Season preview 2016-2017 : Calgary Flames
Western Conference – Pacific division
Ils se sont brûlé les ailes

Sean Monahan et les Flames doivent rebondir après une saison ratée. Et vite, pour ne pas s’enfermer dans une trajectoire à la Colorado…
C’est ce qu’on appelle un douloureux retour à la réalité. Belle surprise de la saison précédente, qui les avait vus se glisser en playoffs pour ne céder qu’en demi finale de conférence face aux Ducks d’Anaheim, les Flames de Calgary ont retrouvé une position plus conforme à leur niveau récent l’an dernier: tout en bas du classement. Un sort que les spécialistes des statistiques avaient prédit, arguant que les chiffres de possession de l’équipe de Bob Hartley ne lui permettrait pas de continuer à gagner. Une prophétie qui s’est, malheureusement pour la franchise albertaine, concrétisée l’an dernier, avec notamment un rendement défensif atroce (30e défense de la ligue avec 3,13 buts encaissés par match, pire PK de la ligue avec 75,5%). La faute notamment à des gardiens à la dérive. Les Flames étaient en effet la seule équipe de la ligue avec un pourcentage d’arrêt inférieur à 90% (89,2%). Difficile, voire impossible de présenter un bilan positif dans ces conditions.
Vainqueur du trophée Jack Adams de meilleur coach la saison précédente, Bob Hartley n’a pas survécu à ce naufrage, pas plus que son assistant Jacques Cloutier. Un renvoi express qui en dit long sur la confiance mesurée que lui faisait le front office des Flames. Brad Treliving, le DG, a pris ensuite un bon mois et demi pour choisir son nouvel entraîneur, et a choisi Glen Gulutzan. Un choix qui peut surprendre. Gulutzan n’a en effet qu’une expérience mitigée au compteur, avec les Stars de Dallas (2011-2013). En deux saisons, le Manitobain n’a pas pu accrocher les playoffs avec la franchise texane, qui a fini par le remercier. Gulutzan est ensuite devenu assistant coach pour les Canucks, sous John Tortorella puis Willie Desjardins. C’est son travail avec les jeunes joueurs, notamment avec les Canucks, que le front office des Flames a mis en avant pour justifier son embauche.
Cette décision radicale n’a pas été la seule prise cet été par Brad Treliving. Le DG des Flames a choisi de laisser partir pas moins de quinze joueurs – dont cinq (!) gardiens – parmi lesquels quelques noms importants, comme Jonas Hiller, Kari Ramo ou Joe Colborne. Sans oublier Kris Russell et Jiri Hudler, échangés à la trade deadline. A l’inverse, plusieurs éléments ont rejoint l’Alberta cet été. Troy Brouwer, très bon en playoffs, a été signé comme agent libre (4 ans, 18M$), comme Linden Vey (1 an, 700 000$) et le gardien remplaçant Chad Johnson (1 an, 1,7M$). Les Flames ont aussi tenté un pari avec Daniel Pribyl, un ancien choix de 6e ronde du Canadien que Montréal n’a jamais mis sous contrat. Cet ailier gros gabarit a fait des étincelles dans le championnat tchèque, et il pourrait surprendre. Surtout, Treliving est allé chercher le deuxième gardien des Blues, Brian Elliott, échangé en retour du 35e choix du dernier repêchage et d’un choix conditionnel de troisième ronde en 2018. Enfin, les Flames se sont séparés du défenseur Patrick Sieloff pour mettre la main sur Alex Chiasson, en difficulté à Ottawa, mais qui avait montré des choses intéressantes à Dallas, notamment sous la direction de Gulutzan.
