Season preview 2016-2017 : Boston Bruins

Eastern Conference – Atlantic division


 Les Bruins ne comptent pas (encore)
pour des prunes

Avec 37 buts, Brad Marchand s’est découvert des talents de finisseur de très haut niveau l’an dernier. Et les Bruins auront besoin qu’il répète l’exploit si l’équipe, encore affaiblie, veut rêver aux playoffs.

Il n’y a pas eu de miracle. Après avoir vu son effectif dépouillé des Lucic, Hamilton, Soderberg et Reilly Smith, Boston a manqué, pour la deuxième fois d’affilée, le cut pour les playoffs, même si les Bruins n’ont été devancés par Detroit qu’à la faveur d’un nombre de ROW (victoires dans le temps réglementaire ou en prolongation) supérieur d’une petite unité. Un échec qui a pris corps dans la dernière ligne droite de la saison. Au moment où les points étaient les plus précieux, Boston n’a pu gagner que trois fois sur ses douze derniers matchs. Un effondrement forcément fatal.
La bonne nouvelle, c’est que cet été a été moins dévastateur pour la franchise du Massachusetts. Les Bruins ont quand même dû laisser filer Loui Eriksson, auteur d’une très belle dernière saison avec les B’s, et Lee Stempniak, acquis à la trade deadline très performant avec les Devils. Pour le reste, ce sont surtout des role players ou des joueurs en fin de parcours qui ont quitté la franchise (Jonas Gustavsson, Chris Kelly, Landon Ferraro, Max Talbot). Très perturbé par les blessures, le solide arrière allemand Dennis Seidenberg a lui vu son contrat racheté par la franchise. Seidenberg était encore sous contrat pour deux ans à 4M$ par saison. L’opération permet à Boston d’économiser un peu moins de 3M$ de cap hit sur les deux prochaines saisons, une donnée importante pour le DG Don Sweeney, dont la marge de manoeuvre avec le plafond salarial n’est pas énorme.
Sweeney a toutefois renforcé son équipe en signant l’ancien capitaine des Blues, David Backes (5 ans, 30M$). Un deal pertinent à court terme, car Backes est un excellent attaquant, dur au mal, solide dans sa zone et peut contribuer offensivement. Mais à moyen terme, son style peu économe risque de provoquer un déclin rapide. Le DG des Bruins a également mis sous contrat Riley Nash (2 ans, 1,8M$), et le toujours précieux vétéran Dominic Moore (1 an, 900 000$). Et, considérant que ses jeunes gardiens Zane McIntyre et Malcolm Subban n’avaient pas donné tous les gages de sécurité nécessaires pour tenir le poste de doublure, il a offert un contrat de deux ans (2,4M$) au Russe Anton Khudobin.

L’explosion de Brad Marchand
L’an dernier, malgré les départs de Lucic et Seidenberg, l’attaque des Bruins s’est montré particulièrement prolifique (2,88 buts par match, 5e de la ligue), grâce en partie à un très solide powerplay (7e de la ligue avec 20,5% d’efficacité). Une attaque qui ne pourra plus compter sur les 30 buts de Loui Eriksson, mais s’appuiera sur le binôme Brad Marchand – Patrice Bergeron. Marchand a connu la meilleure saison offensive de sa carrière terminant avec une remarquable récolte de 37 buts, qui lui vaut de terminer 6e buteur de la ligue, et un total de 61 points. Le très irritant ailier sera-t-il capable de reproduire ce genre de performance? Il n’avait jusqu’à présent jamais inscrit plus de 28 buts. Mais si l’on observe son pourcentage au tir, il se situe dans le droit fil de ses statistiques habituelles (14,8% d’efficacité), un signe plutôt encourageant. Son habituel partenaire de trio, Patrice Bergeron, demeure, lui, l’un des meilleurs joueurs two way de la ligue, particulièrement efficace en désavantage numérique, grâce à une intelligence de jeu et un sens de l’effort de très haut niveau. Et malgré une blessure à la cheville subie début février, il a connu la meilleure saison offensive de sa carrière (32 buts, 68 points). Les deux lascars devraient évoluer soit avec David Pastrnak, soit, plus probablement, avec le nouveau venu David Backes, un joueur qui colle à merveille avec le style maison, gros, agressif, puissant et travailleur, mais aussi talentueux. Backes apportera aussi du leadership à sa nouvelle franchise. A voir quand même comment l’ancien des Blues digérera la transition après 10 saisons à St. Louis.  Il sort en outre d’une année un peu moins productive offensivement (21 buts et 45 points quand même).
Sur la deuxième unité, le duo tchèque David Krejci-David Pastrnak aura pour mission d’apporter un peu plus de scoring. Krejci, un playmaker subtil et technique, sortait d’une saison gâchée par les blessures. Il a bien rebondi avec une saison de 63 points, mais a manqué la Coupe du Monde du fait d’une opération à la hanche subie après la saison. L’arrivée de Backes a ramené son nom dans les rumeurs de transaction, Boston ayant besoin d’aide en défense, mais son contrat (7,25M$) paraît difficile à échanger. Pastrnak (lire ci-contre), lui, a été un peu moins brillant que lors de sa première saison. Boston espère qu’il franchira le plateau des 20 buts cette année. Le duo tchèque devrait évoluer soit avec Frank Vatrano, un ailier petit gabarit originaire de la région de Boston qui a connu une belle saison AHL, et montré quelques flashs intéressant lors de rappels avec le grand club, ou Matt Beleskey. L’ancien des Ducks n’a pu répéter sa très belle saison 2014-2015, n’inscrivant que 15 buts et 37 points. Beleskey est un ailier physique, grand amateur de mises en échec (8e de la ligue dans cette catégorie avec 260 hits), qui dispose en outre d’un bon lancer.

