Season preview 2016-2017 : Winnipeg Jets
Western Conference – Central division
Finnish flashback?

Deuxième du dernier repêchage, Patrik Laine est présenté comme un futur buteur de classe mondiale et comparé à Selänne ou Ovechkin. Deux énormes références.
En 1992, Winnipeg et la NHL voyaient débarquer de sa Finlande natale un sniper hors-normes qui se chargea d’affoler les compteurs à peine débarqué sur le sol canadien, à tel point que ses 76 buts et 132 points restent encore aujourd’hui des records pour un rookie en NHL. Vingt-quatre ans plus tard, on n’attendra bien sûr pas de Patrik Laine qu’il surpasse son illustre aîné, Teemu Selänne, la progression technique des gardiens et celle des mises en place tactiques ne permettant plus d’observer quotidiennement les scores de la première moitié des années 90. Néanmoins, le jeune Finlandais, repêché au 2e rang en juin dernier, sera attendu comme un des fers de lance d’une nouvelle garde complété par Mark Scheifele ou Nikolaj Ehlers, chargés de mener offensivement les Jets vers de plus hautes sphères.
Car si Kevin Cheveldayoff continue de rester fidèle à son credo depuis sa prise de fonctions en 2011 et le retour de la NHL au Manitoba, à savoir patience et construction via le repêchage, son équipe a connu sa première régression en 2015-2016 après une belle saison 2014-2015 qui l’avait vue se qualifier pour les séries éliminatoires. La faute à des gardiens défaillants, une réussite en supériorité numérique abyssale (14,8%, 30e et bon dernier) et une récupération du palet sur les mises en jeu compliquées (46,7% de réussite aux mises en jeu, 28e). Sur ce dernier point, l’absence de Bryan Little, premier centre de l’équipe, blessé pour les 25 derniers matches de la saison, a été préjudiciable.
Dans une division Centrale extrêmement compétitive, où Dallas s’est repris l’an dernier pour devenir la puissance offensive n°1 de la Ligue, il n’existe aucune marge d’erreur pour accrocher une des cinq places qualificatives pour les séries, tant la division Pacifique, équipes californiennes exceptées, ressemble à l’heure actuelle à un faire-valoir. Ainsi, les Jets, 7e et derniers de leur division, ont terminé à égalité avec les Coyotes, 4e dans l’autre division de la Conférence Ouest…
Dans ce contexte sportif difficile, Cheveldayoff a décidé de conserver sa confiance en Paul Maurice, l’expérimenté coach vainqueur de la Coupe Stanley avec les Hurricanes en 2006, il a dû faire un choix entre les deux piliers de son équipe dont le contrat arrivait à expiration en juin dernier. Et si beaucoup avaient parié sur un départ de l’imposant défenseur Dustin Byfuglien, ce dernier a finalement prolongé de 5 ans son bail dans le Manitoba. Un contrat qui lui rapportera la bagatelle de 38 millions de dollars. C’est donc finalement le capitaine de l’équipe, Andrew Ladd, qui a été victime du plafond salarial et renvoyé à Chicago pour tenter de conquérir une nouvelle coupe Stanley, lui qui avait fait partie de la première victoire de la dynastie actuelle des Blackhawks en 2010 (mais aussi de celle des Hurricanes avec Maurice en 2006). Cheveldayoff a obtenu l’espoir slovaque Marko Dano et un choix de première ronde au repêchage de 2016 en retour de son capitaine et de deux joueurs de soutien (Jay Harrison et Matt Fraser).
