Season preview 2017-2018 : Los Angeles Kings

Western Conference – Pacific division


 

Royales inquiétudes

 

Ancienne vedette des Kings, Rob Blake a la lourde tâche de relancer une franchise qui patine depuis plusieurs saisons.

 

Marc Bergevin, le DG du Canadien, dit ne pas croire à la théorie de window of opportunity, la fenêtre de tir pendant laquelle une équipe est à la fois assez talentueuse, et les salaires de ses joueurs clefs pas encore trop lourds pour la handicaper. Il devrait peut-être avoir une conversation avec Dean Lombardi, le désormais ex-DG des Kings. Pendant trois saisons, de 2011 à 2014, son équipe était un monstre ultradominant, qui a remporté deux Stanley Cups, et ne s’est incliné que face à un autre mastodonte, les Blackhawks de Chicago, en finale de conférence.

Puis, certains joueurs importants ont décliné, devenant trop coûteux pour leur rendement (Mike Richards, Marián Gáborík, Dustin Brown). Les stars de l’équipe (Drew Doughty, Jonathan Quick, Anže Kopitar) ont, tour à tour, obtenu le gros contrat qu’ils méritaient. Et Dean Lombardi s’est retrouvé en plein cap hell, incapable d’ajouter la profondeur nécessaire à son effectif, faute de place sous le plafond salarial. Un temps, les jeunes de l’organisation ont apporté le relai nécessaire (Toffoli, Pearson, Muzzin), mais le pipeline a fini par se tarir. Et, trois ans après leur dernière Stanley Cup, les Kings restent sur deux saisons sans playoffs sur les trois dernières.

Une situation que n’ont pas supporté les propriétaires de l’équipe, qui ont donc fait le ménage : exit Lombardi, le DG qui a pourtant posé les bases de la plus grande équipe de l’histoire de la franchise. Exit Dale Sutter, le coach qui a amené cette équipe aux deux seules Stanley Cup des Kings. Ce sont donc les deux anciennes légendes locales Rob Blake (DG) et Luc Robitaille (président), ainsi que l’ancien adjoint de Sutter, John Stevens (coach) qui prennent la suite. «Avec le noyau de joueur que nous avons, nous devrions être chaque année des prétendants sérieux à la Stanley Cup. Notre échec à atteindre ces objectifs nous a amenés à mettre en œuvre ces changements», commentait Dan Beckerman, président d’AEG, qui possède la franchise. La nouvelle équipe dirigeante est prévenue. Les Kings sont, pour leurs patrons, capables de lutter pour le trophée ultime… Même si les trois dernières saisons semblent démontrer le contraire.

Rob Blake, qui a annoncé vouloir une équipe robuste, n’a pourtant pas beaucoup fait évoluer son groupe. Plusieurs des paris de la saison dernière ont quitté le navire (Iginla, Purcell, Setoguchi), et seules trois recrues significatives sont arrivées : l’ancien sniper maison, Mike Cammalleri (1 an, 1M$) et deux anciens du Wild, le gardien remplaçant Darcy Kuemper (1 an, 650 000$), et l’arrière Christian Folin (1 an, 850 000$). Le rebond collectif devra donc venir du rebond individuel de joueurs comme Anze Kopitar (lire ci-contre), Tyler Toffoli ou le Jonathan Quick, blessé une bonne partie de la saison dernière.

Beaucoup de pression sur la «That 70’s line»
L’an dernier, malgré des statistiques de possession une nouvelle fois impressionnantes, c’est en attaque que Los Angeles a coincé, glissant de la 14e à la 24e place (2,72 buts par match). Les Kings ont marqué 24 buts de moins que lors de la saison précédente, un déficit qui correspond quasiment à la baisse du nombre de buts inscrits par Tyler Toffoli et Anže Kopitar, deux de ses principaux atouts offensifs (-28).

