Season preview 2016-2017 : Florida Panthers
Eastern Conference – Atlantic division
L’envie de rugir

Le gros centre finlandais Aleksander Barkov a pris son envol l’an dernier, sous le regard bienveillant de son mentor, la légende Jaromir Jagr. Il a le talent pour faire beaucoup de dégâts à l’avenir.
En 21 ans d’existence, jamais les Panthers n’avaient atteint le seuil symbolique des 100 points. Même à l’époque des Vanbiesbrouck, Mellanby et de l’inattendue finale de Coupe Stanley (1996). Même au moment où Pavel Bure faisait trembler les filets avec avec régularité pour les Cats. Pour cela, il aura donc fallu attendre la 22e saison et un groupe jeune et ambitieux, mené par Aleksander Barkov et Aaron Ekblad, et guidé par les vétérans Jaromir Jagr et Roberto Luongo. 103 points, 47 victoires, et une qualification en playoffs, denrée rare du côté de Sunrise (5 fois en 22 saisons seulement). On oubliera vite l’élimination au premier tour face à des Islanders un peu moins verts que les hommes de Gerard Gallant pour se concentrer sur les promesses de ce groupe.
Un groupe que Dale Tallon, le DG qui l’a constitué, ne pourra emmener plus loin. L’ancien patron de Blackhawks de Chicago a en effet été remplacé cet été par son assistant, Tom Rowe et promu au poste de président aux opérations hockey – un placard diront certains. Son directeur du personnel joueur, Scott Luce, a lui été renvoyé. Ce changement de direction est pour le moins surprenant après une saison aussi prometteuse. Difficilement compréhensible même pour certains observateurs, qui supputent que Vincent Viola, le propriétaire, a pu vouloir mettre en place des dirigeants plus sensibles aux statistiques avancées. Dale Tallon, un DG très old school n’était pas homme à se laisser dicter son comportement par les chiffre. Son bilan est pourtant éloquent, avec une succession de choix très pertinents au repêchage (Bjugstad, Hobereau, Matheson, Barkov ou Ekblad), et quelques échanges et signatures bien sentis (Jagr, Luongo, Reilly Smith).
Son successeur n’a pas tardé à poser sa marque. Il a fait de la place sous le plafond salarial en se débarrassant des contrats de Marc Savard – envoyé au New Jersey avec un choix de second tour en 2018 contre deux minor leaguers – et Dave Bolland, pour qui il a tout de même fallu sacrifier l’espoir Lawson Crouse, désormais un joueur des Coyotes. Rowe a aussi reconfiguré sa défense. Erik Gudbranson, jamais totalement convaincant depuis son repêchage au 3e rang en 2010, a été échangé aux Canucks, permettant à Florida de mettre la main sur le prometteur Jared McCann ; Dmitri Kulikov, pourtant convaincant en playoffs, a été envoyé à Buffalo avec le 33e choix du dernier repêchage, et les Panthers ont récupéré Mark Pysyk et les choix 38 et 89 ; Willie Mitchell, victime d’une commotion cérébrale, a lui été forcé de prendre sa retraite et Brian Campbell n’a pas été prolongé et a filé à Chicago. Pour les remplacer, Rowe a cassé sa tirelire sur le marché des agents libres, attirant Keith Yandle (7 ans, 44,45M$) et Jason Demers (5 ans, 22,5M$). Un investissement conséquent pour une budget team, une équipe qui ne dépense pas l’intégralité du salary cap. Ce qui n’a pas empêché le nouveau DG des Cats de signer James Reimer (5 ans, 17M$), Jonathan Marchessault (2 ans, 1,5M$) et Colton Sceviour (2 ans, 1,9M$). Enfin, Rowe a prolongé quatre joueurs importants, Aaron Ekblad (8 ans, 60M$, contrat démarrant la saison prochaine), Jonathan Huberdeau (7 ans, 35,4M$, contrat démarrant la saison prochaine), Vincent Trocheck (6 ans, 28,5M$) et Reilly Smith (6 ans, 25M$, contrat démarrant la saison prochaine). C’est ce qu’on appelle un été bien rempli.
