Season preview 2016-2017 : New York Islanders
Eastern Conference – Metropolitan division
L’île de Sisyphe

Privé de deux de ses meilleurs lieutenants, Kyle Okposo et Frans Nielsen, partis libres pour Buffalo et Detroit, le centre star des Islanders John Tavares va devoir prendre plus de responsabilités encore cette saison.
L’an passé, les Islanders ont abandonné leur décrépit Nassau Veteran Memorial Coliseum pour le rutilant Barclay’s center, en plein coeur du très hype et argenté borough new yorkais de Brooklyn. Les coéquipiers de John Tavares ont confirmé leur très belle saison 2014-2015 avec une deuxième saison régulière à 100 points, une performance inégalée depuis… 1982. Et en playoffs, les New Yorkais ont éliminé les Panthers en 6 matchs, gagnant ainsi leur première série depuis… 1993, avant de s’incliner face à l’armada du Lightning (4-1). Enfin, dans les coulisses, Charles Wang a passé la main aux nouveau propriétaires, Jon Ledecky et Scott Malkin, mettant ainsi un terme à un mandat pour le moins médiocre de l’homme d’affaire d’origine chinoise. Tous les voyants semblaient au vert, et les Islanders avaient tout de l’équipe montante dans la Conférence Est.
Sauf que ni Kyle Okposo, ni Frans Nielsen ne l’entendaient de cette oreille. En fin de contrat, ces deux piliers de l’attaque new yorkaise ont choisi de tester le marché des agents libres, pour finalement signer dans une franchise en reconstruction pour le premier (Buffalo) et dans une autre dont l’avenir sportif à court terme est assez peu rassurant (Detroit). Un désaveu pour les Islanders, qui ont aussi perdu le costaud Matt Martin, parti signer un contrat incongru à Toronto. Du coup, New York doit donc une nouvelle fois reconstruire, privé de trois éléments d’expérience et d’une partie de son potentiel offensif. Pour combler ces pertes, le DG Garth Snow a donc choisi de frapper fort sur le marché des agents libres, s’offrant l’un des UFA les plus cotés du marché, Andrew Ladd. L’ancien capitaine des Jets est une solide acquisition, mais son contrat (7 ans, 38,5M$) paraît bien long pour un joueur de 30 ans, au style peu économique. Moins onéreux, le contrat de Pierre-Alexandre Parenteau (1 an, 1,25M$) pourrait être l’un des bons coups de l’intersaison. Parenteau sort en effet d’une bonne saison avec les Leafs, et retrouvera John Tavares, avec qui il a connu ses meilleurs moments dans la ligue. Pour remplacer Martin, Snow a également mis la main sur Jason Chimera (2 ans, 4,5M$), un bottom sixer expérimenté et très rapide. Mais ce sont surtout les jeunes de l’organisation qui vont devoir se mettre en évidence si les Islanders veulent poursuivre leur progression. Garth Snow a d’ailleurs fait de la place dans son roster, puisque ce sont pas moins de 19 joueurs qui ont plié bagage. Même si outre les trois cités plus haut, Zidlicky et Strait, la majorité d’entre eux n’avaient pas vocation à évoluer au plus haut niveau.
Relancer Parenteau
L’an passé, l’attaque des Islanders était un point fort de l’équipe (11e de la ligue avec 2,77 buts par match), malgré un powerplay quelconque (17e de la ligue avec 18,3%). John Tavares sera une nouvelle fois le point d’ancrage de cette attaque, a fortiori avec les départs de Nielsen et Okposo. Le capitaine a connu une régression dans sa production offensive l’an dernier, passant de 86 à 70 points. Il n’en reste pas moins l’un des tout meilleurs centres offensifs de la ligue, aussi à l’aise à la passe qu’à la finition (33 buts et 37 assists l’an dernier). Brillant lors du premier tour des playoffs (9 points en 6 matchs), il a été bien muselé par Tampa ensuite. Il aura pour mission de confirmer la relance de PA Parenteau, productif l’an dernier avec Toronto (20 buts). Le Québécois est un ailier playmaker adroit et doté de bonnes mains, mais qui a tendance à disparaître par séquence et peut se montrer très soft. Tout l’inverse de l’autre nouvel arrivant, Andrew Ladd, un joueur intense qui aime aller dans le trafic. Il devrait s’avérer un bon complément de Tavares et amener expérience (2 Coupes Stanley au palmarès) et leadership à une jeune équipe new yorkaise.
