Season preview 2016-2017 : Buffalo Sabres

Eastern Conference – Atlantic division


La menace se précise

Après une première saison réussie sous le maillot des Sabres (53 points, dont 24 buts), le prodige américain Jack Eichel tentera de confirmer et de remettre Buffalo sur le chemin des playoffs.

27 points. C’est le bonus comptable accumulé l’an dernier par les Sabres. Un bond impressionnant qui n’a toutefois pas suffi à faire de Buffalo un candidat pour les playoffs – ce qui en dit long sur la médiocrité passée de la franchise drivée par Tim Murray. Mais ce bond a ravivé plus encore une ambition grandissante. Il faut dire que la première saison de Jack Eichel, les progrès remarquables de Sam Reinhart ou Rasmus Ristolainen ne peuvent qu’inciter à l’optimisme. A plus forte raison quand Buffalo a été privé l’an dernier de son gardien numéro 1, Robin Lehner, pendant les trois quarts de la saison. L’objectif est donc clair, à l’Ouest de l’Etat de New York. Les playoffs sont dans le viseur.
Tim Murray a donc choisi de poursuivre son shopping, récupérant deux pièces importantes pour accélérer le processus. Pendant le repêchage, le DG des Sabres a envoyé Mark Pysyk, un choix de deuxième et un de troisième ronde à Florida, et obtenu en retour un choix de deuxième ronde qui lui a permis de repêcher Rasmus Asplund, et surtout le défenseur russe Dmitri Kulikov. Puis, à l’ouverture du marché des agents libres, Kyle Okposo s’est laissé séduire par le projet des Sabres, et s’est engagé pour 7 ans et 42M$. Deux renforts de poids pour une équipe qui a laissé partir quelques joueurs de complément (David Legwand, Cody McCormick, Matt Donovan) et son gardien remplaçant, Chad Johnson, vite remplacé par Anders Nilsson, récupéré chez les Blues pour un choix de 5e ronde. Il aurait pu y en avoir un troisième, mais Jimmy Vesey, dont les Sabres avaient acquis les droits en retour d’un choix de troisième ronde, a préféré attendre son autonomie complète pour signer avec les Rangers.

Eichel sur la piste d’envol
Vesey aurait pu apporter une pièce de plus au puzzle offensif des Sabres, qui commence à être intéressant. L’an dernier, Buffalo a pourtant peiné offensivement (25e de la ligue avec 2,43 buts par match) en dépit d’un powerplay de bonne facture (12e de la ligue avec 18,9% d’efficacité). Une attaque menée par Ryan O’Reilly, meilleur scoreur de la franchise l’an dernier avec 60 points. L’ancien de Colorado, remarquable joueur two way, a donné raison à Tim Murray qui avait investi lourdement sur lui lors d’un échange avec Colorado. O’Reilly est non seulement un élément offensif fiable, mais c’est un joueur qui donne l’exemple avec une implication de tous les instants. On ne peut pas en dire autant d’Evander Kane, costaud et talentueux, mais dont la production sur la glace laisse toujours un goût d’inachevé. L’an dernier, l’ancien des Jets a inscrit sa vingtaine de buts, mais quinze petites passes seulement, manquant au passage 17 matchs. Surtout, son comportement hors glace est pour le moins discutable. Cet été, il a été accusé par une femme de l’avoir blessée au terme d’une soirée. Rien n’est encore établi, puisque le jugement n’a pas eu lieu, mais c’est un épisode de plus du feuilleton Kane, qui compte déjà plusieurs saisons. Kyle Okposo, lui, n’a pas ce genre de lignes sur son CV. L’ailier américain est un attaquant puissant et explosif, qui a mis un peu de temps à s’imposer en NHL, mais est aujourd’hui une valeur sûre. Sur ses trois dernières saisons, il a inscrit en moyenne 22 buts et 61 points. C’est donc un renfort offensif de poids qui rejoint les Sabre.
Sur la deuxième unité, on devrait retrouver la star en devenir de l’organisation, le centre américain Jack Eichel. Pour sa première saison NHL, le deuxième choix overall du repêchage 2015 a fait très fort, inscrivant 24 buts et 56 points. Ce superbe patineur dispose d’un lancer remarquable, et a les moyens de devenir l’un des tout meilleurs attaquants de la ligue, dans un style à la fois puissant et technique. Il évoluera vraisemblablement avec un autre très haut choix de l’organisation, le subtil ailier canadien Sam Reinhart (2e overall en 2014). Très fin et doté d’une lecture du jeu remarquable, il a impressionné lors de son année rookie, inscrivant 23 buts et 42 points. Pas forcément très imposant, mais terriblement malin et efficace. Le troisième larron de ce trio devrait être le minuscule Tyler Ennis, un petit playmaker très rapide et skilled qui a malheureusement raté l’essentiel de la saison dernière à cause d’une commotion cérébrale (23 matchs disputés), alors qu’il était le meilleur scoreur en titre des Sabres.

