Season preview 2017-2018 : Dallas Stars
Western Conference – Pacific division
Un pas en arrière,
deux pas en avant

Jamie Benn et les Stars ont connu un coup de frein l’an dernier, mais Jim Nill a fourni de sérieux renforts. De quoi retrouver le haut de tableau ?
Dans une ligue où l’attaque est une denrée rare et la discipline collective la norme, les Stars sont un paradoxe. Remarquablement outillée offensivement, l’équipe de Big D est un contre-manuel vivant de défense. L’an dernier, Dallas a coulé sa saison sur son seul rendement défensif, terminant à l’avant-dernier rang de la ligue (3,17 buts encaissés par match). De quoi donner des cauchemars à n’importe quel coach. La sanction est donc tombée cet été avec le départ de l’entraîneur Lind Ruff, qui avait mené l’équipe à une saison de 109 points l’an dernier… avant de n’en récolter que 79 l’hiver dernier, et de très logiquement rater les playoffs.
Pour le remplacer, Dallas est allé chercher un ancien de la maison, celui-là même qui présidait aux destinées des Stars lors de leur unique victoire en Stanley Cup, en 1999, face aux Sabres de… Lindy Ruff. Ken Hitchcock, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a décidé de replonger après une saison délicate du côté de St. Louis, qui l’a écarté début février. Difficile d’imaginer choix plus opportun quand on connaît l’approche pointue du jeu défensif de «Hitch».
L’été agité de Jim Nill
Mais Jim Nill ne s’en est pas tenu là. Le GM des Stars sait qu’avec un duo Jamie Benn – Tyler Seguin en pleine force de l’âge, la fenêtre de tir est ouverte pour son équipe. L’ancien assistant de Ken Holland à Detroit s’est donc activé sur le marché des agents libres, récupérant Martin Hanzal (3 ans, 14,25 M$), et surtout Alexander Radulov (5 ans, 31,25M$). De quoi booster encore une attaque déjà redoutable. Pour la défense, c’est le spécialiste défensif Marc Methot qui a été obtenu de Vegas – qui l’avait récupéré lors du repêchage d’expansion – en retour du jeune gardien Dylan Ferguson et d’un choix de deuxième ronde en 2020. Nill a également apporté de la profondeur à son roster avec Tyler Pitlick (3 ans, 3M$) et Brian Flynn (1 an, 700 000$). Surtout, c’est peut-être le mouvement clef de cette intersaison, le GM des Stars a obtenu les droits de Ben Bishop en retour d’un choix de 4e ronde, avant de le signer pour six ans et 29,5 M$.
Dallas a également prolongé les défenseurs Patrick Nemeth (1 an, 945 000$), Jamie Oleksiak (1 an, 964 688$) et les attaquants Brett Ritchie (2 ans, 3,5M$), Radek Faksa (3 ans, 6,6M$), Mattias Janmark (1 an, 700 000$) et Gemel Smith (1 an, 650 000$). Sans oublier le premier choix des Stars lors du dernier repêchage, le défenseur finlandais Miro Heiskanen (3 ans, 2,775M$), qui a une petite chance de se faire une place lors du camp d’entraînement.
Côté départs, les Stars ne pouvaient conserver Ben Bishop et les deux gardiens finlandais, Kari Lehtonen et Antti Niemi. La décision a donc été prise de racheter le contrat du second, ce qui coûtera 1,5M$ de pénalité sur le cap de la franchise texane pendant encore deux saisons. Cumulé aux salaires des deux restants, on arrive à 12,3 M$ par saison, le plus gros investissement d’une équipe de la ligue sur le poste de gardien. Les résultats devront être à la hauteur. Dallas, enfin, a choisi de ne pas prolonger onze joueurs, parmi lesquels Patrick Sharp, Jiri Hudler et Aleš Hemský, trois vétérans qui n’ont pas marqué les esprits l’an dernier. Bref, l’été fut des plus chargés pour Jim Nill, et son équipe semble singulièrement renforcée.
Radulov pour rebooster le premier trio
En attaque, notamment, l’arrivée d’Alexander Radulov, très bon l’an dernier avec Montréal, devrait permettre à Dallas de redevenir une équipe offensive de tout premier plan. L’an passé, les Stars ont fait moins d’étincelle que lors des deux saisons précédentes. Avec 2,71 buts par match, l’attaque texane n’était que la 16e de la ligue, avec un powerplay ordinaire (20e de la ligue avec 17,9%). Une performance étonnante au vu du roster de Dallas, où le talent ne manque pas. A commencer, sur le premier trio, par l’infernal duo Jamie Benn – Tyler Seguin. Le gros ailier natif de Victoria a connu une saison un peu en dedans l’an dernier, avec une récolte en dessous du point par match. Il demeure néanmoins l’un des tout meilleurs attaquants de ce sport, et, alors qu’il entame un nouveau contrat qui fait de lui le cinquième joueur le mieux payé de la ligue, il devrait rebondir. Tyler Seguin, lui, sort de sa première saison complète depuis son entrée dans la ligue. Créatif, et doté d’un superbe lancer, il doit toutefois pouvoir produire plus que les 72 points de cette année. L’arrivée de Radulov, aussi créatif que travailleur, pourrait permettre aux deux stars de la franchise de retrouver les sommets.