Stabilité totale en défense…
Depuis l’acquisition de Myers en février 2015 et la fixation (définitive ?) de Byfuglien au poste de défenseur, le top 4 de l’équipe est clairement établi. Si, au jeu des unités spéciales, Byfuglien, au rôle clé en supériorité numérique, obtient le temps de jeu le plus important (25 min de moyenne), les deux premières paires se partagent équitablement la glace. Byfuglien a émergé au fil des ans comme le leader de la brigade défensive des Jets. Avec ses 53 points et ses 19 buts, il se classe encore parmi les meneurs de la NHL (respectivement 9e et 5e). Il est généralement jumelé au jeune Jacob Trouba, qui, à sa troisième saison en NHL, a enfin dépassé les 65 matches joués, réalisant une saison complète (81 matches). Malheureusement pour lui, cela ne s’est pas accompagné d’une amélioration de ses statistiques offensives, qui stagnent malgré le temps supplémentaire passé sur la patinoire. A sa décharge, jouer avec Byfuglien, qui aime participer au jeu offensif, implique d’être très discipliné tactiquement et de défendre parfois pour deux. Actuellement agent libre avec restriction, il négocie encore son prochain contrat avec la direction de l’équipe.
L’autre paire, formée sur le même moule, est composée de Tyler Myers et Tobias Enström. Si le Suédois assure le rôle de stabilisateur, n’assumant plus le même rôle offensif que lors des deux dernières saisons de la franchise à Atlanta, Winnipeg attend toujours patiemment que Myers retrouve son impact de ses premières saisons. Si les statistiques n’ont pas été à la hauteur de ses premiers mois dans l’uniforme des Jets au printemps 2015, son jeu a néanmoins donné satisfaction en 2015-2016. Pour la troisième paire, le vétéran Mark Stuart et Ben Chiarot, un Ontarien de 25 ans patiemment développé en interne, semblent tenir la corde (respectivement 64 et 70 matches joués l’an dernier). La concurrence sera un peu moins rude pour ces postes, Jay Harrison et Adam Pardy ayant fait leurs valises en cours de saison dernière. Brian Strait, arrivé des Islanders comme agent libre cet été, sera leur principal concurrent, en compagnie de Paul Postma. Enfin, Josh Morrissey, choix de première ronde en 2013, a pu goûter à un match de NHL l’an dernier, mais, sauf surprise, devrait continuer de faire ses armes en AHL.
…et dans les buts
Malgré la stabilité et un certain succès en 2014-2015, la défense manitobaine n’a pas particulièrement brillé l’an dernier (2,88 buts encaissés/match, 22e, et 78,4% de réussite en infériorité numérique, 25e). La faute à des gardiens qui n’auront pas su maintenir un niveau de performances suffisant. Ni Ondrej Pavelec (33 matches), ni Michael Hutchinson (30 matches) n’ont présenté des statistiques dignes d’un bon gardien n°1 de NHL (autour de 90,5% d’arrêts et 2,8 buts encaissés/match tous les deux). Quand Pavelec s’est blessé, Paul Maurice a donc été contraint de lancer le jeune Connor Hellebuyck (23 ans), qui s’en est mieux tiré (91,8% d’arrêts et 2,34 buts encaissés par match). Surtout, il a signé autant de victoires que Pavelec (13) et enregistré 2 des 3 blanchissages récoltés par les gardiens des Jets. Suffisant pour s’assurer d’un poste au sein de l’équipe nord-américaine des moins de 23 ans à la prochaine « Coupe du Monde » de hockey, mais pas pour convaincre Cheveldayoff d’échanger un de ses deux gardiens avec un contrat garanti NHL pour lui faire de la place. Mais si Pavelec et Hutchinson devraient se voir confier une nouvelle chance de mener les Jets en séries, le premier n’a plus qu’un an de contrat et le second n’a encore pas su prouver qu’il avait l’étoffe d’un numéro 1. Hellebuyck aura donc l’occasion de s’emparer du poste, et s’il se montre au niveau, les Jets seront rapidement très compétitifs.
