Season preview 2016-2017 : New York Rangers
Eastern Conference – Metropolitan division
La peur
du vide

Le capitaine des Rangers, Ryan McDonagh s’interroge. Entre cap crunch et noyau vieillissant, ce groupe de Blueshirts a-t-il laissé passer sa chance de ramener la Coupe Stanley à Manhattan?
La fenêtre de cette belle génération de Rangers s’est-elle déjà refermée ? Depuis six saisons, les Blueshirts sont un invité régulier des playoffs, souvent au terme de saison régulières plus que solides (109 points en 2011-2012, 113 voici deux saisons, 101 l’an passé). Une régularité récompensée par une finale de Coupe Stanley en 2014, perdue face aux Kings, et une finale de Conférence Est en 2015, où c’est Tampa qui avait privé les Rangers de répéter l’exploit. Mais l’an dernier, malgré une belle récolte, la saison régulière avait déjà donné quelques signaux d’alerte, avec plusieurs matchs perdus malgré une confortable avance. Et l’expéditive série face aux Penguins, perdue en cinq matchs au terme d’un duel où la défense new yorkaise a sombré (21 buts encaissés, soit 4,2 par match !) a confirmé la thèse du déclin.
Le problème pour Jeff Gorton, c’est que ses mains sont liées par le plafond salarial, puisqu’il n’a plus, à l’heure où nous écrivons ces lignes, qu’1,4M$ de marge de manœuvre. Il a donc dû se résoudre à voir partir Keith Yandle, Dan Boyle (retraite) ou Eric Staal, acquis à la trade deadline, et à ne recruter qu’à moindre frais les Michael Grabner (2 ans, 3,3M$), Nathan Gerbe (1 an, 600 000$), Josh Jooris (1 an, 600 000$), Adam Clendening (1 an, 600 000$). Pour compenser la perte de Tandle et Boyle, Gorton a envoyé un choix de 4e ronde à Colorado pour récupérer Nick Holden. Mais ses deux moves les plus marquants de l’été sont la signature de l’espoir des Predators Jimmy Vesey (2 ans, 1,85 M$, mais aussi jusqu’à 5,7M$ de bonus à la performance, lire ci-contre). Surtout, le patron des Rangers a envoyé son premier centre Derick Brassard à Ottawa, en retour de Mika Zibanejad et d’un choix de 2e ronde. Un deal, comme celui de Vesey, qui signifie bien la volonté de rajeunissement de l’effectif des Rangers, rajeunissement qui ne passera pas, du moins à court terme, par le repêchage, le prospect pool des Blueshirts étant particulièrement déprimant aujourd’hui (lire ci-contre). Mais c’est une évidence que la franchise a besoin de jeunesse. L’équipe était l’an dernier la plus vieille de la ligue. Et si un Lundqvist est toujours aussi brillant, d’autres (Girardi, Nash, Marc Staal) commencent à faire leur âge. Ce qui ne change rien à leur cap hit (19 M$ pour ce trio pour encore deux saisons). Cette année sera donc l’une des dernières chances de ce groupe, mais si les choses ne devaient pas bien se passer, un changement de cap n’est pas à exclure au moment de la trade deadline.
Une défense impressionnante
L’an passé, en dépit d’une saison catastrophique de son meilleur élément (en théorie), Rick Nash, l’attaque des Rangers s’est montrée très à son avantage (7e de la ligue avec 2,84 buts inscrits par match), en dépit d’un powerplay ordinaire pour une équipe de haut de tableau (14e avec 18,6% d’efficacité).
