Season preview 2016-2017 : Anaheim Ducks
Western Conference – Pacific division
Déjà-vu

Ryan Getzlaf et les Ducks ont connu une saison mouvementée l’an dernier, qui leur a sans doute fait mal en playoffs. Cette année, il ne faudra pas rater son départ.
Il était sur un fil depuis de longs mois, et a fini par chuter. L’équilibriste Bruce Boudreau n’a pas survécu à une nouvelle déception en playoffs face à Nashville (3-4), remercié deux jours seulement après avoir perdu son 4e match 7 en autant de saisons à la barre de la franchise californienne. Une décision qui peut paraître extrême, quand on lit le bilan du coach ontarien en saison régulière avec les Ducks: en quatre saisons complètes avec la franchise californienne, Boudreau a engrangé 181 victoires en 294 matchs. Seul Ken Hitchcock et les Blues font aussi bien. Cette année, Boudreau a réussi à redresser une saison qui avait commencé sur des bases catastrophiques, alors que les Ducks étaient vus par beaucoup d’observateurs, y compris les plus perspicaces d’entre eux, comme le grand favori pour remporter la Stanley Cup. Mais au bout du compte, pour une équipe de haut niveau comme Anaheim, seuls comptent les playoffs, et les Californiens y ont une nouvelle fois échoué.
Boudreau a donc pris la porte (et la direction du Minnesota Wild), et pour le remplacer, le DG Bob Murray a choisi de rappeler Randy Carlyle, qui a déjà occupé la fonction de head coach à Anaheim entre 2005 et 2012. L’attelage avait plutôt bien fonctionné la première fois, puisque les Ducks avaient remporté leur seule et unique Coupe en 2007. Le pari reste néanmoins osé, les deuxième séjours d’un coach dans une franchise étant rarement couronnés de succès. D’autant que Carlyle n’a pas vraiment brillé depuis, échouant (comme tout le monde) à Toronto, qu’il a certes ramené en playoffs en 2013, mais qu’il n’a jamais su remettre dans le bon sens sur le long terme. A son crédit, Carlyle connaît les leaders du groupe californien, puisqu’il a contribué à l’éclosion de Ryan Getzlaf et Corey Perry. Mais à l’époque, Anaheim pouvait aussi compter sur deux Hall of famers à la ligne bleue, Scott Niedermayer et Chris Pronger, sans oublier Teemu Selanne devant. Sans faire injure au groupe actuel d’Anaheim, il est tout de même moins brillant.
D’autant que si Ducks ne sont pas, comme Chicago ou Los Angeles, dans une position précaire par rapport au plafond salarial, Anaheim est une budget team, une équipe qui ne dépensera pas forcément tout l’argent disponible sous le cap, pour ne pas mettre en péril son équilibre économique. Pas d’investissements inconsidérés, et donc pas de dépenses significatives sur le marché des agents libres. Bob Murray a donc d’abord choisi de faire un peu de ménage dans son équipe, laissant partir les Horcoff, Perron, McGinn, Pirri Santorelli ou Stewart, et n’a recruté que trois éléments digne d’être mentionnés, les bottom sixers Mason Raymond (1 an, 675 000$) et Jared Boll (2 ans, 1,8M$), et Antoine Vermette. L’ancien des Coyotes, dont le contrat a été racheté par son équipe en plein milieu de l’été, a signé un contrat de deux ans et 3,5M$. Jugeant que John Gibson est désormais prêt à assumer seul la responsabilité de gardien numéro 1, Murray a également fait le choix d’échanger Frederik Andersen et un choix conditionnel contre Jonathan Bernier, un choix de première ronde en juin dernier, et un choix de deuxième ronde du prochain repêchage. Les Ducks savaient que s’ils attendaient le repêchage d’expansion, ils avaient de fortes chances de perdre leur gardien danois sans compensation. Ils ont donc choisi d’agir dès cet été, et l’on jugera sur pièces la décision au vu de la saison de Gibson.
Ritchie, une opportunité en or
De son côté, l’attaque des Ducks a connu une saison honorable, mais le déclin est sensible depuis trois saisons. Après avoir inscrit 263 buts en 2013-14, puis 228 l’année suivante, Anaheim n’a pu en marquer que 215 l’an dernier. Tout juste bon pour une moyenne de 2,62 (17e de la ligue), et ce malgré le meilleur powerplay de la ligue (23,1% d’efficacité). Or cette saison, les multiples départs subis par la franchise californienne ont entamé sa profondeur offensive. Randy Carlyle va donc devoir soutirer une autre grande saison du duo Getzlaf-Perry. Le gros centre canadien demeure un passeur d’élite, l’un des meilleurs de la ligue, mais sa production de buts a chuté drastiquement l’an dernier, pour descendre à 13 unités. Il demeure un centre puissant, adroit, et particulièrement redoutable en avantage numérique. Son binôme historique, le très rugueux Corey Perry, continue d’être un buteur de première force (encore 34 buts l’an dernier, 9e buteur de la ligue), même si le seuil des 40 buts paraît désormais difficile à atteindre. Les deux vétérans devraient voir arriver un peu de sang neuf sur leur ligne avec le prometteur Nick Ritchie. L’ancien ailier de Peterborough a partagé sa saison entre l’AHL, à San Diego, où il frôlait le point par match en moyenne, et la NHL, où il peinait à exister offensivement. Il est le principal élément d’avenir des Ducks en attaque, on peut donc imaginer que l’organisation lui donnera le maximum d’opportunités de se faire valoir. Et évoluer avec un passeur de la trempe de Getzlaf pourrait bien l’aider à avoir le déclic.
