Season preview 2016-2017 : Colorado Avalanche

Western Conference – Central division


Roy délaisse son trône

Pour Patrick Roy, la brillante première saison réalisée par son équipe voici trois saisons est loin. En désaccord avec sa direction, l’ancien gardien étoile a démissionné cet été à la surprise générale

 

Peu d’équipes ont autant de potentiel offensif que l’Avalanche du Colorado. Mais peu d’équipe l’utilisaient plus mal que l’équipe drivée  par Patrick Roy. L’ancien gardien mythique avait fait très fort pour sa première année à la tête de la franchise qui lui avait permis de décrocher ses deux dernières coupes Stanley. 112 points, une troisième place dans toute la ligue, et l’impression, malgré une élimination au premier tour des playoffs, que la collections d’espoirs talentueux de l’Avalanche étaient partis pour devenir une équipe dominante. Sauf que deux saisons se sont écoulées depuis cette année inaugurale, et que l’équipe de Roy a échoué dans les grandes largeurs avec des récoltes de 90 points, puis 82 l’an dernier. Insuffisant, bien entendu, pour accrocher les playoffs. La faute à une attaque qui ne produit pas à la hauteur de son talent, mais surtout à un secteur défensif clairement en dessous du niveau requis pour être compétitif, notamment à l’ouest. La faute aussi, et c’est ennuyeux au vu du cv de leur entraîneur principal, à des gardiens au rendement insuffisant. La saison dernière a en outre été marquée par plusieurs controverses, autour de Matt Duchene, dont le nom a circulé dans les rumeurs, ou de Tyson Barrie, qui a dû attendre les toutes dernières minutes de la période de négociation pour renouveler son bail (4 ans, 22M$). Malgré le pedigree de joueur de son entraîneur, et celui de son DG, l’immense Joe Sakic, la franchise de Denver semble n’aller nulle part.  A l’image de la décision de récupérer le très convoité Mikkel Boedker au moment de la trade deadline… pour voir le Danois signer avec San Jose à l’ouverture de la saison des agents libres, sans que sa venue n’ait permis d’accrocher les playoffs.
Cet été a pourtant été celui d’une certaine continuité. Les plus gros noms à rejoindre le Colorado sont les défenseurs Patrick Wiercioch (contrat d’1 an, 800 000$), en rupture de ban avec Ottawa, Fedor Tyutin (1 an, 2M$),  et le centre Joe Colborne (2 ans, 5M$), des éléments de complément, qui ne vont certainement pas révolutionner l’alignement de Patrick Roy. A l’inverse, Joe Sakic s’est employé à prolonger ses joueurs. Nathan MacKinnon a ainsi signé un riche contrat de 7 ans et 44,1 M$, Tyson Barrie s’est engagé pour quatre ans, Mikhail Grigorenko a rempilé pour un an (1,3M$) et Calvin Pickard pour deux (2M$). Mais ça, c’était avant le 11 août et la démission surprise du colérique entraîneur. Pour se justifier, Roy a mis en avant des divergences avec la direction, et notamment son ancien partenaire Joe Sakic. Difficile d’en savoir plus avec certitudes. D’aucuns ont émis l’hypothèse que la volonté du front office de conserver Tyson Barrie et Matt Duchene n’était pas partagée par Roy, qui aura donc décidé de passer à autre chose. Pour le remplacer, Sakic a décidé de faire confiance à Jared Bednar, un nouveau venu à ce niveau qui s’est illustré l’an dernier en amenant Cleveland, la farm team de Columbus, jusqu’à la Coupe Calder.

Un premier trio explosif
L’attaque de la franchise de Denver, on le disait, ne produit par autant qu’on pourrait l’espérer vu la collection de joueurs de talent qui y figurent (2,59, 20e de la ligue), et malgré un power play honnête (18%, 19e de la ligue). Cette année, elle devra compter sur la progression de ses jeunes joueurs pour enfin passer un cap. A commencer par les trois pensionnaires du premier trio, Gabriel Landeskog (23 ans), Matt Duchene (25 ans) et Nathan McKinnon (21 ans). Le premier est un ailier rapide, puissant, qui démontre beaucoup d’intensité. Vite affublé du « C » du capitaine, il subit une légère érosion de ses stats offensives (de 65 à 53 points en trois saisons). Matt Duchene, lui, a connu une drôle de saison. D’abord médiocre, au point de voir son nom régulièrement mentionné dans les rumeurs de transferts. Puis, comme piqué par cette éventualité, il a subitement accéléré pour finir avec une saison correcte (59 points, dont 30 buts). Une saison terminée par une polémique, Patrick Roy lui reprochant d’avoir célébré son 30e but avec un peu trop d’emphase lors d’une défaite qui mettait les espoirs de playoffs de son équipe en grand danger… Enfin Nathan MacKinnon a connu une saison plus conforme aux attentes après avoir été frappé de plein fouet par le sophomore slump l’année précédente. Sa vitesse exceptionnelle devrait lui permettre de construire et de dépasser rapidement des stats pourtant déjà intéressantes  (22 buts, 52 points). Sur la deuxième ligne, on devrait retrouver le Suédois Carl Söderberg, arrivé de Boston l’été précédent et qui a surmonté un départ poussif pour signer sa meilleure saison NHL. Il sera associé au rapide et gritty Blake Comeau, et à la légende Jarome Iginla. Le vétéran canadien a montré quelques signes de déclin l’an dernier (seulement 47 points, 12 de moins que l’année précédente), mais il demeure une sérieuse menace offensive, tout en ajoutant une touche d’agressivité qui ne peut que faire du bien à sa jeune équipe.

