Season preview 2017-2018 : Arizona Coyotes

Western Conference – Pacific division


Faire lever le grain

 

 

Après deux Coupes Stanley remportées en tant qu’assistant de Mike Sullivan à Pittsburgh, Rick Tocchet prend les rênes des Coyotes. Avec beaucoup de travail devant lui pour faire de cette jeune équipe une puissance de la ligue.

 

John Chayka n’aura pas tardé à marquer de son empreinte les Coyotes. Plus jeune GM de la ligue, le Canadien de 28 ans, spécialiste de l’analyse statistique, avait été recruté l’an dernier pour changer la méthode de travail de l’organisation. Et sa première année d’exercice aura été marquée par plusieurs changements majeurs.

Le plus symbolique aura été sa décision de ne pas reconduire l’emblématique Shane Doan, arrivé dans le désert en 1996, en même temps que la franchise, qui l’avait drafté un an plus tôt alors qu’elle était encore située à Winnipeg. Doan avait visiblement encore envie de jouer, et la décision, pour le moins brutale, a été largement commentée dans la ligue. Si l’on regarde la situation avec un peu de recul, il est évident que le capitaine des Coyotes, 40 ans et seulement 27 points au compteur l’an dernier, n’était plus strictement indispensable de par ses performances. Mais le procédé a tout de même sérieusement manqué d’élégance.

Doan n’est toutefois pas la seule victime de la première année de règne de Chayka. Head coach depuis 2009, promu assistant GM tout en gardant les rênes de l’équipe depuis deux saisons, Dave Tippett a choisi de quitter l’organisation en juin. Les raisons de ce départ, si l’on veut bien écarter la thèse d’une lassitude après une saison ratée, sont demeurées mystérieuses. On peut toutefois supputer que Tippett, coach de la vieille école, ne voyait pas forcément d’un bon œil toutes les décisions prises par son GM et son patron, Andrew Barroway. Il était sans doute plus simple pour lui de partir plutôt que de lutter en interne sans guère de chances d’avoir le dessus. Certaines sources évoquent par ailleurs des problèmes contractuels.

Toujours est-il que, plus encore que l’an dernier, les Coyotes sont désormais l’équipe de John Chayka. Le GM a eu l’habileté politique d’embaucher un entraîneur compétent… qui est aussi un ancien de la maison, Rick Tocchet. L’ex-ailier rugueux, passé notamment par Pittsburgh, Philadelphie et les Coyotes, a depuis bien mené sa barque dans l’univers du coaching. Après une première expérience en tant qu’assistant à Colorado, puis à Phoenix, Tampa lui a offert un premier poste de head coach, pendant deux saison (de 2008 à 2010). Les Bolts étaient alors en transition entre la génération Lecavalier-Saint Louis, et celle à l’œuvre aujourd’hui, et Tocchet n’a pu les emmener en playoffs. Après cet échec, il a occupé trois ans durant un poste d’assistant à Pittsburgh, glanant au passage deux Coupes Stanley, et acquérant la réputation de players’ coach, un entraîneur proche de ses joueurs, et habile dans la communication. L’idée est qu’il aide les nombreux jeunes talents de la franchise à développer leur potentiel.

L’étrange échange de Mike Smith
Un levier indispensable pour enclencher la marche avant car, après un exercice 2015-2016 prometteur, Arizona a replongé l’an dernier, engrangeant huit points de moins, et terminant à bonne distance des playoffs. Chayka a donc changé pas mal de choses cet été. Outre le départ de Doan, il a ainsi conclu un échange avec Jeff Gorton, des Rangers, récupérant Derek Stepan et Antti Raanta en retour du 7e choix overall et du jeune défenseur Anthony DeAngelo. Puis, le jour du repêchage, il est allé délester Chicago du précieux Niklas Hjalmarsson, sacrifiant au passage Connor Murphy, qui n’arrivait pas à débloquer offensivement avec Arizona. Des échanges a priori intéressants pour la franchise. Celui qui a envoyé Mike Smith à Calgary en retour de Chad Johnson, du défenseur Brandon Hickey et d’un choix de 3e ronde est plus contestable, d’autant que Johnson a, dans la foulée, signé avec Buffalo. Enfin, Nick Cousins a été acquis des Flyers avec Merrick Madsen en retour de Brendan Warren et d’un choix de cinquième ronde, et aussitôt signé pour deux ans et 2M$.