Malgré une saison délicate, le grand Slovène demeure une pièce fondamentale du puzzle offensif des Kings (lire ci-contre). Mais si l’on en croit les prévisions d’alignement estivales, ce ne sont probablement pas ses deux partenaires de trio qui vont l’aider à redémarrer. Marián Gáborík a été un attaquant brillant. Mais les meilleures années du Slovaque, qui reste sur deux saisons à 22 et 21 points en une grosse cinquantaine de matchs, sont clairement derrière lui. L’ailier, dont le jeu était basé sur une vitesse exceptionnelle, a beaucoup ralenti. Quant à Mike Cammalleri, son contrat et ses blessures à répétition ont conduit Ray Shero, le DG des Devils, à racheter son contrat. C’est dire à quel point l’ancien du Canadien a perdu en valeur… comme en témoigne son contrat, pour le moins chiche.

La «That 70’s line», composée de Tanner Pearson, Jeff Carter et Tyler Toffoli, demeure en réalité la véritable première ligne offensive des Kings. Les deux ailiers viennent d’ailleurs de signer des contrats qui les garderont dans le giron des Kings pendant trois ans pour Toffoli (13,8M$), et pendant quatre ans pour Pearson (15M$). Rob Blake a choisi de ne pas signer le premier à plus long terme, sans doute en partie à cause d’un dernier exercice en-dedans (34 points seulement alors qu’il en avait inscrit 58 la saison précédente), en partie à cause des blessures qui l’ont fait manquer 19 matchs, et l’ont contraint à une opération du genou en avril. S’il revient à son meilleur niveau, c’est un vrai ailier de premier trio, intelligent, capable de jouer dans toutes les situations, et très adroit devant le filet adverse. Tanner Pearson, lui, a poursuivi sa progression l’an dernier, atteignant des sommets personnels pour les buts (24) et les points (44). Cet ailier au solide gabarit se distingue avant tout par son intelligence en zone offensive, et son adresse face aux gardiens adverses. Enfin Jeff Carter reste, à 32 ans, un atout offensif de très haut niveau. Rapide, intelligent, il dispose en outre d’un des meilleurs lancers du poignet de la ligue, qui lui a permis de réaliser l’an dernier sa meilleure saison offensive depuis son arrivée en Californie (32 buts, 66 points).

Mais le problème des Kings se situe en deçà de ce top 6 plutôt de bon niveau si au moins l’un des deux ailiers de Kopitar réalise une saison honorable. Car les Angelinos manquent de profondeur. Le troisième trio devrait ainsi être piloté par Nick Shore, un centre droitier plutôt intelligent et travailleur, mais dont l’impact offensif est limité. Dustin Brown, lui, fait partie de ces Kings historiques qui n’apportent plus la même contribution. L’ancien capitaine, un power forward intense et travailleur, a connu un léger rebond offensif, passant de 28 à 36 points l’an dernier, mais l’on est encore loin d’une production en adéquation avec son lourd salaire (5,875M$ pour encore… cinq saisons). Le trio pourrait être complété par le jeune Adrian Kempe, l’un des meilleurs espoirs d’une organisation qui en compte peu. C’est un autre ailier intense, et skilled, qui a toutefois connu un premier passage discret avec les Kings (25 matchs, 6 points). A moins que Trevor Lewis, plus expérimenté, ne s’impose. La quatrième unité rassemble, elle, des joueurs de complément gros gabarits, physiques, mais au potentiel offensif limité comme Kyle Clifford, Jordan Nolan ou Andy Andreoff. Seul Nic Dowd, un playmaker droitier qui peine pour l’instant à se rendre indispensable peut espérer grimper sur la durée sur un troisième trio.

Quick en santé, ça change tout ?
Force traditionnelle des Kings depuis plusieurs années maintenant, la défense reste l’une des plus imperméables de la ligue (6e avec 2,45 buts encaissés en moyenne par match), avec un PK à l’avenant (5e de la ligue avec 84,5% d’efficacité). Une défense qui s’appuie sur le monumental Drew Doughty, vainqueur du Norris la saison précédente, et qui a connu une saison dans la lignée, quoi qu’un poil moins productive. Doughty est l’archétype du franchise defenseman, aussi utile offensivement que défensivement et capable d’enquiller un énorme temps de glace (27’09 », joueur le plus utilisé de la ligue). Il devrait reprendre la saison avec Derek Forbort, un gros arrière jeune et prometteur, qui a mis du temps à se développer, mais a franchi un palier l’an dernier. Il devrait continuer à le faire cette saison sous le patronage de Doughty.