Le flop Jimmy Hayes
Claude Julien, l’entraîneur des Bruins, pourrait être tenté de l’aligner sur son troisième trio pour répartir le scoring. Il y évoluerait alors avec Ryan Spooner, un centre playmaker petit gabarit avec qui la complémentarité était évidente l’an dernier. Spooner a impressionné offensivement lors de sa première saison NHL complète (49 points). Rapide et habile, il peine toutefois dans le jeu défensif et sur les mises au jeu. Il n’est pas exclu qu’il soit plutôt utilisé à l’aile, auquel cas Claude Julien replacerait vraisemblablement Backes au centre. Ce troisième trio sera complété par la grosse déception de la saison dernière, Jimmy Hayes. Obtenu dans un échange avec Florida qui a permis à Boston de se délester du contrat de Marc Savard, il avait coûté Reilly Smith, excellent l’an dernier (25 buts et 50 points) avec les Panthers. Hayes, lui, s’est montré horriblement irrégulier, et a terminé la saison avec une maigre récolte de 29 points (dont 13 buts). Il se doit de rebondir très rapidement.
Le quatrième trio, enfin, devrait être pivoté par Dominic Moore, un vétéran spécialiste de la défense et du PK. Déclinant, Moore s’est contenté de 15 petits points l’an dernier. On devrait le voir associé à un autre nouvel arrivant, un joueur un temps assez coté, mais qui n’a pas répondu aux attentes et se contente aujourd’hui d’un role de fourth liner. Ce duo d’expérience pourrait accueillir le jeune Noel Acciardi, un bon scoreur au niveau universitaire, malheureusement quasiment aphone l’an dernier en NHL (une passe en 19 matchs). Les fans des Bruins fondent aussi beaucoup d’espoirs sur Danton Heinen, un playmaker qui s’est montré dominant l’an dernier en NCAA, et à qui Boston a offert un premier contrat de trois saisons. Enfin, si Claude Julien veut ajouter un peu de brutalité à son alignement, il dispose de l’enforcer Zac Rinaldo.

Chara toujours debout
Traditionnel point fort de la franchise sous Claude Julien, la défense des Bruins a peiné l’an dernier (2,78 buts encaissés par match, 19e de la ligue). Il faut dire que les pertes de Johnny Boychuk, puis Dougie Hamilton ont fait mal. D’ailleurs les rumeurs de transactions font état d’un intérêt appuyé de Don Sweeney, entre autres, pour Kevin Shattenkirk, des Blues. Les Bruins ont quelques prospects intéressants en défense, mais à court terme, ils vont avoir besoin de renforts NHL de poids s’ils veulent demeurer compétitifs.
L’emblème de cette défense demeure le mastodonte Zeno Chara, qui a bien rebondi l’an passé après une saison 2014-2015 sous ses standards habituels du fait d’une blessure au genou. A 39 ans, le Slovaque a ralenti, mais demeure un roc défensif, grâce à son envergure, à sa puissance et à sa science du jeu. Il semble par contre que Claude Julien ait pour ambition de réduire son temps de glace en avantage numérique pour donner plus d’espace à Torey Krug. Chara devrait évoluer cette année avec Kevan Miller, un arrière au potentiel offensif limité, mais qui amène une dimension physique intéressante. Miller a été prolongé cet été de quatre ans (10M$), mais n’est clairement pas un arrière capable d’évoluer régulièrement sur une première paire défensive.

