Season preview 2016-2017 : Detroit Red Wings
Eastern Conference – Atlantic division
Detroit toujours entre deux eaux

Le vaillant capitaine suédois de Detroit, Henrik Zetterberg, a vu son vieux complice Pavel Datsyuk s’envoler vers la Russie, où il évolue avec le SKA St Petersbourg. Et avec lui, peut-être, la mythique série des Wings, qualifiés en playoffs depuis 25 ans.
Les années passent et la franchise du Michigan, érigée en modèle des années 90 et 2000, continue d’errer à la recherche d’un destin clair depuis le tournant des années 2010. A défaut de gagner la Coupe Stanley tous les ans, une finale ou même une demi-finale rassureraient les partisans et l’entourage de l’équipe. Des niveaux atteints consécutivement entre 2007 et 2009 avant cette relative traversée du désert. Relative, car les Red Wings se sont quand même systématiquement qualifiés pour les playoffs ces sept dernières années, portant à un quart de siècle tout rond leur incroyable série de présences consécutives lors du bal printanier. L’année de leur dernière exclusion, la Ligue ne comptait que 21 équipes et les Oilers, même privés de Gretzky, triomphaient pour la cinquième et dernière fois en sept ans…
A défaut d’améliorer l’ordinaire des dernières saisons de Mike Babcock derrière le banc de la Joe Louis Arena, Jeff Blashill, pour ses débuts en NHL, a assuré le service minimum. Mais il aura tremblé jusqu’au bout de la saison régulière, sa formation terminant à égalité de points avec les Bruins de Boston, exclus des séries, pour arracher la troisième place d’une division Atlantique dominée par les équipes de la Floride mais faiblarde face à la division Métropolitaine l’an passé. Les playoffs seront aussi courts que l’année précédente, avec une seule petite victoire arrachée au solide Lightning de Tampa Bay.
Les raisons d’une saison aussi terne sont assez simples à trouver ; tous les jeunes joueurs biberonnés par Blashill dans l’AHL à Grand Rapids et qui avaient connu une bonne saison en 2014-2015 ont moins marqué l’an passé : de 27 à 17 buts pour Gustav Nyquist, de 29 à 21 pour Tomáš Tatar, de 12 à 8 pour Luke Glendening, de 36 à 25 points pour Riley Sheahan et de 18 à 6 points pour Tomáš Jurčo. Tous ces joueurs, ainsi que Teemu Pulkkinen (6 buts, 12 points), attendu après ses 34 buts en 46 matches en AHL, étaient censés progresser et prendre petit à petit la relève des leaders offensifs vieillissants de l’effectif. Car Datsyuk et Zetterberg (49 et 50 points) ont également connu une saison en deçà de leur rendement habituel, alors que Johan Franzen n’a pas pu jouer de la saison en raison de symptômes post commotion cérébrale et ne devrait plus fouler une patinoire de NHL à l’avenir. L’attaque a ainsi plongé au 23e rang (2,55 buts/match et 8,59% de réussite aux tirs), le Power Play restant dans la moyenne (13e à 18,8% de réussite), mais bien loin de la 2e place de l’an passé.