La troisième ligne, clef du rebond des Avs?
Ces deux premières lignes ont les moyens de hausser leur contribution. Mais si amélioration il doit y avoir en attaque, elle viendra probablement du troisième trio, composé de Joe Colborne, Mikhail Grigorenko et Mikko Rantanen. Le premier arrive de Calgary après une belle saison, sa plus productive en carrière (44 points, dont 19 buts). Une éclosion tardive pour ce grand gabarit plein de talent, mais qui a eu du mal à s’installer en NHL. Playmaker doué, il devra mettre dans les meilleures conditions deux partenaires de trio talentueux, mais qui ont encore beaucoup à prouver. Rantanen, parce qu’il devrait –  à condition de faire sa place lors du camp d’entraînement – disputer sa première vraie saison NHL. Le gros ailier finlandais s’est montré dominant en AHL avec San Antonio, et lors du mondial junior. Il montre déjà une belle maturité dans son jeu two way. Quant à Mikhail Grigorenko, il a su produire l’an dernier malgré un temps de Chiffre_COLglace réduit. Si l’on peine à l’imaginer un jour se développer à la hauteur de son immense potentiel, le fait qu’il ait accepté un rôle réduit et continué de progresser est encourageant. Si ces trois joueurs produisent, le secondary scoring ne sera plus un problème pour l’Avalanche. Et ce, quoi que produise la quatrième unité, composée de deux role players, le rugueux Cody McLeod et le polyvalent John Mitchell, et d’une curiosité, l’un des rares Norvégiens de la ligue, Andreas Martinsen. On pourrait également y voir le minuscule mais talentueux Rocco Grimaldi, acquis en fin de saison

Défense dense, gardiens suspects
En défense, Colorado va devoir passer rapidement un cap. Avec 2,93 buts encaissés par match (24e bilan de la ligue), impossible ou presque de se tailler une place en séries. L’Avalanche devra notamment améliorer son rendement en infériorité numérique (80,2% d’efficacité, 24e de la ligue). Elle s’appuiera une nouvelle fois cette année sur Erik Johnson comme leader défensif. Sa saison 2014-2015, démarrée sur des bases record, s’était interrompue brutalement suite à une entorse du genou. L’an dernier, l’ancien numéro 1 du repêchage 2006 a mis un peu de temps à retrouver le rythme, mais il a fini fort. Il devrait être associé, comme l’an dernier, à François Beauchemin. Le Québécois, plus défensif que son binôme, reste une machine à avaler le temps de glace, même à 36 ans (plus de 25 minutes par match). C’est un remarquable shot blocker, et il a connu l’an dernier sa meilleure saison offensive en carrière (34 points). Le tandem a mis un peu de temps à se trouver, mais avec un an de vécu commun, il devrait apporter plus de solidité encore.
Sur la deuxième paire, on retrouvera Tyson Barrie, qui a donné des frissons aux fans de Colorado en évitant de peu l’arbitrage salarial. Son jeu, très axé sur l’attaque, lui vaut quelques détracteurs. Mais ses 49 points sont une contribution précieuse (13e scoreur de la ligue parmi les défenseurs). Il comptera certainement sur son partenaire, le colosse russe Nikita Zadorov pour assurer ses arrières. Zadorov a connu une première saison délicate avec Colorado, où il a été échangé l’été dernier pour Ryan O’Reilly. Plusieurs allers-retours avec l’AHL ont soumis la confiance du jeune défenseur à rude épreuve. Mais le potentiel est considérable avec Zadorov, puissant, dur, et capable, à terme d’être aussi une menace offensive. Attention quand même, il pourrait être soumis à la concurrence de Chris Bigras. Moins flashy que Zadorov, l’arrière canadien a fait de bonnes choses en  NHL l’an dernier. Son jeu tout en rigueur et en simplicité peut inciter Patrick Roy a lui confier plus de responsabilités. La troisième paire associera, elle le solide, mais vieillissant Fedor Tyutin à Eric Gélinas. L’ancien espoir des Devils a été acquis à la trade deadline. Son gabarit et son jeu offensif sont attractifs, mais il doit progresser rapidement dans sa lecture défensive. L’ensemble ne manque pas de qualité, et devrait pouvoir, a minima, ramener les stats défensives de l’Avalanche à des niveaux plus respectables. A condition, et c’est une condition importante, que les gardiens fassent le travail derrière elle. Semyon Varlamov, le numéro 1, n’a pas réussi à retrouver le niveau de sa remarquable première saison dans le Colorado (lire ci-contre). Sa doublure devrait être le jeune Calvin Pickard, qui s’est montré nettement supérieur au Suisse Reto Berra à chaque fois que l’on a fait appel à lui lors des deux dernières saisons. Sans doute pas au point de menacer Varlamov, mais Colorado a la chance de compter avec lui sur un solide backup.


