Season preview 2015-2016 : Canadiens de Montréal

Eastern Conference – Atlantic division


 

 

Dans les pas
de Jesus Price

 

Meilleur gardien de la planète l’an dernier Carey Price peut emmener le Canadien tout en haut.

Vezina, Durnan, Plante, Dryden, Roy. Et maintenant Price. Dans la dynastie des gardiens mythiques qui ont porté le maillot frappé du CH, l’actuel protecteur du filet montréalais a désormais sa place. Et ce grâce à une saison record qui a vu le natif d’Anahim Lake, en Colombie Britannique, dominer la ligue à son poste comme on ne l’avait plus vu depuis les belles années de Dominik Hasek. Une performance qui n’est pas passée inaperçue, et qui a valu à Price de récolter à peu près tout ce qu’il pouvait espérer en matière de récompenses individuelles l’an dernier (trophée Hart, Ted Lindsay award, trophée Vezina, trophée William M. Jennings). Seule manque une récompense dans la vitrine du goalie montréalais: la Coupe Stanley. L’an dernier, malgré tous les miracles de son gardien, le Canadien n’a en effet pu aller plus loin que la demi finale de la conférence Est. La faute à une attaque insuffisante, qui obligeait la défense, et Price, à se montrer quasi parfaits pour gagner. Pour autant, le DG montréalais Marc Bergevin n’a pas procédé à des mouvements d’envergure, fidèle à son approche patiente. Il s’est avant tout assuré de conserver ses forces: Jeff Petry, arrivé d’Edmonton au moment de la trade deadline, et qui a su se rendre indispensable en l’espace de quelques mois a signé pour 6 ans et 5,5M$ par saison ; Nathan Beaulieu a lui resigné pour 2 ans à 1M$ la saison ; Torrey Mitchell et Brian Flynn, tous deux arrivés en cours de saison, comme Petry, ont été reconduits pour respectivement 3 ans à 1,2M$ la saison, et 2 ans à 950 000 la saison. Enfin, Alex Galchenyuk a lui signé un contrat de transition de deux ans à 2,8M$.
Par contre, Weaver, Gonchar, Drewiske, Allen et Parenteau n’ont pas reçu d’offre de prolongation et ont donc quitté l’organisation. Comme Brandon Prust, robuste et dont le leadership manquera, mais qui semblait sur la pente descendante. Bergevin l’a envoyé au les Canucks de Vancouver, obtenant en échange Zack Kassian et un choix de 5e ronde. Un pari pour le DG du Canadien, qui sait certainement que Kassian, s’il était très apprécié des fans des Nucks, avait réussi à se mettre à dos le coaching staff de Vancouver. Cet ancien choix de première ronde des Sabres a du talent, un gros gabarit, mais aussi beaucoup d’inconstance. L’an dernier, Kassian n’a joué qu’une demi saison, inscrivant 10 buts et 16 points au passage. S’il parvient à doubler cette récolte, Bergevin aura réussi son pari. Le DG du Canadien, qui n’a pas chômé cet été, même s’il n’a pas conclu de blockbuster deal, a également amené de la profondeur en défense en signant l’ancien de Tampa Mark Barberio (1 an, 600 000 $), et surtout en tentant le pari Semin.

