Season preview 2015-2016 : Carolina Hurricanes

Eastern Conference – Metropolitan division


 

 

L’heure des sacrifices ?

 

Piliers des Hurricanes depuis de nombreuses saisons, Cam Ward et Eric Staal vivent peut-être leur dernière saison en Caroline du Nord.

La médiocrité, ça suffit ! Après six saisons maintenant sans playoffs, la franchise de Caroline du Nord se lance, avec un peu plus de conviction, dans un processus de reconstruction. Disposant déjà de solides espoirs en défense (Justin Faulk en NHL, Haydn Fleury dans le junior canadien), Carolina a opté, cet été, pour le remarquable défenseur de Boston College, Noah Hanifin. Cet été, le DG Ron Francis ne s’est pas agité dans tous les sens pour renforcer un équipe qui a fini dans les bas-fonds de la conférence Est. L’ancien centre vedette de la franchise s’est contenté d’envoyer son gardien remplaçant Anton Khudobin à Anaheim, obtenant en retour le défenseur James Wisniewski et son lourd contrat, et d’acquérir Eddie Lack, le gardien des Canuck. L’arrivée du goalie suédois est sans doute un indice intéressant que Francis réfléchit à briser le noyau de sa franchise.
En difficulté depuis de longues saisons, le gardien canadien Cam Ward est en fin de contrat. Même chose pour le capitaine et première menace offensive des Canes, Eric Staal. La question est donc posée: le DG des Hurricanes resignera-t-il ces deux joueurs, emblèmes du régime précédent, et qui avaient été des pièces essentielles de la seule Coupe Stanley remportée par la franchise, en 2006. Ou s’en servira-t-il pour accélérer le processus de reconstruction en les échangeant pour récupérer des choix de repêchage ou de jeunes espoirs? La cote de Ward a sans doute déjà beaucoup baissé dans la ligue, et deux des principaux points de chute pour un gardien numéro 1 ont déjà fait leur choix cet été (Edmonton avec Cam Talbot et San Jose avec Martin Jones). Mais celle de Staal reste, en revanche, très élevée. A condition de trouver des solutions pour absorber son lourd salaire de 8,25M$, on peine à imaginer qu’un joueur comme lui ne trouve pas une franchise prête à payer très cher pour l’obtenir. Les gros centres numéro 1 ne courent pas les rues, et sont rarement disponibles. Une équipe comme Montréal ou les Rangers serait sans doute prête à payer cher pour l’aîné de la fratrie Staal.
Carolina n’aura, en outre pas de problème à accueillir quelques cap dumps, et vu les difficultés avec le salary cap de plusieurs franchises, c’est un atout. Ron Francis a en effet accepté de racheter le contrat d’Alex Semin, dont la production abyssale l’an dernier ne justifiait pas un cap hit de 7M$ pendant encore trois saisons. Ce qui est sûr, c’est que les Hurricanes ne retrouveront pas, à moins d’un miracle, les playoffs cette saison. Et qu’ils sont, par contre, en bonne position pour un nouveau lottery pick. La reconstruction passe par là. Reste à espérer pour les fans de Raleigh que ce sont bien eux qui en profiteront. Le propriétaire, Peter Karmanos, serait en effet tenté de céder la franchise. Et des rumeurs sérieuses envoient les Canes à Québec, bien lancé dans un processus d’expansion, mais qui verrait sans doute d’un bon œil l’arrivée d’une franchise disposant déjà d’un bon noyau de jeunes joueurs, en particulier en défense, sans parler du fait que le rachat pur et simple coûterait sans doute moins cher à Québécor, le géant québécois des médias qui cherchent à faire revenir la NHL dans la vieille capitale, que le prohibitif ticket d’entrée d’une expansion (500M$). Un départ qui ferait évidemment très plaisir dans la Belle Province, mais qui serait dur pour les fans de Raleigh qui, pour peu qu’on leur propose une équipe un peu intéressante, suivent le hockey avec une réelle passion.

