Season preview 2015-2016 : Pittsburgh Penguins
Eastern Conference – Metropolitan division
La fuite en avant

Evgeni Malkin et Sidney Crosby vont pouvoir compter sur un surcroît de potentiel offensif avec l’arrivée de Phil Kessel.
Reverra-t-on un jour le meilleur joueur de la planète en finale de la Coupe Stanley? Il y a six ans, alors que les Penguins remportaient leur troisième trophée avec une équipe jeune menée par la superstar Sidney Crosby, la question aurait paru incongrue. Mais aujourd’hui, elle prend tout son sens. Car le déclin des Penguins a pris une nouvelle tournure l’an dernier, avec une qualification quasi miraculeuse pour les séries éliminatoires, suivie d’une élimination sans discussion possible aux mains des Rangers. Malgré son duo de mégastars, Pittsburgh n’y arrive plus. Et ce n’est pas la prise de pouvoir de Jim Rutherford, le DG, ou celle de l’entraîneur Mike Johsnton qui a changé quoi que ce soit. L’an dernier, l’attaque des Penguins a même connu des ratés, terminant seulement 19e de la ligue avec 2,65 buts par match. Un score assez invraisemblable au vu du potentiel joueurs dont dispose cette équipe.
Cet été, Jim Rutherford a donc frappé un grand coup en récupérant Phil Kessel (en compagnie du prospect Tyler Biggs et du défenseur Tim Erixon) en retour du défenseur Scott Harrington, de l’attaquant Nick Spaling, de l’ancien premier choix 2014 Kasperi Kapanen, et d’un choix de première et d’un de troisième ronde pour le prochain repêchage. Toronto a en outre accepté de retenir 1,25M$ sur le salaire de Kessel. La logique est claire, ce deal doit fournir à Crosby ou Malkin un ailier de premier plan pour donner un sérieux coup de boost à l’attaque des Pens, qui a souffert l’an dernier de l’absence de Pascal Dupuis victime d’un caillot de sang dans les poumons, et de la régression subite de Chris Kunitz. Rutherford a également échangé son troisième centre, Brandon Sutter (et un choix de troisième ronde), qui sortait pourtant d’une saison de 21 buts, contre Nick Bonino, le défenseur Adam Clendening, et un choix de 2e ronde. Sutter, dont le contrat arrivait à échéance en juin, aurait été difficile à resigner. L’échange permet en outre à Pittsburgh d’économiser 1,4M$ sur sa masse salarial pour la saison avenir, tout en récupérant un joueur certes inférieur à Sutter, mais qui saura tenir son rôle.
Il faut dire que Pittsburgh n’a que peu de place sous le cap, ce qui a contraint Rutherford à laisser filer les défenseurs vétérans Paul Martin et Christian Ehrhoff, mais aussi les attaquants Daniel Winnik, Steve Downie et le gardien remplaçant Thomas Greiss. Pour combler cette saignée, quelques free agents ont été recrutés: le centre vétéran Matt Cullen (1 an à 800 000$), l’ancien des Caps Eric Fehr (3 ans à 2M$ par saison), et surtout l’attaquant russe Sergei Plotnikov, 25 ans, un gros gabarit au potentiel offensif intéressant (1 an à 925 000$). Et pour le reste, on comptera sur les jeunes de l’organisation, notamment en défense. Un pari osé, puisque Erhoff et Martin étaient deux éléments non négligeables du top 4 des Pens…
Coup de jeune forcé en défense
La défense risque en effet d’être l’une des clefs de la saison de Pittsburgh. L’an dernier, c’est le jeu défensif des Penguins qui leur a permis de sauver les meubles. Les Pens pouvaient en effet compter sur la 9e défense de la ligue (2,49 buts encaissés par match), grâce notamment à un PK de première force (3e de la ligue, avec un remarquable pourcentage d’efficacité de 84,8%). Mais ça, c’était avec Ehrhoff et surtout Martin, un spécialiste défensif très précieux. cette année, la défense des Penguins s’appuiera sur deux, voire trois très jeunes joueurs. Olli Määttä, d’abord. Le Finlandais (21 ans) devrait évoluer sur le premier duo défensif avec la star Kris Létang, toujours aussi fort quand il peut jouer, mais qui collectionne les problèmes de santé. Il a les moyens de devenir un très bon défenseur NHL (lire ci-contre). Derrick Pouliot (21 ans), lui, est un des arrière offensifs les plus prometteurs de sa génération. L’ancien 8e choix overall en 2012 a beaucoup navigué entre l’AHL et la NHL l’an dernier. Pittsburgh croit énormément en lui, et pense qu’il pourra, dès cette saison, s’intégrer à son top 4. Il sera vraisemblablement jumelé à Ben Lovejoy, un ancien défenseur défensif maison que Pittsburgh a réacquis lors de la dernière trade deadline. Dommage qu’il ait fallu pour cela sacrifier un Simon Després qui semble se développer en un joueur bien supérieur à Lovejoy…