Radim Vrbata, auteur d’une bonne saison, n’a pas non plus été conservé, pas plus que le déclinant Zbynek Michalek, et les jeunes Morin, Tinordi et Burmistrov, qui n’ont pas convaincu. A l’inverse, Chayka  a signé l’arrière Adam Clendening (1 an, 650 000 $), très appréciés des fans de statistiques avancés, le centre Michael Latta (1 an, 650 000$), l’ailier Emerson Etem (1 an, 850 000$) et le tough guy Zac Rinaldo (1 an, 700 000$). Des signatures mineures qui ont surtout pour objectif de donner de la profondeur à l’effectif. Les Coyotes ont également resigné  et Jordan Martinook (2 ans, 3,6M$).

Interrogations devant le filet
Pour reprendre le fil de leur progression, les Coyotes devront commencer par colmater les brèches. Car malgré la belle saison individuelle de Mike Smith, la défense d’Arizona était atroce l’an dernier (28e de la ligue, 3,17 buts encaissés par match), avec un PK à l’avenant 27e de la ligue avec 77,3% d’efficacité).

Il faudra y parvenir sans la révélation de l’an passé, Jakob Chychrun. Repêché l’été précédent, l’arrière canadien a su s’imposer dès sa première saison NHL, ce qui est particulièrement rare pour un défenseur. Il s’est malheureusement blessé au genou, visiblement assez sérieusement, pendant un entraînement cet été. A l’heure où nous écrivions ces lignes, la durée de son absence n’était pas connue. Arizona dispose toutefois de bons éléments en défense, à commencer par le possible futur capitaine de l’équipe, le Suédois Oliver Ekman-Larsson. L’élégant puck mover a connu l’an dernier une saison en dessous de ses standards, qui s’explique sans doute en partie par la maladie de sa mère, qui s’est éteinte courant avril. En pleine possession de ses moyens, OEL est un des tout meilleurs défenseurs de la ligue, et devrait progressivement retrouver son niveau. D’autant qu’il sera associé à la nouvelle recrue Niklas Hjalmarsson, un défenseur défensif capable d’encaisser un gros temps de jeu. L’ancien Hawk tenait un rôle très important à Chicago, et pourra transmettre aux jeunes Coyotes l’exigence des équipes d’élite de la ligue.

Sur la deuxième unité, du moins jusqu’au retour de Chychrun, on devrait retrouver l’autre puck mover de talent de cette équipe, Alex Goligoski. L’ancien des Stars, signé à grands frais voici un an, a livré une saison dans la lignée de ce qu’il produisait à Dallas. Il pourrait être associé à Adam Clendening, un arrière plutôt adroit avec le puck et solide dans sa zone qui pourrait avoir, avec Arizona, trouvé l’opportunité de gagner le temps de glace qui lui a jusqu’à présent manqué. Enfin, sur la troisième paire, on pourrait voir le duo Kevin Connauton-Luke Schenn. Le premier est un autre puck mover, nettement plus limité qu’Ekman-Larsson et Goligoski, le second un défenseur défensif à l’ancienne, gros, costaud, mais limité par un coup de patin moyen. L’ensemble manque de profondeur, surtout en l’absence de Chychrun, et risque de souffrir encore cette année.

