Season preview 2016-2017 : Philadelphia Flyers

Eastern Conference – Metropolitan division


Au carrefour
des générations

 

Wayne Simmonds a poussé son record à 32 buts l’an dernier, combiné à 147 minutes de pénalités. De quoi une nouvelle fois qu’il est aujourd’hui l’un des meilleurs power forwards de la ligue.

Pour ses derniers mois aux commandes de la franchise qu’il a créée, Ed Snyder a eu droit à une belle remontée. Le patron des Flyers, décédé le 11 avril dernier a vu les hommes de Dave Hakstol finir la saison en force (20-9-6 après le All star game) pour s’offrir un strapontin en playoffs, où personne ne les attendait vraiment l’an dernier. Car cette équipe est en transition. Bien outillée devant, les hommes de la City of brotherly love, souffrent, depuis la retraite de Chris Pronger, d’un manque évident de qualité au sein de leur arrière-garde. Mais la tendance semble devoir s’inverser rapidement. L’an dernier déjà, une fois solidement installé dans le lineup des Flyers, Shayne Gostisbehere a fait écarquiller les yeux de toute la ligue. Sa série de 15 matchs avec un point était la plus longue de l’histoire de la ligue pour un défenseur rookie, et aucun arrière n’avait fait aussi bien depuis Chris Chelios en…1995. Et cette année,  le très talentueux arrière russe Ivan Provorov aura lui aussi sa chance, en attendant Samuel Morin et Travis Sanheim. Autant dire que l’avenir de la défense des Flyers est très prometteur. Il faut simplement que la montée en puissance de ces jeunes arrières intervienne assez vite pour que les Giroux, Schenn, Voracek et autre Simmonds en profitent. L’ensemble aurait de bonnes chances de devenir une équipe de premier plan.
Cette année, l’objectif sera toutefois plus mesuré. Ron Hextall, le GM, vise un retour en playoffs, mais ne clame pas des ambitions extravagantes. Il sait que son groupe démarre son ascension, mais qu’il n’est pas encore devenu un contender. Il s’est d’ailleurs montré plutôt discret cet été, se contentant d’ajouter Dale Weise (4 ans, 9,4M$), Boyd Gordon (1 an, 950 000$). Ryan White, Evgeny Medvedev, avec qui la greffe n’a pas pris, Ray Emery et Sam Gagner n’ont pas été retenus. Ryan Umberger a même vu son contrat racheté par l’organisation après une saison affreuse (11 points en 39 matchs). Une drôle de fin pour l’ancien des Blue Jackets, objet de l’un des échanges les plus improbables du début de mandat de Hextall qui avait envoyé Scott Hartnell dans l’Ohio pour l’obtenir.