Le pari Semin
L’ancien complice d’Alexander Ovechkin à Washington a doucement coulé dans l’anonymat, depuis la signature de son contrat avec les Hurricanes. L’an dernier, Semin a connu une saison désastreuse (57 matchs, 6 buts, 13 assistances). La faute, expliquent ses défenseurs, à une blessure au poignet. La faute, expliquent ses détracteurs, à son manque d’implication. Marc Bergevin a tout de même choisi de lui offrir un contrat d’un an et 1,1 M$. Un pari très malin de la part du DG montréalais. Si Semin retrouve un niveau plus convenable, il devrait inscrire une bonne vingtaine de buts. Ce qui, pour 1,1M$, est une excellente affaire. Et si le Russe continue de décliner, le Canadien n’aura pas trop grevé sa masse salariale. En outre, Semin est un droitier, très à l’aise sur le powerplay, un domaine où Montréal était médiocre l’an dernier (23e de la ligue avec 16,5% d’efficacité). Il pourrait, par sa simple présence et la qualité de son lancer, redonner plus d’options tactiques à Michel Therrien, l’entraîneur chef, et à Jean-Jacques Daigneault, responsable du powerplay depuis cet été. Un autre nom s’ajoutera à la liste. Le Tchèque Tomas Fleischmann, invité lors du camp d’entraînement, a en effet impressionné et obtenu un contrat d’un an (750 000€) avec le Canadien, et tentera d’apporter un peu plus de densité à l’attaque du Tricolore.
Une attaque qui, on le disait, a été le point faible de l’équipe de Michel Therrien l’an dernier (20e de la ligue avec 2,61 buts par match). Mais qui devrait, en toute logique, progresser, si Fleischmann, Semin et Kassian y apportent la contribution attendue. Elle sera en tout cas menée par le nouveau capitaine du Canadien, Max Pacioretty. Elu par ses pairs, l’attaquant américain est LA valeur sûre de Montréal en attaque. Attaquant puissant et très rapide, Pacioretty dispose d’un remarquable tir du poignet qui lui a permis d’inscrire 37 buts l’an dernier, et de se situer dans le top 5 des buteurs de la ligue depuis quatre ans. Une commotion cérébrale subie en toute fin de saison l’a malheureusement affaibli pour les playoffs. Après une blessure estivale au genou, l’ancien de l’Université du Michigan semble prêt à repartir au combat. Au vu du camp d’entraînement, il pourrait, et c’est une surprise, ne pas évoluer avec son habituel binôme David Desharnais. Michel Therrien semble en effet décidé à aligner trois véritables lignes offensives. Pacioretty serait donc associé à Tomas Plekanec. Le centre tchèque est un vétéran solide, remarquable sur le plan défensif, et sort d’une belle saison offensive (24 buts, 60 points). Sa vitesse, associée à celle de Pacioretty, pourrait faire des dégâts. La ligne est complétée par Brendan Gallagher, qui a, en cours de saison, paraphé une prolongation de 6 à 3,75M$ par saison avec le Canadien. Ce tout petit ailier est l’un des joueurs les plus opiniâtres et les plus courageux de la ligne. Malgré son petit gabarit, il s’installe avec constance et obstination devant le filet adverse, et en tire les bénéfices (24 buts, 47 points l’an dernier), sans compter qu’il agace prodigieusement défenseurs et gardiens adverses.

Galchenyuk enfin au centre
Sur la deuxième unité, on devrait retrouver Glachenyuk, enfin positionné au centre (lire ci-contre). L’Américain d’origine biélorusse devrait être associé à Semin, et à Lars Eller. Le Danois est un joueur extrêmement fiable sur le plan défensif, grand, costaud, et pas maladroit avec le puck sur sa palette. Il aura pour la première fois de sa carrière montréalaise, la possibilité de s’exprimer dans un rôle offensif, même si pour cela, Michel Therrien lui a demandé de quitter sa position de centre pour évoluer à l’aile gauche. Ce trio a montré une certaine complicité lors du camp d’entraînement, et si Semin, que peu de joueurs dépassent en talent dans la ligue, trouve la motivation et l’énergie sur la durée, il pourrait faire des dégâts.
Sur le troisième trio, on devrait retrouver le très créatif, mais minuscule David Desharnais. Le centre québécois aura beaucoup de choses à prouver s’il évolue sur la durée loin de Pacioretty. L’entente entre les deux joueurs, cultivée en AHL, est l’un des points forts de l’attaque montréalaise depuis plusieurs saison. Mais Desharnais est un joueur intelligent, et il a montré de belles choses en présaison avec Tomas Fleischmann. Lui aussi intelligent, solide et habile, le Tchèque apportera une nouvelle dimension à ce troisième trio. On y retrouvera aussi Dale Weise, un joueur qui a pris une autre dimension depuis son arrivée au Québec. Ailier bottom six très rapide, Weise s’est découvert quelques talents de marqueur. Auteur de 29 points l’an dernier, l’ancien Canuck a, il est vrai, souvent évolué dans le top six montréalais, au gré des blessures et des changements de trio. Mais sa vitesse et sa capacité d’adaptation lui permettent d’être une option crédible pour compléter des joueurs plus skilled.
Le quatrième trio devrait, lui, être piloté par Torrey Mitchell. Le Montréalais de naissance a apporté de la maîtrise et de la solidité au bottom six de Montréal, en fin de saison dernière. Il est aussi très efficace sur les faceoffs. Il pourrait évoluer avec Zack Kassian, même si l’on imagine que l’ancien Canuck jouera un peu plus qu’un joueur de 4e trio – notamment sur le powerplay, où il excelle, campé devant le filet, à jouer les déviations. Et avec Devante Smyth Pelley, acquis en cours de saison en retour du Tchèque Jiri Sekac, mais qui n’a pas franchement convaincu depuis. Smyth Pelley est un joueur très intense, puissant, mais il doit montrer plus de justesse et de constance. Brian Flynn complète cet alignement dans le rôle de réserviste. Un alignement où pourrait aussi figurer Jacob De la Rose. Le Suédois a passé une bonne partie de la saison avec le grand club l’an dernier, et su convaincre Michel Therrien par sa maturité et son jeu défensif déjà très au point. Mais il dispose d’un contrat two way qui permet de le renvoyer dans les mineures et de le rappeler sans risquer de le voir chipé par une autre équipe.

