Season preview 2016-2017 : San Jose Sharks
Western Conference – Pacific division
A nouveau
carnassiers

Auteur d’une saison, et surtout de playoffs énormes, Brent Burns a fait une entrée fracassante dans l’élite des défenseurs de la ligue. Un nouveau statut qu’il devra confirmer cette saison.
Le pari a payé… et il a failli rapporter très gros. L’an dernier, un an après avoir manqué les playoffs pour la première fois depuis 2003, les Sharks ont fait le choix d’un nouveau coach, l’ancien de Devils, Peter DeBoer, et ont attiré un gardien, Martin Jones, et deux vétérans, le défenseur Paul Martin et l’attaquant Joel Ward. Deux décisions qui ressemblaient beaucoup à un dernier coup de poker pour aller au bout du potentiel d’un groupe vieillissant, à l’image de deux de ses leaders, Joe Thornton et Patrick Marleau, et s’éviter les regrets éternels. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette stratégie a été couronnée de succès. Les Sharks ont en effet connu une progression importante en saison régulière, assurant sans grande difficulté leur place en playoffs. Un prélude à des séries éliminatoires remarquables, qui ont vu la franchise californienne écarter sans ménagement son voisin californien et habituel bourreau des playoffs, Los Angeles (4-1), lutter, mais finir par triompher des redoutables Predators de Nashville, et éliminer avec une belle maîtrise des Blues que tout le monde annonçait favoris (4-2). Un parcours remarquable qui s’est achevé en finale, dans la douleur, par une défaite logique aux mains des Penguins de Sidney Crosby.
Mais une fois la défaite digérée, la franchise du nord de la Californie doit surtout se souvenir qu’elle a effacé son complexe. Avec Thornton et Marleau (37 ans tous les deux, et en fin de contrat en juin), l’espérance de vie ce groupe n’est sans doute pas très longue. Il faut donc, très vite, profiter de l’élan. Pour cela, Doug Wilson, le DG, a choisi de conserver l’essentiel de son groupe. Les seuls à quitter le navire ont donc été les renforts de la trade deadline, Roman Polak, James Reimer et Nick Spaling, et les role players Dainius Zubrus, Frazer McLaren. A l’inverse, Matt Nieto (1 an, 735 000$) et Tomas Hertl (2 ans, 6M$) ont été prolongés, et deux nouveaux joueurs ont rejoint le roster: David Schlemko (4 ans, 8,4M$), plutôt intéressant l’an dernier avec Arizona, et surtout Mikkel Boedker. Très convoité lors de la trade deadline, l’ancien Coyote est curieusement passé au second plan à l’ouverture du marché des agents libres. Mais il a été convaincu par le discours de Doug Wilson, et par la perspective d’évoluer avec les finalistes de la Coupe Stanley. Il s’est donc engagé pour 4 ans et 16M$.
Boedker pour booster l’attaque
L’arrivée du Danois devrait augmenter encore la puissance de feu remarquable des Californiens, 2e attaque de la ligue l’an dernier derrière les intouchables Stars de Dallas (2,89 buts par match). Une attaque qui a particulièrement brillé en avantage numérique (5e de la ligue avec 22,5% d’efficacité), dans la foulée du trio Burns-Thornton-Pavelski, tous trois dans le top 6 des scoreurs de la ligue en powerplay. Le premier trio devrait d’ailleurs une nouvelle fois associer les deux « Joe ». Thornton, d’abord, au centre, demeure, malgré son âge avancé l’un des tous meilleurs playmakers de la ligue. Grand, costaud, il ne sera jamais un attaquant lourd qui aime aller au filet, mais il demeure un des passeurs les plus subtils que la NHL ait connu. Pavelski, ensuite, est l’un des buteurs les plus réguliers de la ligue. Ni très grand ni très costaud, ni très rapide, il est par contre remarquablement adroit, en particulier sur les déviations. San Jose pourra compter sur lui, sauf blessure, pour inscrire entre 35 et 40 buts cette année encore. Le troisième larron de ce trio devrait être Tomas Hertl, un attaquant tchèque au solide gabarit, subtil et très adroit, qui a fait beaucoup de bien aux deux vétérans l’an dernier (lire ci-contre). Sur la deuxième unité, on devrait retrouver Logan Couture au centre. L’ancien des Ottawa 67’s a connu une saison régulière en dessous de ses standards, du fait des blessures. Mais il a réalisé des playoffs exceptionnels, avec 30 points en 24 matchs. Il devrait être associé à Patrick Marleau et Joonas Donskoi. Le vétéran canadiens vu sa production décliner l’an dernier, passant de 57 à 48 points. Grâce à sa vitesse et à son adresse, il demeure un attaquant top 6 de qualité, mais ce n’est plus aujourd’hui un élément de premier plan. Il est outre en fin de contrat l’été prochain, et les rumeurs ont beaucoup circulé autour de lui l’an dernier. Quant à Donskoi, il a connu une première saison NHL plutôt intéressante, et s’est surtout montré à son avantage pendant le parcours des Sharks en playoffs. Il doit passer un cap et gagner en régularité au moment de conclure.