Barkov, Huberdeau, Trocheck sur la piste d’envol
L’an passé, l’attaque floridienne a connu une progression spectaculaire, inscrivant 36 buts de plus que lors de l’exercice précédent (2,83, 8e attaque, alors qu’elle était la 25e en 2014-2015). Et ce malgré un powerplay insuffisant (16,9% d’efficacité, 23e de la ligue). Un bond en avant qui tient notamment aux progrès considérables d’Aleksander Barkov. Le gros Finlandais d’origine russe qui est passé de 36 points (dont 16 buts) à 59 (dont 28 buts), en manquant 16 matchs… Déjà solide dans sa zone, ce gros gabarit est, à seulement 21 ans, un des espoirs de la ligue au poste de centre, ce qui lui a valu une prolongation de contrat en cours de saison dernière (6 ans, 35,4M$). C’est un superbe playmaker, qui met à profit sa très belle complicité avec Huberdeau et Jagr. Le Québécois, après des débuts dans la ligue sur courant alternatif, semble avoir trouvé une certaine constance depuis deux saisons. L’an dernier, il a effacé le plateau des 20 buts pour la première fois, et frôlé les 60 points. Rapide, insaisissable, il a les moyens de devenir un ailier de premier plan dans la ligue. Un statut que Jaromir Jagr, malgré son âge canonique (44 ans), assume parfaitement. Toujours aussi exemplaire dans son approche, le Tchèque possède une science du jeu quasiment sans égal dans la ligue, et contribue grandement à l’éclosion de ses deux talentueux linemates.
Sur la deuxième unité, on devrait trouver la révélation de la saison dernière, le centre américain Vincent Trocheck. Rapide et créatif, l’ancien capitaine du Saginaw Spirit a quasiment triplé sa production l’an dernier, passant de 19 à 53 points, avec 25 buts à la clef. Son absence pendant une partie de la série face aux Islanders du fait d’une fracture au pied a sans doute pesé lourd. Il devrait être associé à la bonne pioche de l’été précédent, Reilly Smith, qui a retrouvé en Floride son efficacité perdue la saison précédente avec les Bruins (50 points, 25 buts). Joueur intelligent, doté d’un bon lancer, il a dominé au premier tour des playoffs avec 8 points en 6 matchs. Ce duo est complété par l’expérimenté Jussi Jokinen, auteur d’une grosse saison l’an dernier (60 points, un seuil qu’il n’avait pas atteint depuis 2010). A 33 ans, le Finlandais demeure un playmaker très fin et intelligent, qui excelle à attirer à lui les défenseurs adverses pour servir ses partenaires de trio.
Quelle place pour Bjugstad?
La troisième unité devrait être pivotée par Nick Bjugstad, dépassé l’an dernier par Trocheck, et qui a vu, dans un rôle un peu moins offensif, sa production diminuer (de 43 à 34 points). Ce très gros gabarit est pourtant capable d’occuper une place de deuxième centre et de produire, notamment grâce à un lancer du poignet de très haut niveau. Il a par contre manqué une quinzaine de matchs à cause de maux de tête récurrents et handicapants. De quoi susciter une réelle inquiétude dans une ligue où l’on ne plaisante plus avec les commotions cérébrales. En pleine possession de ses moyens, c’est toutefois un élément qui mérite d’évoluer dans un top 6, et les rumeurs de transaction vont sans doute refaire surface cette saison. Il pourrait être associé aux nouveaux venus Jared McCann et Colton Sceviour. Le premier a connu une première saison NHL plutôt encourageante avec Vancouver compte tenu du maigre temps de jeu offert par Willie Desjardins. C’est un solide joueur two way, plutôt à l’aise au centre, mais capable d’évoluer à l’aile. Le fait que Vancouver ait été prêt à l’échanger aussi tôt a par contre fait naître quelques doutes sur son attitude. A surveiller. Sceviour, lui, sera plutôt un joueur de complément, utile par son éthique de travail et son bon coup de patin. Enfin la quatrième ligne sera probablement confiée à un trio de role players, le costaud Shawn Thornton, le spécialiste des mises au jeu Derek MacKenzie, et l’ancien du Lightning Jonathan Marchessault. Mis à part Bjugstad et, à un degré moindre, McCann ce bottom six manque un peu de qualité, il faut le signaler.
