Season preview 2015-2016 : Boston Bruins

Eastern Conference – Atlantic division


Se relever ou s’effondrer

Un an après avoir remporté le trophée du président, les Bruins de Patrice Bergeron ont manqué les playoffs l’an dernier. Signe d’un déclin accéléré ou simple accident de parcours ?

7 ans que Boston n’avait pas connu l’humiliation d’une saison sans playoffs. 7 saisons pendant lesquelles la franchise du Massachussets était l’une des équipes qui compte dans la ligue, remportant la Coupe Stanley en 2011 et atteignant la finale en 2013. Mais la saison dernière, contraint par le salary cap, le DG Peter Chiarelli avait dû laisser partir Jarome Iginla, puis échanger Johnny Boychuk. Tout cela quelques mois après avoir envoyé Tyler Seguin à Dallas, où le jeune centre canadien est devenu l’un des meilleurs attaquants de la ligue. Jeremy Jacobs, le tempêtueux propriétaire, a donc décidé de congédier son DG, pour offrir le poste à son adjoint, Don Sweeney. Lequel a immédiatement posé sa marque sur la franchise, comme nous vous l’expliquions en début d’été. Exit Dougie Hamilton (échangé à Calgary contre un choix de première et deux choix de deuxième ronde), pour qui aucune prolongation n’avait pu être signée, exit Milan Lucic (envoyé à LA contre le 13e pick overall de la draft, le gardien Martin Jones et le défenseur Colin Miller), déclinant et coûteux; exit aussi Carl Soderberg (Colorado), trop coûteux à resigner, ou Reilly Smith, parti à Florida en échange de Jimmy Hayes. Tout a été fait pour obtenir un peu plus de marge de manœuvre sous le cap, permettant ainsi à Sweeney de signer Matt Beleskey, l’un des free agents les plus convoités du marché estival (contrat de 5 ans à 3,8 M$ par saison). Le nouveau DG a également mis sous contrat l’ex-arrière des Sharks Matt Irwin (1 an à 800 000$) pour compléter sa défense et resigné Adam MacQuaid (4 ans à 2,75M$ par saison). Il a enfin confirmé l’entraîneur Claude Julien, même si l’on peut imaginer que des frictions vont intervenir assez rapidement. Sweeney insiste en effet pour que les Bruins pratiquent un jeu plus rapide et plus porté vers l’avant, quand Julien est un entraîneur qui aime voir ses équipes jouer de façon très structurée et prudente. Attention quand même à ne pas parier trop vite contre Boston. L’an dernier, les Bruins n’ont manqué les playoffs que de deux points, terminant avec un total (96 unités), qui leur aurait permis d’accéder aux séries printanières lors des 9 saisons précédentes… Le tout sans son centre offensif numéro, David Krejci, limité à 47 matchs par les blessures.