La révélation Nathan Beaulieu
La défense devrait être, cette année encore, le point fort du Canadien. L’an dernier, c’était tout simplement la meilleure du circuit, avec 2,24 buts encaissés par match seulement, avec un solide PK (7e de la ligue avec 83,7% d’efficacité). Une défense menée par le duo Andrei Markov – PK Subban. Le premier demeure, à 36 ans, un défenseur d’élite au niveau NHL. Joueur d’une rare intelligence, Markov compense une mobilité en baisse par une science du jeu sans égale dans le roster montréalais. Remarquable powerplay quarterback, il a atteint la barre des 50 points pour la troisième fois de sa carrière. Mais il a semblé émoussé en playoffs. Il semble, malgré tout son talent, arrivé à un âge où il faut réduire son temps de glace. C’est ce que devraient permettre l’arrivée de Jeff Petry et l’émergence de Nathan Beaulieu. Son partenaire, PK Subban, est incontestablement le meilleur patineur de l’équipe. L’Ontarien a réalisé une nouvelle énorme saison l’an dernier, finissant parmi les trois finalistes du trophée Norris. Pour la première fois, il a même atteint la barre des 60 points, seul Erik Karlsson a fait mieux l’an dernier parmi les défenseurs.
Sur la deuxième unité, on devrait retrouver Jeff Petry, un défenseur solide et fluide, qui devrait aider le powerplay montréalais, tout en étant capable d’avaler un gros temps de glace. L’ancien des Oilers a vraiment surpris depuis ses débuts sous le maillot du Canadien, et certains de ses partenaires ont même dit de lui qu’il avait été le meilleur joueur de l’équipe pendant les playoffs. Il pourrait évoluer avec Nathan Beaulieu, un jeune défenseur qui s’est imposé l’an dernier. Beaulieu est gros, costaud, peut amener une dimension physique, même si ce n’est pas sa qualité première. Il se distingue surtout par un coup de patin d’une fluidité et d’une aisance rare. Pour consolider sa place dans le top 4, il devra toutefois éliminer les quelques absences défensives qui ont ponctué sa saison l’an dernier, et surtout hausser son rendement offensif. Il a les moyens de devenir un atout offensif de plus sur le backend  montréalais.

Suspense autour de Tokarski
Sur la troisième paire, on retrouvera le Russe Alexei Emelin, vraisemblablement jumelé à Tom Gilbert. Le premier est un solide gaillard, qui aime imposer son physique. Mais ses mises en échec spectaculaires se sont fait plus rares ces derniers temps. Et il continue d’avoir des absences coupables dans sa zone. Quant à Gilbert, il a connu un début de saison moyen pour sa première année à Montréal, avant de gagner en solidité. C’est un arrière mobile, expérimenté, mais un peu soft. Il sera, comme Emelin, sous la menace de Greg Pateryn. L’ancien choix de Leafs, acquis dans l’échange qui avait envoyé Mikhail Grabovsky à Toronto, a montré beaucoup de bonnes choses l’an dernier, passant devant Tinordi dans la hiérarchie des défenseurs. Solide, physique, très appliqué, il a les moyens de déloger l’un des deux pensionnaires de la troisième paire défensive. S’il y parvient, Emelin ou Gilbert pourraient être échangés, permettant au Canadien de récupérer un peu plus de marge sur le plan salarial.
Mais le meilleur atout défensif de Montréal reste bien entendu Carey Price. Le grand gardien originaire de Colombie Britannique est le leader du groupe, même s’il n’a pas le statut de capitaine ou d’assistant.Pour beaucoup d’observateurs, Price aura du mal à reproduire une saison aussi phénoménale que l’an dernier. Mais ce goalie calme, mature, aussi un compétiteur féroce, qui sait qu’il a devant lui 2 à 3 années, au moins pour tenter d’aller décrocher la Coupe avec le groupe actuel du Canadien, où il se sent bien. Son backup, Dustin Tokarski, a lui beaucoup moins d’assurance. Brillant il y a un peu plus d’un an, il avait réussi à écarter Peter Budaj pour devenir le numéro 2. Mais une année difficile, combinée aux performances très séduisantes de Mike Condon avec les Bulldogs de Hamilton (la farm team du Canadien, depuis transférée aux St John Ice Caps) font peser l’incertitude sur la suite de son séjour montréalais. L’ensemble paraît complet, équilibré, et si les recrues offensives apportent l’impact espéré, Montréal aura les moyens de faire très mal.