De la place pour les jeunes en attaque
En effet, si le rendement de l’équipe au complet n’a pas été particulièrement brillant dans ce secteur l’an dernier (2,59 buts/match et 8,74% de réussite sur les tirs, 20e dans les deux cas), des jours meilleurs s’annoncent pour les prochaines années. Ladd parti, l’équipe peut toujours compter sur ses deux autres piliers offensifs de ces dernières saisons, Blake Wheeler (78 points en 2014-2015, meilleure saison personnelle) et Bryan Little, rétabli de sa blessure. En son absence, c’est le jeune Mark Scheifele (23 ans) qui s’est emparé avec brio du poste de premier centre (lire ci-contre). Avec 29 buts et 61 points en 71 matches, il semble avoir franchi un cap, et s’est réengagé avec les Jets pour 8 ans et 49 millions de dollars cet été. Trois autres jeunes semblent promis à tirer l’équipe vers le haut en sa compagnie. Le Danois Nikolaj Ehlers (20 ans) tout d’abord, auteur d’une bonne première saison l’an dernier (38 points en 72 matches). Encore irrégulier, il a connu un passage à vide après un bon départ et avant une excellente fin de saison. Mais, outre sa fluidité sur patins, il s’est fait remarquer par des stats intéressantes en générations de tirs et d’occasions de buts. Quand il s’inscrit sur la feuille de pointage, il est d’ailleurs le plus souvent directement décisif (très peu d’assistances secondaires). Kyle Connor, premier choix de l’équipe en 2015, a tellement dominé pour sa première saison dans la NCAA (71 points en 38 matches) qu’il a été nommé pour l’obtention du trophée Hobey Baker et que les Jets lui ont fait signer un contrat pro dès cet été, même s’il pourrait d’abord débuter dans l’AHL. Le troisième larron n’est autre que le Finlandais Patrik Laine, qui n’a pas encore posé un patin en NHL mais a mis toute la Ligue en émoi l’an dernier, tant la liste de ses accomplissements pour un joueur de 18 ans est impressionnante : champion de la SM-Liiga avec le Tappara Tampere, meilleur joueur des séries éliminatoires, meilleur rookie, vainqueur du championnat du monde des -20 ans et finaliste du championnat du monde, désigné à chaque fois sur l’équipe-type de fin de tournoi. Avec, à la clé, des stats pour défendre ses lauriers. Et surtout des buts. Car Laine n’a pas la vitesse de Selänne mais dispose d’un tir ravageur. Ou plutôt d’une palette de tirs, puisqu’il impressionne aussi bien avec son tir des poignets qu’avec son lancer frappé en supériorité numérique. C’est simple, le dernier rookie à débarquer dans la NHL avec une réputation aussi flatteuse que Laine dans ce domaine est un certain Alexander Ovechkin…
Derrière ces six talents, savant mélange de valeurs sûres et de promesses hors normes, on retrouve des vétérans assurant une profondeur suffisante à l’équipe de Paul Maurice. Drew Stafford et Mathieu Perreault sont bons pour une quarantaine de points et lutteront pour le dernier poste sur le top 6 ou accompagneront Alexander Burmistrov sur le 3e trio. Adam Lowry, un peu en retrait pour sa 2e saison l’an dernier, semble également avoir son poste acquis, tout comme Shawn Matthias, acquis des Maple Leafs cet été. Le vétéran Chris Thorburn et le jeune Adrew Copp partent, eux, avec une longueur d’avance pour les deux derniers postes après une saison complète. Quinton Howden, laissé libre par les Panthers et signé pour un an, ainsi que les espoirs Joel Armia, Marko Daňo et Nic Petan feront leur possible pour leur ravir leur place. Anthony Peluso, J.C. Lipon et Brandon Tanev essaieront également de grapiller du temps de glace. Côté départs, le joueur de 4e trio Matt Halischuk et Patrice Cormier, qui n’aura pas réussi à s’imposer, sont les seuls à avoir vidé leur casier cet été.
Le lineup probable
Nikolaj Ehlers (#42) – Mark Scheifele (#55) – Blake Wheeler (#26)
Patrik Laine (#29) – Bryan Little (#18) – Nikolaj Drew Stafford (#12)
Kyle Connor (#41) – Mathieu Perreault (#85) – Alexander Burmistrov (#6)
Shawn Matthias (#16) – Adam Lowry (#17) – Chris Thorburn (#22)
Andrew Copp (#9)
Dustin Byfuglien (#33) – Jacob Trouba (#8)
Tobias Enström (#39) – Tyler Myers (#57)
Mark Stuart (#5) – Ben Chiarot (#7)
Brian Strait (#47)
Ondrej Pavelec (#31)
Michael Hutchinson (#34)
Coach : Paul Maurice
WINNIPEG JETS
Création: 1999. Arrive à Winnipeg en 2011.