Sur la deuxième unité, on devrait retrouver l’ancien Canuck Ryan Kesler, plus à l’aise l’an dernier dans son nouvel uniforme que l’année précédente, où il découvrait la franchise. Toujours aussi brillant défensivement, Kesler excelle sur les mises au jeu et apporte une contribution offensive précieuse (52 points l’an dernier). Il pourrait évoluer avec un autre joueur two way très doué, l’ancien Senators Jakob Silfverberg. Comme la plupart de ses partenaires, il a fini très fort l’an dernier pour atteindre, pour la première fois de sa carrière NHL, le plateau des 20 buts. S’il parvient à combiner son excellence défensive à une production offensive en hausse, les Ducks pourront se souvenir avec le sourire de l’échange dans lequel ils ont fait son acquisition en retour de Bobby Ryan. Cette ligne sera complétée par le très rapide Andrew Cogliano, qui sort d’une saison mitigée en attaque (petite progression au nombre de points, mais baisse importante du nombre de buts inscrits).
Sur la troisième unité, on devrait trouver l’une des révélations de la saison derrière chez les Ducks, Rickard Rakell (lire ci-contre), associé à Mason Raymond et Antoine Vermette. Le premier sort d’une saison compliquée à Calgary, entre blessures et renvoi dans les mineures. Le second demeure un playmaker intelligent, très solide sur les mises au jeu (55,8% de réussite, 12e de la ligue), même s’il est sur le déclin. La quatrième aurait dû être celle de Nate Thompson, mais le vétéran a subi une rupture du tendon d’Achille cet été, et devrait manquer les trois quarts de la saison. Du coup, à moins que Vermette ne descende d’un cran, on devrait y retrouver un trio tout en muscle et en agressivité, composé de Chris Wagner, Ryan Garbutt et Jared Boll.
Une défense jeune, mais étanche
Si la production offensive des Ducks est en baisse depuis quelques saisons, les hommes de Boudreau ont compensé l’an dernier en resserrant sérieusement leur garde. Les Ducks encaissaient ainsi 2,29 buts par match, la meilleure moyenne de la ligue, et un chiffre qui rapproche la franchise de ses statistiques de 2007, année de la victoire en Coupe Stanley. Pour cela, les coéquipiers de Getzlaf s’appuyaient notamment sur le meilleur PK de la ligue (87,2% d’efficacité). Pourtant, la défense californienne est jeune (4 joueurs sur 6 de 25 ans ou moins). A l’image de la paire suédo-finlandaise Hampus Lindholm – Sami Vatanen. Le premier est sans doute l’un des défenseurs numéro 1 les plus méconnus de la ligue. A tout juste 22 ans, ce solide gaillard n’a pas encore une production offensive exceptionnelle (28 points l’an dernier), mais il est mobile, solide dans sa zone, intelligent. A l’heure où nous bouclions ce preview, il n’avait pas encore resigné, mais Anaheim lui a soumis une offre qualificative, de façon à retenir ses droits. L’affaire devrait se régler d’ici le début de saison. Son partenaire est, lui, un petit format, sans doute moins solide, mais plus efficace encore offensivement. Les Ducks lui ont offert un contrat de 4 ans et 19M$ cet été, signe de la confiance qu’ils lui portent.
Sur la deuxième unité, le très mobile Cam Fowler fera, lui, équipe avec Kevin Bieksa, le vétéran de cette défense. Fowler dispose d’un gros potentiel, notamment offensif, qu’il laisse entrevoir par séquences. Bieksa, lui, n’est plus un contributeur très prolixe en attaque depuis quelques saisons déjà. Mais l’ancien Canuck apporte une présence défensive solide et une expérience bienvenue dans cette jeune arrière-garde.
