Season preview 2017-2018 : Vancouver Canucks

Western Conference – Pacific ivision


Enfin cohérents ?

 

Travis Green, ancien coach des Utica Comets, la farm team des Canucks, devra désormais guider la progression du grand club.

 

Qu’y-a-t’il de pire, dans le sport que de s’engager sur les résultats sans être sûr d’avoir les moyens des les obtenir? C’est pourtant ce qu’avait fait le GM des Canucks, Jim Benning, lors de son intronisation, promettant qu’il allait rapidement remettre sur les rails la franchise de Colombie Britannique. Trois ans plus tard, à l’évidence, il n’a pu tenir sa promesse impossible et s’est vu récompenser par le titre officieux de pire GM de la ligue. Un verdict sévère, qui rend toutefois assez bien compte d’un début de mandat marqué par une absence de vision sur l’état réel de l’équipe. Faute d’avoir su se rendre compte et expliquer que les ‘Nucks avaient besoin de tirer un trait sur le noyau qui les avait amenés en finale de la Stanley Cup en 2011, et d’entamer un processus de reconstruction en bonne et due forme, Benning a perdu trois ans, procédant en outre à plusieurs échanges et signatures pour le moins discutables (Kesler, Eriksson).

Mais cette fois, il semble bien que le front office des Canucks ait compris qu’il fallait arrêter les demi-mesures et accepter de perdre aujourd’hui pour construire les victoires de demain. Sans parler de tanking, bien entendu, mais en donnant de la place aux jeunes dans son roster, en signant des vétérans à court terme avec en ligne de mire la possibilité de les échanger au moment de la trade deadline pour accumuler les draft picks et en n’hésitant pas à faire des choix à moyen terme pour le repêchage. Personne n’attend ainsi de voir Elias Pettersson, le premier choix des Canucks lors de la dernière draft, prendre de suite une place en NHL. Il aura besoin de temps pour se développer, mais au bout du compte, Vancouver sera gagnant. D’ailleurs, et c’est symbolique, le terme reconstruction a pour la première fois été utilisé par le président des Canucks, Trevor Linden, lors d’un point presse de fin de saison.

Cet été, comme la trade deadline quelques moins en amont, a donc été un peu plus cohérente avec la position réelle des Canucks sur l’échiquier des valeurs NHL. Les joueur signés (Michael Di Pietro – 2 ans, 6M$), Sam Gagner – 3 ans, 9,45M$-, Patrick Wiercioch – 1 an, 650 000$ – ou Alexander Burmistrov – 1 an, 900 000$) le sont à relativement court terme, à des tarifs modestes, qui pourront au besoin être échangés avant la fin de leur contrat. On a quand même sursauté à l’annonce du gros contrat signé par Anders Nilsson, gardien remplaçant (2 ans, 5M$). Côté départ, mis à par Luca Sbisa, choisi par Vegas lors du repêchage d’expansion, ce sont principalement des joueurs marginaux qui ont quitté Vancouver (Skille, Larsen). Ryan Miller était quant à lui conscient que Jim Benning ne pouvait le conserver dans la mesure où il avait décidé de confier le filet à Markström (lire ci-contre). Enfin, Benning a prolongé plusieurs éléments (Reid Boucher – 1 an, 687 500$ -, Michael Chaput – 1 an, 687 500$ -, Anton Rödin – 1 an, 700 000$ – et Brendan Gaunce – 2 ans, 1,5M$ -), et accordé un contrat d’un an à Erik Gudbranson (3,5M$), qui sera UFA en juin. C’est ce qu’on appelle un prove it deal. Reste par contre à s’entendre sur le contrat de Bo Horvat, un dossier sur lequel Benning n’a aucun droit à l’erreur.

Enfin, Vancouver a choisi de remplacer Willie Desjardins par Travis Green, décrit par les observateurs comme l’un des coaches les plus prometteurs de sa génération. Green dirigeait les Comets d’Utica, en AHL, et a obtenu des résultats intéressants, notamment une apparition en finale de la Calder Cup en 2014-2015. Il a déclaré vouloir instaurer un style rapide et offensif, et porter une attention particulière au développement des jeunes.

Désormais, la grande question est de savoir jusqu’où ira Benning. Les jumeaux Sedin sont en effet tous deux en fin de contrat en juin prochain. Faut-il essayer d’échanger la fratrie suédoise, un échange complexe dans la mesure où tous deux disposent d’une clause de non mouvement et semblent très attachés à Vancouver ? La perspective d’ajouter deux attaquant top 6 expérimentés et capable d’infuser une bonne dose de talent, même s’ils ont ralenti, risque d’être tentante pour un contender. La contrepartie pourrait donc être intéressante pour les Canucks. Se posera ensuite la question de la suite, faut-il proposer un nouveau contrat aux jumeaux, s’ils le désirent, ou assumer plus encore la reconstruction ?