Elle s’appuiera cette année encore sur sa profondeur plus que sur une collection d’attaquants d’élite. A l’image du premier trio emmené par Derek Stepan, régulier puisqu’il atteint le plateau des 50 points pour sa troisième saison d’affilée (53 points, dont 22 buts), en dépit d’une blessure aux côtes qui lui a fait manquer une dizaine de matchs. Stepan est un playmaker habile qui s’est découvert l’an dernier un potentiel de scoreur intéressant. Joueur two way accompli, il s’entend parfaitement avec Chris Kreider. L’ailier US a connu une autre solide saison, inscrivant 21 buts pour la deuxième année d’affilée. C’est un attaquant grand et puissant, mais surtout extrêmement rapide. Il a évité de peu l’arbitrage salarial et s’est entendu avec les Rangers pour un contrat de quatre ans et 18,5M$. Le trio est complété par le subtil Norvégien Mats Zuccarello-Aasen, bourreau de l’équipe de France lors du récent tournoi de qualification olympique. Ce (tout) petit ailier, créatif et très bon passeur, s’est révélé sur le tard, mais il est devenu l’un des principaux atouts offensifs new yorkais. L’an dernier, il a établi son record de buts (26) et de points (61).
La deuxième unité devrait elle celle de Rick Nash. La superstar ontarienne sort d’une année misérable, la pire de sa carrière avec 36 points seulement. Une blessure au genou lui a certes coûté 20 matchs, mais cela ne justifie pas une récolte de buts quasiment divisée par trois, de 42 à 15 filets. A 32 ans, la thèse du déclin est partagée par nombre d’observateurs, mais Nash demeure un vrai talent, et un rebond n’est pas à exclure. Il devrait être associé au nouveau venu, Mika Zibanejad. Le Suédois a mis un peu de temps à répondre aux attentes placées en lui depuis son repêchage, mais sa progression est constante depuis trois saisons. L’an dernier, il a établi ses records de buts (21) et de points (51). Zibanejad est un centre two way grand et costaud, rapide et déterminé. Moins passeur – et sans doute moins fort à l’heure actuelle – que Brassard, contre qui il a été échangé, il a le mérite d’être sensiblement moins cher (même s’il est en fin de contrat en juin), et surtout a le potentiel pour être productif plus longtemps. On attendra tout de même beaucoup de lui cette année, comme de Jimmy Vesey (lire ci-contre), qui devrait prendre place à l’aile gauche de ce deuxième trio. L’ailier de Harvard a terminé meilleur joueur du circuit universitaire américain (trophée Hobey Baker). C’est un patineur fluide, qui dispose d’un bon lancer et d’un instinct de buteur affirmé.
Si Vesey ne devait pas s’adapter aussi vite qu’espéré, le coach Alain Vigneault fera sûrement grimper JT Miller. L’Américain a enfin disputé une saison complète en NHL, et les résultats ont été pour le moins prometteurs (22 buts, 43 points), même s’il a, comme beaucoup de ses coéquipiers, disparu en playoffs. Costaud, patineur puissant, c’est un playmaker adroit qui lit bien le jeu, et peut en outre s’appuyer sur un très bon tir du poignet. Après une négociation complexe, il a fini par signer une prolongation de deux ans et 5,5M$. Kevin Hayes a également peiné avant de trouver un accord avec les Rangers pour deux ans et 5,2 M$. Le grand centre a été moins convaincant que lors de sa première saison NHL, mais son profil de gros gabarit puissant mais doté de mains très souples reste très intéressant. Quant à Jesper Fast, il s’est installé pour de bon dans le lineup des Rangers, avec 79 matchs. Son rendement (10 buts, 30 points) est perfectible, mais l’impression laissée est intéressante pour cet ailier suédois rapide, agressif et plutôt intelligent.
