Season preview 2016-2017 : Arizona Coyotes
Western Conference – Pacific division
Moneypuck?
Depuis deux ans, le débat fait rage. Portée par une génération de blogueurs, parfois extrêmement brillants, l’analyse statistique du hockey, et de la NHL en particulier a pris une nouvelle dimension, introduisant de nouvelles données permettant de mieux cerner la valeur des joueurs. Au point que la plupart des franchises NHL s’appuient aujourd’hui sur des consultants en la matière, parfois eux-mêmes anciens blogueurs, et que des entreprises spécialisées dans l’analyse statistiques se sont créées (comme les Montréalais de Sportlogiq). Pour beaucoup, c’est là un changement de paradigme digne de celui qui a ébranlé le baseball voici une quinzaine d’années, dans la foulée du DG des Oakland A’s, Billy Beane, une histoire rendue célèbre par le journaliste Michael Lewis dans le livre Moneyball.
Mais dans le monde très conservateur du hockey, cette révolution ne va pas sans bousculer les convictions. D’abord parce que beaucoup de défenseur des analytics ont tendance à complètement discréditer le regard des observateurs, et à écarter des données chères à la vieille école comme le leadership, l’impact physique, ou le caractère des joueurs. Mais aussi parce que les franchises NHL semblent parfois faire une petite place à cette nouvelle tendance plus pour ne pas se voir traiter d’organisation rétrograde que par réel intérêt. Ce reproche ne sera certainement pas fait aux Coyotes. La franchise de l’Arizona, qui comptait pourtant sur un des DG les plus respectés de la ligue (Don Maloney), a choisi d’offrir le poste à John Chayka. A 27 ans, Chayka est le plus jeune à occuper de telles fonctions dans la longue histoire de la NHL. Et c’est précisément sa sensibilité aux analytics qui est à l’origine de ce recrutement. Assistant DG de la franchise depuis 2015, il avait surtout créé dès 2010 l’entreprise Stathletes, spécialisée dans l’analyse statistique, avec l’un de ses amis de l’université de Western Ontario. C’est donc, pour la première fois, un membre de la nouvelle garde qui prend les commandes d’une franchise NHL. Autant dire que son action sera scrutée et jugée, certainement impitoyablement, par l’establishment de la ligue cette saison.
Datsyuk, le tour de passe-passe de Chayka
Il faudra toutefois prendre quelques précautions. Car les Coyotes sont une équipe difficile à évaluer. L’an passé, un superbe début de saison a permis à Arizona de croire, un moment, aux playoffs, avant de se voir rattraper par la réalité. La faute à une défensive pour le moins poreuse (2,98 buts encaissés par match, 28 e de la ligue). John Chayka a donc mis l’accent sur ce secteur de jeu pendant l’intersaison, signant notamment l’ancien arrière des Stars Alex Goligoski pour 5 ans et un total de 27,375M$ et Luke Schenn (Los Angeles) pour 2 ans et 2,5 M$. Il a également resigné deux défenseurs importants, Connor Murphy (6 ans, 23,1M$) et Michael Stone (1 an, 4 M$). De quoi redonner un peu de solidité à sa blueline à court terme. Mais le nouveau DG avait aussi un oeil sur l’avenir. Il a ainsi choisi de sacrifier un choix de deuxième ronde pour récupérer le puck mover Anthony DeAngelo (Tampa) en retour d’un choix de deuxième ronde. Un pari sur l’avenir, puisque le très talentueux DeAngelo a connu une deuxième saison délicate en AHL, et traîne une réputation discutable. Surtout, Chayka réalisé l’un des coups du dernier repêchage en acceptant de prendre le salaire de Pavel Datysuk, qui avait annoncé sa volonté de quitter la NHL mais compte encore pour 7,5M$ sur la masse salariale pendant un an. Cet échange (qui les a aussi vu envoyer le 53e choix du repêchage et Joe Vitale à Detroit), a permis aux Coyotes de grimper du 20e au 16e rang du repêchage et de repêcher le très coté défenseur Jakob Chychrun. Qui plus est, le cap hit de Datsyuk n’est pas un problème pour Arizona, largement en dessous de la ligne de flottaison sur le plan salarial. C’est donc une défense nettement renouvelée qui démarrera la saison. Tout l’inverse de l’attaque, où Chayka s’est contenté de deux additions mineures, le fourth liner Ryan White (1 an, 1M$), et le rugueux Jamie McGinn (3 ans, 10M$) tout en laissant partir les Chipchura, Tikhonov, Gordon et autre Tanguay. Plus surprenant, les Coyotes ont choisi de racheter le contrat d’Antoine Vermette, pourtant auteur d’une saison dans ses standards. Signe sans doute que le rajeunissement de l’effectif doit être la priorité absolue de la franchise.