Régler la mire en attaque
L’an dernier, l’attaque de Philadelphie n’était, paradoxalement, pas leur point fort (22e de la ligue avec 2,57 buts par match), malgré un solide powerplay (11e de la ligue avec 18,9%). La faute à un manque de précision certain au moment de conclure: les Flyers, qui généraient 31 tirs par match sur la cage adverse (5e de la ligue)  ont shooté l’an dernier avec un très faible taux d’efficacité de 8,31% (26e de la ligue). Un manque d’adresse illustré par Jakob Voracek, qui a vu son taux de réussite au tir quasiment divisé par deux (de 10% à 5,2%). Le Tchèque, très bone en 2014-2015 (81 points, dont 22 buts), a peiné toute l’année (55 points, dont 11 malheureux buts). Il doit une revanche à ses partenaires et à son GM, qui lui avait consenti l’été dernier un contrat gargantuesque (8 ans, 66M$). L’ancien des Blue Jackets devrait évoluer sur le deuxième trio des Flyers, puisqu’il a été dépassé l’an dernier par l’excellent Wayne Simmonds. Voracek devrait donc évoluer avec Sean Couturier et Michael Raffl. Le premier a connu une solide saison malgré les blessures qui lui ont coûté 19 matchs, et l’essentiel des playoffs. A 23 ans, ce playmaker très calme est un des meilleurs centres two way de la ligue, capable de défendre sur n’importe quel adversaire, tout en contribuant offensivement. On attend de lui un peu plus en attaque. Quant à l’Autrichien Michael Raffl, il n’a pas su réitérer sa belle saison 2014-2015 (21 buts). C’est un solide joueur de complément dans un top 6, mais il a besoin d’être mis en valeur par un playmaker de haut niveau pour contribuer offensivement, comme l’a prouvé sa fructueuse collaboration avec Claude Giroux.
capphiLa star des Flyers a, de son côté, connu une saison en dedans, sans doute handicapé par des blessures à la hanche et à l’abdomen qui lui ont valu d’être opéré en mai. Le magicien de Hearst a tout de même enquillé 67 points, mais a disparu lors des playoffs, se contentant d’un petit point. Il a par contre contribué au déclic de Brayden Schenn, auteur de 26 buts l’an dernier. L’ancien des Kings, acquis dans l’échange qui avait envoyé Mike Richards en Californie, avait jusqu’à présent été largement éclipsé par son camarade Wayne Simmonds, lui arrivé dans le deal pour Richards. Il a montré l’an dernier qu’il pouvait lui aussi produire comme un ailier de premier trio, tout en amenant une agressivité et un souci du détail défensif louables. Ron Hextall a donc choisi de lui offrir une prolongation de contrat (4 ans, 20,5M$). Simmonds, lui, continue imperturbablement sur sa lancée. Rapide, très intense et rugueux, le gamin de Scarborough est l’un des power forwards d’élite de la ligue. L’an dernier, il a pour la première fois de sa carrière atteint le plateau des 30 buts, sans pour autant faire la moindre concession à son style musclé.

Bellemare ne lâche rien
Le niveau de talent chute toutefois de façon drastique après le top 6. La troisième unité devrait être pivotée par Nick Cousins, un playmaker gritty à souhait, qui s’est imposé l’an dernier dans l’alignement des Flyers, sans faire d’étincelles offensivement (10 points en 36 matchs). On devrait y retrouver le nouveau venu Dale Weise, très bon avec Montréal l’an dernier dans un rôle de scoreur d’appoint, rapide et plus adroit que l’on ne pouvait l’imaginer (14 buts). Echangé au moment de la trade deadline, il a par contre beaucoup peiné avec Chicago, où Joel Quenneville ne l’utilisait qu’avec une extrême parcimonie. Enfin Matt Read sort d’une saison très délicate. Le petit ailier scoreur avait vu sa saison 2014-2015 très perturbée par une blessure à la cheville, et l’on espérait le revoir un peu plus à la fête. Mais il semble avoir perdu la vitesse qui faisait sa force, et a peiné l’an passé – sans l’excuse des blessures. Philadelphie a besoin de le retrouver à un autre niveau, faute de quoi le secondary scoring pourrait faire défaut.
Sur le dernier trio enfin, Boyd Gordon vient apporter sa science du jeu défensif et des mises au jeu. Il sera associé à Chris Vandevelde, un ailier utile sur le PK, mais qui n’a qu’un potentiel offensif limité, et Pierre-Edouard Bellemare. L’ailier de l’équipe de France s’est montré plus à l’aise encore l’an dernier à ce niveau, augmentant de deux points sa récolte. Rapide et pas avare de ses efforts, il a la confiance de Dave Hakstol, l’entraîneur des Flyers, dans un rôle de bottom sixer. Attention quand même, deux espoirs de l’organisation, Travis Konecny et Scott Laughton lorgneront une place dans le top 12 de Philadelphie.