Gaudreau, le micro-magicien
Même si elle a perdu Colborne et Hudler, auteurs d’une bonne saison l’an dernier, marquer des buts des Flames ne devrait pas être le problème majeur du nouvel entraîneur. L’an dernier, Calgary affichait la 14e meilleure attaque de la ligue (2,79 buts par match), malgré un powerplay assez quelconque (17%, 22e de la ligue). Une production en bonne partie générée par le premier trio Gaudreau-Monahan-Hudler. Le dernier nommé sera remplacé par Troy Brouwer, cette saison, dans un style très différent. Autant Hudler est un joueur tout en finesse, adroit et technique, autant Brouwer est un ailier tout en puissance et en agressivité, volontaire pour aller au filet, et qui semble s’être trouvé une touche offensive depuis quelques saisons. A gauche, on retrouvera Johnny Gaudreau, la vedette offensive de l’organisation. Le (tout) petit ailier US, aussi rapide et volontaire que technique et créatif, a passé un palier supplémentaire l’an dernier. « Johnny Hockey » a pour la première fois de sa carrière touché le plateau des 30 buts, et ajouté 14 points à sa récolte de la saison précédente, pour frôler la barre du point par match (78 points en 79 matchs, 6e scoreur NHL). Joueur très spectaculaire, Gaudreau sera très attendu cette saison. Comme le pivot de ce trio, Sean Monahan, qui s’est engagé à long terme avec les Flames cet été (7 ans, 44,625M$). Moins flashy que son ailier gauche, l’Ontarien est un excellent playmaker, constant et productif, qui n’a eu besoin que de deux saisons pour s’établir comme une valeur sûre de la ligue.
La deuxième unité est sensiblement moins talentueuse, avec au centre Mikael Backlund, un centre two way suédois qui a haussé singulièrement sa production l’an dernier, avec 47 points. A confirmer, mais le mélange de playmaking et d’une volonté constante de s’impliquer physiquement sont attractifs. A son aile droite, on devrait retrouver Michael Frolik, un ailier tchèque solide et expérimenté, avec qui la complémentarité a été quasi immédiate l’an dernier. Frolik est polyvalent, fiable, même si ses qualités ne feront jamais de lui un véritable joueur de premier trio. Matthew Tkachuk, lui, le sera peut-être un jour, mais il a un peu de chemin devant lui. Le 6e choix overall en en juin dernier a connu une énorme saison l’an passé avec London. Beaucoup d’observateurs le pensent capable d’évoluer d’entrée de jeu dans le top 6 des Flames, mais cela reste un pari, qui se jouera, en bonne partie, lors du prochain camp d’entraînement.
Bennett, apprentissage en bonne voie
Sur la troisième unité, la jeunesse sera une nouvelle fois à l’honneur, avec 22 ans de moyenne d’âge. Elle sera pilotée par Sam Bennett, ancien 4e choix overall en 2014. L’ex-vedette des Kingston Frontenacs a connu une saison rookie plutôt satisfaisante, même s’il n’a pas toujours bénéficié du temps de glace espéré. Solide contributeur (18 buts, 36 points), Bennett a aussi fait honneur à sa réputation de joueur très intense, contre qui un adversaire ne prendra pas beaucoup de plaisir à jouer. Il doit, comme tout débutant, gagner en constance, et polir son jeu défensif, mais c’est un début encourageant. Hunter Shinkaruk, lui, ressemble fort à une nouvelle gaffe de Jim Benning. Le DG des Canucks s’est débarrassé du petit ailier en retour de Markus Granlund. Après des débuts difficile, Shinkaruk avait pourtant bien redressé la barre en AHL. Et il a poursuivi sur sa lancée avec le Stockton Heat (la franchise affiliée des Flames en AHL), et s’est même offert 7 matchs en NHL (pour 3 points). L’ancien de Medicine Hat est un ailier rapide et doué offensivement. Il a le potentiel pour évoluer sur un top 6 NHL à moyen terme malgré son petit gabarit. Le gabarit, ce ne sera par contre pas le problème de Micheal Ferland. Pour sa deuxième saison avec le grand club, l’ailier a déçu. Brillant lors des playoffs la saison précédente, il n’a pas trouvé la constance, et s’est révélé un piètre contributeur offensif (4 buts, 18 points). Joueur costaud et agressif, Ferland doit désormais définir son rôle. Est-il juste un banger de quatrième trio, ou peut-il jouer plus haut dans un alignement et apporter une contribution offensive?