L’imbroglio Girgensons
La troisième unité devrait, en théorie, être pilotée par le très intense Zemgus Girgensons, un joueur qui semble avoir pour seul et unique objectif de foncer direct au filet adverse, quelle que soit la nature et le nombre des obstacles entre lui et le but. La « Locomotive lettonne » sort toutefois d’une saison compliquée, où son rôle offensif a été réduit par l’arrivée d’Eichel et O’Reilly. Les Sabres lui ont soumis une offre qualificative d’un an, afin de retenir ses droits, mais Girgensons semble vouloir un contrat de deux à trois ans. Le bras de fer est engagé, et on a même évoqué un possible départ vers la KHL. S’il parvient à s’entendre avec Buffalo, le Letton devrait évoluer avec l’ancien scoreur des Islanders, Matt Moulson, qui sort d’une année catastrophique qui l’a vu inscrire moitié moins de points que l’année précédente, déjà bien en deçà de ses standards. A 32 ans, ce recul est inquiétant, mais Moulson est un bon vétéran, qui, au passage, héberge Jack Eichel pour l’aider à s’acclimater à la NHL. Le capitaine Brian Gionta est lui aussi sur le déclin (seulement 33 points l’an dernier), mais c’est un pro exemplaire, qui doit guider les jeunes Sabres dans leur début  de carrière.
Enfin, le quatrième trio devrait être piloté par Johan Larsson, un centre suédois two way qui doit se fixer dans un rôle de checker ou de joueur offensif. A sa gauche, Marcus Foligno, un solide bottom sixer, qui peut compléter un trio offensif à l’occasion, mais probablement pas sur la durée. Enfin, à l’aile droite, on devrait retrouver le Québécois Nicolas Deslauriers, un ailier gritty au jeu sans fioritures, qui travaille beaucoup mais n’a qu’un potentiel offensif limité.

Ristolainen, c’est du solide
Chiffre_BufSans être exceptionnelle, la défense des Sabres a plutôt bien tenu la route l’an dernier (15e de la ligue avec 2,62 buts encaissés par match), avec un PK solide (82,6%, 9e de la ligue). Un bon comportement qui doit beaucoup à l’arrivée du coach Dan Bylsma, dont la première priorité était de donner plus de structure au jeu des Sabres. Mais qui doit aussi à la progression des jeunes défenseurs de l’organisation, Rasmus Ristolainen en tête. Le Finlandais, qui n’avait pas encore renouvelé son contrat à l’heure où nous bouclions ce preview, est un arrière très complet, capable à la fois de remonter le puck et de le distribuer, tout en assurant une présence défensive de qualité. Rugueux dans sa zone, il n’a pas pour autant oublié de se montrer productif en attaque, doublant sa production offensive pour porter son record en carrière à 41 points. Il devrait être associé à Dmitri Kulikov, un puckmover très fluide qui peut compter sur un tir et une qualité de passe de bonne facture. Très solide lors des playoffs, il semble arriver à maturité. Au point que l’on peine à comprendre la décision des Panthers de l’échanger.
Sur la deuxième paire, l’autre espoir des Sabres Jake McCabe devrait être associé à Zach Bogosian. L’ancien capitaine de l’équipe junior américaine est un défenseur à vocation défensive, mobile et intelligent, mais qui ne semble pas disposer d’un gros potentiel offensif. Il s’est imposé l’an dernier au niveau NHL, disputant 77 matchs avec les Sabres, qui l’ont récompensé avec un contrat de 3 ans et 4,8M$). Quant à Bogosian, il a connu une saison en deux temps. Délicate d’abord, avec 8 points en 33 matchs. Mais une fois associé à McCabe, un déclic semble s’être produit, et l’ancien 3e choix overall des Thrashers en 2008 a inscrit 16 points en 31 matchs. Sa saison a par contre été perturbée par les blessures, qui lui ont coûté 18 matchs. Une mauvaise habitude qui semble durable: Bogosian n’a jamais disputé l’intégralité d’une saison NHL depuis ses débuts dans la ligue. Pourtant, en forme, c’est un arrière très puissant, un patineur fluide doté d’un bon tir, et capable de délivrer des mises en échec retentissantes.