De la profondeur en attaque
Krejci sera, espérons-le, de retour cette année en pleine santé et pourra aider une attaque qui faisait peine à voir l’an dernier (22e de la ligue avec 2,55 buts en moyenne par match, alors qu’elle était 3e avec 3,15 la saison précédente). Le subtil centre tchèque devrait s’aligner sur le deuxième trio, avec le nouveau venu Matt Beleskey (lire ci-contre), et le jeune David Pastrnak. Pour ses débuts dans la ligue, le jeune ailier tchèque a fait bonne impression, à seulement 18 ans. Fluide, rapide, c’est avant tout un excellent playmaker, capable de faire de belles différences individuelles. La première unité devrait, elle, être pivotée par l’inusable Patrice Bergeron, l’un des meilleurs joueurs two way de la ligue. L’an dernier, il a été l’un des rares Bruins à surnager dans le marasme, inscrivant 55 point et continuant à dominer dans sa zone. Il devrait être associé à Brad Marchand, toujours très agaçant et un peu moins productif l’an dernier, mais extrêmement utile. Marchand est en fin de contrat en juin, et a beaucoup de choses à prouver. Les deux compères, très complémentaires et habitués à jouer ensemble, devront toutefois faire sans leur habituel partenaire, Reilly Smith, parti à Florida. Il pourrait être remplacé par le talentueux Brett Connolly, un grand talent dont la progression a été entravée par quelques blessures et un manque de constance ennuyeux. A Boston, il aura l’occasion de prouver qu’il n’a pas perdu ses qualités. S’il retrouve ses moyens, les Bruins – en l’occurrence Peter Chiarelli – auront fait un bon coup en l’arrachant à Tampa.
Le troisième trio sera vraisemblablement confié à Ryan Spooner. Repêché en 2010 (45e overall) par les Bruins, l’Ontarien a pris son temps. Mais son séjour NHL a été convaincant l’an dernier (29 matchs, 18 points). De quoi, vraisemblablement, gagner sa place sur le troisième trio, où ce playmaker talentueux aura deux scoreurs à ses côtés. Loui Eriksson, d’abord. Le Suédois n’a pas brillé pour sa première saison à Boston, mais il s’est bien repris l’an dernier (45 points, dont 22 buts ). Cet ailier complet pourrait bien rebondir cette année, puisqu’il est en fin de contrat. A droite de Spooner, on devrait retrouver Jimmy Hayes, un ailier gros gabarit qui a connu une saison prometteuse l’an dernier avec les Panthers (19 buts). C’est en outre un natif de Boston. Sur le quatrième trio, on devrait retrouver le vétéran Chris Kelly, un solide joueur de bottom six qui a été critiqué l’an dernier, sans doute plus pour son contrat que ses performances. Il pourrait être associé à un autre nouveau venu, le Finlandais Joonas Kemppainen, signé en tant qu’agent libre par Don Sweeney cet été (un an à 792 500$). Jamais drafté, ce gros centre two way va devoir s’adapter au jeu nord-américain. Pas d’adaptation à prévoir en revanche pour le Québécois Max Talbot, un des fourth liners les plus solides de la ligue. Enfin, Zach Rinaldo vient remplir le rôle d’enforcer, même si on imagine qu’il jouera peu. L’ensemble est dense et équilibré, mais manque un peu de star power. Avec un Krejci en forme, cette attaque devrait néanmoins dépasser son score décevant de l’an dernier.

Chara tiendra-t-il ?
Mais la principale interrogation, pour les Bruins, ne réside pas en attaque, mais bien en défense, le point fort traditionnel de cette équipe. Avec le départ de Hamilton, les Bruins vont devoir s’appuyer encore très fortement sur Zdeno Chara. Le mastodonte slovaque demeure un très solide défenseur NHL, mais a semblé ralentir depuis un peu plus d’un an. Il pourrait être associé au petit, mais très mobile et fluide Torey Krug, qui a confirmé ses promesses l’an dernier et sera agent libre avec restriction en fin de saison. Il a donc tout intérêt à se montrer convaincant. Sur la deuxième paire, le vétéran allemand Dennis Seidenberg aura beaucoup de responsabilités, après une saison où on l’a vu rebondir à la suite d’un exercice 2013-2014 où les blessures lui ont fait beaucoup de tort. Il devrait évoluer avec Adam McQuaid, un arrière grand et rugueux qui correspond bien au style traditionnel de la franchise. Sur la troisième paire, on pourrait retrouver le jeune et talentueux Zach Trotman, le défenseur qui monte dans l’organisation. Auteur d’une bonne saison AHL, et d’un bon passage avec les Bruins, Trotman semble avoir un coup d’avance sur le très talentueux Joe Morrow, même si son potentiel est moindre. Il pourrait être associé soit au vétéran Matt Irwin, soit avec le défensif Kevan Miller, un autre arrière rugueux. Ce qui est sûr, c’est que Hamilton n’a pas été remplacé. Sans parler de véritable point faible, l’arrière-garde des Bruins ne sera plus aussi impressionnante, cette saison.
Heureusement, Boston peut compter sur l’un des tout meilleurs gardiens de la ligue avec Tuukka Rask. L’an dernier, le Finlandais a certainement trop joué (70 matchs, dont 67 départs, troisième gardien le plus utilisé de la ligue après Braden Hotlby et Jonathan Quick), car Claude Julien n’avait qu’une confiance mesurée en sa doublure. Niklas Svedberg a donc quitté les Bruins, et ce sont les jeunes goalies Zane MacIntyre (23 ans) / Malcolm Subban (21 ans) qui officieront en tant que backups. Pas sûr que Julien croit assez en eux pour leur confier son filet plus souvent qu’à Svedberg l’an dernier.


