Season preview 2016-2017 : St. Louis Blues

Western Conference – Central division


Le vent du changement

La star russe Vladimir Tarasenko a franchi la barre des 40 buts pour la première fois de sa carrière. Mais ses Blues ont échoué sur les Sharks en finale de conférence Ouest.

L’an dernier, les Blues ont enfin tenu leurs promesses. Jusqu’ici, la franchise du Missouri était un redoutable concurrent en saison régulière et une victime désignée en playoffs (une seule série remportée en… douze ans). Mais la saison dernière, non contents de terminer deuxièmes de la Conférence Ouest derrière les Stars, les hommes de Ken Hitchcock ont relevé le gant et se sont rendus en finale de Conférence pour céder finalement face aux Sharks. Un pas en avant insuffisant pour étancher la soif de succès de fans des Bluenotes, toujours sans la moindre Coupe Stanley depuis leur entrée dans la ligue en 1967, mais un pas de géant pour une franchise qui n’avait pas atteint pareil niveau depuis 2001. La performance a donc validé le travail de Ken Hitchcock et démontré que le groupe des Blues était finalement bien taillé pour faire plus que de l’aimable figuration dans les matchs qui comptent. Sauf que ce succès incomplet n’a pas empêché plusieurs changements d’importance dans l’organisation.
Ken Hitchcock, sous pression depuis de longues saisons, a été reconduit pour une dernière saison. Il sera rejoint cette année par l’ancien coach du Wild, Mike Yeo, successeur désigné de « Hitch » dès la saison prochaine. Surtout, les Blues n’ont pas souhaité répondre aux exigences de leur capitaine, David Backes, en fin de contrat, et qui a donc choisi de s’engager pour 5 ans et 30M$ avec Boston. Backes avait connu l’an dernier une saison régulière en dessous de ses standards (45 points dont 21 buts quand même), avant de réaliser de solides playoffs. Mais le front office des Blues a estimé qu’il n’était pas opportun de signer à long terme son capitaine, jugeant que son jeu intense et physique le prédispose à un déclin rapide. C’est un gros morceau de l’équipe et du vestiaire des Blues qui disparaît, l’un des joueurs qui personnifiait le mieux le style blue collar de cette équipe.
Mais Backes n’est pas le seul à avoir quitté le navire. Très performant en playoffs après une solide saison régulière, Troy Brouwer a choisi de s’engager avec les Flames. Une équipe où figurera aussi l’ancien gardien des Blues, Brian Elliott, échangé à Calgary en retour d’un choix de deuxième ronde en juin dernier et d’un choix conditionnel de troisième ronde en 2018. Doug Armstrong, le DG de St. Louis a en effet estimé qu’il était temps de confier les rênes à Jake Allen et de l’installer comme un véritable numéro 1, sans la pesante concurrence d’Elliott. Allen a d’ailleurs signé un contrat de 4 ans et 17,4 M$ qui prendra effet la saison prochaine, tandis que l’ancien backup de Rinne chez les Predators, Carter Hutton, s’engageait pour jouer sa doublure (2 ans, 2,25M$).
Armstrong a également fait signer David Perron, un ancien de la maison (2 ans, 7,5M$) pour venir combler le vide laissé par Brouwer et Backes ainsi que Chris Butler (1 an, 600 000$) et Landon Ferraro (1 an, 700 000$) pour apporter de la profondeur. Il a aussi resigné Kyle Brodziak (2 ans, 1,9M$), Dmitrij Jaskin (2 ans, 2M$), Ty Rattie (1 an, 650 000$), Magnus Paajarvi (1 an, 700 000$), et surtout l’excellent Jaden Schwartz (5 ans, 26,75M$). Enfin, les Blues ont confié le rôle de capitaine à Alex Pietrangelo. L’été a donc été particulièrement chargé, surtout pour une équipe qui a fini dans le top 4 de la ligue l’an dernier. Reste à voir quel impact auront tous ces bouleversements.