Lindholm, sur la pente ascendante
En attendant le dénouement de ces affaires financières, Carolina alignera bel et bien une équipe sur la glace. Et dispose de quelques éléments intéressants. A commencer par ceux qui animeront sa première ligne, le trio Jeff Skinner – Eric Staal – Elias Lindholm. Le premier est un ailier au talent remarquable, mais dont la carrière a été bouleversée par les commotions cérébrales. L’an dernier, Skinner n’a pu faire mieux qu’une trentaine de points, lui qui avait franchi le cap des 60 lors de sa première saison. Staal, lui, demeure un centre de premier trio efficace, et son grand gabarit le rend difficile à jouer. Mais l’Ontarien semble tout de même sur le déclin, au vu de sa production offensive. Tout le contraire d’Elias Lindholm, un playmaker très créatif, qui a quasiment doublé sa production (de 21 à 39 points) l’an dernier, pour sa deuxième saison dans la grande ligue. Un rendement qui a convaincu Ron Francis de lui accorder une prolongation de contrat de deux saison, qui prendra effet l’an prochain et lui rapportera 2,7M$ par saison. Avant sans doute de toucher le jackpot si sa progression se confirme. Sur la deuxième unité, on devrait trouver le minuscule Nathan Gerbe, associé à l’ancien des Red Wings, Andrej Nestrasil, récupéré par Ron Francis alors que Detroit l’avait placé sur les waivers en tout début de saison dernière. Le Tchèque a connu une première saison intéressante avec Carolina l’an dernier, avec 18 points en une quarantaine de matchs. Il devrait s’installer durablement dans la rotation de Bill Peters, le coach des Hurricanes. Le trio sera pivoté par Jordan Staal, frère d’Eric, qui va devoir retrouver le rythme après avoir raté plus de trois mois de compétition suite à une fracture de la jambe. Le talent du plus jeune des frères Staal de l’organisation est reconnu. Mais il n’a pas permis, jusqu’à présent, à Staal de connaître l’explosion offensive attendue depuis son arrivée en Caroline du Nord.
Le troisième trio sera lui emmené par Victor Rask, un centre suédois qui a beaucoup d’atouts. Grands, bon patineur, skilled, l’ancien de Leksands a trouvé sa place l’an dernier dans le lineup de Bill Peters, récoltant 33 points au passage. Il fait partie, avec Lindholm, de la nouvelle génération d’attaquants repêché par les Hurricanes, et devrait rapidement trouver une place sur un des deux premiers trios. En attendant, il pourrait évoluer avec Zach Boychuk, un ancien premier choix de Carolina qui n’a jamais tenu ses promesses, mais a regagné une partie de la confiance de la franchise voici deux saisons avec une superbe saison AHL. L’an dernier, Boychuk a fait la navette avec les Charlotte Checkers, la farm team, mais n’a pas fait d’étincelles lorsqu’il est revenu à Raleigh. Le troisième larron de ce trio devrait être Chris Terry, un petit ailier adroit, mais qui manque de vitesse pour compenser son petit gabarit. Enfin, la quatrième unité devrait être composée de Brad Malone, un ailier gros format au talent limité, Riley Nash, un autre espoir qui n’a jamais confirmé, et Jay McClement, un spécialiste défensif. De quoi constituer une escouade offensive assez faiblarde en dehors de ses quatre premiers attaquants. Les stats de l’an dernier sont d’ailleurs éloquentes: 4e plus mauvaise attaque de la ligue avec 2,23 buts par match, malgré un powerplay loin d’être ridicule (13e de la ligue avec 18,8% d’efficacité).

Le match Lack-Ward
Le point fort des Hurricanes l’an dernier était clairement la défense (18e de la ligue avec 2,67 buts encaissés par match), et notamment un très bon PK (4e de la ligue avec 84,7%). Il faut dire que le backend des coéquipiers d’Eric Staal ne manque pas de qualités. Cette année, c’est l’excellent Justin Faulk qui mènera la défense de Carolina. L’arrière américain se distingue par sa mobilité et son intelligence, et dispose aussi d’un bon slapshot, qui lui a permis de se distinguer sur le powerplay des Hurricanes l’an dernier, et de passer un gros palier offensif (49 points, dont 15 buts, 12e scoreur et 6e buteur de la ligue à son poste). Il pourrait évoluer avec le nouvel arrivant James Wisniewski, qui n’a pas confirmé avec Columbus, puis Anaheim sa belle saison 2013-2014 (44 points). « Wiz » n’est pas le meilleur défenseur de la ligue dans sa zone, mais c’est un élément important sur un avantage numérique, grâce à un excellent lancer. Il apporte en outre un élément de robustesse à la ligne bleue des Hurricanes.
Sur la deuxième paire, on devrait retrouver le fiable Ron Hainsey, un vétéran capable d’avaler les minutes difficiles. Il devra aider le jeune Ryan Murphy à peaufiner son jeu défensif. Murphy est un attaquant remarquable, grâce en particulier à un superbe coup de patin, mais il doit se montrer plus solide et patient dans sa zone. Enfin, la troisième paire devrait accueillir un autre vétéran au jeu porté vers l’avant, John Michael Liles, et la nouvelle perle de l’organisation, Noah Hanifin. Cet arrière grand et costaud était le 3e meilleur joueur disponible au dernier repêchage derrière McDavid et Eichel. Ce qui veut dire que sur une année plus ordinaire, il aurait été un candidat au premier choix overall. Il a tout pour devenir un défenseur numéro 1 dans la ligue, et sa maturité devrait lui permettre de s’imposer dès cette saison avec les Hurricanes. Enfin, Carolina peut compter sur une honnête doublure avec le Tchèque Michal Jordan, qui a montré des choses intéressantes l’an dernier lors de ses passages avec le grand club. Pas encore assez pour faire oublier son homonymie avec un basketteur de légende, mais c’est un début.
Dans les buts, il faut sans doute s’attendre à un duel entre Cam Ward et la nouvelle recrue, Eddie Lack. Le gardien canadien a connu plutôt une saison correcte l’an dernier (2,4 buts encaissés en moyenne, 91% d’arrêts). Mais on est loin de ses plus belles années. Eddie Lack, très bon avec Vancouver l’an dernier, risque donc de le menacer rapidement, surtout que Ward est en fin de contrat. Assistera-t-on à un passage de témoin? C’est l’une des questions de la saison des Canes, qui en compte beaucoup.