Un
A court terme, il est évident que les Canucks vont souffrir. L’an dernier, Vancouver a conservé sa… 29e place du classement des attaques (2,17 buts par match), avec un horrible powerplay (29e de la ligue avec 14,1% d’efficacité). Il faut dire que l’équipe de Willie Desjardins était celle qui générait le moins de tir au filet l’an dernier (27,7 par match)… La première ligne, conduite par les jumeaux Sedin, n’a en effet pas eu le rendement escompté l’an dernier, notamment parce que Loui Eriksson n’a pas été à la hauteur des attentes, sa production chutant de 63 à… 24 points. L’ailier suédois, adroit, intelligent et solide dans sa zone, doit vite se reprendre. Ses deux partenaires de trio, n’ont, à vrai dire, pas fait beaucoup mieux. Longtemps les derniers remparts contre la médiocrité des Canucks, les frères Sedin ont plongé l’an dernier. Simple accident dans une équipe à la dérive ou signe que le déclin s’accélère pour deux des plus grands joueurs de l’histoire de Vancouver ?

Sur la deuxième unité, les Canucks pourraient aligner trois jeunes joueurs qui portent les espoirs des fans de Vancouver pour l’avenir. Bo Horvat est le plus établi des trois. L’attaquant ontarien est centre two way très compétitif, qui poursuit sa progression et s’affirme dans le vestiaire, héritant au passage du titre d’assistant capitaine. L’an dernier, Horvat a atteint pour la première fois de sa carrière le plateau des 20 buts. Il est, de toute évidence, le joueur clef de l’avenir des Canucks. Sven Baertschi doit, lui, remercier le ciel d’avoir été échangé à Vancouver. A Calgary, le petit ailier suisse était clairement dans l’impasse, mais depuis son arrivée en Colombie Britannique, il semble reprendre le fil de sa progression. Rapide, créatif, adroit, Baertschi approche tranquillement du plateau des 20 buts et pourrait, à terme, s’installer comme un ailier top 6 fiable. A condition toutefois d’apprendre à éviter les blessures qui lui ont fait manquer 14 matchs l’an dernier. Enfin, Brock Boeser est l’un des (rares) bons coups des Canucks au repêchage ces dernières saisons. Dominant en NCAA, c’est un ailier au jeu offensif complet, intelligent, dangereux au tir grâce à un release très rapide, et bon passeur. Sa pige en fin de saison dernière lui a permis de se prouver qu’il était capable de scorer aussi en NHL, même à seulement 20 ans (4 buts en 9 matchs).

La troisième unité devrait pouvoir contribuer offensivement, avec le centre two way Brandon Sutter, qui a bien rebondi l’an dernier après une première saison à Vancouver ruinée par les blessures. A sa gauche, on pourrait retrouver Markus Granlund, frère de la star finlandaise du Wild, qui s’est révélé l’an dernier, frôlant les 20 buts. Encore une bonne pioche de Benning au détriment de Calgary… Enfin Sam Gagner a bien utilisé son unique saison à Columbus pour rebondir. Auteur de 50 points, la meilleur saison offensive de sa carrière, il a montré qu’il pouvait apporter offensivement, notamment en avantage numérique. Attention quand même, Vancouver est moins bien outillé que les Blue Jackets, et Gagner aura du mal à faire aussi bien que l’an dernier. Enfin le quatrième trio pourrait voir défiler plusieurs joueurs, comme le petit scoreur d’appoint Reid Boucher, qui peine à s’établir dans la ligue en dépit de qualités de sniper intéressantes. Evoluer dans une franchise en reconstruction est probablement sa meilleur chance de se construire une carrière NHL. On y verra sans doute le rugueux Derek Dorsett, le polyvalent Michael Chaput, et sans doute le talentueux, mais horriblement inconstant Alex Burmistrov.

Une défense à reconstruire
En défense, Vancouver a fait un peu moins catastrophique qu’en attaque l’an dernier. Mais demeure malgré tout dans le dernier tiers de la ligue (24e avec 2,94 buts encaissés par match). Le PK, honnête la saison précédente, était l’antépénultième de la ligue cette saison (76,7% d’efficacité). Cette arrière-garde s’appuie sur Alexander Edler, qui n’est plus au sommet de son jeu aujourd’hui. Le Suédois demeure toutefois capable d’enquiller un gros temps de jeu (plus de 24 minutes par match), mais son impact offensif est à la baisse. Aujourd’hui, le meilleur arrière des Canucks est peut-être son partenaire Chris Tanev, particulièrement malchanceux l’an dernier : entre les blessures, les oreillons, et une intoxication alimentaire, il aura manqué une trentaine de matchs. Lors qu’il est en pleine possession de ses moyens, c’est un puck mover mobile et intelligent. Le duo est solide, et Jim Benning a annoncé qu’il comptait bien garder ces deux joueurs pour ne pas mette la pression sur les plus jeunes.