Strome et Dvorak, une saison pour apprendre
Cette attaque (24e de la ligue avec 2,54 buts par match) devra donc, principalement, compter sur ses ressources internes pour progresser, à cinq contre cinq mais aussi sur le powerplay, qui peut faire mieux (20e de la ligue, 17,7% d’efficacité). La bonne nouvelle, c’est que les jeunes talents offensifs ne manquent pas. A commencer par les joyeux duettistes du premier trio, Max Domi et Anthony Duclair. Associés au grand et solide Martin Hanzal, qui a connu l’an passé la meilleure saison offensive de sa carrière à leurs côtés (41 points), les deux jeunes ailiers ont réalisé des débuts très prometteurs. Domi, fils de l’ancien enforcer des Leafs, Tie, est un petit gabarit très rapide et talentueux. Avec 52 points pour entamer sa carrière NHL, il a fait très fort. Un peu moins productif, le Québécois Anthony Duclair a, lui, atteint le plateau des 20 buts dès sa première saison (lire ci-contre).
Ce premier trio a les moyens de devenir l’une des lignes les plus dynamiques de la Conférence ouest. Mais elle aura besoin de soutien. Shane Doan, le légendaire capitaine de la franchise, a rempilé pour un an. Le gros power forward canadien s’est tout de même fendu de 28 buts l’an dernier, alors qu’il fêtera son 40e anniversaire en octobre prochain. Il pourrait être associé à Tobias Rieder, un ailier allemand rapide et complet, qui a beaucoup progressé en deux saisons (mais qui n’avait pas encore prolongé à l’heure où nous bouclions ce preview). Ce deuxième trio devrait être piloté par l’un des deux jeunes centres offensifs de l’organisation, Dylan Strome ou Christian Dvorak. Deux espoirs au potentiel énorme, mais qui, s’ils passent le cut au camp d’entraînement, vont devoir s’adapter très vite au niveau NHL. Attention à bien gérer l’initiation à la plus difficile ligue de la planète, une belle partie de l’avenir de la franchise repose sur le développement de ces deux joueurs.
La troisième unité devrait accueillir Dvorak ou Strome, associé au nouveau venu Jamie McGinn, un ailier intense qui a les moyens de s’approcher du palier des 20 buts si on lui donne suffisamment de temps de glace, et à droite, et peut-être au playmaker québécois Laurent Dauphin. La quatrième unité associera l’énergie de Jordan Martinook, l’expérience de Brad Richardson et le sandpaper de Ryan White. L’ancien Montréalais a connu une bonne saison à Philadelphie. Intense, provocateur, physique, il a ajouté onze buts dans l’escarcelle des Flyers, ce qui lui a permis de signer un bon contrat avec Arizona. Ce trio pourra être complété, à l’occasion, par le costaud Tyler Gaudet.
Une défense recomposée
Antépénultième défense NHL, avec un PK catastrophique (28e de la ligue, 77,3% d’efficacité), ce ne sont surtout pas des titres de gloire dont se prévaudra Dave Tippett, le très méthodique coach des Coyotes. Cette année, il devrait disposer d’un volant de défenseur sensiblement supérieur. Le leader en sera toujours l’excellent Oliver Ekman-Larsson. Patineur très fluide, intelligent, très skilled, « OEL » a encore passé un palier offensif l’an dernier, avec une récolte de 55 points, 12 de plus que la saison précédente. De quoi faire de lui le 7e défenseur le plus productif de la ligue, devant des valeurs sûres comme Drew Doughty, Shea Weber ou PK Subban. Il devrait évoluer, comme l’an dernier, avec Michael Stone. A 26 ans, le Canadien a connu sa meilleure année en carrière sur le plan offensif (36 points). Il apporte en outre une dimension physique intéressante. Curieux tout de même que le front office des Coyotes n’ait pas jugé bon de le prolonger plus d’un an. Sur la deuxième paire, on retrouvera vraisemblablement le nouveau venu Alex Goligoski, un défenseur petit format, mais rapide et habile, qui peut jouer les powerplay quarterbacks. Il pourrait être associé à Connor Murphy, l’un des plus sûrs espoirs de l’organisation en défense, qui a montré beaucoup de solidité l’an dernier. Sa production offensive est en hausse, mais elle reste moyenne, malgré quelques opportunités sur le powerplay l’an passé (un peu plus d’une minute en moyenne par match). La troisième paire devrait être confiée au vétéran Zbynek Michalek, solide dans sa zone mais qui semble sur le déclin, associée à Luke Schenn. L’ancien choix de première ronde des Leafs est clairement l’une des victimes de l’accélération du jeu NHL, et celui que l’on présentait un temps comme un futur roc défensif, le genre d’élément sur lequel on peut baser une défense, n’est aujourd’hui pas plus qu’un cinquième ou sixième défenseur. Si ces deux vétérans devaient faillir, Arizona pourra toujours donner du temps de glace à Klas Dahlbeck ou Kevin Connaunton, deux défenseurs de complément qui peuvent tenir leur rang au niveau NHL.