Le lineup probable

Jeff Skinner (#53) – Eric Staal (#12) – Elias Lindholm (#16)
Nathan Gerbe (#14) – Jordan Staal (#11) – Andrej Nestrasil (#15)
Zach Boychuk (#22) – Victor Rask (#49) – Chris Terry (#25)
Brad Malone (#24) – Jay McClement (#18) – Riley Nash(#20)
Brock McGinn (#21)

Justin Faulk (#27) – James Wisniewski (#21)
Ron Hainsey (#65) – Ryan Murphy (#7)
John Michael Liles (#26) – Noah Hanifin (#5)
Michal Jordan (#47)

Cam Ward (#30)
Eddie Lack (#31)

Coach: Bill Peters


L’an dernier:

14e de la conférence Ouest avec 72 points. Meilleurs pointeur et buteur: Eric Staal (54 points, 23 buts).

Le joueur à suivre :
Eddie Lack

Drôle de façon de remercier Eddie Lack pour avoir amené Vancouver en playoffs. Très populaire parmi les fans et dans le vestiaire des Canucks, le gardien a été échangé à Carolina (contre un choix de 3e et un de 7e ronde) pour faire de la place au vieillissant Ryan Miller. Un drôle de choix, qui donnera toutefois à Lack l’occasion de batailler à nouveau pour un poste de numéro 1. Le Suédois a prouvé qu’il était mieux qu’un simple backup. Peut-il se rendre indispensable et ouvrir la porte d’un départ de Cam Ward?

La relève : Hanifin, du très lourd en défense

 

HanifinMalgré ses difficultés récentes, Carolina ne compte pas vraiment sur une banque d’espoirs de premier ordre. La faute à un drafting un peu moyen après la première ronde. Mais au premier tour de repêchage, Carolina a sans doute frappé un homerun avec Noah Hanifin (5e overall en 2015), qu’Arizona et Toronto ont laissé filer, lui préférant des attaquants. Le premier choix 2014, Haydn Fleury (7e overall), a lui connu une saison compliquée, mais demeure un solide espoir en défense, dans un style très physique. En défense, on citera aussi Roland McKeown (50e overall en 2014, choix des Kings), acquis de Los Angeles dans l’échange de Sekera. Carolina compte aussi un espoir intéressant dans les buts avec Alex Nedjelkovic (37e overall en 2014), solide dans les buts de Plymouth (OHL) malgré une année difficile pour les Whalers. En attaque, c’est plus mince. L’espoir le plus intéressant est sans doute le Finlandais Sebastian Aho (35e overall en 2015), un ailier très skilled qui devra toutefois simplifier son jeu pour se faire une place en NHL

Le pronostic de TPPQB

Il faudrait une saison miraculeuse pour que les Canes mettent un terme à leur série de 6 saisons sans playoffs. Carolina manque trop de talent offensivement. Le vrai suspense de la saison tournera autour du destin d’Eric Staal. Ron Francis aura-t-il le courage d’échanger son capitaine pour donner un coup d’accélérateur à la reconstruction? Son départ positionnerait en outre les Hurricanes dans la course au premier choix overall, pour repêcher le très talentueux attaquant US Auston Matthews.