs l’annoncent déjà sur le déclin. Pas le genre du bonhomme de laisser dire ce genre de choses sans réagir, attendez vous à un rebond de la part de l’Américain. Enfin, sur la quatrième ligne, la taille et l’énergie sont la règle avec le trio Kyle Clifford-Trevor Lewis-Jordan Nolan. Le talent, un peu moins, mais c’est bien normal sur un quatrième trio.
Le lineup probable
Milan Lucic (#17) – Anze Kopitar (#11) – Marian Gaborik (#12)
Tanner Pearson (#70) – Jeff Carter (#77) – Tyler Toffoli (#73)
Dwight King (#74) – Nick Shore (#37) – Dustin Brown (#23)
Kyle Clifford (#13) – Trevor Lewis (#22) – Jordan Nolan (#71)
Andy Andreoff (#15)
Drew Doughty (#8) – Jake Muzzin (#6)
Alec Martinez (#3) -Christian Erhoff (#10)
Matt Greene (#2) – Brayden McNabb (#3)
Jamie McBain (#5)
Jonathan Quick (#32)
Jhonas Enroth (#1)
Coach: Darryl Sutter
L’an dernier:
9e de la conférence Ouest avec 95 points. Meilleur pointeur: Anze Kopitar (64 points); meilleur buteur: Jeff Carter (28 buts).
Le joueur à suivre :
Milan Lucic
Il était l’emblème des Big Bad Bruins. Agressif, puissant, talentueux aussi, Milan Lucic incarnait la franchise du Massachussets comme sans doute personne depuis Cam Neely. Mais son lourd contrat (6M$) et une production déclinante (seulement 44 points l’an dernier) ont conduit Boston à sacrifier « Looch », pariant que le style peu économe de l’ailier d’origine serbe allait le conduire à un déclin rapide. Los Angeles, à la recherche de scoring et de joueurs cadrant avec son style physique, espère que Lucic rebondira en Californie. S’il y parvient, cela rendra les Kings plus dangereux encore.
La relève :
C’est mince
A Los Angeles, on est en mode « gagner maintenant » depuis quelques années. Du coup, Dean Lombardi n’a pas hésité à sacrifier quelques hauts choix de repêchage contre du renfort immédiat. Du coup, la relève manque un peu de talent. Citons tout de même en attaque le très intense ailier suédois Adrian Kempe (29e overall en 2014, photo) ; Valentin Zykov (37e overall en 2013), un ailier russe doué, mais qui aime aussi aller au filet ; et le dernier arrivée, le gros centre Russe Alexander Dergachyov (74e overall en 2015) , que l’on a comparé à Martin Hanzal. En défense, c’est plus mince, avec surtout le gros et talentueux Derek Forbort (15e overall en 2010), qui est aujourd’hui proche du niveau NHL.
Le pronostic de TPPQB
A l’heure de démarrer la saison, il reste quelques interrogations, notamment sur la défense des Kings, leur traditionnel point fort. La plus importante concerne le devenir de Slava Voynov. Mais même sans lui, on voit mal Los Angeles passer à côté une deuxième saison d’affilée. Dans la division Pacifique, Anaheim semble un léger ton au-dessus – du moins pour la saison régulière -, mais LA devrait passer devant des équipes comme Vancouver, et sans doute Calgary. Et en playoffs, si Jonathan Quick joue à la hauteur de son talent et si l’équipe est capable de pratiquer son style étouffant, les Kings seront difficiles à stopper. Avec Anaheim, ils sont sans doute l’équipe la plus à même de remporter la Coupe Stanley.