Dans ce marasme offensif, une étoile a néanmoins brillé intensément en 2015-2016. Dérogeant à son habitude de laisser ses espoirs faire leurs classes dans l’AHL, les Red Wings ont lancé dans le grand bain Dylan Larkin, à tout juste 19 ans. Le premier choix de l’équipe (15e overall) en 2014, trop fort pour la NCAA lors de sa seule saison à ce niveau en 2014-2015, s’est directement imposé en NHL, jouant le plus souvent à l’aile et terminant meilleur buteur de l’équipe avec 23 buts. Si sa deuxième partie de saison a été plus difficile, Larkin a montré qu’il était prêt à chausser les patins de Pavel Datsyuk, qui a décidé de rentrer dès cet été finir sa carrière en Russie, un an avant la fin de son contrat avec Detroit. Incapable de jouer une saison complète (saison 2012-2013 écourtée exceptée) depuis le début du déclin des Wings en 2009-2010, le n°13 rentre au pays avec deux coupes Stanley à son palmarès et l’étiquette d’un des joueurs les plus complets et les plus brillants dans le maniement de la rondelle de sa génération
Des « patches » pour combler les trous en attaque
Outre le départ de Datsyuk et le probable non-retour de Franzen, Brad Richards, signé l’été dernier, a décidé de raccrocher les patins après une saison confirmant son ralentissement (28 points). Le DG Ken Holland a également laissé partir deux joueurs de profondeur faisant partie des meubles, Dan Cleary et Joakim Andersson. Pour remplacer numériquement ces quatre joueurs, il a signé Frans Nielsen, longtemps deuxième centre des Islanders derrière Tavares, et Thomas Vanek, libéré de sa dernière année de contrat par le Wild. L’agitateur Steve Ott vient également amener un peu de profondeur, mais, comme Vanek, il a montré des signes de déclin ces dernières saisons. Au vu de ses mouvements, autant dire qu’on espère que Larkin soit épargné par la guigne de la deuxième saison et qu’à l’inverse, ses coéquipiers un peu plus expérimentés sauront rebondir pour trouver plus souvent le fond du filet.
Avec seulement deux joueurs étoiles, aux extrémités opposées de leurs carrières respectives, le top 6 des Red Wings semble manquer de talent pour rivaliser avec les meilleures formations de l’Est. Larkin devrait retrouver le poste de centre, flanqué de Zetterberg à l’aile gauche, les deux joueurs pouvant permuter si nécessaire. A leur droite, on devrait retrouver le fiable, à défaut d’être spectaculaire, Justin Abdelkader, à qui Blashill accordait toute sa confiance. Sur le deuxième trio, Tatar et Nyquist, limités à 15 min de temps de glace par match l’an dernier, devraient avoir l’occasion de se relancer en compagnie du nouveau venu, le Danois Nielsen, auteur de 52 points l’an dernier, plus que tous ses nouveaux coéquipiers.
Sheahan et Glendening devraient continuer de piloter les 3e et 4e trio. Darren Helm et Drew Miller, longtemps blessé l’an dernier, seront également de la partie, tout comme Vanek, qui devrait avoir l’occasion de faire valoir ses qualités offensives en supériorité numérique. La dernière place se jouera entre le nouveau venu Ott, Jurčo, et Andreas Athanasiou, qui a profité des blessures et du manque de réussite des autres attaquants pour jouer ses 37 premiers matches en NHL l’an dernier, inscrivant 9 buts. Pulkkinen aura également sa carte à jouer, mais, opéré à l’épaule pendant l’été, il manquera les deux premiers mois de la saison. Enfin, Anthony Mantha, auteur de 2 buts lors de ses 10 premiers matches en NHL en fin de saison dernière mais en difficulté défensivement, essaiera de bousculer la hiérarchie et de se tailler une place dans l’alignement partant
Pas de changement à la ligne bleue, Mrazek définitivement n°1 ?
Du côté défensif, la saison 2015-2016 a été moyenne (17e avec 2,67 buts encaissés/match ; 14e Penalty Kill à 81,6% de réussite), comme les années précédentes. La ligne bleue reste désespérément orpheline de Nicklas Lidström, et les deux Suédois ayant pris la relève, Niklas Kronwall et Jonathan Ericsson, commencent à ralentir, surtout le second. Si Kronwall reste le défenseur le plus utilisé quand il n’est pas blessé, Ericsson est désormais devancé dans la hiérarchie par Danny DeKeyser et Mike Green. Sans renouer avec ses années offensives les plus fastes, Green a été dans la lignée de ses deux dernières années à Washington, marquant 7 buts et 35 points. Malgré sa faible production offensive l’an dernier (20 points), DeKeyser a signé une lucrative prolongation de contrat cet été (6 ans, 30 millions de dollars) et est le seul élément capable de progresser au sein d’un top 4 manquant singulièrement de clinquant.