La quatrième paire devrait, elle, associer Lance Bouma, qui n’a pu confirmer sa très belle saison 2014-2015, en partie à cause des blessures, le vétéran Matt Stajan, qui laisse entrevoir un début de déclin, et le nouveau venu Alex Chiasson. On pourrait également y voir le costaud Brandon Bollig, ou Linden Vey, décevant l’an dernier avec les Canucks. Cette attaque ne manque pas de talent, mais certainement d’expérience, même si l’apport de Brouwer devrait faire du bien.
Brodie-Hamilton-Giordano, les trois piliers
En défense, les Flames s’appuient sur un trio majeur: TJ Brodie, Mark Giordano et Dougie Hamilton. Le premier est une révélation depuis quelques saison. Cette ancien choix de 4e ronde menait les Flames au temps de glace l’an dernier avec plus de 25 minutes par match, tout en contribuant régulièrement à l’attaque (45 points, 18e scoreur de la ligue parmi les défenseurs). La dégradation du niveau de jeu de Calgary en son absence était patent. Mark Giordano, lui, a connu l’an passé la meilleure saison offensive de sa carrière avec 56 points, de quoi faire de lui le 6e meilleur scoreur parmi les défenseurs, devant des joueurs comme Ekman-Larsson ou Byfuglien. Seul Brent Burns a inscrit l’an dernier plus de buts que le Torontois, bien remis d’une blessure au biceps qui lui a certainement coûté une nomination au trophée Norris la saison précédente. Le troisième larron, Dougie Hamilton, a , lui, mis un peu de temps à s’adapter à une nouvelle équipe, à un nouveau système, et à une Conférence Ouest au jeu nettement moins ouvert. Le début de saison a été plus que pénible pour l’ancien Bruin, mais progressivement, Hamilton a retrouvé ses moyens, notamment offensivement. Grand, costaud, mobile, il a tout pour s’installer comme un arrière de référence dans sa nouvelle équipe. Il devrait évoluer cette année avec Jyrki Jokipakka, acquis en cours de saison dernière dans l’échange qui a envoyé Kris Russell à Dallas. Le Finlandais est puck mover au gabarit solide, qui, s’il n’a pas un potentiel offensif considérable, est efficace dans sa zone. Le très surpayé Dennis Wideman a lui connu une saison plus que difficile. Agressif, mais limité, il a peiné toute l’année, jusqu’au moment où une illumination l’a poussé à frapper un arbitre avec sa crosse, dans le dos qui plus est, ce qui lui a valu une suspension de 20 matchs plus que méritée. Il pourrait évoluer avec l’autre joueur au contrat totalement absurde du roster des Flames, Deryk Engelland (8,75M$ sur trois ans, un deal, qui prendra fin en juin prochain). Engelland est un vétéran, capable d’amener une dimension physique, mais c’est un piètre défenseur. Sans les blessures qui l’accablent, il serait certainement dépassé depuis longtemps par Ladislav Smid, mais ce dernier n’a pas disputé une minute l’an passé, blessé au cou. Le Tchèque rejouera-t-il un jour en NHL? S’il ne devait y parvenir, c’est sans doute le jeune Tyler Wotherspoon ou le free agent tchèque Jakub Nakladal qui s’y colleront. L’ensemble paraît bien déséquilibré entre un top 3 de très haut niveau, et un bottom 3 faiblard, mis à part Jokipakka.
Les gardiens risquent donc d’avoir du travail. Et vu les stats abyssales du trio Hiller-Ramo-Ortio l’an passé, les nouveaux venus Brian Elliott et Chad Johnson ne devraient pas avoir de mal à faire mieux. Elliott va tout de même devoir apprendre à faire sans le très hermétique système de Ken Hitchcock, grâce auquel il a brillé pendant son séjour chez les Blues. Mais c’est une belle opportunité pour l’ancien d’Ottawa de s’illustrer un rôle de numéro 1, que ne lui contestera certainement pas Chad Johnson, même s’il a dû s’employer l’an dernier à Buffalo du fait de la blessure de Lehner (45 matchs, 2,36 buts encaissés en moyenne, 92% d’arrêts).