Le défi de Lehner
La troisième paire devrait associer le vétéran Josh Gorges, un spécialiste défensif qui a servi de mentor à Ristolainen, mais devrait se voir repousser dans l’alignement par l’arrivée de Kulikov. Après une saison très perturbée par les blessures, il a pu disputer quasiment toute la saison l’an dernier. Son appétence pour le shot blocking l’expose toutefois beaucoup aux blessures. Cody Franson, lui, a peiné l’an dernier. Ce grand arrière offensif va devoir se réveiller sous peine de voir la jeune garde des Sabres lui passer devant. Casey Nelson, signé en provenance de la NCAA, a ainsi marqué quelques points. Avec le vétéran Justin Falk, mis sous contrat comme police d’assurance, il sera l’un des premiers candidats à une promotion.
Devant le filet, la saison dernière a été particulièrement délicate, puisque le titulaire Robin Lehner s’est blessé d’entrée de jeu. Les Sabres ont donc passé toute l’année sans un véritable gardien numéro 1. Lehner va devoir prouver cette année que Tim Murray ne s’est pas trompé avec lui. Car s’il faillit, Anders Nilsson ne sera pas une solution viable.


Le lineup probable

Evander Kane (#9) – Ryan O’Reilly (#37) – Kyle Okposo (#21)
Tyler Ennis (#63)- Jack Eichel (#15) – Sam Reinhart (#23)
Matt Moulson (#26) – Zemgus Girgensons (#28) – Brian Gionta (#12)
Marcus Foligno (#82) – Johan Larsson (#22) – Nicolas Deslauriers (#44)
Cody McCormick (#8)

Dmitri Kulikov (#77) – Rasmus Ristolainen (#55)
Jake McCabe (#29) – Zach Bogosian (#47)
Josh Gorges (#4) – Cody Franson (#46)
Casey Nelson (#34)

Robin Lehner (#40)
Anders Nilsson (#39)

Coach: Dan Bylsma


BUFFALO SABRES
Création: 1970.
Propriétaires: Terrence Pegula depuis 2010
Patinoire: First Niagara Center
Palmarès: aucun
Equipe affiliée AHL:
Rochester Americans

L’AN DERNIER
14e
de la conférence Est avec 81 points.
Meilleurs pointeur : Ryan O’Reilly (60 points)
Meilleur buteur: Jack Eichel (24 buts).

Le joueur à suivre :
ROBIN LEHNER

Pour des débuts, on pouvait difficilement imaginer pire. L’an passé, au cours de son premier match avec Buffalo, le gardien suédois s’est donné une sévère entorse de la cheville, une blessure qu’il a ensuite aggravée… et qui l’a mis sur le flanc pendant les trois quarts de la saison. Pendant ses quelques matchs avec les Sabres, il a affiché des statistiques intéressantes (92,4% d’arrêt, notamment). Mais l’attente va être grande autour de l’ancien Senator, en qui Tim Murray croit beaucoup et qui doit être la clef d’une nouvelle progression pour les Sabres. Le Suédois l’a bien en tête. Légèrement touché, il a préféré faire une croix sur la Coupe du Monde pour ne pas risquer d’aggraver sa blessure et de compromettre sa saison avec les Sabres.

La relève :
DE LA PROFONDEUR
EN ATTAQUE

Alex Nylander

Classement ESPN: 11e
Buffalo a beau avoir une équipe jeune, les réserves sont encore très intéres-santes pour les Sabres. Le plus prometteur du lot est sans conteste Alex Nylander (8e overall en juin), un ailier très créatif, frère de William, le joueur des Leafs. Buffalo a d’ailleurs fait coup double sur les Suédois avec le centre de Farjestad, Rasmus Asplund (33e overall), au style nettement plus abrasif. Les Sabres peuvent aussi compter sur deux ailiers gros gabarit, Justin Bailey (52e overall en 2013) et Hudson Fasching (114e overall en 2013, choix de Kings),  le centre Cliff Pu (69e overall en juin), qui aura plus de responsabilités cette année à London, et le buteur Nick Baptiste (69e overal en 2013), qui a encore besoin de mûrir un peu. En défense, c’est moins riche, avec principalement Brendan Guhle (51e overall en 2015), un défenseur offensif rapide et doué et le plus défensif Will Borgen (92e overall en 2015).

Le pronostic de TPPQB

L’an dernier, il manquait douze points au Sabres pour rejoindre les Wings, derniers qualifiés pour les playoffs. L’arrivée de Kulikov, celle d’Okposo, et le retour, on l’espère, d’un Robin Lehner en pleine possession de ses moyens devraient permettre à Buffalo de se mêler à la lutte. Ce sera serré, et une bonne surprise n’est pas à exclure, mais à TPPQB, on parie sur un finish entre la 9e et la 10e place, pour une saison sans playoffs. La dernière avant un moment.