Le lineup probable

Max Pacioretty (#67) – Tomas Plekanec (#14) – Brendan Gallagher (#11)
Lars Eller (#81) – Alex Galchenyuk (#27) – Alexander Semin (#13)
Tomas Fleischmann (#15) – David Desharnais (#51) – Dale Weise (#22)
Zack Kassian (#8)- Torrey Mitchell (#17) – Devante Smyth-Pelley (#21)
Brian Flynn (#32)

Andrei Markov (#79) – PK Subban (#76)
Nathan Beaulieu (#28) – Jeff Petry (#26)
Alexei Emelin (#74) – Tom Gilbert (#77)
Greg Pateryn (#6)

Carey Price (#31)
Dustin Tokarski (#35)

Coach: Michel Therrien


L’an dernier:

2e de la conférence Est et vainqueur de la division Atlantique avec 110 points. Eliminés en demi finale de la conférence Est par Tampa Bay (4-2). Meilleurs pointeur et buteur: Max Pacioretty (67 points, 37 buts).

Le joueur à suivre :
Alex Galchenyuk

Cette fois, plus d’excuses. Longtemps jugé trop juste sur le plan défensif  pour occuper le poste de centre, sa position naturelle, Galchenyuk a fait ses armes à l’aile gauche pendant trois saisons. Il y a montré beaucoup de talent, et une progression sensible. Désormais, l’organisation est prête à lui confier le poste de centre. Il doit prouver qu’il est capable d’assurer la partie défensive de ce rôle sans perdre son impact offensif. Gros, technique, doté d’une remarquable vision du jeu et d’un superbe lancer du poignet, « Chuckie » a tout pour devenir un centre offensif de premier plan, un véritable numéro 1 à ce poste que Montréal recherche depuis de longues saisons. S’il y parvient, le Canadien pourrait bien prendre une dimensions supplémentaire.

La relève : Nouvelle vague en approche

Montréal dispose d’un prospect pool plutôt équilibré, même si son seul  blue chipper potentiel semble être le Russe Nikita Scherbak (26e overall en 2014). Très doué, Scherbak a progressé défensivement cette année avec Everett. Il a le talent pour évoluer un jour sur un deuxième, voire un premier trio NHL. Le reste des espoirs offensifs du Canadien ont tous des points d’interrogation. Le géant Mike McCarron (25e overall en 2013) a connu une brillante saison avec London, puis Oshawa. Replacé au centre, il dispose d’un énorme gabarit, et d’une vitesse très convenable pour sa taille. La question est de savoir s’il a le potentiel offensif pour s’installer dans un top 6 NHL. Sinon, il peut devenir un élément très important sur un troisième trio. Jacob De La Rose (34e overall en 2013) a, lui, déjà montré qu’il pouvait jouer en NHL. Très mature, le Suédois doit toutefois prouver qu’il peut hausser le ton offensivement. Montréal dispose aussi de quatre attaquants talentueux, mais de de petit format: Charles Hudon (122e overall en 2012), Sven Andrighetto (86e overall en 2013), Martin Reway (116e overall en 2013) et Artturi Lehkonen (55e overall en 2013). Les deux premiers, en particulier le Québécois, sont tout proches du niveau NHL. Reste à voir comment ils s’y adapteront. En défense, On peut citer le géant Jarred Tinordi (22e overall en 2010), qui stagne depuis plusieurs saisons. Mais il dispose d’un profil enviable, et ce type de joueur gros format met souvent beaucoup de temps à se développer. Quant au  dernier choix de première ronde Noah Juulsen (26e overall en 2015) c’est un arrière très complet qui a l’étoffe d’un futur top 4 dans la NHL. Enfin dans les buts, le talentueux Zach Fucale (36e overall en 2013) semble lui aussi être dans une phase complexe de son apprentissage, alors que le free agent Mike Condon a fait beaucoup parler de lui l’an dernier en AHL, et cet automne lors du camp d’entraînement.

Le pronostic de TPPQB

L’an dernier, Carey Price a réalisé une saison
mémorable. Sera-t-il capable de rééditer ce type de performance ? Il a le talent pour. Surtout, Marc Bergevin a solidifié sa défense et sans doute boosté son attaque avec Jeff Petry. Les paris Kassian, Semin et Fleischmann devraient aider l’attaque montréalaise à progresser. Sans parler du développement de Galchenyuk. Si tout ce beau monde évite les blessures, on peut tout à fait imaginer Montréal conserver sa couronne dans la division Atlantique. En playoffs, il faudra trouver des réponses face à une équipe de Tampa que le Canadien a eu du mal à jouer toute la saison dernière. Mais avec un Carey Price au sommet de son art, tout est possible. Y compris le plus beau: ramener une 25e Coupe Stanley dans la Belle Province.