Kyle Quincey laissé libre et récemment signé par les Devils et Jakub Kindl envoyé en Floride en cours de saison l’an dernier, les jeunes Brendan Smith et Alexey Marchenko complèteront la brigade défensive. Marchenko a réussi à prendre le dessus sur ses camarades repêchés en 2011, Xavier Ouellet et Ryan Sproul, qui tenteront de bousculer la hiérarchie au camp d’entraînement.
Dans les buts, Petr Mrazek a obtenu le poste de n°1 l’an dernier mais, après un très bon début de saison (meneur de la Ligue au pourcentage d’arrêts et à la moyenne de buts encaissés fin janvier), il a faibli en fin de saison, forçant Blashill à ramener Jimmy Howard devant le filet pour les derniers matches de la saison régulière, décisifs pour la qualification en séries. Howard n’ayant pas réussi à élever son niveau de jeu en séries, Mrazek est parvenu à reprendre son poste pour les trois derniers matches, affichant des statistiques convaincantes (94,5% d’arrêts, 1,35 but encaissé/match). Si le Tchèque manque encore de régularité (92,1% d’arrêts, 2,33 buts encaissés/match sur la saison régulière), il a suffisamment convaincu sa direction pour que celle-ci cherche à échanger Howard. Ce qui aurait aussi (surtout) permis de libérer de la place sous le plafond salarial… Faute d’avoir trouvé preneur, le tandem Mrazek / Howard débutera la nouvelle saison, Eddie Pasquale ayant été signé comme 3e gardien pour épauler le jeune Coreau à Grand Rapids et dépanner en cas de besoin.
Une dernière statistique, pour illustrer la confiance que continue d’accorder la direction de l’équipe à son système de développement de joueurs et à ses scouts chargés du repêchage : 19 des 23 joueurs qui devraient composer l’effectif commençant la saison ont été développé en interne. Seuls Green, signé l’an dernier, et les trois nouveaux attaquants (Nielsen, Vanek, Ott) viennent de l’extérieur.
Le lineup probable
Henrik Zetterberg (#40) – Dylan Larkin (#71) – Justin Abdelkader (#8)
Tomáš Tatar (#21) – Frans Nielsen (#51) – Gustav Nyquist (#14)
Thomas Vanek (#62) – Riley Sheahan (#15) – Darren Helm (#43)
Drew Miller (#20) – Luke Glendening (#41) – Tomáš Jurčo (#26)
Steve Ott (#29)
Danny DeKeyser (#65) – Niklas Kronwall (#55)
Jonathan Ericsson (#52) – Mike Green (#25)
Brendan Smith (#2) – Alexey Marchenko (#53)
Xavier Ouellet (#51)
Petr Mrazek (#34)
Jimmy Howard (#35)
Coach : Jeff Blashill
Le pronostic de TPPQB
L’optimisme de mise il y a un an est retombé comme un soufflet sur les bords du lac Saint-Clair, la faute à une saison difficile offensivement pour une bonne partie de l’effectif et au départ de Pavel Datsyuk, un des derniers leaders de l’équipe ayant gagné deux Coupes dans les années 2000. Pour sa première saison derrière le banc, Jeff Blashill a parfois semblé à court de solutions, mais a maintenu le cap coûte que coûte, arrachant in extremis une place en séries.
L’arrivée en fanfare de Dylan Larkin et la perspective d’évoluer dans une patinoire toute neuve dans un an viennent néanmoins contrebalancer la morosité ambiante. Mrazek a encore beaucoup à prouver, mais semble la solution d’avenir dans les buts. Pour aspirer à un rôle de protagonistes en playoffs dans l’avenir, il faudra néanmoins l’émergence d’au moins deux autres leaders dans cette équipe, un en attaque et un en défense. Deux joueurs difficiles à identifier à l’heure actuelle, ce qui laisse pour seul sérieux espoir aux partisans des Red Wings une 26e qualification consécutive pour le bal printanier, faute de volonté de reconstruire complètement de la part des dirigeants.
DETROIT RED WINGS
Création: 1926.