Enfin la dernière ligne devrait être celle de l’ailier autrichien Michael Grabner, censé remplacer Carl Hagelin dans le rôle du checker hyper rapide, mais dont plus personne n’attend qu’il réitère sa saison 2010 2011, qui l’avait vu inscrire 34 buts avec les Islanders. Il pourrait être associé au Suédois Oscar Lindberg, qui a connu un début de saison énorme l’an dernier avant de s’éteindre doucement, notamment du fait d’une utilisation minimale. Il a terminé sa saison par une opération à la hanche qui pourrait retarder son début de saison. Le minuscule Nathan Gerbe, lui, a quitté Carolina sur une bonne note (15 buts et 31 points). Très accrocheur, et pas dénué de talent offensif, il apportera de la profondeur en attaque. D’autant que les Rangers comptent aussi Brandon Pirri, un ailier au rendement offensif intéressant (14 buts et 29 points l’an dernier), mais qui rebondit d’équipe en équipe (Chicago, Florida, Anaheim en deux saisons avant les New York). Curieux. Citons aussi le très intense Josh Jooris, beaucoup plus à la peine l’an dernier avec Calgary, ou le talentueux espoir russe Pavel Buchnevich.
Une défense rajeunie
Déjà à la peine voici deux saison, la défense a continué de donner quelques signes de fatigue l’an dernier (15e de la ligue avec 2,62 buts encaissés par match). La faute, en partie à un PK en grosse difficulté (26e avec 76,8% d’efficacité seulement). Il faut dire qu’outre Dan Boyle, qui faisait son âge l’an dernier, pas grand-monde parmi les défenseurs des Rangers n’a vraiment tiré son épingle du jeu. Pas même le capitaine Ryan McDonagh, efficace offensivement, mais moins irréprochable qu’à l’ordinaire dans sa zone. Le défenseur américain est un solide mélange de puissance et de skills, propulsé par un coup de patin remarquable. Avec le déclin de Dan Girardi, il pourrait évoluer avec Kevin Klein, l’un des derniers bon coups de Glen Sather, le prédécesseur de Jeff Gorton au poste de GM des Rangers. Arrivé de Nashville voici deux saisons et demi, il s’est installé dans le top 4 des Rangers. Mobile, solide shot blocker, il a ajouté une dimension offensive intéressante, scorant 26 points lors de ses deux dernières saisons.
Sur la deuxième unité, le spécialiste défensif Nick Holden est le principal renfort de l’arrière-garde new yorkaise, qui a tout de même perdu Boyle et Yandle. Holden est joueur fiable, régulier, mais il ne faut pas s’attendre à le voir contribuer beaucoup en attaque. Il devrait évoluer avec Marc Staal, un arrière à vocation défensive talentueux, et qui semble en avoir fini avec les blessures à long terme. L’an dernier, le cadet des frères Staal a disputé 77 matchs, même si de petits pépins l’ont ennuyé une partie de la saison. Il semble quand même plutôt déclinant.
Enfin la troisième unité devrait être composée de Dan Girardi, un spécialiste du shot blocking qui demeure un solide contributeur NHL, mais n’est plus aujourd’hui capable d’avaler un temps de jeu aussi important que par le passé. Sa production offensive a elle aussi décliné, et son lourd contrat court encore sur quatre saisons… Brady Skjei, à l’inverse, est l’espoir défensif qui monte chez les Blueshirts. Cet arrière sobre s’appuie sur un superbe coup de patin, et son implication physique est à la hausse. Il a convaincu lors des playoffs, même si sa participation en saison régulière a été minime. Il devrait être en concurrence avec le rugueux, mais limité Dylan McIlrath, ou Adam Clendening, a priori plutôt vu comme un renfort pour la farm team des Rangers, à Hartford.
Devant le filet, les Rangers n’ont pas à se plaindre. Malgré des statistiques sans grand relief (92% d’arrêt, 12e de la ligue, 2,48 buts encaissés en moyenne, 17e), Henrik Lundqvist a connu une autre très belle saison, disputant 65 matchs, et ne devant qu’à une défense poreuse ces chiffres ordinaires. A 34 ans, le King a encore de belles années devant lui, mais ce n’est peut-être pas le cas de son équipe. Ce qui a généré quelques rumeurs de transaction, un sacrilège pour beaucoup de fans des Blueshirts. Sa doublure, le Finlandais Antti Raanta a plutôt bien tenu son rang l’an passé, ce qui a convaincu Jeff Gorton de le prolonger de deux ans (2M$).