Les gardiens, c’est flou
L’an dernier, la hiérarchie était claire, Mike Smith devant, les autres gardiens derrière. Mais la blessure qui a mis l’ancien membre de Team Canada sur le flanc pendant 50 matchs a redistribué les cartes. Pas pour le médiocre Anders Lindback, incapable de prendre la relève, mais pour le jeune Louis Domingue. Appelé en renfort, le Québécois a été très solide dans un premier temps, permettant à Arizona de continuer à caresser l’espoir des playoffs. Devant le naufrage défensif, l’ancien Rempart de Québec a fini par baisser de pied. Mais il s’est établi comme une menace claire pour Smith. En bonne logique, le vécu de ce dernier devrait lui donner une longueur d’avance, mais il devra hausser son niveau de jeu pour tenir son jeune concurrent à distance.
Le lineup probable
Max Domi (#16)- Martin Hanzal (#11) – Anthony Duclair (#28)
Tobias Rieder (#8) – Dylan Strome (#20) – Shane Doan (#19)
Jamie McGinn (#88) – Christian Dvorak (#18) – Laurent Dauphin (#76)
Jordan Martinook (#48) – Brad Richardson (#12) – Ryan White (#25)
Tyler Gaudet (#32)
Oliver Ekman-Larsson (#23) – Michael Stone (#26)
Alex Goligoski (#33) – Connor Murphy (#5)
Luke Schenn (#22) – Zbynek Michalek (#4)
Kevin Connaunton (#44)
Mike Smith (#41)
Louis Domingue (#35)
Coach: Dave Tippett
NB: Depuis la rédaction de ce preview, les Coyotes ont réalisé un échange important, récupérant Lawson Crouse et Dave Bolland en retour d’un choix de troisième ronde. Un bon coup de John Chayka, qui avait de la place sous le plafond salarial et l’a utilisée pour récupérer Crouse, Florida ayant besoin de se délester du contrat de Bolland.
ARIZONA COYOTES
Création: 1972 (WHA). Rejoint la NHL en 1979. Arrivée à Phoenix en 1996.
Anciens noms: Winnipeg Jets, Phoenix Coyotes.
Propriétaires: IceArizona LLC, depuis depuis 2014, dirigé par Andrew Barroway
Patinoire: Gila River Arena
Palmarès: aucun.
Equipe affiliée AHL:
Tucson Roadrunners
L’AN DERNIER
10e de la conférence Ouest avec 78 points.
Meilleur pointeur: Oliver Ekman-Larsson (55 points)
Meilleur buteur: Shane Doan (28 buts).
Le joueur à suivre :
ANTHONY DUCLAIR
Avec son comparse Max Domi, le Québécois a été l’une des grandes satisfactions des Coyotes, pour sa première saison complète dans la ligue. Obtenu dans le deal qui avait envoyé Keith Yandle à New York, Duclair s’est vite fait aux rigueurs du jeu NHL, mettant à profit sa grande qualité de patinage pour produire comme un attaquant top 6 (20 buts, 44 points). Le talent est là, il faudra confirmer cette année. Attention quand même, l’ancien des Remparts de Québec affichait une précision au tir de 19% l’an dernier, le genre de stat quasi impossible à maintenir sur la durée.
La relève :
SURARMÉS EN ATTAQUE
Classement ESPN: 2e
Max Domi et Anthony Duclair sont désormais des Yotes à plein temps. Mais Arizona compte tout de même sur une belle collection d’espoirs offensifs. A commencer par le centre Dylan Strome (3e overall en 2015). Vu comme un futur numéro 1, le playmaker a connu une nouvelle grosse saison en OHL. Cette année, il découvrira le monde pro. Le centre Christian Dvorak (58e overall en 2014) a, lui, brillé avec London et le duo Marner/Tkachuk. Il semble avoir le potentiel d’un top 6 NHL. Brendan Perlini (12e overall en 2014), le gros ailier scoreur de Niagara, a connu une saison plus délicate. On citera aussi Nick Merkley (30e overall en 2015), talentueux mais ralenti par les blessures, le Québécois Laurent Dauphin (39e overall en 2013), un passeur intelligent, mais qui doit plus s’affirmer en AHL, et bien sûr le dernier arrivé, le petit, mais très explosif Clayton Keller (7e overall en juin dernier). La défense est moins bien équipée avec un seul prospect très coté, le défenseur de Sarnia Jakob Chychrun, attendu dans le top 5 du dernier repêchage, et qui a glissé jusqu’au 16e rang. Il devra prouver cette année que cette décote était imméritée.
Le pronostic de TPPQB
La belle saison dernière, le retour de Mike Smith et le coup de pouce donné par John Chayka à sa défense incitent à l’optimisme. Attention quand même, la jeunesse de l’effectif, surtout si Strome et Dvorak font l’équipe, donne peu de garanties. Un petit recul n’est pas à exclure cette saison. L’apprentissage du haut niveau commence pour les jeunes Coyotes, il leur faudra du temps pour devenir un prétendant solide aux playoffs dans une Conférence ouest très dense. Si l’on devait se risquer à un pronostic, à TPPQB, on voit bien Arizona reculer un peu cette saison, pour mieux avancer dans les années à venir.
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