Del Zotto et Streit ont la pression
Pour sa première saison à la tête des Flyers, l’ancien coach de North Dakota Dave Hakstol avait pour priorité de redonner un peu d’étanchéité à sa défense. Il y est plutôt bien parvenu, faisant glisser la moyenne de buts encaissés de 2,72 à 2,56 buts par match,  ce qui a fait gagner 10 place aux Flyers dans la hiérarchie des défenses (12e). Seul détail à corriger, le PK, pas vraiment convaincant (20e de la ligue avec 80,5%).
Cette année, il s’appuiera encore sur le duo Michael Del Zotto – Mark Streit. Le premier sort d’une saison compliquée, à cause d’une blessure au poignet qui lui a coûté pas moins de 30 matchs. Ce puckmover adroit et fluide semble avoir trouvé un peu de quiétude à Philadelphie après un début de carrière mouvementé. Il est toutefois en fin de contrat et devra prouver à son DG qu’il mérite d’être reconduit. Mark Streit, lui, demeure un arrière intelligent et utile dans les trois zones, mais l’âge commence à se voir pour le Suisse, en fin de contrat lui aussi. Sa production a nettement décliné l’an dernier passant de 0,64 à 0,37 points par match. Toujours utile, de par son expérience, il doit lui aussi prouver qu’il est encore indispensable. Car la concurrence pousse. A l’image de l’excellent Shayne Gostisbehere, la révélation de l’an dernier et finaliste du trophée Calder (lire ci-contre). On devrait le retrouver sur un deuxième duo défensif avec le très surpayé Andrew MacDonald. L’ancien des Islanders sera sous la menace cette année, il a d’ailleurs passé plus de la moitié de la saison en AHL l’an passé.
Ivan Provorov, premier choix de Flyers en 2015 et qui a connu une superbe saison l’an dernier avec Brandon, en WHL, ne devrait, lui, pas s’attarder avec la farm team de Philadelphie. Le Russe est sans aucun doute le futur défenseur numéro 1 des Flyers, et il aura l’occasion de le démontrer lors du camp d’entraînement. C’est un arrière intelligent, rapide, adroit, qui a été comparé à Andrei Markov. Une sacrée référence. Il pourrait évoluer avec le très rugueux défenseur tchèque Radko Gudas, l’une des bonne surprises de la saison passée. L’ancien du Lightning, acquis dans l’échange qui avait envoyé Braydon Coburn en Floride, est l’un des hitters les plus
craints de la ligue. Puissant, agressif, régulièrement coupable de gestes dangereux, il a délivré plus de 300 mises en échec l’an dernier, de quoi terminer deuxième de la ligue à ce chapitre. Ron Hextall lui a offert une prolongation de quatre ans et 13,4M$. On pourrait également voir à l’œuvre Brandon Manning, un arrière strictement défensif qui a fait son trou, ou le vétéran Nick Schultz, régulier l’an dernier, mais clairement sur le déclin.

Neuvirth relance le suspense
Devant le filet, Steve Mason a confirmé sa belle saison 2014-2015. L’ancien rookie de l’année 2009 est un gardien grand et athlétique, qui semble aujourd’hui à maturité. Il a affiché d’honnêtes statistiques l’an dernier (14e de la ligue avec 91,8% d’arrêts, 19e avec 2,51 buts encaissés par match), mais s’est surtout montré déterminant en fin de saison, avec 17 départ lors des 18 derniers matchs, pour assurer la place de son équipe en playoffs. Des playoffs où il a, par contre, subi face à Washington. Sa doublure, le Tchèque Michal Neuvirth, est l’un des plus solides backups de la ligue. Ses statistiques étaient d’ailleurs supérieures à celle de Mason (92,4% d’arrêt et 2,27 buts encaissés en moyenne) en saison régulière, et il a pris le relais de son starter avec brio en playoffs (98,1% d’arrêts, 0,67 buts encaissés par match). De quoi relancer l’idée d’une concurrence, voire d’un renversement de la hiérarchie au profit du Tchèque? La question devra être tranchée lors du camp d’entraînement.


