Season preview 2016-2017 : Los Angeles Kings
Western Conference – Pacific division
L’ombre du doute

Enfin récompensé d’un trophée Norris, Drew Doughty compte bien ramener les Kings sur la voie du succès.
Début du déclin ou simple nouveau contretemps? L’an dernier, les Kings se sont redressés après une saison qui les avait vus rater inexplicablement les playoffs. Solide sur ses fondamentaux d’équipe de possession puissante et dominante, Los Angeles n’a été devancé que d’un petit point par les Ducks dans la division pacifique, et se faisait sans doute une joie de retrouver son habituelle victime San Jose au premier tour des playoffs. Sauf que les rôles se sont alors inversés, et que les Sharks ont dévoré leur habituel bourreau. Une issue aussi inattendue que radicale qui a poussé Dean Lombardi, le DG, à une réflexion de fond sur l’origine de cette stagnation : « L’étincelle, l’innovation qui nous animaient quand nous construisions cette équipe, ont tendance à se niveler parce que nous avons, à un moment, trouvé la solution. Nous n’avons pas besoin de faire quoi que ce soit mieux ou différemment, et nous le savons. Et donc, nous stagnons. » (citation extraite du résumé d’un passionnant point presse de Lombardi avec les médias locaux sur Frozenroyalty.net). En somme, les succès passés ont empêché la franchise californienne de se remettre suffisamment en question pour demeurer compétitive. En deux ans, Lombardi a ainsi essayé de booster sa défense avec Andrej Sekera, puis a misé gros sur Milan Lucic l’an dernier, sans pouvoir retenir ni l’arrière slovaque, ni le power forward au-delà de cette saison. Les Kings sont en effet embourbés en plein cap hell, l’enfer du plafond salarial. La faute au rachat du contrat de Mike Richards (1,32M$ plus 250 000$ de pénalités par saison ), et au déclin rapide de Dustin Brown, qui touche toujours 5,85M$ par saison jusqu’en 2022, mais ne produit plus, depuis trois saisons, que comme un joueur moyen de troisième trio. A l’heure où nous écrivons ce preview, LA n’a même pas… 30 000$ de marge.
Impossible, dans ces conditions d’amener au groupe angelino autre chose que des joueurs de compléments. Cet été ce sont donc surtout des role players qui ont rejoint la franchise. Lombardi a ainsi récupéré Teddy Purcell (contrat d’un an, 1,6M$) pour remplacer numériquement Lucic, Michael Latta (1 an, 600 000$) pour amener de la profondeur en attaque, Tom Gilbert (1 an, 1,4M$) et Zach Trotman (1 an, 650 000$) en défense et le duo de gardien Jeff Zatkoff (2 ans, 1,8M$) – Jack Campbell (2 ans, 1,25 M$) pour jouer les doublures de Jonathan Quick. A l’inverse, outre Lucic, Kris Versteeg a filé en Suisse, Jeff Schultz, Luke Schenn et Jamie McBain n’ont pas été retenus, et Vincent Lecavalier, acquis début janvier des Foyers et qui avait connu une bonne fin de saison, a tout de même décidé de prendre sa retraite.
Changement de cap(itaine)
Faute de pouvoir renouveler son effectif de façon importante, Lombardi a tenté de faire évoluer la dynamique interne. Et pour cela, le front office des Kings n’a pas eu peur de bousculer ses leaders. Dustin Brown, capitaine depuis 2008, a été dépossédé de son titre au profit d’Anze Kopitar. L’idée, selon Lombardi, est à la fois de récompenser la progression et l’importance du Slovène, et de permettre à Brown de se reconcentrer sur son jeu, afin de retrouver un niveau plus conforme à son potentiel. Un pari, dont les effets à court et long terme sont difficiles à prévoir.
Ce qui est sûr, c’est que, même avec quelques départs non nnégligeables, les Kings ne vont pas subitement se transformer en équipe moyenne. L’an dernier, les Californiens ont le plus souvent dominé leurs adversaires à la fois au nombre de tirs, et sur les principales statistiques de possession. Los Angeles pratique un style étouffant pour ses adversaires, même s’il peut se révéler épuisant pour ses propres joueurs sur la durée. L’an dernier, il lui a permis d’afficher la troisième défense de la ligue (2,34 buts encaissés par match), malgré un PK tout juste convenable (15e de la ligue avec 81,4% d’efficacité), et ce malgré la saison quasi blanche d’un de ses piliers habituels, Matt Greene.
Cette saison, comme depuis son arrivée dans la ligue, le principal pilier de la défense sera Drew Doughty. Enfin récompensé par un trophée Norris, l’ancien numéro 2 overall du repêchage 2008 est plus dominant que jamais. Très dangereux offensivement, il excelle dans sa zone grâce à un superbe hockey IQ. Puissant, rapide, il est sans doute aujourd’hui l’arrière le plus complet de la ligue. Il devrait évoluer avec l’autre valeur sûre défensive des Kings, Jake Muzzin. Pour sa troisième saison complète dans la ligue, l’ancien de Sault St. Marie s’est définitivement installé comme un arrière de premier plan, mobile, à l’aise avec le puck, et capable d’avaler un temps de glace important.