La sensation Matheson
La défense, on l’a dit, sera sérieusement remaniée cette année. Pourtant, les statistiques défensives des Panthers étaient tout à fait satisfaisantes l’an passé, Florida affichant la 7e défense de la ligue (2,44 buts par match) et 13 buts encaissés de moins que lors de l’exercice précédent. Il faudra donc que le nouvel alignement se montre à la hauteur. On attendra beaucoup du puckmover Keith Yandle, moins convaincant à New York qu’avec Arizona. Il devrait évoluer sur la première défensive avec Aaron Ekblad. L’ancien numéro 1 du repêchage 2014 est le franchise defenseman de cette équipe. Grand, costaud, mature, il patine avec aisance et dispose d’un gros lancer. Il lui reste à augmenter sa contribution offensive pour s’établir comme un incontestable défenseur numéro 1 dans la ligue.
Sur la deuxième paire, l’autre nouveau venu, Jason Demers, apportera ses qualités de puckmover. Rapide, mobile, bon passeur, il possède un bon tir et ne rechigne pas à s’impliquer physiquement. Son départ de Dallas a pu surprendre, mais il semble être une bonne pioche pour les Panthers. Il sera chargé d’aider le développement d’un autre arrière maison de talent, Michael Matheson. Pour sa première saison professionnelle, l’ancien de Boston College n’a quasiment pas évolué avec les Panthers, mais s’est développé à son rythme en AHL, avant de briller pendant cinq matchs de playoffs en NHL. Une progression que USA Hockey n’a pas ratée, et qui lui a permis d’être appelé pour le Championnat du Monde. Ce puckmover rapide et doté d’un solide gabarit y a fait tellement forte impression qu’il a été désigné meilleur arrière du tournoi. Il sent le jeu avec beaucoup de justesse et a toutes les chances de débuter avec le grand club cette saison.
Reimer, une doublure de luxe
Le duo Mark Pysyk – Alex Petrovic devrait compléter l’alignement défensif. Le premier a connu une première saison NHL encourageante. C’est un arrière solide, capable d’encaisser un gros temps de jeu et qui patine bien. Il a aussi le mérite d’être sensiblement moins cher que Kulikov, qu’il remplace numériquement. Alex Petrovic, lui, est avant tout un joueur défensif, qui sait utiliser son gros gabarit pour jouer physique. Il ne faut pas attendre grand-chose de lui sur le plan offensif, mais c’est un élément qui s’est fait sa place l’an dernier au niveau NHL et apporte des ingrédients que n’ont pas la plupart des autres arrières floridiens. En cas de besoin, le puckmover Steven Kampfer, ancien des Bruins, pourra s’insérer dans l’alignement.
Devant le filet, Roberto Luongo sort d’une remarquable saison. A 37 ans, le gardien québécois a démontré qu’il pouvait jouer au niveau des meilleurs, affichant le 6e pourcentage d’arrêt de la ligue (92,2%, à égalité avec… Reimer), et la 11e moyenne de buts encaissés (2,35 par matchs), des stats qu’il a tenues sur 62 matchs, ce qui fait de lui le 8e gardien le plus utilisé de la ligue. Le vétéran a en outre été très solide en playoffs (2,05 buts encaissés par match, 93,4% d’arrêts). Il a toutefois dû se faire opérer de la hanche, et le suspense demeure quant à sa capacité à démarrer la saison. S’il devait prendre encore un peu de temps pour se remettre, James Reimer serait tout à fait capable d’assurer l’intérim. L’ancien gardien des Leafs a fini par être échangé, et aura vécu les playoffs dans l’ombre de Martin Jones, ne disputant qu’un match avec les Sharks. Il aura à cœur de prouver en Floride qu’il peut être mieux qu’une simple doublure, mais bien l’héritier de Luongo, comme semble l’indiquer la durée de son contrat.