Le lineup probable
Johnny Gaudreau (#13) – Sean Monahan (#23) – Troy Brouwer (#36)
Matthew Tkachuk (#8) – Mikael Backlund (#11) – Michael Frolik (#67)
Hunter Shinkaruk (#49) – Sam Bennett (#63) – Micheal Ferland (#79)
Lance Bouma (#17) – Matt Stajan (#18) – Alex Chiasson (#39)
Linden Vey (#10)
Mark Giordano (#5) – TJ Brodie (#7)
Dougie Hamilton (#25) – Jyrki Jokipakka (#3)
Dennis Wideman (#6) – Deryk Engelland (#29)
Ladislav Smid (#15)
Brian Elliott (#1)
Chad Johnson (#31)
Coach: Glen Gulutzan
CALGARY FLAMES
Création: 1972. Arrivée à Calgary en 1980
Anciens noms: Atlanta Flames.
Propriétaires: Calgary Sports and Entertainment depuis 1980, présidé par N. Murray Edwards.
Patinoire: Scotiabank Saddledome
Palmarès: 1 Stanley Cup (1989)
Equipe affiliée AHL:
Stockton Heat
L’AN DERNIER
12e de la Conférence Ouest avec 77 points.
Meilleur pointeur et buteur : Johnny Gaudreau (78 points, 30 buts).
Le joueur à suivre :
BRIAN ELLIOTT
Vu le naufrage des gardiens des Flames l’an dernier, le poste était bien évidemment la priorité de Brad Treliving cet été. Plutôt que Ben Bishop, le DG des Flames a opté pour Elliott, souvent très bon à St Louis depuis de longues années, mais jamais installé seul numéro 1. A 31 ans, Calgary lui confie ce statut pour la première fois, avec, en outre, un backup peu menaçant. Il peut être la clef du renouveau des Flames. Attention quand même, il débarque dans une équipe forcément moins structurée que les Blues, qui sont sans doute l’une des toutes meilleures formations de toute la ligue de ce point de vue.
La relève :
LA QUALITÉ
ET LA QUANTITÉ
Classement ESPN: 9e
Calgary affiche un roster
NHL à la moyenne d’âge peu élevée. Mais les Flames pourraient bien rajeunir encore à l’avenir, vue la densité de leur banque d’espoirs. Le plus beau talent est certainement Matthew Tkachuk (6e overall en 2016), un power forward scoreur que certains projettent en NHL à très court terme. Signé cet été, Daniel Pribyl (168e overall en 2011, choix de Montréal) est un autre gros gabarit qui s’est révélé avec le Sparta Prague, en Extraliga. Un pari intelligent pour les Flames. Emile Poirier (22e overall en 2013), lui, est un ailier rapide et adroit qui a connu une première saison d’adaptation en AHL. Mais il conserve un potentiel intéressant. Citons aussi, en attaque, le costaud Brett Pollock (45e overall en 2014, choix des Stars), le petit sniper Morgan Klimchuk (28e overall en 2013) ou un autre petit gabarit, repêché cet été, Dillon Dube (66e overall). Voilà de quoi donner pas mal d’espoir aux fans des Flames en attaque, même si tous ne passeront pas le cut. En défense, c’est un peu moins pléthorique, mais citons quand même le très talentueux Oliver Kylington (60e overall en 2015), lui aussi en phase de transition en AHL l’an dernier, son compatriote Rasmus Andersson (53e overall en 2015), qui n’a plus grand-chose à apprendre en OHL, ou le free agent Kenney Morrison, solide dans sa zone. Dans les buts, la concurrence sera forte aussi avec Jon Gillies (75e overall en 2012), le dernier arrivé, Tyler Parsons (64e overall en 2016), et l’agent libre Nick Schneider, peut-être le plus solide des trois, que Calgary a mis sous contrat l’an dernier.
Le pronostic de TPPQB
A condition que Brian Elliott tienne la route, Calgary a les moyens de se mêler à la lutte pour les playoffs. L’équipe albertaine reste toutefois très jeune, et manque de profondeur en défense. Il y aura beaucoup de réglages à effectuer pour Glen Gulutzan. Dans ces conditions, à TPPQB, on voit bien les Flames se redresser. Pas sûr que cela suffise à ramener les playoffs à Calgary, mais l’équipe albertaine a tous les ingrédients pour devenir une puissance de la ligue dans les années à venir.