Sur la deuxième paire Alec Martinez devrait faire équipe avec Tom Gilbert, un défenseur mobile et expérimenté, mais un brin soft, et qui a vu sa dernière saison montréalaise brutalement interrompue par une blessure au genou. Martinez, lui, s’est établi comme un solide numéro 3, complet, mobile, et doté d’une belle qualité de passe.
Sur la troisième paire, on espère retrouver le défenseur stay at home Matt Greene à son niveau après une saison complètement gâchée par une blessure à l’épaule (3 matchs joués). Au point que les Kings lui ont fait passer les waivers en vue d’un rachat de contrat… qui n’a finalement pas eu lieu. Il pourrait être associé au costaud Brayden McNabb ou au défensif Rob Scuderi. Mais la concurrence des plus jeunes va se faire sentir, et il faudra surveiller le nouveau venu Zach Trotman, mais aussi Kevin Gravel, un ancien choix de 5e ronde en 2010 qui dispose d’un gros gabarit et s’exprime bien dans un rôle défensif.
Cette défense aura le bonheur de s’appuyer sur l’un des tout meilleurs gardiens de la ligue, Jonathan Quick. Le gardien de l’équipe US lors de la Coupe du Monde affiche de solide stats (91,8% d’arrêts, 2,22 buts en moyenne par match, sixième de la ligue). L’an dernier, c’est le goalie qui a le plus joué, avec un impressionnant total de 68 matchs en saison régulière. A 31 ans, il va toutefois falloir songer à l’économiser un peu. Et ce n’est pas le très moyen Jeff Zatkoff qui lui permettra de souffler cette année.
Manque de profondeur en attaque
En attaque, les Californiens ont été moins étincelant l’an passé, avec 2,72 buts par match, ce qui situe les Kings tout juste au-dessus de la moyenne (14e de la ligue). Et ce malgré un solide powerplay (20% d’efficacité, 8e de la ligue). Cette année, il faudra observer le rendement de Teddy Purcell, qui doit succéder à un Milan Lucic, auteur l’an dernier de 55 points, dont 20 buts. Purcell n’a atteint ce seuil qu’une fois dans sa carrière, en 2012 avec Tampa. L’an dernier, il s’est fendu de 43 points entre Edmonton et Florida. Il devrait évoluer avec Anze Kopitar, le meilleur attaquant des Kings. Le Slovène est gros, puissant, créatif, et doté de très bonnes mains, c’est tout simplement l’un des tout meilleurs centres de la ligue, avec notamment un jeu défensif remarquable qui lui a valu un premier trophée Selke l’an dernier. Le genre de description que l’on pouvait accoler, à l’aile, à Marian Gaborik voici quelques années. Mais le Slovaque a décliné, et, l’an dernier, a renoué avec les problèmes de blessures. Touché au genou, il a manqué 28 matchs et a dû se contenter d’une maigre récolte de 22 points. A 34 ans, et avec un contrat qui court sur encore cinq saisons, il vaudrait mieux pour les Kings que « Gabby » retrouve la santé, et son efficacité.
La « That 70’s line« , composée de Tanner Pearson (numéro 70), Jeff Carter (77) et Tyler Toffoli (73) devra, elle, continuer sur sa lancée. Tanner Pearson s’est bien remis d’une saison 2014-2015 gâchée par les blessures. L’ailier canadien brille par son hockey sense, même s’il manque de vitesse. Il doit continuer à progresser pour s’établir comme un légitime ailier top 6, mais le potentiel est là. Un potentiel plus que confirmé pour son alter ego de l’aile droite, Tyler Toffoli (lire ci-contre), devenu l’une des principales menaces offensive des Kings. Au centre, Jeff Carter a égalé sa marque de la saison précédente avec 62 points, même s’il a moins marqué. S’il n’est plus aujourd’hui le marqueur de 30 buts qu’il fut plus tôt dans sa carrière, il n’en demeure pas moins une menace offensive fiable.
Mais le gros souci, avec les départs de Lucic, Versteeg, et même Vincent Lecavalier, c’est que le talent offensif chute fortement après le top 6, notamment du fait du déclin de Dustin Brown. Le désormais ex-capitaine n’est plus aussi dangereux que par le passé, même s’il conserve une saine combinaison d’agressivité, de volume de travail, et d’attention aux détails dans sa zone. Il devrait évoluer avec Nick Shore, un centre intelligent, qui lit le jeu avec beaucoup de justesse, et s’est imposé l’an dernier au niveau NHL. Shore va toutefois devoir singulièrement augmenter sa production (10 points en 68 matchs) s’il ne veut pas être cantonné dans un rôle marginal. Dwight King, lui, a été victime d’une fracture au pied qui lui a fait manquer 35 matchs l’an dernier. Sur un troisième trio, c’est au mieux un joueur de complément qui existe par sa présence et son gros volume, car il n’est ni une menace offensive fiable, ni un joueur très physique, malgré un solide gabarit.