D’autant que les gardiens des Coyotes devront lever quelques doutes. Mike Smith était en effet un pilier de cette équipe. Quant à Louis Domingue, sa doublure l’an dernier, il n’a pas montré qu’il était capable de compenser les faiblesses défensives de son équipe (90,8% d’arrêts, 43e de la ligue parmi les gardiens ayant disputé plus de 20 matchs, 3,08 buts encaissés par match, 52e). On comptera donc beaucoup sur Antti Raanta, très solide avec les Rangers l’an dernier (92,2% d’arrêts, 14e, 2,26 buts encaissés, 11e). Le Finlandais sera-t-il le nouveau Cam Talbot ou Martin Jones, un gardien remplaçant capable de se muer en numéro 1? C’est le pari de John Chayka, qui sait en outre que son gardien sera agent libre à la fin de la saison. Il a donc tout intérêt à passer le cap.

Les yeux rivés sur Clayton Keller
En attaque (27e de la ligue avec 2,33 buts par match, et un faible PP l’an dernier – 26e avec 16,2%), Arizona devrait être un peu mieux équipé cette année. D’abord parce que Derek Stepan (lire ci-contre) est un vrai centre top 6, qui amènera à la fois du scoring et une capacité à défendre. Il pourrait s’installer au centre d’une première ligne avec les deux jeunes sensations de la saison 2015-2016, Max Domi et Anthony Duclair. Le premier a connu une saison un peu moins brillante l’an dernier, en bonne partie du fait d’une fracture de la main, qui lui a coûté 23 matchs. Le petit ailier rapide, intense et adroit a tout de même réussi à inscrire 38 points, mais a semblé moins « facile » que l’année précédente. Un destin que lui envierait presque le québécois Anthony Duclair, qui a lui traversé l’exercice 2016-2017 comme un fantôme du joueur électrisant de la saison précédente. Au point que les Coyotes l’ont même renvoyé en AHL, limitant ainsi son séjour NHL à 58 matchs. Surtout, son excellent pourcentage au tir de la saison précédente s’est effondré (de (19,1% à 6,6%), et il a eu toutes les peines du monde à tromper les gardiens adverses. Pour lui, le rebond est obligatoire cette saison.

La deuxième unité pourrait être plus jeune encore. On devrait en effet y retrouver l’un des favoris du trophée Calder, le centre américain Clayton Keller – vraisemblablement utilisé à l’aile. Ce petit attaquant rapide et créatif a un gros potentiel offensif. Capable aussi bien de scorer que de distribuer le jeu, il devrait avoir sa chance. Comme, sans doute, Dylan Strome. L’ancien 3e choix overall en 2015 a tous les ingrédients pour devenir un centre de premier trio. S’il manque un brin de vitesse, il voit remarquablement le jeu, et peut compter sur un excellent tir. Il n’a pas su saisir sa chance l’an dernier et devrait être revanchard. Ce duo de rookies explosif pourrait évoluer avec un autre jeune attaquant, le rapide et responsable Tobias Rieder, qui a confirmé l’an dernier ses bonnes dispositions offensives.

Sur le troisième trio, deux autres grands espoirs de l’organisation devraient être associés au vétéran Jamie McGinn, un vétéran solide dans sa zone, mais qui n’a pas un énorme potentiel offensif. Christian Dvorak, à l’inverse de Dylan Strome, a su gagner sa place avec le grand club. Ce playmaker rapide se distingue par son intelligence sur la glace. Il a réussi une saison quasi complète l’an dernier (78 matchs), avec un production prometteuse (33 points, dont 15 buts). Quant au gros ailier scoreur Brendan Perlini, il a progressivement gagné sa place et démontré ses qualités de buteur. Pour lui, cette saison doit être celle de son installation définitive dans le top 9 des Coyotes. Enfin, le quatrième trio devrait associer le jeune power forward Lawson Crouse, arraché l’an dernier à Florida dans un habile échange, Nick Cousins aussi abrasif que responsable défensivement, et Jordan Martinook, un bottom sixer rugueux et travailleur qui a connu l’an dernier une bonne saison offensive. L’ensemble ne manque pas de talent, mais le déficit d’expérience est patent.