Sur la troisième unité, on devrait retrouver Chris Tierney, un centre two way qui s’est notamment illustré sur le PK l’an dernier. Il pourrait évoluer avec le vétéran Joel Ward, qui n’a pas manqué ses débuts l’an dernier avec les Sharks, réalisant la deuxième meilleure saison offensive de sa carrière, et le nouveau venu Mikkel Boedker, un ailier très rapide, qui a connu une belle saison l’an dernier (51 points, meilleure année en carrière), et ce malgré un échange à mi-saison qui l’a envoyé au Colorado. A moins que Timo Meier ne s’impose lors du camp d’entraînement. L’ancien 9e choix overall du repêchage 2015 a le talent, le potentiel et le gabarit pour évoluer très vite dans la grande ligue. Sans doute même dès cette saison, au moins par petites touches dans un premier temps.
La quatrième unité sera, elle, construite autour de Tommy Wingels un centre responsable qui amène une bonne dose de grit. Il sera flanqué du fiable, mais pas très rapide Suédois Melker Karlsson (26 ans) et du petit playmaker US Matt Nieto. L’ensemble est dense et équilibré, et semble en mesure de répéter la prestation offensive de l’an dernier, surtout si Timo Meier vient apporter des munitions supplémentaires à une équipe qui n’en manque déjà pas.
Priorité à l’expérience en défense
On attendait l’an dernier un virage jeunesse parmi les défenseurs des Sharks, dans la foulée du talentueux prospect suisse Mirco Mueller. Mais Mueller a connu une saison compliquée. Au point que lorsqu’il a fallu remplacer Roman Polak, laissé libre en fin de saison, le front office des Sharks a préféré aller chercher David Schlemko, afin de laisser le temps au Suisse de se retaper en AHL. L’ancien d’Arizona, de son côté, devra amener ses qualités de puckmover au troisième duo défensif des Sharks, probablement associé à Brenden Dillon. L’ex-joueur des Stars est un arrière costaud et agressif qui apporte une dimension physique bienvenue à l’arrière garde californienne. Sur la deuxième unité, Peter DeBoer devrait faire confiance au duo défensif Justin Braun – Marc-Edouard Vlasic. Le Québécois est une des valeurs sûres défensives de la ligue, très fiable et constant, et son jeu se marie bien à celui de Braun, tout aussi sobre, même s’il excelle notamment à sortir le puck des zones dangereuses. La première unité, elle, combine la rigueur et l’efficacité silencieuse de Paul Martin à la flamboyance de Brent Burns. Le colosse canadien a connu une drôle de carrière, baladé régulièrement du poste d’arrière à celui d’ailier. Cette fois, il semble s’être fixé en défense, où il a excellé l’an dernier, en particulier dans le registre offensif ou son puissant lancer lui a permis d’être un des tout meilleurs joueurs de la ligue en avantage numérique, et l’un des tout meilleurs défenseurs offensif de NHL tout court (2e scoreur parmi les défenseurs derrière Karlsson, avec 75 points). De quoi s’offrir une première nomination pour le trophée Norris de meilleur défenseur de la ligue. A 31 ans, l’ancien du Wild semble être à maturité, et ses playoffs retentissants (24 points en 24 matchs) en attestent.
Burns et les siens seront toutefois très attendus cette saison, le fait d’avoir disputé une finale de Coupe Stanley suffit à vous mettre une cible dans le dos. Il faudra donc être solide et confirmer, notamment le gardien Martin Jones. L’ancien des Kings a réalisé une belle première saison devant le filet des Sharks. Très solide en playoffs, notamment face à son ancienne équipe, il a confirmé que Doug Wilson avait fait le bon choix en sacrifiant un choix de première ronde pour l’obtenir. Il est aujourd’hui un incontestable starter, d’autant que la situation de son backup est encore incertaine à l’heure où nous bouclons ce preview. En théorie, c’est le prometteur Aaron Dell qui devrait hériter de ce rôle. Mais le front office des Sharks n’est pas tout à fait convaincu qu’il est prêt. Il ne serait donc pas surprenant de voir San Jose signer un gardien remplaçant d’expérience d’ici le début de la saison.