Enfin, Brian Dumoulin (24 ans), ancien choix des Hurricanes, était l’un des piliers de la farm team des Penguins, et devrait menacer cette année le duo Scuderi-Cole, un binome défensif qui occupera, a priori, la dernière paire. L’ensemble paraît un brin limité, sauf si Pouliot et Dumoulin parviennent à jouer à la hauteur des attentes du front office. Il aura pour misson de protéger Marc-André Fleury, l’un des gardiens les plus controversés de la ligue. « Flower » a pourtant connu l’an dernier une bonne année malgré la médiocrité de son équipe (2,32 buts encaissés par match, un pourcentage d’arrêt de 92%, 16e parmi les gardiens ayant disputé plus de 20 matchs l’an dernier). C’est aussi l’un des goalies les plus endurants de la ligue (64 matchs) l’an dernier. Sa doublure, Jeff Zatkoff, risque d’avoir une saison tranquille.
Le pari Kessel
En attaque, Pittsburgh peut évidemment compter sur le fantastique tandem Sidney Crosby/Evgeni Malkin. La mégastar de Cole Harbour (Nouvelle Ecosse) devrait piloter le premier trio, sans doute avec son habituel comparse Chris Kunitz et le nouveau venu, Phil Kessel. Crosby demeure, sans grande contestation possible, le meilleur attaquant de la ligue. Même s’il a connu l’an dernier une saison un brin en deçà de ses standards (84 points quand même). La faute sans doute à la qualité moyenne de ses ailiers. Chris Kunitz, notamment, a connu une forte régression l’an dernier, passante de 68 à 40 points, et divisant par deux sa récolte de 35 buts de 2013-2014. A 35 ans, l’ancien des Ducks est sans doute entré dans la phase déclinante de sa carrière. Mais évoluer avec Crosby et Kessel pourrait bien le relancer. L’ancien Leaf avait besoin d’un nouveau départ après une année très compliquée avec Toronto, et notamment une fin de saison horrible (2 buts seulement après la trade deadline). Sa vitesse, son sens du but et son lancer devraient lui permettre de redécoller offensivement. Avec Crosby ou Malkin, si les blessures ne s’en mêlent pas, on voit mal comment un tel joueur pourrait ne pas chatouiller la barre des 40 buts.
Sur la deuxième unité, on devrait retrouver Evgeni Malkin. Le grand centre russe a une nouvelle fois été embêté par les blessures l’an dernier (13 matchs manqués). Ce qui ne l’a pas empêché d’inscrire plus d’un point par match en moyenne. Quand il est à 100%, c’est un des trois meilleurs joueurs de la ligue, si ce n’est le meilleur. Mais malheureusement, c’est une situation qu’on ne voit plus que par intermittence. Cette année, il devrait évoluer avec son compatriote Sergei Plotnikov. L’ancien du Lokomotiv Yaroslav est un gros gabarit, adroit devant la cage adverse, que beaucoup d’observateurs annoncent comme l’une des révélations de la saison à venir. Le trio sera complété par le Suédois Patric Hornqvist, qui a connu une des meilleures saisons de sa carrière l’an dernier (51 points, dont 25 buts), et ce malgré 18 matchs manqués en raison d’une commotion cérébrale. Avec Crosby ou Malkin, Hornqvist devrait continuer à voir ses stats grimper.
Sur la troisième unité, l’ancien Blues et Oiler David Perron, un ailier talentueux, mais un brin soft, devrait faire équipe avec Nick Bonino et Pascal Dupuis, si ce dernier est remis de ses problèmes de caillot sanguin. Dupuis n’est pas le joueur le plus doué de la ligue, mais c’est un élément précieux du vestiaire des Pens, qui a beaucoup manqué l’an dernier. Enfin, le quatrième trio devrait associer Matt Cullen, un joueur sur le déclin, mais à l’expérience précieuse, le solide Eric Fehr, et le jeune Beau Bennett, qui a connu une saison très compliquée l’an dernier. L’ensemble paraît dense. Si Plotnikov tient ses promesses et si Dupuis et Kunitz retrouvent leur niveau, cette attaque a les moyens de retrouver une place parmi l’élite de la ligue.