Ancien nom: Atlanta Thrashers
Propriétaires: True North Sports & Entertainment, dirigé par Mark Chipman, depuis 2011
Patinoire: MTS Center
Palmarès: aucun
Equipe affiliée AHL:
Manitoba Moose
L’AN DERNIER
11e de la Conférence Ouest avec 78 points.
Meilleur pointeur : Blake Wheeler (78 points)
Meilleur buteur : Mark Scheifele (29 buts).
Le joueur à suivre : MARK SCHEIFELE
Forcé d’assumer de nouvelles responsa-
bilités quand Bryan Little est tombé au combat, Mark Scheifele a répondu avec brio, assumant le rôle de premier centre de l’équipe. Il termine ainsi meilleur buteur de l’équipe, tout près du plateau des 30 buts, et passe le cap des 60 points. Cinq ans après son repêchage, il ressemble enfin à ce centre complet attendu par les Jets : doté d’un solide gabarit, capable de faire marquer les autres (comme Ehlers, il s’est distingué par son taux impressionnant de premières assists) et de marquer lui-même, il ne lui reste plus qu’à confirmer. S’il repart avec les mêmes ailiers qu’en fin de saison dernière, où il a fait parler la poudre en compagnie d’Ehlers et Wheeler, il aura toutes les cartes en main
La relève :
LAINE N’EST PAS SEUL
Classement ESPN: 3e
Repêché au 2e rang en juin dernier, Patrik Laine aura fait trembler Auston Matthews, promis au premier rang. Le jeune sniper, seul (en club et aux championnats du monde) ou avec l’autre gros espoir Finlandais, Jesse Puljujärvi (au mondial U20) aura fait écarquiller bien des yeux par sa capacité à marquer, au point de susciter des comparaisons flatteuses. Ovechkin, donc, mais aussi Jaromir Jagr pour sa capacité à protéger le palet. Il lui reste désormais le plus dur : faire ses preuves contre les meilleures défenses et gardiens du monde.
Derrière la tête d’affiche Laine, de nombreux jeunes pointent aux portes de la NHL. Certains y ont déjà goûté l’an dernier, comme Connor Hellebuyck (130e overall en 2012) dans les buts, Josh Morrissey (13e overall en 2013) en défense, Marko Daňo (27e overall en 2013), Nic Petan (43e overall en 2013), Joel Armia (16e overall en 2011, choix des Sabres) et Scott Kosmachuk (70e overall en 2013) en attaque. Kyle Connor (17e overall en 2015) devrait y goûter cette année. Les autres joueurs notables sont le gardien Eric Comrie (59e overall en 2013), qui devrait disputer à Hellebuyck le poste de numéro 1 dans le futur, le fils de Claude Lemieux, Brendan (31e overall en 2014), et un trio d’attaquants repêchés en 2015 : Jack Roslovic (25e), Jansen Harkins (47e) et Michael Spacek (108e).
Le pronostic de TPPQB
Difficile de prédire si les Jets parviendront à se qualifier pour les séries cette saison, tant la marge d’erreur est faible dans la division Centrale. Si l’avenir semble prometteur, entre une défense solide et relativement jeune (Byfuglien et Enström ont 31 ans) et une attaque qui pourrait vite être inarrêtable, la clé de la réussite résidera dans la capacité de Cheveldayoff à trouver un gardien numéro 1. Celui-ci ne devrait, à terme, être ni Pavelec, ni Hutchinson. A court terme, s’ils retrouvent leur niveau d’il y a deux ans, les Jets se mêleront à la bagarre et tenteront d’aller gagner un premier match de playoffs dans l’histoire de la franchise. Sinon il faudra confier les rênes à Hellebuyck ou se tourner vers le marché des échanges.