Le lineup probable
Tomas Hertl (#48) – Joe Thornton (#19) – Joe Pavelski (#8)
Patrick Marleau (#12) – Logan Couture (#39) – Joonas Donskoi (#27)
Mikkel Boedker (#89) – Chris Tierney (#50) – Joel Ward (#42)
Matt Nieto (#83) – Tommy Wingels (#57) – Melker Karlsson (#68)
Timo Meier (#28)
Paul Martin (#7) – Brent Burns (#88)
Marc-Edouard Vlasic (#44) – Justin Braun (#61)
Brenden Dillon (#4) – David Schlemko (#5)
Mirco Mueller (#41)
Martin Jones (#31)
Aaron Dell (#30)
Coach: Peter DeBoer
SAN JOSE SHARKS
Création: 1991
Propriétaires: San Jose Sports & Entertainment Enterprises, depuis 2002. Dirigé par Hasso Platner.
Patinoire: SAP Center
Palmarès: aucun.
Equipe affiliée AHL:
San Jose Barracuda
L’AN DERNIER
6e de la Conférence Ouest avec 98 points. Battus en finale de la Coupe Stanley par les Penguins de Pittsburgh (4-2)
Meilleur pointeur : Joe Thornton (82 points).
Meilleur buteur : Joe Pavelski (36 buts)
Le joueur à suivre :
TOMAS HERTL
L’ailier tchèque avait fait des débuts NHL remar-quables voici trois saisons, inscrivant 25 points en 37 matchs avant de se blesser. Il lui a fallut une bonne saison pour retrouver ses moyens, mais l’an dernier, il a repris sa progression, inscrivant 46 points à la faveur d’un séjour sur la première ligne qui a contribué à booster Pavelski et Thornton. Nanti d’un tout frais contrat de deux ans, il va démarrer la saison tout en haut de l’alignement. Le front office des Sharks pense tenir une future star avec cet ailier gros, rapide, puissant et adroit qui a amené une contribution importante en playoffs. A lui de ne pas faire mentir ses patrons.
La relève :
MEIER – MUELLER, DESTINS CROISÉS
Classement ESPN: 24e
La trajectoire est contra-dictoire pour les deux vedettes suisses du prospect pool des Sharks. Le gros ailier de puissance Timo Meier (9e overall en 2015) a livré une superbe campagne dans la LHJMQ avec Halifax, puis Rouyn Noranda (87 points en 52 matchs) et s’est distingué lors du mondial junior. Il devrait débuter en AHL, mais une bonne surprise n’est pas à exclure. Tout l’inverse de ce qu’a connu Mirco Mueller (18e overall en 2013), qui a connu un coup d’arrêt l’an dernier alors qu’on le projetait en NHL. Cet arrière intelligent et fluide saura s’en remettre et revenir plus fort. On peut également citer le puck moving defenseman québécois Jérémy Roy (31e overall en 2015), qui a connu une année délicate, en LHJMQ, du fait d’une blessure à la cheville. En forme, c’est un excellent passeur, à même de piloter à moyen terme le power play des Sharks. Mentionnons aussi le sniper russe Nikolai Goldobin (27e overall en 2014), qui doit simplifier son jeu, mais dispose de beaucoup de talent, et Noah Rod (53e overall en 2014), un ailier suisse qui s’est mis en valeur lors du championnat du monde junior.
Le pronostic de TPPQB
Le temps est compté pour les Sharks. Avec les fins de contrat de Thornton et Marleau en juin, cette saison pourrait bien être la dernière pendant laquelle San Jose peut rêver à la Coupe Stanley. Doug Wilson a renforcé son équipe, et à moins d’un relâchement mental, elle a les moyens de faire même mieux que l’an dernier en saison régulière (6e de la Conférence Ouest). En playoffs, il faudra compter avec une concurrence déterminée à faire tomber le champion de la Conférence. D’où quelques doutes sur la capacité des Thornton Boys à rééditer l’exploit. Si l’on devait parier, on imagine bien San Jose buter sur le deuxième tour des playoffs.