Le lineup probable
Chris Kreider (#20) – Derek Stepan (#21) – Mats Zuccarello (#36)
Jimmy Vesey (#26) – Mika Zibanejad (#93) – Rick Nash (#61)
JT Miller (#10) – Kevin Hayes (#13) – Jesper Fast (#19)
Nathan Gerbe (#14) – Oscar Lindberg (#24) – Michael Grabner (#40)
Brandon Pirri (#11)
Ryan McDonagh (#27) – Kevin Klein (#8)
Marc Staal (#18) – Nick Holden (#22)
Brady Skjei (#76) – Dan Girardi (#5)
Dylan McIlrath (#6)
Henrik Lundqvist (#30)
Antti Raanta (#32)
Coach: Alain Vigneault
NEW YORK RANGERS
Création: 1926
Propriétaires: James L. Dolan (The Madison Square Garden Company) depuis 1997
Patinoire: Madison Square Garden
Palmarès: 4 Stanley Cups (1928, 1933, 1940, 1994)
Equipe affiliée AHL:
Hartford Wolfpack
L’AN DERNIER
4e de la conférence Est avec 101 points.
Eliminés au premier tour des playoffs par Pittsburgh (4-1)
Meilleurs pointeur : Mats Zuccarello (61 points)
Meilleur buteur : Derick Brassard (27 buts).
Le joueur à suivre :
JIMMY VESEY
Le feuilleton aura duré quatre mois et demi. Espoir très coté des Preds,
Jimmy Vesey a annoncé le 28 mars sa décision de ne pas signer avec Nashville. De quoi en faire un agent libre très recherché, un peu à l’image de Justin Schultz voici quelques saisons. L’ailier gauche de Harvard, dont les droits furent échangés à Buffalo, a finalement choisi les Rangers, écartant d’autres prétendants comme Boston, dont il est originaire, les Sabres ou Chicago. Il a tout intérêt à montrer rapidement qu’il peut être à la hauteur des espoirs placés en lui. Le front office new yorkais le projette dans son top 6 dès cette année. Sacrée pression d’entrée de jeu.
La relève :
LE GRAND DÉSERT
Classement ESPN: 28e
S’il devait être à l’image de leur
prospect
pool, le futur des Rangers serait triste. A force d’échanger ses hauts choix de repêchage, et même ses meilleurs espoirs comme Anthony Duclair, la franchise new yorkaise est bien dépourvue. On citera principalement Pavel Buchnevich (27e overall en 2010), un ailier très skilled mais un peu vu comme le messie du fait du peu de joueurs de talent disponibles. L’ailier Ryan Gropp (41e overall en 2015) n’est pas un joueur très spectaculaire, mais il est très rapide et peut scorer. Enfin, en juin, les Rangers ont tenté le pari Sean Day (81e overall), un défenseur extrêmement doué, ce qui lui avait valu un statut de joueur exceptionnel pour rejoindre l’OHL à 15 ans. Mais depuis, il n’a pas confirmé, malgré un coup de patin remarquable. S’il se prend en main, New York aura fait un très gros coup, mais les risques de bust sont conséquents.
Le pronostic de TPPQB
Ces Rangers ont-ils encore une belle saison dans le ventre? A TPPQB, on a quelques doutes. Les New Yorkais demeurent une bonne équipe, avec notamment une attaque intéressante, car disposant de beaucoup de profondeur. Mais la défense est inquiétante. McDonagh est une valeur sûre, mais le déclin de Staal et de Girardi affaiblissent considérablement cette arrière-garde. Alain Vigneault a les moyens d’amener cette équipe en playoffs, mais devrait terminer derrière les Caps et les Penguins. La concurrence sera rude avec Philadelphie et les Islanders pour le troisième rang de la division. Et en playoffs, les Rangers ne semblent pas en mesure de dépasser l’obstacle de Washington ou de Pittsburgh.