Le lineup probable

Brayden Schenn (#10) – Claude Giroux (#28) – Wayne Simmonds (#17)
Michael Raffl (#12) – Sean Couturier (#14) – Jakub Voracek (#93)
Dale Weise (#22) -Nick Cousins (#52) – Matt Read (#24)
Pierre-Edouard Bellemare (#78) – Boyd Gordon (#27) – Chris VandeVelde(#76)
Scott Laughton (#21)

Michael Del Zotto (#15) – Mark Streit (#32)
Andrew McDonald (#47) – Shayne Gostisbehere (#53)
Ivan Provorov (#79) – Radko Gudas (#3)
Brandon Manning (#23)

Steve Mason (#35)
Michal Neuvirth (#30)

Coach: Dave Hakstol


PHILADELPHIA FLYERS 
Propriétaires: Brian L. Roberts (Comcast Spectacor), depuis 1996
Patinoire: Wells Fargo Center
Palmarès: 2 Stanley Cups (1974, 1975)
Equipe affiliée AHL:
Lehigh Valley Phantoms

L’AN DERNIER
7e 
de la conférence Est avec 96 points.
Eliminés par les Capitals de Washington au premier tour des playoffs (4-2).
Meilleur pointeur: Claude Giroux (67 points)
Meilleur buteur: Wayne Simmonds (32 buts).

Le joueur à suivre :
SHAYNE GOSTISBEHERE

Il a vite mis derrière lui sa saison 2014-2015, ruinée par une déchirure du ligament croisé du genou. Appelé en novembre pour suppléer un Mark Streit blessé, l’arrière américain a connu une fantastique saison rookie (46 points en 64 matchs, ce qui en fait le 8e défenseur de la ligue pour la moyenne de points par match). Patineur remarquable, très à l’aise pour transporter le puck, il s’est révélé une arme d’élite sur le powerplay. Il sera très attendu, et certainement très surveillé cette saison par les adversaires des Flyers. On aimerai aussi le voir s’améliorer dans son jeu défensif, et continuer d’ajouter du muscle, car son faible gabarit peut être un obstacle, notamment dans sa zone.

La relève :
SOLIDES PARTOUT

Travis Sanheim

Classement ESPN: 6e
Mis à part l’excellent Ivan Provorov (7e overall
 en 2015), que l’on projette volontiers avec les Flyers dès cette saison, le prospect pool de Philadelphie est de grande qualité, notamment en défense. Travis Sanheim (17e overall en 2014) manque encore un peu de muscle, mais il a tout pour devenir un défenseur top 4 dans la ligue. Grand, fluide, doté d’un bon lancer, il devrait progresser en AHL cette année. Samuel Morin (11e overall en 2013), lui, a déjà fait la découverte du niveau pro l’an dernier. Ce monstre physique y a imposé sa puissance et son agressivité. Citons aussi le fiable Suédois Robert Hagg (41e overall en 2013). En attaque, le meilleur espoir, du moins à court terme, est Travis Konecny (24e overall en 2015), talentueux et très déterminé. Mais les deux premiers choix du dernier repêchage pourraient aussi faire du dégât. German Rubtsov (22e overall) est un centre rapide et très au point défensivement. Quant à Pascal Laberge (36e overall), c’est un attaquant intelligent et mature, mais il doit sérieusement s’épaissir. Enfin, devant le filet, l’Albertain Carter Hart (48e overall) était l’un des gardiens les plus cotés du dernier repêchage. Les scouts voient en lui un futur numéro 1 au niveau NHL.

Le pronostic de TPPQB

Pour Philadelphie, les étoiles semblent à nouveau s’aligner,
avec une prometteuse nouvelle génération de défenseurs, un coach compétent, et un gros potentiel offensif. Il faudra toutefois un retour de Claude Giroux et Jakub Voracek à un niveau plus conforme à leur potentiel pour s’éviter un final à suspense comme l’an dernier. Surtout, Philadelphie a beaucoup souffert face aux Caps en playoffs. Il faudra donc passer un cap rapidement car la division Métropolitaine, très compétitive, ne pardonne pas l’erreur. Logiquement, on devrait retrouver les Flyers entre la 7e et la 10e place. Un retour en playoffs est loin d’être garanti. Mais cette franchise est sur la bonne voie
.