Season preview 2017-2018 : Vegas Golden Knights
Western Conference – Pacific division
Le pari de la patience

Jason Garrison, Deryk Engelland, Brayden McNabb, Marc-Andre Fleury et Reid Duke, cinq des tout premiers joueurs de la franchise du Nevada
L’heure est enfin venue de se confronter à la réalité de la glace. Pendant un peu plus d’un an, Vegas a été un acteur permanent des discussions de la ligue, que ce soit autour du repêchage d’expansion, des possibilités qu’allait immanquablement offrir George McPhee à ses confrères GM de se débarrasser de contrats encombrants, puis d’une première draft réussie. Mais désormais, la franchise de Bill Foley va entrer dans le dur, se confronter à 30 autres franchises dont la plupart son mieux armées et toutes sont plus expérimentées.
Ce ne sera pas simple, ce sera même sans doute douloureux. Les franchises d’expansion ont en effet cumulé des statistiques peu enviables lors de l’année d’arrivée dans la ligue. Aucune d’entre elle n’a d’entrée réussi à se tailler une place en playoffs, même si les Panthers ne sont pas passés loin en 1994, échouant à un point des Islanders, 8e et derniers qualifiés. En moyenne, les franchises débutantes terminent d’ailleurs à… 27 points du premier qualifié en playoffs de leur conférence. Offensivement, ces équipes sont souvent mal outillées, et marquent peu.
Cela dit, les Golden Knights sont autrement plus armés que leurs prédécesseurs. Lors qu’il a négocié son ticket d’entrée dans la ligue (500 M$, quand même), Bill Foley a obtenu des garanties que son équipe aurait les moyens d’être rapidement compétitive. D’où un système de repêchage d’expansion beaucoup plus favorable que par le passé, qui devait, en théorie, permettre à George McPhee de monter une équipe de bon niveau. Pas de danger donc que Vegas n’égale l’insondable médiocrité des Senators de 1992-1993, qui n’avaient engrangé que 10 victoires pour 70 défaites (et 4 nuls), terminant à un respectable… 62 points des playoffs, avec un total de buts encaissés de… 395 !
A priori, McPhee a fait le nécessaire pour aligner une équipe qui évite de battre des records de médiocrité complétant son équipe avec deux signatures intéressantes, Erik Haula, du Wild (8,25M$ sur trois ans) et le Russe Vadim Shipachyov (9M$ sur 2 ans). Mais le GM a surtout eu un œil sur l’avenir lors du repêchage d’expansion. Plus que de simplement composer la meilleure équipe possible, l’ancien patron des Caps a cherché à récupérer des choix de draft ou des prospects intéressants, quitte à récupérer pour cela de mauvais contrats (David Clarkson) ou accepter de ne pas choisir certains joueurs que les équipes adverses ne pouvait repêcher.. Ce qui lui a permis de parler 12 fois lors de la draft NHL, dont cinq fois lors des deux premiers tours. Vegas aura également trois choix de deuxième, et trois choix de troisième tour l’an prochain, et trois choix de deuxième tour en 2019. Les Golden Knights souhaitent se construire par la draft, et avec autant de munitions, ils ont de bonnes chances d’y parvenir. Surtout que le coach choisi, Gerard Gallant, a beaucoup travaillé avec de jeunes joueurs.
Une attaque dense, mais sans grandes vedettes
On l’a compris, Vegas n’affichera pas des ambitions démesurées cette saison, surtout dans une conférence ouest imprévisible. Mais l’effectif des Golden Knights devrait tout de même tenir la route. S’il manque clairement de star power, il est dense, avec de bons joueurs sur chaque trio. Le premier trio devrait être piloté par Vadim Shipachyov. Le centre natif de Tcherepovest, très bon lors de ses dernières sorties avec la Sbornaia, l’équipe nationale russe, est un playmaker classique, bon patineur et doté d’une excellente vision du jeu. Pour lui qui n’a jamais évolué en Amérique du Nord, la principale question est celle de l’adaptation au jeu NHL. Il devrait être associé à la plus belle prise offensive de George McPhee lors du repêchage d’expansion, l’ailier James Neal, un sniper régulier qui a inscrit moins de 20 buts une seule fois lors de sa carrière NHL, longue de neuf saisons. En fin de contrat en juin, il sera intéressant d’observer si McPhee choisit de l’échanger à la trade deadline, avec la perspective de récupérer des assets intéressants, ou s’il juge bon d’essayer de le conserver plus longtemps. Le trio pourrait être complété par le petit buteur québécois Jonathan Marchessault, auteur d’une saison aussi brillante qu’inattendue l’an dernier (51 points, dont 30 buts). A 26 ans, c’est une explosion tardive, qui demande à être confirmé, mais l’ailier gauche, très à l’aise avec le puck, et intelligent sur la glace, a les moyens de le faire. Lui aussi sera en fin de contrat en juin.