Tarasenko toujours plus haut
D’autant que les principaux départs touchent l’attaque, le secteur le moins performant l’an passé (15e de la ligue avec 2,67 buts par match), en dépit d’un excellent powerplay (21,5%, sixième de la ligue). Il faudra remplacer la quarantaine de buts inscrits par le duo Backes-Brouwer. Et ce serait beaucoup demander au seul David Perron, qui n’en a inscrit que 29 lors des deux dernières saisons. Le subtil ailier québécois devrait s’aligner sur le deuxième trio des Blues, un trio tout en finesse. On pourrait en effet y retrouver le très habile playmaker Paul Statsny, nettement plus convaincant l’an dernier pour sa deuxième saison à St. Louis que lors du premier exercice, et ce malgré une blessure au pied qui lui a coûté une petite vingtaine de matchs. A l’aile gauche, la révélation de la saison dernière, le très explosif Robby Fabbri devrait s’installer dans un rôle d’attaquant top 6 qui lui convient bien. A seulement 20 ans, l’ancien joueur de Guelph s’est imposé d’emblée avec les Blues, frôlant la barre des 20 buts avant de briller lors des playoffs. C’est un ailier rapide, déterminé, qui peut compter sur un superbe tir du poignet.
La première ligne des Blues devrait être celle de Vladimir Tarasenko. Si quelques tensions avec son coach ont émaillé sa saison, la superstar russe a brillé l’an dernier, atteignant pour la première fois de sa carrière le plateau des 40 buts. De quoi faire de lui le 4e meilleur buteur de la ligue. Technique, rapide, explosif, doté d’un des meilleurs lancers de la ligue, Tarasenko réalisait des playoffs intéressants avant de coincer face aux Sharks. A 24 ans, et avec seulement 4 saisons NHL derrière lui, il a encore le temps d’apprendre et de progresser. Il devrait cette année encore évoluer avec le très adroit passeur finlandais Jori Lehtera, un peu plus à la peine l’an dernier. La complémentarité des deux joueurs n’est plus à démontrer. Le trio sera complété par Jaden Schwartz, très pénalisé l’an dernier par les blessures qui ont limité sa saison régulière à 33 matchs. Mais ses 22 points et ses playoffs convaincants ont démontré l’utilité de l’ailier canadien, rapide et très skilled, d’où la prolongation de contrat évoquée plus haut.
Le troisième trio devrait lui reposer sur le duo suédois Patrik Berglund-Alexander Steen. Le premier est un gros centre, costaud et talentueux qui peut jouer à l’aile, et apporter à la fois du scoring et un jeu défensif de qualité. Berglund a connu une saison très perturbée puisqu’il a dû se faire opérer de l’épaule à la fin de l’été 2015, et n’a commencé à jouer qu’en janvier. En playoffs, il a toutefois apporté une contribution offensive intéressante. Steen a du attendre juin pour se faire lui aussi opérer de l’épaule après une blessure subie en février et qui l’a handicapé pendant toute la fin de saison. Même diminué, il a tout de même rendu une bonne copie, tant en playoffs qu’en saison régulière. Il devrait être d’aplomb pour le début de saison, même si l’on peut s’attendre à un petit temps de réadaptation. En pleine possession de ses moyens, il devrait pouvoir évoluer plus haut dans l’alignement. Le trio sera complété par le Tchèque Dmitrij Jaskin, un ailier gros gabarit au potentiel conséquent, mais qui peine encore à le traduire avec constance en NHL.
Ce qui semble évident, c’est que même sans Backes et Brouwer, si tout ce petit monde joue à la hauteur de son talent, ce sont trois lignes capables de scorer que pourra aligner Ken Hitchcock. Une profondeur offensive que ne complètera que modérément le quatrième trio, composé de l’ancien de Florida, Scottie Upshall, vieillissant, du spécialiste du PK Kyle Brodziak et de l’enforcer Ryan Reaves. Si toutefois Ken Hitchcock veut que cette ligne lui amène plus de scoring, il pourra y insérer Magnus Paajarvi ou Ty Rattie, deux espoirs décevants jusqu’à présent. Si pour le Suédois, l’espoir d’une révélation s’atténue avec le temps, Rattie peut encore surprendre.

La pression sur Allen
Chiffre_STLNettement plus stable, la défense devrait en toute logique demeurer le point fort des Blues cette saison. L’an dernier, St. Louis n’encaissait que 2,4 buts par match, la quatrième meilleure moyenne du circuit, avec un PK de haut niveau (3e de la ligue avec 85,1%). Cette année encore, elle s’appuiera sur le duo Alex Pietrangelo – Jay Bouwmeester. Le nouveau capitaine des Blues est un des défenseurs d’élite dans la ligue. C’est un remarquable patineur, fluide et rapide, qui lit très bien le jeu dans les trois zones, et dispose d’un excellent tir, tant son slapshot que son lancer du poignet. Il fait équipe maintenant depuis quatre saison et demi avec Jay Bouwmeester, un arrière au coup de patin superbe, grand et très au point défensivement, qui a par contre vu son apport offensif dégringoler depuis quelques saisons. La paire se connaît sur le bout des doigts, et a même été reconstituée avec le Canada pour la Coupe du Monde, même s’il a fallu attendre la blessure de Duncan Keith pour que Bouwmeester soit appelé.
Sur la deuxième unité, on devrait retrouver le jeune Joel Edmundson, qui a su l’an dernier s’imposer avec le grand club dans un style robuste, écartant au passage la concurrence de Robert Bortuzzo. Il devrait être associé à Kevin Shattenkirk, un arrière mobile, très fort dans le jeu de transition, et qui constitue une menace constante depuis la ligne bleue (44 points l’an dernier, meilleur scoreur des défenseurs des Blues). En fin de contrat en juin prochain, Shattenkirk a vu son nom circuler toute l’année dans les rumeurs de transactions. Cela ne devrait pas s’arrêter cette année. La troisième paire, enfin, associera vraisemblablement Colton Parayko, la révélation de la saison dernière (lire ci-contre) à Carl Gunnarsson, un bon patineur, expérimenté, mais au potentiel offensif limité.
Devant le filet, ce sera donc à Jake Allen de jouer. Malgré quelques blessures, le gardien originaire du New Brunswick a pris le dessus sur Brian Elliott en saison régulière, affichant des statistiques de haut niveau (92% d’arrêt – 12e de la ligue parmi les starters -, 2,35 buts par match – 10e -). Mais en playoffs, c’est le vétéran qui a eu le dessus, limitant Allen à 5 matchs. A 26 ans, Allen entre dans ses meilleures années. C’est un gardien gros gabarit, calme, et à la technique sûre, qui a les moyens de s’installer dans le premier tiers des goalies de la ligue. Sa doublure, Carter Hutton, arrivée de Nashville, ne lui contestera pas le rôle de numéro 1.