Sur la deuxième unité on devrait retrouver l’autre recrue de l’été, le Tchèque Martin Hanzal. Le gros centre, en fin de contrat avec Arizona et qui sortait d’une belle saison entre Max Domi et Anthony Duclair, a été échangé au Wild à la trade deadline, pour un résultat plutôt encourageant en saison régulière. Mais Minnesota a trébuché dès le premier tour des playoffs, et Hanzal n’a eu qu’un impact marginal. Son arrivée devrait toutefois permettre à Ken Hitchcock de décaler Jason Spezza à l’aile. L’ancien playmaker des Senators a, lui aussi, connu une année moins productive l’an dernier. Premier signe de déclin pour un joueur de 33 ans, ou simple accident statistique ? A l’aile, il peut en tout cas faire valoir son excellent lancer du poignet. Le trio devrait être complété Devin Shore, qui a connu une intéressante première saison NHL, malgré le contexte délicat de Dallas l’an dernier. Cet attaquant au solide gabarit combine intelligence de jeu et agressivité, ce qui pourrait lui permettre de s’imposer sur ce deuxième trio.
De France, on a tendance à voir Antoine Roussel avec les yeux de Chimène. Mais l’ailier tricolore a aussi de la valeur aux yeux du GM de Dallas, qui a choisi de le protéger lors du repêchage d’expansion, comme ses deux camarades de trio. En dépit d’une blessure à la main qui lui a fait rater 20 matchs, l’ailier de l’équipe de France est parvenu à quasiment égaler sa marque offensive de la saison précédente, confirmant sa progression. Il devrait être associé au solide centre tchèque Radek Faksa, qui a connu une courbe de développement lente, mais semble arriver à maturité. A 23 ans, il sort d’une saison complète en NHL, avec 33 points à la clef et un jeu défensif au point qui devrait plaire à Ken Hitchcock. Enfin, Brett Ritchie complète ce trio, auquel il apporte du poids, et un bon lancer. La quatrième unité, elle devrait être composée de l’ancien du Canadien, Brian Flynn, du nouveau venu, ancien des Oilers Tyler Pitlick, et, si tout va bien, de Mattias Janmark. Le Suédois reste sur une saison blanche à cause d’une blessure inhabituelle au genou. S’il retrouve ses moyens physiques, il aura à cœur de confirmer sa belle saison rookie.
Bishop, le sauveur annoncé
On le voit, les Stars ont les moyens de faire de sérieux dégâts en attaque. Mais la clef de cette saison sera immanquablement un retour à un peu plus d’hermétisme défensif. Pour cela, on comptera bien entendu sur le nouveau système mis en place par Ken Hitchcock, mais aussi sur l’arrivée de Marc Methot, qui devrait être jumelé à John Klingberg, dans un duo qui rappellera, toutes proportions gardées, celui que l’ancien des Sens composait avec Erik Karlsson. Methot est un défenseur à l’ancienne, rugueux et solide dans sa zone. Il sera tout de même intéressant de le voir évoluer sans le génial Karlsson à ses côtés. Klingberg, lui, est un arrière très offensif, qui a connu toutefois, comme toute son équipe, un petit recul l’an dernier. Superbe patineur, doté d’une belle vision du jeu, il devrait bénéficier de la présence à ses côtés d’un arrière responsable comme Methot.
Sur la deuxième paire, le vétéran Dan Hamhuis pourrait être associé à Esa Lindell. Hamhuis, signé l’an dernier, est un solide arrière NHL, même si ses meilleures années sont certainement derrière lui. Il devra jouer un rôle de mentor pour Esa Lindell, un des beaux espoirs de l’organisation au poste de défenseur. Le Finlandais a connu une première saison satisfaisante, disputant une bonne partie de l’année aux côtés de John Klingberg, même si l’alchimie entre les deux joueurs n’a pas toujours sauté aux yeux. On surveillera cette année son utilisation en avantage numérique, où il brillait en AHL, mais où l’on très peu vu en NHL.
Sur la troisième paire, on devrait retrouver le solide Stephen Johns, associé à l’autre espoir finlandais de la défenses des Stars (en attendant Miro Heiskanen), Julius Honka, un petit puckmover rapide et créatif qui semble désormais prête pour la big league. Mais Dallas a d’autres options avec trois autres défenseurs, plutôt à vocation défensive, Jamie Oleksiak, Greg Pateryn et Patrick Nemeth. Il ne serait d’ailleurs pas surprenant de voir un ou deux d’entre eux être échangés d’ici le début de saison.