Sur la deuxième unité, Cody Eakin devrait se positionner au centre. L’ancien des Stars doit rebondir après une saison 2016-2017 complètement ratée. A son meilleur niveau, c’est un centre top 9 two way tout à fait honnête, même si le qualifier de second liner à part entière serait un brin exagéré. Gros travailleur, qui dispose en outre d’un bon tir. Il pourrait évoluer avec le talentueux, mais inconstant David Perron, un ailier capable, dans ses bonnes années, peut apporter une contribution offensive intéressante. Souvent blessé, il sort néanmoins d’une saison complète avec les Blues. Enfin, Reilly Smith sera lui aussi en quête de rachat. L’ancien ailier de Florida et de Boston peine à trouver la constance, alternant des saison convenables, comme l’an dernier, et de très bonnes saisons, comme l’année précédente. Difficile donc de situer sa vraie valeur, mais à 5M$ la saison pour encore cinq ans, mieux vaut ne pas tomber sur ses mauvaises années…
La troisième ligne devrait, elle afficher un parfum nordique prononcé. Elle devrait en effet être composée du Finlandais Erik Haula, et des Suédois William Karlsson et Oscar Lindberg. Le premier, choix très tardif du Wild en 2009 (182e overall) a su s’imposer comme un élément à part entière de l’équipe des Twin Cities, sans toutefois se rendre indispensable. Il dispose pourtant d’atouts intéressants, que ce soit ses qualités de playmaker, ou sa grosse pointe de vitesse, qui le rend notamment utile sur le PK. William Karlsson a, lui, doucement fait sa place chez les Blue Jackets en tant que centre two way travailleur et intelligent. Le potentiel offensif est plus discutable. Oscar Lindberg, lui, a montré par intermittence des capacités en attaque, mais manque encore de constance dans ce registre. Il a par contre connu de bons playoffs avec les Rangers. Enfin, le quatrième trio devrait être piloté par le centre tricolore Pierre-Edouard Bellemare, un des meilleurs atouts offensifs de l’équipe de France, mais qui s’est transformé en un spécialiste de la défense et du PK depuis son arrivée en NHL. Il pourrait être épaulé par un power forward en devenir, William Carrier, qui a commencé à émerger l’an dernier avec les Sabres, et par le petit scoreur finlandais Teemu Pulkkinen, qui dispose d’un lancer de haut niveau, mais peine trop dans le patinage jusqu’à présent pour s’imposer. On pourrait également y voir Brendan Leipsic, un petit ailier travailleur et qui excelle dans la provocation.
Shea Theodore, le joyau défensif
En défense, George McPhee a fait un marché très copieux lors de l’expansion draft, mais a choisi de transformer une bonne partie de ces arrières en choix de repêchage lors d’échanges ultérieurs. Ainsi, ni Marc Methot (Dallas), ni Alexei Emelin (Nashville), ni David Schlemko (Montréal) ni Trevor Van Riemsdyk (Carolina) ne porteront le maillot des Knights. C’est donc une brigade défensive quelque peu hétéroclite qui s’alignera en octobre. Le plus intéressant d’entre eux est le jeune Shea Theodore, qui commençait à pointer son nez avec Anaheim et dispose d’un joli potentiel. C’est un puck mover au gabarit solide, rapide, créatif, et doté d’un excellent lancer. Sans doute le futur powerplay quarterback de Vegas. Il pourrait évoluer avec le plus défensif Brayden McNabb, rugueux et solide.