Une jeunesse qu’incarne à merveille le trio Anders Lee – Brock Nelson – Ryan Strome. Le premier n’a pas été aussi brillant que lors de sa première saison NHL, passant de 25 à 15 buts inscrits l’an dernier. Mais ce gros gabarit s’est installé solidement dans le top 9 des Isles, et seule une fracture du péroné l’a empêché de contribuer en playoffs. Brock Nelson, lui, a été dans la lignée de sa saison 2014-2015, pendant laquelle il s’était révélé. Le gros centre américain peut aussi évoluer à l’aile où son gabarit le rend utile dans les bandes. C’est un buteur adroit, comme en témoignent ses 26 buts l’an dernier, mais on attend plus de lui en terme de playmaking s’il doit évoluer au centre. Sélectionné avec Team USA pour la Coupe du Monde, il devrait arriver en pleine confiance. Ryan Strome, par contre, sort d’une saison décevante. Après ses 50 points de 2014-2015, les observateurs s’attendaient à ce qu’il devienne un contributeur offensif régulier. Il a chuté à 28 points, et même disputé quelques matchs avec Bridgeport en AHL. Difficile de faire pire pour plaider sa cause avant une renégociation de contrat. Le clan Strome et les Islanders n’avaient, à l’heure où nous écrivions ces lignes, pas encore trouvé d’accord pour une prolongation de contrat.
Barzal dès cette saison?
La troisième ligne appartient, en théorie, au duo russo-biélorusse Kulemin-Grabovski. Mais les deux anciens joueurs de Toronto sortent d’une saison très moyenne. Grabovski, un petit playmaker rapide et intense, souffre lui des symptômes d’une commotion cérébrales qui ne devrait pas lui permettre d’être partant au camp d’entraînement. Quant au grand et talentueux, mais inconstant Kulemin, plus médiocre encore offensivement que son binôme (22 points), il a aussi fini l’année blessé. Ils sont donc tous deux sous la menace de la jeune génération incarnée par Matthew Barzal, dernier nom retranché de la liste des Islanders l’an dernier lors du camp d’entraînement. Excellent avec Seattle l’an dernier en WHL, ce playmaker petit format est sans doute le meilleur espoir offensif de l’organisation. Il a de bonnes chances, cette année, de faire sa place. Comme Shane Prince, qui est arrivé en fin de saison dernière et a montré quelques flashes intéressants. Le poste d’ailier droit est moins sujet à l’incertitude. Il devrait être attribué à Josh Bailey, un ailier intelligent et à l’aise sur les deux ailes). Cet ancien choix de première ronde des Islanders avait enfin donné des signaux encourageants lors de la saison précédente, inscrivant 15 buts et 41 points, mais il a régressé l’an dernier, et l’espoir de le voir devenir autre chose qu’un joueur de complément s’évanouit doucement.
Enfin, le quatrième trio devrait être piloté par Casey Cizikas, un checking center rapide et enthousiaste qui ne retrouvera donc pas Matt Martin, puisque celui-ci porte désormais le maillot des Leafs. Cal Clutterbuck, lui, n’a pas quitté le navire. L’ancien du Wild est un ailier intense et solide dans sa zone, qui amène une dimension physique intéressante, puisque c’est un hitter redouté. Le duo devrait trouver un complément intéressant avec Jason Chimera, un ailier très rapide, doté d’un solide gabarit. Les Islanders disposaient depuis quelques saisons de l’une des toutes meilleures quatrième lignes de la ligue. Avec Chimera, si l’alchimie se fait, cela pourrait bien se poursuivre.