Enfin, devant le filet, on comptera beaucoup sur l’apport de Ben Bishop (lire ci-contre), qui devrait être le numéro 1. Kari Lehtonen reste en effet sur une troisième saison médiocre d’affilée, même s’il n’a pas atteint le niveau de médiocrité de son acolyte Antti Niemi l’an dernier (2,85 buts encaissés par match, 45e parmi les gardiens ayant disputé au moins 20 match, et un faible pourcentage d’arrêt de 90,2% -49e). A un salaire de gardien numéro 2, ce serait déjà médiocre, mais à 5,9M$ la saison…
Le lineup probable
Jamie Benn (#14) – Tyler Seguin (#91) – Alexander Radulov (#47)
Devin Shore (#17)- Martin Hanzal (#10) – Jason Spezza (#90) –
Antoine Roussel (#21) – Radek Faksa (#12) – Brett Ritchie (#25)
Mattias Janmark (#13) – Tyler Pitlick (#) – Brian Flynn (#20)
Curtis McKenzie (#11)
Marc Methot (#33) – John Klingberg (#3)
Dan Hamhuis (#2) – Esa Lindell (#23)
Stephen Johns (#28) – Julius Honka (#60)
Greg Pateryn (#29)
Ben Bishop (#30)
Kari Lehtonen (#32)
Coach: Ken Hitchcock
DALLAS STARS
Création: 1967.
Arrive à Dallas en 1993.
Anciens noms: Minnesota North Stars
Propriétaires: Tom Gaglardi (Dallas Stars LP) depuis 2011
Patinoire: American Airlines Center
Palmarès: 1 Stanley Cup (1999)
Equipe affiliée AHL:
Texas Stars
L’AN DERNIER
11e de la Conférence Ouest avec 79 points.
Meilleur pointeur : Tyler Seguin (72 points)
Meilleur buteurs : Jamie Benn et Tyler Seguin (26 buts).
Le joueur à suivre :
BEN BISHOP
Pendant trois ans et demi, il a été l’un des moteurs de Tampa, terminant deux fois finaliste du Vezina et amenant son équipe en finale de Stanley Cup en 2015. Mais entre un début raté, une blessure en décembre, la perspective du repêchage d’expansion pour lequel Tampa avait prévu de protéger Vasilevski et un échange à Los Angeles, sa saison dernière fut pénible, loin de ses standards (91% d’arrêts, 25e de la ligue, et 2,54 buts encaissés en moyenne, 17e). Jim Nill a jugé qu’il s’agissait d’un accident de parcours et lui a confié son filet, assorti d’un gros contrat. S’il retrouve son niveau, il pourrait bien faire de Dallas une sérieuse menace.
La relève :
UN PARFUM D’EUROPE
Classement ESPN : 19e
A Dallas, on n’hésite pas à faire confiance aux prospects originaire du nouveau continent. Les Stars aiment repêcher des joueurs US, comme le grand ailier Riley Tufte (25e overall en 2016), ou les deux nouveaux venus, le gardien Jake Oettinger, l’un des plus cotés du dernier repêchage (29e en juin), ou le talentueux – mais un peu lent – Jason Robertson (39e). Mais le patron du scouting amateur Joe McDonnell a une grande confiance dans son dépisteur européen Kari Takko. D’où une belle collection d’espoirs finlandais, que ce soit les talentueux défenseur Julius Honka (14e en 2014) et Esa Lindell (74e en 2012), le solide ailier Roope Hintz (49e en 2015) ou la dernière merveille, le futur de la franchise en défense, Miro Heiskanen (3e en juin), un arrière, fluide et intelligent que l’on compare (ô sacrilège !) à Nicklas Lidström. Dallas complète son prospect pool avec deux gros talents russes, le sniper Denis Gurianov (12e en 2015) et le brillant Valeri Nichushkin (10e en 2015), qui devrait réintégrer les stars la saison prochaine après un intermède en KHL.
Le pronostic de TPPQB
Si l’on devait parier sur l’équipe qui connaîtra la meilleure progression cette année, il serait tentant de mettre une pièce sur les Stars. Ben Bishop peut, à lui seul, faire une grosse différence, et les jeunes défenseurs des Stars ont beaucoup de talent. Avec Hitchcock à la manœuvre, Dallas devrait vite retrouver une meilleure assise. Et vu le talent offensif à disposition, les Stars devraient retrouver un niveau plus proche de celui de la saison 2015-2016, où ils étaient la meilleure équipe de l’Ouest en saison régulière. Objectif, donc, non seulement les playoffs, mais sans doute l’avantage de la glace, et une place au moins dans le dernier carré à l’Ouest.