La troisième paire devrait associer Simon Després et Clayton Stoner. Le Québécois s’était révélé en fin de saison précédente, poussant les Ducks à lui offrir un contrat de 5 ans et 18,5M$ qui démarre cette année. Mais l’an passé, il a été victime de commotions cérébrales, qui l’ont limité à 32 matchs. Il devra prendre son temps pour retrouver tous ses moyens. Stoner, lui aussi, est tombé au combat l’an dernier, victime d’une blessure à la hanche. Il y a donc un petit suspense sur la composition définitive de cette dernière paire, suspense qui pourrait profiter à l’Allemand Korbinian Holzer, ou à Josh Manson, un solide gaillard qui a disputé 71 parties avec les Ducks l’an dernier, voire Shea Theodore, un puckmover très doué qui a brillé en AHL l’an dernier.
Dans les buts, les Ducks ont donc tranché en faveur de John Gibson. Le jeune gardien US a affiché des stats très solides l’an dernier, notamment une moyenne de buts encaissés de 2,07 et une moyenne d’arrêt de 92%. Gibson a les moyens de devenir l’héritier de Jonathan Quick dans la cage américaine, et de s’installer parmi les gardiens d’élite de la ligue. Sa doublure, Jonathan Bernier, ne manque pas non plus de talent, mais il a peiné, pendant son séjour à Toronto, à démontrer la constance nécessaire.
Le lineup probable
Nick Ritchie (#37) – Ryan Getzlaf (#15) – Corey Perry (#10)
Andrew Cogliano (#7) – Ryan Kesler (#17) – Jakob Silfverberg (#33)
Mason Raymond (#12) – Antoine Vermette (#50) – Rickard Rakell (#67)
Jared Boll (#40) – Chris Wagner (#62) – Ryan Garbutt (#16)
Nate Thompson (#44)
Hampus Lindholm (#47) – Sami Vatanen(#45)
Cam Fowler (#4) – Kevin Bieksa (#2)
Simon Després (#24) – Clayton Stoner (#3)
Korbinian Holzer (#5)
John Gibson (#36)
Jonathan Bernier (#46)
Coach: Randy Carlyle
ANAHEIM DUCKS
Création: 1993
Ancien nom: Mighty Ducks of Anaheim
Propriétaires: Anaheim Ducks Hockey Club LLC, dirigé par Henry Samueli, depuis 2005
Patinoire: Honda Center
Palmarès: 1 Stanley Cup (2007)
Equipe affiliée AHL:
San Diego Gulls
L’AN DERNIER
4e de la conférence Ouest avec 103 points.
Eliminés au premier tour des playoffs par les Predators de Nashville (4-3).
Meilleur pointeur: Ryan Getzlaf (63 points)
Meilleur buteur: Corey Perry (34 buts).
Le joueur à suivre : RICKARD RAKELL
A 23 ans, le centre ou ailier droit suédois s’est révélé l’an dernier,
inscrivant 20 buts, plus de deux fois son score de l’année précédente. Solide, complet, impliqué défensivement, il a permis à Anaheim d’aligner trois lignes offensives dangereuses, tout ça pour un salaire modeste (moins de 900 000 $ par saison). Rakell est toutefois en fin de contrat. Les Ducks lui ont soumis une offre qualificative, et les deux camps devraient trouver un accord d’ici le camp d’entraînement. Anaheim aura besoin que, comme Silfverberg, le natif de Sollentuna reproduise ses succès offensifs de l’an dernier pour apporter le secondary scoring nécessaire à toute équipe compétitive.
La relève :
UNE DÉFENSE PLEIN DE RESSOURCES
Pour une équipe de haut de tableau, le prospect pool des Ducks est assez remar-quable. Notamment en défense, menée par le puck mover Shea Theodore (26e overall en 2013), qui a connu un passage réussi en NHL et n’a sans doute plus besoin que d’une opportunité sur la durée pour s’y imposer. Brandon Montour (55e overall en 2014), a lui surpris par son intelligence et semble tout près de la NHL. On citera aussi le duo suédois Jacob Larsson (27e overall en 2015) – Marcus Pettersson (38e overall en 2014), pas forcément très spectaculaire, mais efficace. En attaque, le principal atout, mis à part Nick Ritchie, qui évoluera sans doute avec les Ducks, est le dernier arrivé Max Jones (24e overall), et son camarade de promotion Sam Steel (30e overall) un centre playmaker talentueux, mais décevant l’an dernier, et qui doit s’épaissir. Stefan Noesen (21e overall en 2011, choix des Senators), lui, doit rebondir après deux saisons ruinées par les blessures.
Le pronostic de TPPQB
Le manque de profondeur offensive pourrait bien poser quelques soucis aux Ducks, si Bob Murray ne va pas chercher quelques éléments pour compléter son attaque d’ici l’ouverture de la saison. Mais les Ducks conservent tout de même des attaquants de très haut niveau, et une défense de premier plan. De quoi lutter pour la tête de la division pacifique. Pour les playoffs, il faudra jauger l’apport de Randy Carlyle. Car Boudreau avait plus l’air d’un bouc émissaire que d’un véritable coupable.