Le lineup probable

Gabriel Landeskog (#92) – Matt Duchene (#9) – Nathan MacKinnon (#29)
Blake Comeau (#14) – Carl Söderberg (#34) – Jarome Iginla (#12)
Mikhail Grigorenko (#25) – Joe Colborne (#8) – Mikko Rantanen (#96)
Andreas Martinsen (#27) – John Mitchell (#7) – Cody McLeod (#55)
Rocco Grimaldi (#23)

François Beauchemin (#32) – Erik Johnson (#6)
Nikita Zadorov (#16) – Tyson Barrie (#4)
Eric Gélinas (#44) – Fedor Tyutin (#51)
Chris Bigras (#46)

Semyon Varlamov (#1)
Calvin Pickard (#31)

Coach: Jared Bednar


COLORADO AVALANCHE
Création: 1972 (WHA). Rejoint la NHL en 1979. Arrive à Denver en 1995.
Anciens noms: Québec Nordiques
Propriétaires: Ann Walton Kroenke depuis 2015
Patinoire: Pepsi Center
Palmarès: 2 Stanley Cups (1996, 2001)
Equipe affiliée AHL:
San Antonio Rampage

L’AN DERNIER
9e
de la Conférence Ouest avec 82 points.
Meilleur pointeur et buteur : Matt Duchene (59 points, 30 buts).

Le joueur à suivre : SEMYON VARLAMOV

Où est passé le « Varly » de la première saison? Brillant candidat au trophée Vézina lors de ses débuts à Colorado, le gardien russe régresse depuis. Sa moyenne de buts encaissés (2,81) et son pourcentage d’arrêts (9,14) ne sont pas dignes d’un bon numéro 1 dans la NHL. Et dans les deux catégories, Varlamov a encore régressé la saison dernière. Le rebond est indispensable pour l’ancien des Capitals de Washington. Sinon, il y a fort à parier que Colorado cherchera une solution pour se débarrasser de son lourd contrat (5,9M$ par saison pendant encore trois ans).

La relève :
OÙ SONT LES ARRIÈRES?

Mikko Rantanen

Classement ESPN: 21e
Si l’on peut imaginer Mikko Rantanen (10e overall en 2015) figurer dès cette saison dans le lineup de l’Avalanche, la banque d’espoirs de Colorado devient tout de suite moins sexy. Le meilleur espoir est sans doute le nouveau venu Tyson Jost (10e overall en juin), un petit centre hypercompétitif que l’on a comparé à Jonathan Toews. En attaque, on citera également Cameron Morrison (40e overall en juin), un gros ailier scoreur au jeu abrasif. En défense, le défensif Chris Bigras (32e overall en 2013), très proche du niveau NHL, est le principal espoir de l’organisation, alors que Duncan Siemens (11e overall en 2011) a été prolongé, mais ne donne plus guère d’espoirs de devenir un joueur d’impact.

Le pronostic de TPPQB

Difficile de miser gros sur Colorado, qui doit compter sur plusieurs inconnues. Les jeunes attaquants, et notamment le troisième trio doivent passer un palier comme la défense, et notamment Nikita Zadorov. Et surtout, les gardiens doivent hausser nettement leur niveau si Colorado veut accéder aux playoffs. Jared Bednar va tenter d’apporter un nouveau souffle à un groupe talentueux, mais qui joue en dessous de son potentiel. Mais la logique voudrait que l’Avalanche manque les playoffs cette année encore.