Le lineup probable
Jonathan Huberdeau (#11) – Aleksander Barkov (#16) – Jaromir Jagr (#68)
Jussi Jokinen (#36) – Vincent Trocheck (#21) – Reilly Smith (#18)
Jared McCann (#90) – Nick Bjugstad (#27) – Colton Sceviour (#23)
Jonathan Marchessault (#81) – Derek MacKenzie (#17) – Shawn Thornton (#22)
Logan Shaw (#48)
Keith Yandle (#93) – Aaron Ekblad (#5)
Michael Matheson (#10) – Jason Demers (#4)
Mark Pysyk (#53) – Alex Petrovic (#44)
Steven Kampfer (#3)
Roberto Luongo (#33)
James Reimer (#34)
Coach: Gerard Gallant
FLORIDA PANTHERS
Création: 1993
Propriétaires: Vincent Viola (Sunrise Sports and Entertainment), depuis 2013
Patinoire: BB&T Center
Palmarès: Aucun
Equipe affiliée AHL:
Springfield Thunderbirds
L’AN DERNIER
3e de la conférence Est avec 103 points. Vainqueurs de la division Atlantique.
Eliminés au premier tour des playoffs par les Islanders de New York (4-2).
Meilleurs pointeur: Jaromir Jagr (66 points)
Meilleur buteur: Aleksander Barkov (28 buts).
Le joueur à suivre :
KEITH YANDLE
Pour le signer avant l’ouverture du marché des agents libres, le front office des Panthers a sacrifié un choix de 4e ronde conditionnel en 2017, et un choix de 6e ronde. Yandle n’a pas résisté à la proposition de 7 ans et près de 45M$. Il apportera sa qualité dans la relance et surtout sur l’avantage numérique, un secteur de jeu déficient chez les Panthers l’an dernier. Associé à Aaron Ekblad, on devrait moins voir ses carences défensives, qu’Oliver Edman-Larsson masquait à merveille en Arizona, mais qui ont été exposées au grand jour avec les Rangers. A 30 ans, il a encore de belles années devant lui, et a les moyens de redevenir l’un des défenseurs offensifs les plus productifs de la ligue.
La relève :
LE PARI BORGSTRÖM
Classement ESPN: 30e.
Avec le départ de son ancienne tête d’affiche, Lawson Crouse, pour Arizona, le prospect pool des Panthers est tout de suite moins reluisant. Son principal atout, Michael Matheson (23e overall en 2012), devrait évoluer avec le grand club cette année. Autre défenseur intéressant, le rapide et agressif Ian McCoshen (31e overall en 2013), qui présente toutefois un potentiel offensif limité. En attaque, Florida a surpris cet été en repêchant le Finlandais Henrik Borgström (23e overall), un gros centre très à l’aise avec le puck qui a impressionné lors du camp de développement des Panthers. Joyce Hawryluk (32e overall en 2014), un petit gabarit très gritty a connu une énorme saison offensive l’an dernier. Enfin Adam Mascherin (38e overall en juin) un autre petit gabarit doué qui doit améliorer son coup de patin. L’ensemble manque toutefois de qualité, et de quantité.
Le pronostic de TPPQB
On ne change pas impunément les deux tiers de sa défense, les Panthers s’exposent vraisembla-
blement à un temps d’adaptation en début de saison. Mais cette arrière-garde new look semble supérieure, surtout si Matheson tient ses promesses. L’arrivée de Yandle devrait aider l’avantage numérique, et on peine à voir pourquoi le top 6 ralentirait offensivement. Les Panthers sont armés pour disputer la tête de la division Atlantique au Lightning, voire au Canadien. La leçon de l’élimination l’an dernier en playoffs devrait apporter quelques éléments de réflexion intéressants à Gerard Gallant, l’un des coachs les plus sous-estimés de la ligue. Même si cette équipe manque un peu de qualité dans son bottom 6, une demi finale de conférence est tout à fait envisageable. Ce serait une première depuis… 1996.