Un Hamonic plus serein
Sans faire de performances exceptionnelles, la défense des Islanders a bien tenu la route l’an dernier (13e de la ligue avec 2,57 buts encaissés par match), bien aidée par un remarquable PK (85,5% d’efficacité, 4e de la ligue). Elle s’appuiera cette année sur Nick Leddy et Travis Hamonic, un duo qui n’a aucun problème à encaisser un temps de glace important. Le premier a bien rebondi l’an passé après un début de saison pour le moins difficile. C’est un puckmover fluide et rapide, capable de remonter le puck et de le distribuer avec justesse. Hamonic, lui, a connu une drôle de saison 2015-2016 après avoir fait connaître son envie d’être échangé pour se rapprocher de sa famille, qui connaissait des moments difficiles. Les Islanders n’ont toutefois pu trouver un partenaire d’échange. Le solide arrière two way a vu son jeu affecté par la situation, comme en témoigne une production offensive en nette baisse. Il devrait être utilisé de façon plus constante avec Leddy cette année, ce qui pourrait lui permettre de mettre à profit son gros lancer.
Sur la deuxième unité, Calvin de Haan devrait évoluer avec Johnny Boychuck. L’ancien des Bruins n’a pas confirmé sa très belle première saison new yorkaise, inscrivant 10 points de moins et se retrouvant progressivement exclu de l’avantage numérique, malgré son très gros lancer. Il demeure un arrière costaud qui s’implique physiquement et est capable d’avaler un temps de glace conséquent. Moins productif offensivement, de Haan est par contre un arrière fiable et endurant, qui joue avec beaucoup de simplicité et d’efficacité dans sa zone. C’est aussi un excellent patineur qui, à 25 ans, a prouvé que l’on pouvait compter sur lui au niveau NHL.
L’apport de Pulock
Thomas Hickey devrait être associé sur le troisième binôme à Ryan Pulock, le grand espoir de l’organisation en défense. Hickey sort d’une saison compliquée, où les blessures lui ont fait rater une vingtaine de matchs. L’ancien 4e choix overall des Kings en 2007 a réussi à sauver sa carrière avec les Islanders. Il demeure toutefois un arrière moyen, loin du potentiel qu’imaginait le scouting staff angelino au moment de son repêchage. Pulock, lui, a encore largement le temps de prouver son talent. L’an dernier, l’ancien arrière des Brandon Wheat Kings a montré, lorsqu’il a été appelé en NHL, qu’il pouvait apporter une contribution intéressante. C’est un solide gaillard, qui n’a pas un coup de patin exceptionnel, mais s’appuie sur un lancer remarquable, qui le rend très dangereux sur l’avantage numérique. En cas de besoin, le solide Adam Pelech, qui a fait forte impression l’an dernier auprès du front office des Islanders, se tient prêt. C’est un défenseur défensif gros format, qui a par contre manqué l’essentiel de la fin de saison du fait d’une blessure.
Devant le filet, toute la question sera de savoir si les New Yorkais, qui apprécient beaucoup leur troisième gardien Jean-François Bérubé, feront le choix d’échanger l’un de leurs deux gardiens partants. Halak est, en théorie, le starter. Mais ses blessures et les bonnes performances de sa doublure Thomas Greiss l’an dernier jettent le doute. Les statistiques des deux gardiens sont d’ailleurs assez proches: Halak (10e de la ligue) fait mieux que Greiss (17e) à la moyenne de buts encaissés (2,3 contre 2,36), mais l’Allemand (3e) dépasse le Slovaque (17e) pour le pourcentage d’arrêts (92,5 contre 91,9). Le début de saison devrait servir à les départager. Il faudra ensuite que Garth Snow trouve preneur. En terme financiers, il sera plus compliqué d’échanger les 4,5M$ de salaire de Halak. Mais Greiss est en fin de contrat… Bref, le duel s’annonce des plus intéressants.