Sur la deuxième unité, Colin Miller, ancien des Kings et des Bruins, a un profil d’arrière offensif intéressant, notamment pour remonter le puck en zone adverse, mais sa contribution offensive reste pour l’instant mesurée. Quant à Nate Schmidt, c’est une autre puckmover assez talentueux, qui a toutefois causé quelques maux de tête à George McPhee avant de parapher un contrat de deux ans et 4,45M$. Le duo risque d’être assez intéressant offensivement, mais manque un peu de muscle et de savoir faire défensif. Sur la troisième paire, le vétéran Jason Garrison devrait être le doyen de cette défense relativement jeune. L’ancien gunner de Florida, auteur d’une saison à 16 buts en 2011-2012, a beaucoup décliné depuis, et son contrat est lourd. Quant à Luca Sbisa, il peut apporter une dimension physique intéressante, mais c’est un arrière limité, comme d’ailleurs Deryk Engelland, le local de l’étape, un défenseur rugueux mais sans grand talent. Ce qui n’est pas le cas de Jon Merrill, que l’on espère bien voir reprendre le fil de sa progression. L’ancien des Devils a les moyens de devenir un bon puckmover, mobile et efficace, mais il doit gagner en constance et en fiabilité défensive.
Enfin, devant le filet, les Golden Knights disposeront d’un solide duo avec Marc-André Fleury dans le rôle du stater, et Calvin Pickard dans celui de la doublure. Les deux doivent saisir la chance qui leur est offerte. Fleury pour prouver qu’il peut à nouveau être un gardien partant de haut niveau (lire ci-contre), Pickard en démontrant que sa saison dernière (90,4% d’arrêts, 2,98 buts encaissés par match) était le fruit du naufrage collectif que fut Colorado l’année passée, et non le reflet de son potentiel.
Le lineup probable
Jonathan Marchessault (#81) – Vadim Shipachyov (#87) – James Neal (#18)
David Perron (#57) – Cody Eakin (#20) – Reilly Smith (#)
Erik Haula (#56) – William Karlsson (#25) – Oscar Lindberg (#24)
William Carrier (#) – Pierre-Édouard Bellemare (#78) – Teemu Pulkkinen (#56)
Brendan Leipsic (#39)
Brayden McNabb (#3) – Shea Theodore (#53)
Nate Schmidt (#88) – Colin Miller (#48)
Luca Sbisa (#) – Jason Garrison (#5)
Deryk Engelland (#29)
Marc-André Fleury (#29)
Calvin Pickard (#32)
Coach: Gerard Gallant
VEGAS GOLDEN KNIGHTS
Création: 2017.
Propriétaires: Bill Foley (85%) et la famille Maloof
Patinoire: T-Mobile Arena
Palmarès: aucun.
Equipe affiliée AHL:
Chicago Wolves
Le joueur à suivre :
MARC-ANDRÉ FLEURY
Il va être l’emblème des Golden Knights. Le gardien de Sorel a été l’un de piliers des Penguins, vainqueur de trois coupes pendant son passage. Personnage drôle et extrêmement attachant, Fleury a pourtant passé les deux dernières saisons dans l’ombre de Matt Murray, le brillant jeune portier des Pens, qui l’a doublé lors des deux derniers playoffs victorieux. Fleury demeure toutefois un excellent gardien, même si ses sets l’an dernier n’étaient pas bonnes (31e de la ligue parmi les gardiens à plus de 30 matchs pour le pourcentage d’arrêts avec 90,9%; 38e avec 3,02 buts encaissés en moyenne). C’est en tout cas ce qu’il va essayer de prouver.
La relève :
UN RÉSERVOIR À REMPLIR
Classement
ESPN : 14e.
C’est forcément un prospect pool peu garni que détiennent les Knights, mais il va s’étoffer au fil des drafts. Le meilleur espoir de l’organisation est incontestablement le centre manitobain Cody Glass (6e overall en juin), un gros playmaker au jeu défensif solide, très intelligent, que l’on a comparé à Mark Scheifele. Nick Suzuki (13e) est, lui, un gros talent offensif dans un petit modèle. Rapide et spectaculaire, une description qui correspond bien à Erik Brännström (15e), un arrière suédois dans le style (toute proportion gardée) d’Erik Karlsson. Citons également l’arrière très gros format Nic Hague (34) et le très agaçant centre des Regina Pats, Jake Leschyshyn (62).
Le pronostic de TPPQB
Pour voir les Golden Knights en playoffs, il va falloir patienter. George McPhee a surtout cherché à engranger des choix et des jeunes joueurs pour l’avenir. Dans l’immédiat, l’équipe que pourra aligner Gérard Gallant devrait souffrir, et très probablement se positionner pour un lottery pick lors du prochain repêchage. Maintenant, l’important pour Vegas est de se montrer patient et de tenir le cap. Même si les défaites risquent de s’accumuler.