Le lineup probable des Coyotes

Max Domi (#16) – Derek Stepan (#21) – Anthony Duclair (#10)
Clayton Keller (#14) – Dylan Strome (#20)  – Tobias Rieder (#8)
Brendan Perlini (#29) – Christian Dvorak (#18) – Jamie McGinn (#88)
Lawson Crouse (#67) – Nick Cousins (#52) – Jordan Martinook (#48)
Christian Fischer (#36)

Oliver Ekman-Larsson (#23) – Niklas Hjalmarsson (#4)
Alex Goligoski (#33) – Jacob Chychrun (#6)
Kevin Connauton (#44) – Luke Schenn (#2)
Adam Clendening (#49)

Antti Raanta (#32)
Louis Domingue (#35)

Coach: Rick Tocchet


ARIZONA COYOTES 
Création: 1972 (WHA). Rejoint la NHL en 1979. Arrivée à Phoenix en 1996.
Anciens noms: Winnipeg Jets, Phoenix Coyotes.
Propriétaires: IceArizona LLC, depuis depuis 2014, dirigé par Andrew Barroway
Patinoire: Gila River Arena
Palmarès: aucun.
Equipe affiliée AHL:
Tucson Roadrunners

L’AN DERNIER
12e
de la conférence Ouest avec 70 points.
Meilleur pointeur et buteur: Radim Vrbata (55 points, 20 buts)

Le joueur à suivre :
DEREK STEPAN

Des prises estivales de John Chayka, il est sans doute la plus spectacu-
laire. L’ancien centre des Rangers de New York aura un rôle déterminant de mentor pour les jeunes pivots des Yotes, Christian Dvorak, Dylan Strome, voire Clayton Keller. Il devra également encaisser le gros des minutes difficiles pour les protéger et favoriser leur développement. Régulier autour de 55 points depuis quatre ans, l’Américain est plus un centre de deuxième trio, dans un monde idéal. Il devrait toutefois être utilisé au sein de la première unité de Rick Tocchet. Il devra toutefois encaisser le choc d’avoir été échangé, et de passer d’une équipe de haut niveau à l’un à un bottom feeder.

La relève :
UNE ATTAQUE AUX DENTS LONGUES

Clayton Keller

Classement ESPN : 2e
Même si John Chayka a sacrifié son premier choix pour récupérer Derek Stepan, les Coyotes peuvent compter sur une des plus belles banques d’espoirs de la ligue, sans compter les nombreux jeunes talents qui peuplent le roster NHL. Le plus beau talent est sans doute le centre US Clayton Keller (7e overall en 2016), un petit centre très explosif qui a de bonnes chances de jouer en NHL cette année, sans doute à l’aile. Dylan Strome (3e en 2015) est lui le futur centre numéro 1 des Coyotes, même s’il n’a pas su s’imposer l’an dernier. Le gros et adroit ailier Brendan Perlini (12e en 2014) a lui fait des premiers pas intéressants dans la grande ligue. Autre ailier gros gabarit, Christian Fischer (32e en 2015) est tout proche du niveau NHL, mais il doit améliorer son patinage. En défense, le patron du scouting d’Arizona, Tim Bernhardt, a mis la main sur deux puck movers intéressants pour le futur, le Québécois Pierre-Olivier Joseph (23e), et le Suédois Filip Westerlund (44e).

Le pronostic de TPPQB

Pour les Coyotes, l’enjeu n’est pas encore de se qualifier pour les playoffs, mais bien de s’assurer que le développement des nombreux jeunes de talent de l’organisation se passe bien. Dans cette optique, les arrivées de Hjalmarsson et Stepan seront certainement cruciales, mais on peine encore plus à comprendre la décision de ne pas prolonger Shane Doan. Arizona devrait se situer parmi les 4 ou 5 derniers de la ligue, et se positionner idéalement pour récupérer un autre jeune de talent lors du prochain repêchage. A moins que la jeune génération ne devance les attentes, mais ce serait un véritable exploit compte tenu de la jeunesse de l’effectif.