La quatrième unité est celle des éclopés. Mis à part Trevor Lewis, qui a joué l’essentiel des matchs de la saison, Jordan Nolan, blessé au dos, et Kyle Clifford, touché au bas du corps (le fameux lower body injury, jargon des staffs médicaux NHL qui se refusent à révéler la vraie nature des blessures de leurs joueurs), ont manqué entre 30 et 36 matchs. Des trois, seul Clifford semble à même de grimper dans le lineup des Kings pour apporter une contribution offensive supplémentaire.
Ce qui paraît par contre évident, c’est que le bottom six des Kings est composé, à l’exception de Brown, de joueurs interchangeables, et clairement menacés par les jeunes de l’organisation. On peut penser à la peste Andy Andreoff, à Michael Latta, arrivé cet été des Caps, au playmaker Nic Dowd, ou, surtout, à l’espoir suédois Adrian Kempe. Aucun de ces joueurs n’est un blue chipper, mais une révélation n’est pas complètement exclue, et surtout, le style des Kings est exigeant. Plusieurs de ces joueurs auront leur chance à un moment donné. A eux de la saisir.
Le lineup probable
Teddy Purcell (#54) – Anze Kopitar (#11) – Marian Gaborik (#12)
Tanner Pearson (#70) – Jeff Carter (#77) – Tyler Toffoli (#73)
Dwight King (#74) – Nick Shore (#37) – Dustin Brown (#23)
Kyle Clifford (#13) – Trevor Lewis (#22) – Jordan Nolan (#71)
Michael Latta (#46)
Drew Doughty (#8) – Jake Muzzin (#6)
Alec Martinez (#3) – Tom Gilbert (#17)
Matt Greene (#2) – Brayden McNabb (#3)
Rob Scuderi (#5)
Jonathan Quick (#32)
Jeff Zatkoff (#36)
Coach: Darryl Sutter
LOS ANGELES KINGS
Création: 1966
Propriétaires: Philip Anschutz et Edward Rossi, depuis 1995
Patinoire: Staples Center
Palmarès: 2 coupes Stanley (2012 et 2014)
Equipe affiliée:
Ontario Reign
L’AN DERNIER
5e de la Conférence Ouest avec 102 points.
Meilleur pointeur : Anze Kopitar (74 points)
Meilleur buteur : Tyler Toffoli (31 buts).
Le joueur à suivre :
TYLER TOFFOLI
L’ancien ailier des 67’s d’Ottawa a passé un cap l’an dernier avec 31 buts. De quoi entrer dans le top 20 de la ligue et s’adjuger la couronne de meilleure buteur des Kings. Adroit, doté d’un excellent lancer du poignet, Toffoli va devoir confirmer cette année. Un challenge d’autant plus important pour lui qu’il est en fin de contrat en juin prochain. S’il répète ses performances de l’an dernier, il pourrait bien faire sauter la banque. Et rajouter des maux de tête à son GM.
La relève :
KEMPE ET
QUELQUES PARIS
Classement ESPN: 29e
Los Angeles repêche malin depuis plusieurs années, ce qui lui a permis de mettre la main sur des perles comme Toffoli ou Pearson, et de remplir son bottom six à moindre coût. Mais la banque d’espoirs sonne le creux. Son plus beau prospect est incontestablement le très intense ailier suédois Adrian Kempe (29e overall en 2014, photo), rapide et agressif. Sa première saison en Amérique du Nord n’a pas été très spectaculaire, mais les observateurs le voient tout proche du niveau NHL. On citera aussi deux buteurs US au potentiel intrigant, le gros Michael Mersch (110e overall en 2011), pas très rapide, mais adroit dans les zones de trafic, et Jonny Brodzinski (148e overall en 2013), que son coach AHL compare (avec quelques précautions), à Tyler Toffoli pour sa capacité à sentir les coups, et à convertir ses opportunités. En défense, on citera essentiellement deux éléments, Derek Forbort (15e overall en 2010), un arrière gros format très solide dans sa zone mais qui met un peu de temps à se développer (ce qui n’est pas rare pour les mastodontes de son genre en défense), et Kale Clague (51e overall cet été), un puck mover mobile et intelligent qui doit prendre de l’épaisseur. Peu de talents « évidents », donc, mais quelques potentiels à surveiller.
Le pronostic de TPPQB
S’il ne parvient pas à se débarrasser du contrat de Dustin Brown, Dean Lombardi risque d’avoir du mal à apporter le sang neuf nécessaire aux Kings cette saison, mais aussi à moyen terme. D’autant que le prospect pool n’est pas très glorieux. Dès cette année, le manque de profondeur offensive pourrait faire du tort à LA. Sans doute pas au point de rater les playoffs, mais un recul semble difficilement évitable. Et surtout, la profondeur est une donnée clef en playoffs. Dans ces conditions, une troisième Coupe Stanley en sept ans paraît bien hypothétique, malgré tout le talent du trio Quick-Doughty-Kopitar.