Season preview 2015-2016 : New Jersey Devils
Eastern Conference – Metropolitan division
Nouvelle ère à Newark
Martin Brodeur avait tiré sa révérence il y a un peu plus d’un an. Et cet été, c’est l’autre pilier de la franchise, peut-être le plus important, qui a plié bagage. Lou Lamoriello, qui avait déjà reculé d’un cran, quittant le poste de DG pour celui de président, a finalement décidé d’accepter l’offre de Brendan Shanahan et de filer à Toronto. C’est l’ancien patron des Penguins, Ray Shero, qui va donc prendre la suite. La transition s’annonce forcément complexe. Lamoriello est tout de même le DG au mandat le plus long dans la l’histoire de la NHL après Conn Smythe… Ce qui est sûr, c’est que le DG historique des Devils a laissé à son successeur une solide fondation défensive. Jeune et talentueuse, l’arrière-garde de New Jersey – gardien compris – doit être une base pour la reconstruction. Mais l’attaque, elle, est un immense chantier. L’an dernier, seul le powerplay a fonctionné offensivement (8e de la ligue à 19,3% d’efficacité). A cinq contre cinq, le rendement offensif des Devils était par contre beaucoup trop faible. Les attaquants de New Jersey étaient trop vieux, trop peu talentueux, d’où le classement de 28e attaque de la ligue avec 2,15 buts par match. D’où la décision, aussi, de faire confiance à John Hynes. L’ancien coach des Penguins de Wilkes-Barre/Scranton, la farm team de Pittsburgh, est réputé pour être un coach offensif. Il aura toutefois besoin d’autres munitions que celles à sa disposition s’il veut que son équipe se remette à scorer.
Or lorsque l’on reconstruit, il n’est pas évident de récupérer les talents offensifs nécessaires. C’est ce qu’a expérimenté Shero cet été. Le nouveau patron de la franchise de Newark n’a pu attirer que deux éléments offensifs notable. Kyle Palmieri, d’abord, que Shero a obtenu contre un choix de 2e ronde, un ailier qui a marqué quelques buts importants en playoffs, mais qui n’a atteint qu’une fois le plateau des 30 points en NHL. Puis le Russe Sergey Kalinin, capitaine d’Avangard Omsk, un joueur qui n’a pas vraiment fait d’étincelles offensivement en KHL (25 points l’an dernier en 58 matchs), et a été victime d’une sévère commotion cérébrale lors des playoffs. Pour le reste, la progression devra se faire grâce à la promotion interne, notamment celle de Pavel Zacha. Le Tchèque est le meilleur espoir offensif de l’organisation, et on ne serait pas surpris de le voir disputer quelques matchs avec New Jersey en début de saison. L’heure est au rajeunissement, même si l’increvable Patrik Elias est toujours là. En témoignent les départs de Bryce Salvador (retraite), Scott Gomez, Martin Havlat, Michael Ryder, Scott Clemmensen, Dainius Zubrus (contrat racheté) ou même Peter Harrold.
Une attaque faiblarde
Le premier trio des Devils devrait quand même aligner Mike Cammalleri, convaincant pour sa première saison à Newark malgré une blessure qui lui a fait rater une douzaine de matchs. Il reste la menace offensive numéro 1 de la franchise, notamment sur le powerplay. Il devrait être associé à Travis Zajac, un centre dont la production continue de décliner depuis le départ de son partenaire de trio Zach Parise (seulement 25 points l’an dernier). Et Kyle Palmieri devrait compléter ce trio. Sur la deuxième unité, on retrouvera Patrik Elias, qui a connu sa plus mauvaise saison NHL en près de 15 ans. A 39 ans, le magicien tchèque arrive au bout d’une brillante carrière. Espérons qu’il ne fasse pas la saison de trop. A ses côtés, on devrait retrouver Adam Henrique, meilleur marqueur de son équipe l’an dernier avec le total pourtant modeste de 43 points. Joueur très intelligent, Henrique n’est cependant pas un élément offensif sur lequel faire reposer une attaque. Il manque d’ailiers de talent pour l’aider dans sa tâche. Et sauf grosse surprise, Sergey Kalinin ne sera pas l’élément capable de relancer l’attaque des Devils.
Sur le troisième trio, le Suédois Jacob Josefson amènera une certaine créativité et un sens affirmé des responsabilités défensives. Mais il doit produire plus (11 points seulement l’an dernier). Quant à Tuomo Ruutu, il a connu une autre année noire offensivement (13 points), et confirme son déclin. L’espoir viendrait plutôt de Reid Boucher, ancien des Sarnia Stings, qui a connu une légère régression, signifiée par un temps plus long passé en AHL, mais qui demeure l’un des rares scoreurs potentiels du prospect pool des Devils. Enfin, le quatrième trio sera pivoté par Stephen Gionta, un bottom sixer conscient de ses limites et qui compense par un engagement constant, Stefan Matteau, un gros ailier qui doit prouver qu’il peut scorer au niveau NHL, et la peste Jordin Tootoo. L’ensemble est clairement sur le podium des attaques les plus faibles de la ligue. Et Ray Shero sait que s’il veut une progression rapide de son équipe sur le plan offensif, il devra aller chercher à l’extérieur les talents qui lui manquent.