Le lineup probable

Brad Marchand (#63) – Patrice Bergeron (#37) – Brett Connolly (#14)
Matt Beleskey (#39) – David Krejci (#46) – David Pastrnak (#88)
Loui Eriksson (#21) – Ryan Spooner (#51) – Jimmy Hayes (#11)
Chris Kelly (#23) – Joonas Kemppainen (#41) – Max Talbot (#25)
Zach Rinaldo (#36)

Zdeno Chara (#33) – Torey Krug (#47)
Dennis Seidenberg (#44) – Adam McQuaid (#54)
Zach Trotman (#62) – Matt Irwin (#52)
Kevan Miller (#86)

Tuukka Rask (#40)
Malcolm Subban (#70)

Coach: Claude Julien


L’an dernier:

9e de la conférence Est avec 96 points. Meilleurs pointeur et buteur: Patrice Bergeron (55 points, 23 buts).

Le joueur à suivre :
Matt Beleskey

Qui aurait parié sur une saison à 22 buts pour Matt Beleskey l’an dernier? Pas grand monde. Pour sa dernière année sous le maillot des Ducks, l’ailier de 27 ans a plus que doublé son nombre de buts, avant d’inscrire huit buts en playoffs. Une production qui lui a valu un contrat rondelet avec Boston. Mais une production qui interpelle sur sa capacité à ne pas être une one year wonder. S’il confirme, Boston aura fait un bon coup, car son salaire est raisonnable. Sinon, on regrettera fortement de ne pas avoir consacré cet argent à conserver Dougie Hamilton ou Carl Soderberg…

La relève :
Un afflux de sang neuf

Jakub Zboril

Evidemment, quand vous repêchez trois fois en première ronde, votre prospect pool va subitement mieux. Boston comptait déjà un bon défenseur avec Joe Morrow (23e overall en 2011, choix de Pittsburgh). Avec Jakub Zboril (13e overall en 2015), c’est un autre solide arrière, plus complet que Morrow même si le potentiel offensif est moindre, qui s’est joint à l’organisation. Les Bruins comptent avec Malcolm Subban (24e overall en 2012), un solide espoir devant le filet. Offensivement, on citera les deux autres premiers choix de 2015, le sniper Jake DeBrusk (14e overall) et le très rapide Zach Senyshyn (15e overall), mais aussi le petit mais talentueux Russe Alex Khoklachev (40e overall en 2011) et le 45e choix du dernier repêchage, le travailleur centre suédois Jacob Forsbacka-Karlsson. Pas de blue chipper en vue, mais quelques solides prospects NHL, donc.

Le pronostic de TPPQB

Attention à ne pas sous-estimer ces Bruins. Le grand ménage opéré par Sweeney a certes affaibli l’équipe, et notamment sa défense, mais Boston reste une équipe complète dans toutes ses lignes offensives. Rask demeure, lui, l’un des meilleurs gardiens de la ligue. Et si la défense se met bien en place et que Chara rebondit, Boston sera un concurrent dangereux pour les playoffs. Cela dit, avec un noyau dur fortement renouvelé et une nouvelle identité à trouver, puisque Sweeney veut une équipe plus portée sur l’attaque et plus rapide, l’équilibre ne sera pas forcément simple à trouver. Une autre saison ratée pourrait ainsi propulser Boston dans une nouvelle reconstruction.