Sur le deuxième duo, on retrouvera vraisemblablement le très offensif Michael Del Zotto, un arrière au talent évident, mais qui ne parvient pas à se stabiliser dans un club. Capable d’encaisser un gros temps de jeu, utile en avantage numérique et très mobile, il présente pourtant un package des plus intéressants. Son partenaire sera probablement le rugueux et défensif Erik Gudbranson, qui n’a pas levé l’an dernier tous les doutes à son égard. Gudbranson est-il capable de s’adapter au jeu moderne, ou est-il l’un des derniers représentants des défenseurs d’antan, costauds, mais d’un impact limité offensivement? La troisième paire devrait, elle, associer le duo Ben Hutton – Troy Stecher, un duo mobile et jeune qui pourrait, à terme, grimper dans l’alignement. Hutton, un arrière gros format, a confirmé sa bonne première saison NHL l’an dernier. Quant à Stecher, c’est l’une des bonnes nouvelles de la saison dernière pour les Canucks (oui, il y en a eu…). Comme Hutton un an plus tôt, il a su saisir sa chance et produire offensivement l’an dernier. Enfin, devant le filet, ce sera la grande opportunité de Markström (lire ci-contre), un gardien talentueux qui doit s’imposer comme un numéro 1 incontestable. Son backup, Anders Nilsson, n’est pas une menace crédible.


Le lineup probable

Daniel Sedin (#22) – Henrik Sedin (#33) – Loui Eriksson (#21)
Sven Baertschi (#47) – Bo Horvat (#53) – Brock Boeser (#6)
Reid Boucher (#26) – Brandon Sutter (#21) – Sam Gagner (#89)
Michael Chaput (#45) – Markus Granlund (#60) – Derek Dorsett (#51)
Alex Burmistrov (#91)

Alex Edler (#23) – Chris Tanev (#8)
Michael Del Zotto (#15) – Erik Gudbranson (#45)
Ben Hutton (#27) – Troy Stecher (#51)
Patrick Wiercioch (#28)

Jacob Markström (#35)
Anders Nilsson (#31)

Coach: Travis Green


VANCOUVER CANUCKS 
Création: 1945 (PCHL, puis WHL). Rejoint la NHL en 1970
Propriétaires: Canucks sports & Entertainment, depuis 1995, présidé par Francesco Aquilini .
Patinoire: Rogers Arena
Palmarès: aucun
Equipe affiliée AHL:
Utica Comets

L’AN DERNIER
13e
de la Conférence Ouest avec 69 points.
Meilleur pointeur et buteur : Bo Horvat (52 points, 20 buts).

Le joueur à suivre :
JACOB MARKSTRÖM

Cette fois-ci, plus de filet de sécurité pour Markström. Ryan Miller a pris la direction d’Anaheim, et le gardien numéro 1 des Canucks sera bien le grand Suédois. Solide l’an dernier en début de campagne, il a progressivement glissé, affichant des moyennes insuffisantes : 91% d’arrêts (36e de la ligue parmi les gardiens ayant joué au moins 20 matchs) et 2,63 buts encaissés par match (29e). Comble de malheur, il a fini la saison blessé au genou, ratant 24 matchs. Pour autant, les ‘Nucks semblent à lui confier le rôle de numéro 1. Attention quand même, Nilsson est un backup très coûteux, et les prospects des Canucks sont très intéressants à son poste.

La relève :
DE LA DENSITÉ EN ATTAQUE

Brock Boeser

Classement ESPN : 9e.
Malgré une loterie défavorable, Judd Brackett, le patron du scouting des Canucks, a fait quelques bons coups en juin. Il a complété un secteur offensif intéressant avec le très prometteur Elias Pettersson (5e overall), un centre offensif que l’on compare à Alexander Wennberg, le buteur de Kelowna Kole Lind (33e) et le costaud (mais lent) Jonah Gadjovich (53e). Ajoutons Brock Boeser (23e en 2015), très performant l’an dernier en NCAA et qui a montré de belles choses en NHL. L’inquiétude grandit par contre pour  Jake Virtanen (6e en 2014), décevant en AHL l’an passé.  Vancouver a aussi récupéré deux bons ailiers scoreurs par le biais d’échanges, le Russe Nikolai Goldobin et le Suédois Jonathan Dahlen. C’est plus mince en défense même si le Finlandais Olli Juolevi (5e en 2016) a les moyens de devenir un arrière de haut niveau, et si Jordan Subban (115e en 2013) a un profil intéressant. Devant le filet, Thatcher Demko (36e en 2014) est un solide espoir, comme le nouveau venu Michael DiPietro (64e en juin).

Le pronostic de TPPQB

Peu de suspense autour de la saison des Canucks, qui n’ont pas les moyens de se battre pour une place en playoffs. L’équipe devrait finir dans le dernier tiers du classement  – voire dans les cinq derniers – et engranger un espoir de grande valeur. Le suspense, comme évoqué dans l’article principal, tient surtout au sort des frères Sedin. Pour l’avenir de la franchise, les échanger serait profitable. Mais c’est une décision plus que délicate compte tenu de l’importance du duo dans l’histoire des Canucks.