Le lineup probable
Andrew Ladd (#16) – John Tavares (#91) – P.A. Parenteau (#17)
Anders Lee (#27) – Brock Shane Prince (#11) – Matthew Barzel (#) – Josh Bailey (#12)
Jason Chimera (#86) – Casey Cizikas (#53) – Cal Clutterbuck (#15)
Nikolai Kulemin (#25)/Mikhail Grabovski (#84)
Nick Leddy (#2) – Travis Hamonic (#3)
Calvin de Haan (#44) – Johnny Boychuk (#55)
Thomas Hickey (#14) – Ryan Pulock (#6)
Adam Pelech (#50)
Thomas Greiss (#1)
Jaroslav Halak (#41)
Coach: Jack Capuano
NEW YORK ISLANDERS
Création: 1972
Propriétaires: Jon Ledecky, Scott D. Malin (New York Islanders Hockey Club) depuis 2014
Patinoire: Barclays Center
Palmarès: 4 Stanley Cups (1980, 1981, 1982, 1983)
Equipe affiliée AHL:
Bridgeport Sound Tigers
L’AN DERNIER
5e de la Conférence Est avec 100 points.
Eliminés au deuxième tour des playoffs par Tampa Bay (4-1).
Meilleurs pointeur et buteur: John Tavares (70 points, 33 buts).
Le joueur à suivre :
THOMAS GREISS
Le partage, ça va cinq minutes. Deuxième dans la hiérarchie des gardiens l’an dernier en début de saison, l’Allemand a profité des blessures de Jaroslav Halak pour disputer plus de matchs que le Slovaque en saison régulière. Surtout, il a brillé lors du premier tour des playoffs face à Florida. A 30 ans, le gardien drafté par les Sharks en 2004 a enfin sa chance pour devenir numéro 1 dans la NHL. Une saison d’autant plus cruciale pour l’Allemand qu’il est en fin de contrat en juin prochain. La pression est sur lui, mais sans doute plus encore sur Halak. Un duel qui peut être une des clefs de la saison des Isles.
La relève :
QUE DE TALENTS OFFENSIFS !
Classement ESPN: 7e
Même avec la promotion annoncée de Mathew Barzal (16e overall en 2015), le potentiel offensif est considérable chez les jeunes Islanders. A commencer par celui de Michael Dal Colle (5e overall en 2014), un gros ailier scoreur doué mais pas assez concerné par le jeu lorsqu’il n’est pas en possession du puck et qui a connu une saison difficile, avant qu’un échange en OHL ne vienne le relancer. Anthony Beauvillier (28e overall en 2015) a démontré l’an dernier des qualité de leader, amenant Shawinigan en finale de la LHJMQ. C’est un ailier intense et adroit devant le filet adverse. Le très talentueux Josh Ho-Sang (28e overall en 2014) s’est bien repris l’an dernier après quelques soucis de comportement, et amènera de la créativité à l’alignement de Bridgeport. Enfin, Kieffer Bellows (19e overall en juin) est un pur buteur, à l’image de son père Brian. En défense, à part Pulock qui a de bonnes chances d’évoluer en NHL, c’est maigre. Les Islanders comptent par contre sur deux espoirs intéressants devant le filet, le Suédois Linus Soderström (95e overall en 2014) et le Russe
Ilya Sorokin (78e overall en 2014).
Le pronostic de TPPQB
Comment digérer le départ de deux joueurs aussi importants que Nielsen et Okposo? C’est toute la question pour les Islanders, qui doivent poursuivre leur ascension. Elle pourrait connaître un petit recul cette année, sauf si les jeunes se montrent à la hauteur et si Parenteau retrouve l’alchimie avec Tavares qui avait fait son succès lors de son premier passage à Long Island. Reste que le potentiel de cette équipe est intéressant, et que, même dans une division métropolitaine très compétitive, on voit mal les Islanders ne pas se qualifier pour les playoffs. La tête de la division sera par contre difficile à aller chercher, Washington et Pittsburgh semblant un cran au-dessus. Même chose en playoffs, où on voit mal les partenaires de Tavares faire mieux que l’an dernier. Remporter une série serait déjà, en soi, un succès.