Le lineup probable
Chris Kunitz (#14) – Sidney Crobsy (#87) – Phil Kessel (#81)
Sergei Plotnikov (#61) – Evgeni Malkin (#71) – Patric Hornqvist (#72)
David Perron (#57) – Nick Bonino (#13) – Pascal Dupuis (#9)
Matt Cullen (#7) – Eric Fehr (#16) – Beau Bennett (#19)
Kevin Porter (#11)
Olli Määtä (#3) – Kris Letang (#58)
Derrick Pouliot (#51) – Ben Lovejoy (#12)
Rob Scuderi (#4) – Ian Cole (#28)
Brian Dumoulin (#8)
Marc-André Fleury (#29)
Jeff Zatkoff (#37)
Coach: Mike Johnston
L’an dernier:
8e de la conférence Est avec 98 points. Eliminés au premier tour des playoffs par les New York Rangers (4-2) Meilleur pointeur: Sidney Crosby (84 points); meilleurs buteurs: Sidney Crosby et Evgeni Malkin (28 buts).
Le joueur à suivre :
Olli Määttä
Sa première saison dans la ligue était une véritable révélation. Le Finlandais est un arrière complet, talentueux et très mature. Mais l’an dernier, son corps lui a donné une multitude de signaux d’alerte. Après une opération de l’épaule, il a dû repasser sur le billard pour se faire enlever une tumeur à la glande thyroïde. Puis c’est une blessure au cou, suivi des oreillons qui l’ont mis sur le flanc, avant qu’une blessure à l’épaule ne l’oblige à l’opération et ne mette un terme à sa saison. Bilan: 20 petits matchs, et une terrible impression de malédiction. Cette année, l’ancien des London Knights va donc devoir, avant tout, retrouver la santé pour jouer. Car on compte sur lui pour le poste de numéro 2 de la franchise. S’il y parvient et retrouve son niveau d’il y a deux saisons, Pittsburgh pourrait bien redevenir l’une des attractions de la ligue.
La relève :
Sprong, un pari qui peut rapporter gros
Mis à part Derrick Pouliot, qui a de bonnes chances de jouer avec le grand club cette année, le prospect pool des Penguins sonne le creux. Et l’échange de Phil Kessel, qui a coûté Kasperi Kapanen à Toronto, ainsi que de deux choix lors du prochain repêchage (1ere et 3e ronde), n’a rien arrangé. Tout juste signalera-t-on trois noms: celui de Matt Murray, un gardien canadien qui (83e overall en 2012) qui a brillé l’an dernier avec Wilkes-Barre Scranton ; celui d’un autre gardien, Tristan Jarry (44e overall en 2013), qui vient de conclure une brillante carrière junior avec les Edmonton Oil Kings; et surtout celui du Néerlandais Daniel Sprong, un remarquable talent offensif dont le manque de maturité évident a fait baisser la cote l’an dernier, au point qu’il a glissé jusqu’au 45e rang du dernier repêchage, où les Penguins ont tenté un pari avec lui. S’il devait confirmer son potentiel, Pittsburgh aurait fait un gros coup avec lui.
Le pronostic de TPPQB
Jim Rutherford a-t-il eu raison de tout miser sur son attaque? C’est la question à laquelle devront répondre les Crosby Boys. Offensivement, Pittsburgh semble considérablement amélioré. Mais en défense, beaucoup de choses reposent sur trois jeunes joueurs à l’expérience limitée. Si ces derniers ne répondent pas aux attentes, et si Kris Létang ne peut disputer une saison complète, même avec tout son talent offensif, Pittsburgh ne pourra pas faire grand chose en playoffs. A priori, l’équipe a les moyens de se mêler à la lutte pour les disputer. Si tout tourne bien, les Pens pourraient même lutter pour la première place de la division métropolitaine. Mais à TPPQB, on a tendance à penser que Pittsburgh aura du mal face à des équipes plus équilibrées comme les Rangers, les Capitals, voire les Islanders ou les Blue Jackets.