Le lineup probable

Jaden Schwartz (#17) – Jori Lehtera (#12) – Vladimir Tarasenko (#91)
Robby Fabbri (#15) – Paul Statsny (#26) – David Perron (#57)
Patrik Berglund (#21) – Alexander Steen (#20) – Dmitrij Jaskin (#23)
Scottie Upshall (#10) – Kyle Brodziak (#28) – Ryan Reaves (#75)
Magnus Paajarvi (#56)

Jay Bouwmeester (#19) – Alex Pietrangelo (#27)
Joel Edmundson (#6) – Kevin Shattenkirk (#22)
Carl Gunnarsson (#4) – Colton Parayko (#55)
Robert Bortuzzo(#41)

Jake Allen (#34)
Carter Hutton (#40)

Coach: Ken Hitchcock


ST. LOUIS BLUES
Création: 1967.
Propriétaires: St. Louis Blues Hockey Club, présidé par Tom Stillman depuis 2012
Patinoire: Scottrade Center
Palmarès: aucun.
Equipe affiliée AHL:
Chicago Wolves

L’AN DERNIER
2e
de la conférence Ouest avec 107 points.
Eliminés en finale de Conférence Ouest par les Sharks de San Jose (4-2).
Meilleur pointeur et buteur: Vladimir Tarasenko (74 points, 40 buts).

Le joueur à suivre :
COLTON PARAYKO

On aurait tout aussi pu citer l’autre super rookie des Blues l’an dernier, Robby Fabbri. Mais l’impact de Colton Parayko pour sa première saison NHL a été tout simplement remarquable. D’entrée de jeu, l’ancien choix de 3e ronde en 2012 s’est imposé dans le top 4 des Blues, alliant un jeu défensif étonnamment mature à un impact offensif très conséquent (33 points au final). Si le nom de Kevin Shattenkirk circule autant dans les rumeurs de transaction depuis un peu moins d’un an, c’est aussi parce que le front office des Blues est convaincu d’avoir trouvé son successeur. Parayko va devoir confirmer cette année et la pression sera bien présente. Mais ce solide gaillard (6 pieds 6, 226 livres) semble avoir les moyens de répondre aux attentes.

La relève :
PEU DE FAILLES

Ivan Barbashev

Classement ESPN: 23e
Le scouting
staff des Blues a de quoi faire des envieux. Malgré des choix tardifs, St. Louis semble toujours parvenir à mettre la main sur des joueurs prometteurs. A l’image d’Ivan Barbashev (33e overall en 2014), un centre russe qui allie grit et talent, et a réussi ses débuts chez les pros avec Chicago. Ty Rattie, (32e overall en 2011) s’approche lui de plus en plus de la NHL. Il a de bonnes chances de s’y installer cette saison. St. Louis a aussi misé en juin sur Tage Thompson (26e overall), un ailier US gros format qui divisait la communauté des scouts. Très coté par certains, d’autres s’interrogeaient sur sa motivation. En défense, on citera le défenseur US Jake Walman, dominant offensivement avec Providence l’an passé, l’explosif Vince Dunn (56e overall en 2015), petit, mais excellent patineur, ou Jordan Schmaltz (25e overall en 2012), un gros défenseur offensif qui a fait de bonnes choses pour sa première saison pro avec Chicago l’an dernier. Enfin, les Blues peuvent compter sur l’excellent prospect finlandais Ville Husso (94e overall en 2014), très solide l’an dernier devant le filet de HIFK, en Liiga, équipe qu’il a amené en finale du championnat.

Le pronostic de TPPQB

C’est sans doute un blocage psycho-
logique qui a sauté l’an dernier quand les Blues ont atteint la finale de conférence. Cette année, l’objectif est de faire mieux encore, malgré les départs de Backes et Brouwer. Si les blessures épargnent certains joueurs clefs, notamment Jaden Schwartz et Alex Steen, St. Louis devrait lutter pour la tête de la division centrale. Celle-ci devrait toutefois être très disputée, et il y aura sans doute peu d’écart entre la première et la quatrième place. Une fois en playoffs, cette équipe sera plus dangereuse que jamais, et doit être vu comme l’une des favorites de la saison. Attention quand même à la prestation de Jake Allen, qui n’aura plus le filet de sécurité que constituait Brian Elliott.