Rask doit rebondir
Le deuxième duo devrait associer Torey Krug et Adam McQuaid. Krug continue de s’établir comme un solide défenseur offensif, particulièrement redoutable sur le powerplay où il a inscrit 19 de ses 44 points. Ce petit gabarit est un patineur fluide, un bon puckmover dont la grande force est sa capacité à commander l’avantage numérique. Il a curieusement quasiment arrêté de marquer l’an dernier (4 buts seulement contre 13 et 14 lors de ses deux précédentes saisons). Ce qui n’a pas empêché Boston de le mettre sous contrat pour quatre ans et 21 M$. Son partenaire, Adam McQuaid, est un arrière physique gros gabarit au style plus fruste. Il reste sur un dernier exercice mitigé, car une commotion cérébrale l’a mis à l’écart pendant une petite vingtaine de matchs.
La troisième unité devrait être celle de l’expérimenté John Michael Liles, un puck mover petit gabarit qui a connu une carrière accidentée. A 35 ans, il devra aider la progression de ses jeunes partenaires. Ce pourrait Joe Morrow, l’un des grands espoirs de l’organisation en défense. Morrow n’a disputé que 33 matchs l’an dernier avec le grand club. S’il peut apporter offensivement et par son impact physique, il doit gagner en constance et en sécurité dans son jeu. L’autre candidat est Colin Miller, arrivé l’été précédent de Los Angeles dans l’échange de Milan Lucic. Miller patine bien et dispose d’une bonne lecture du jeu. Il en a mis ces qualités à profit pour disputer 42 matchs avec le grand club.
Devant le filet, Boston n’a pas pu s’appuyer sur un Tuukka Rask au meilleur de sa forme. Le grand gardien finlandais, vainqueur du trophée Vezina en 2013-2014, a rendu une fiche statistique indigne de son talent,  tant au niveau du pourcentage d’arrêt (91,5%, 21e parmi les gardiens numéro 1 de la ligue) que de la moyenne de buts encaissés (2,56, 19e de la ligue). Sa doublure, Anton Khudobin, a passé l’essentiel de la saison dernière avec les Gulls de San Diego, la farm team des Ducks. C’est néanmoins un backup tout à fait convenable à ce niveau.


Le lineup probable

Brad Marchand (#63) – Patrice Bergeron (#37) – David Backes (#42)
Frank Vatrano (#72) – David Krejci (#46) – David Pastrnak (#88)
Matt Beleskey (#39) – Ryan Spooner (#51) – Jimmy Hayes (#11)
Noel Acciari (#55) – Dominic Moore (#28) – Riley Nash (#20)
Zach Rinaldo (#36)

Zdeno Chara (#33) – Kevan Miller (#86)
Torey Krug (#47) – Adam McQuaid (#54)
John Michael Liles (#26) – Colin Miller (#48)
Joe Morrow (#45)

Tuukka Rask (#40)
Anton Khudobin (#30)

Coach: Claude Julien


BOSTON BRUINS
Création: 1924
Propriétaires: Jeremy Jacobs depuis 1975
Patinoire: TD Garden
Palmarès: 6 Stanley Cups (1929, 1939, 1941, 1970, 1972, 2011)
Equipe affiliée AHL:
Providence Bruins

L’AN DERNIER
9e
 de la conférence Est avec 96 points.
Meilleurs pointeur et buteur: Patrice Bergeron (55 points, 23 buts).

Le joueur à suivre : DAVID PASTRNAK

Il avait déboulé, à
18 ans, et tapé dans l’œil de pas mal d’observa-
teurs par sa technique, sa vitesse, et son audace. La deuxième saison du jeune Tchèque a été moins convaincante. La faute à une fracture du pied qui lui a coûté une trentaine de matchs. Il a tout de même réussi à inscrire une quinzaine de buts en NHL. Pastrnak doit gagner en constance, mais les Bruins comptent sur lui pour devenir un attaquant top 6 fiable. La mission commence dès cette saison.

La relève :
PROMETTEURS DÉFENSEURS

Jakub Zboril

Classement ESPN: 12e

Depuis deux saisons, les Bruins ont quelque peu remplumé leur banque d’espoirs, en particulier en défense. Leur meilleur espoir est sans doute le dernier arrivé, Charlie McAvoy (14e overall en juin), un arrière offensif très doué, mais qui a eu le malheur de voir ressortir un vieux tweet dans lequel il disait sa haine des Bruins. L’affaire a fait beaucoup rire… hors de Boston. Moins actif sur les réseaux sociaux, Jakub Zboril (13e overall en 2015) évolue dans un style robuste et agressif qui devrait plaire au public de Boston. On citera aussi l’immense Brandon Carlo (37e overall en 2015), solide avec le Canda lors des championnats du monde juniors. Devant le filet, Malcolm Subban (24e overall en 2012) demeure le principal espoir.
En attaque, les deux choix surprise de l’an dernier, le sniper Jake DeBrusk (14e overall en 2015) et le très rapide Zach Senyshyn (15e overall en 2015) n’ont pas vraiment rassuré, en particulier le premier. Au contraire de Jakob Forsbacka-Karlsson (45e overall en 2015), qui continue à s’affirmer dans un style intense, mais a aussi augmenté sa production offensive avec Boston University. En juin, les Bruins ont également porté leur choix sur Trent Frederic (29e overall), un ailier américain au style sans fioritures, déjà très fort physiquement et qui pourrait être un solide bottom sixer à moyen terme.

Le pronostic de TPPQB

Cette équipe de Boston est clairement en transition, le groupe qui l’avait amené jusqu’à la Coupe en 2011 va progres-sivement céder la place. Ceci dit, si Tuukka Rask se reprend, et si Don Sweeney parvient à renforcer sa défense, les Bruins pourraient surprendre et se tailler une place en playoffs. Le scénario le plus probable reste néanmoins une troisième saison d’affilée sans hockey printanier.