Severson, Larsson, Gélinas et Merrill, quatre raisons d’espérer
En défense, le DG a par contre tous les ingrédients nécessaires, et la jeunesse de son arrière-garde incite à l’optimisme. Ses statistiques étaient d’ailleurs tout à fait honorables l’an dernier pour une équipe de bas de classement (17e défense avec 2,55 buts encaissés par match malgré le 21e PK de la ligue, avec 80,6% d’efficacité). Le puckmover Andy Greene demeure le seul élément d’expérience sur le top 6 des Devils, mais sa production offensive laisse à désirer. Il devrait être associé avec Adam Larsson. 4e du repêchage 2011, le grand Suédois a mis un peu de temps à se faire sa place, et à montrer son talent dans la grande ligue. Mais la saison dernière, avec le départ de Peter De Boer, qui ne lui faisait pas confiance, a été celle de la révélation, avec 24 points, malgré une utilisation très limitée sur le powerplay. Surtout, Larsson a montré qu’il pouvait être dominant défensivement, et avaler les minutes avec aisance. Reste à voir s’il aura l’opportunité de plus jouer en avantage numérique pour développer son rendement offensif. Sur la deuxième paire, on devrait retrouver le gros défenseur québécois Eric Gélinas, qui a connu une saison en dents de scie, après une année rookie réussie. On a même parlé d’échange, à un moment. Mais Gélinas a un gros potentiel, et un style physique et offensif qui peut beaucoup apporter aux Devils. Ray Shero a donc choisi de prolonger son contrat de deux ans (1,575M$ par saison). Il sera associé à la révélation de la saison dernière, le jeune Damon Severson (lire ci-contre). Sur la troisième paire, on devrait retrouver le quatrième jeune et talentueux défenseur de l’organisation, John Merrill, associé au nouveau venu John Moore, attiré en tant qu’agent libre (contrat de trois ans pour un total de 5M$). Moore est un remarquable patineur, qui a été baladé dans la ligue (déjà échangé deux fois), et appréciera la stabilité, qui lui donnera peut-être l’occasion de se rendre indispensable. Enfin, les Devils ont signé le Québécois Marc-André Gragnani (contrat d’un an à 575000$) en guise de police d’assurance.
Cette brigade défensive jeune et talentueuse a la chance de grandir ensemble et pourrait rapidement devenir l’une des plus solides de la ligue. Elle a en outre la chance de pouvoir compter sur un des très bons gardiens NHL, l’Américain Cory Schneider. Après avoir écarté la concurrence de Brodeur, Schneider s’est imposé l’an dernier comme un très solide spécialiste, (2,26 buts par match, 92,5% d’arrêt, deux stats qui le classent respectivement dans le top 10 et dans le top 5 des gardiens titulaires). Et sa doublure, le jeune Keith Kinkaid, a su répondre présent quand on a fait appel à lui.
Le lineup probable
Mike Cammalleri (#13) – Travis Zajac (#19) – Kyle Palmieri (#21)
Patrik Elias (#26) – Adam Henrique (#14) – Sergey Kalinin (#40)
Tuomo Ruutu (#15) – Jacob Josefson (#16) – Reid Boucher (#12)
Stefan Matteau (#25) – Stephen Gionta (#11) – Jordin Tootoo (#22)
Pavel Zacha (#37)
Andy Greene (#6) – Adam Larsson (#5)
Damon Severson (#28) – Eric Gélinas (#44)
John Moore (#17) – John Merrill (#7)
Marc-Andre Gragnani (#47)
Cory Schneider (#35)
Keith Kinkaid (#1)
Coach: John Hynes
L’an dernier:
Le joueur à suivre :
Damon Severson
La première saison NHL de l’ancien des Kelowna Rockets a été pleine de promesses, malgré une blessure à la cheville qui lui a fait manquer 31 matchs. Défenseur mobile, fort dans le jeu de transition, Severson s’est attiré les compliments de Jaromir Jagr, qui a jugé que son jeune partenaire avait l’aplomb d’un défenseur qui aurait derrière lui dix saisons NHL. L’arrière est toutefois très jeune, et il ne faut sans doute pas s’attendre à ce que son rendement augmente énormément cette année. Une simple confirmation serait déjà une belle nouvelle pour les Devils.
La relève :
Zacha, et c’est presque tout
Longtemps réputés pour leur capacité à dénicher des perles, les Devils restent sur plusieurs drafts moyennes et leur prospect pool manque donc de profondeur. Il compte tout de même un joyau, le gros centre tchèque Pavel Zacha, très intéressant l’an dernier avec Sarnia (6e overall en 2015). Pour le reste, on citera Steve Santini (42e overall en 2013), un défenseur américain très physique, John Quenneville (30e overall en 2014), un centre scoreur très athlétique, qui doit travailler son coup de patin, et le gardien MacKenzie Blackwood (42e overall en 2015), un gros gabarit que les observateurs projettent comme un futur numéro 1. Au delà de ces quatre noms, c’est plus faible.
Le pronostic de TPPQB
Avec une attaque aussi pauvre, New Jersey n’a quasiment aucune chance de participer aux playoffs. Ray Shero devra réaliser quelques coups fumants sur le marché des échanges pour relancer cette équipe rapidement. Mais la voie la plus sûre reste tout de même d’accepter quelques saisons difficiles, et de collectionner les choix de repêchage. Cette année, les Devils seront dans la course pour un choix parmi les cinq premiers de la draft 2016.