Anciens noms: Detroit Cougars, Detroit Falcons
Propriétaires: Olympia Entertainment, depuis 1982, dirigé par Mike Ilitch
Patinoire: Joe Louis Arena
Palmarès: 11 Stanley Cups (1936, 1937, 1943, 1950, 1952, 1954, 1955, 1997, 1998, 2002, 2008)
Equipe affiliée AHL:
Grand Rapids Griffins
L’AN DERNIER
8e de la Conférence Est avec 93 points.
Eliminés en demi-finale de la division Atlantique par le Lightning de Tampa Bay (4-1).
Meilleur pointeur : Henrik Zetterberg (50 points).
Meilleur buteur : Dylan Larkin (23 buts)
Le joueur à suivre :
DYLAN LARKIN
Après une saison tonitruante avec les Wolverines de l’Université du Michigan en 2014-2015 (47 points en 35 matches) dans les mois suivant son repêchage au 15e rang par les Red Wings, Dylan Larkin a su convaincre Blashill et la direction de l’équipe de lui faire une place immédiatement en NHL. Et son arrivée chez les professionnels a été du même acabit que ses premiers coups de patin en NCAA : à la gauche de Zetterberg et Abdelkader, Larkin affichait 10 points au compteur après 13 matches, puis 38 points après 52 matches en février. A l’image de l’équipe, sa fin de saison fut plus difficile (45 points en 80 matches au final). Avec 23 buts, il a tout de même fini meilleur marqueur des Wings et 3e rookie, derrière Artemi Panarin et Jack Eichel. En séries, Larkin n’aura pas fait plus le poids que ses coéquipiers face aux Bolts (1 point en 5 matches). Lancé à l’aile gauche pour lui éviter certaines tâches défensives ainsi que le cercle des mises en jeu, où l’expérience prime généralement, il devrait retrouver son poste naturel de centre cette saison. S’il est à nouveau jumelé à Zetterberg, la transition pourra être progressive, le Suédois étant lui aussi adepte des deux postes. Detroit aura de toute façon besoin que son jeune prodige évite la guigne de la deuxième année.
La relève :
UN TRIO COSTAUD
Classement
ESPN: 18e
Larkin déjà devenu un élément clé de l’équipe, les trois autres plus récents premiers choix de l’équipe apparaissent comme les plus talentueux et donc les plus à même d’impacter positivement les résultats des Red Wings dans les prochaines saisons. Anthony Mantha, repêché 20e en 2013, a déjà goûté à la NHL en fin de saison dernière. S’il a montré qu’il lui restait encore du travail à faire sur les plans physique et défensif, il a tout de même pu faire apprécier sa vitesse et son talent offensif, en particulier son redoutable tir des poignets. Pas retenu pour les séries avec le grand club, il est retourné disputer la saison printanière avec les Griffins. Des playoffs où il a brillé, menant l’équipe avec 11 points en 9 matches. S’il a travaillé physiquement et tactiquement cet été, il aura tous les éléments en main pour s’imposer comme un élément important de l’offensive des Red Wings. Evgeny Svechnikov, repêché 19e en 2015, est un autre sniper imposant, qui fera le saut chez les professionnels cette année après deux saisons dans la LHJMQ à Cape Breton. Sauf surprise, il jouera à Grand Rapids. Les deux ailiers ont été rejoints cet été par un défenseur, Dennis Cholowski, repêché au 20e rang. Evoluant jusque là dans la BCHL, Cholowski fera le saut dans la NCAA à la St. Cloud State University cette année. Défenseur mobile et offensif, il a encore beaucoup de travail physique et tactique à faire avant de goûter à la NHL, mais les qualités sont là. Mentionnons également Tyler Bertuzzi, le neveu de l’ancien joueur des Wings. Doté des mêmes qualités de power forward que son oncle Todd, le 58ème choix de 2013 va entamer sa deuxième saison avec les Griffins. A surveiller également l’ailier Dylan Sadowy, acquis cet été des Sharks de San Jose, et le gardien non repêché Jared Coreau, brillant à Grand Rapids l’an dernier.