Sur la deuxième unité, Jack Muzzin a connu une saison délicate, associé à Alec Martinez. Le  défenseur canadien a vu son plus minus chuter drastiquement (-21), comme sa production offensive (-12 points). Une dégradation que certains observateurs attribuent au système préconisé par Darryl Sutter, qui ne favorisait pas l’expression offensive de ses arrières. Muzzin, toujours intéressant en avantage numérique, va devoir rebondir cette année et prouver que sa sélection avec Team Canada pour la Coupe du Monde. Ce qui n’est pas le cas de son partenaire, Alec Martinez, qui a connu sa meilleure saison offensive en carrière. Solide arrière two way, signé à un très raisonnable tarif, c’est un atout de poids pour les Kings. Enfin le dernier binôme sera composé du défensif et robuste Kevin Gravel et de l’ancien puckmover du Wild Christian Folin. A moins que le jeune Paul LaDue ne s’impose d’emblée. Il en a les moyens.

Devan le filet, les Kings disposent en théorie d’un des tout meilleurs gardiens de la ligue avec Jonathan Quick. Sauf que l’an dernier, le goalie US a vu sa saison quasiment réduite à néant (65 matchs manqués) à cause d’une blessure à l’aine. En pleine possession de ses moyens, il doit redevenir l’un des piliers de l’équipe pour que les Kings retrouvent les playoffs. Sa doublure, Darcy Kuemper n’est en effet, a priori, pas capable d’assurer un interim aussi réussi que celui de Peter Budaj l’an dernier.


Le lineup probable

Mike Cammalleri (#13) – Anze Kopitar (#11) – Marian Gaborik (#12)
Tanner Pearson (#70) – Jeff Carter (#77) – Tyler Toffoli (#73)
Adrian Kempe (#39) – Nick Shore (#37) – Dustin Brown (#23)
Kyle Clifford (#13) – Nic Dowd (#26) – Trevor Lewis (#22)
Jordan Nolan (#71)

Derek Forbort (#24) – Drew Doughty (#8) –
Jake Muzzin (#6) – Alec Martinez (#3)
Kevin Gravel (#53) – Christian Folin (#5)
Paul LaDue (#38)

Jonathan Quick (#32)
Darcy Kuemper (#37)

Coach: John Stevens


LOS ANGELES KINGS 
Création: 1966
Propriétaires: Philip Anschutz et Edward Rossi, depuis 1995
Patinoire:  Staples Center
Palmarès: 2 Stanley Cups (2012 et 2014)
Equipe affiliée:
OntarioReignAHLOntario Reign

L’AN DERNIER
10e
de la Conférence Ouest avec 86 points.
Meilleur pointeur et buteur: Jeff Carter (66 points, 32 buts).

Le joueur à suivre :
ANŽE KOPITAR

Statut de capitaine, (très) grosse prolongation de contrat (8 ans et 80 millions de dollars), Anže Kopitar avait tout pour être heureux l’an dernier. Mais le Slovène a connu une année sans, avec une production en net recul (-22 points, -13 buts). Mis à la part la saison 2012-2013, c’est la première fois que le gros centre n’efface pas la barre des 60 points depuis son arrivée dans la ligue. On n’ose imaginer qu’un joueur de cette trempe ne rebondisse pas. Mais si d’aventure cela arrivait, Los Angeles serait en grosse difficulté.

La relève :
VILARDI, L’HÉRITIER

Gabe Vilardi

Classement ESPN : 17e
Huit ans que les Kings n’avaient pas repêché aussi haut. Le patron du scouting de la franchise californienne, Mark Yannetti, a enfin pu aller chercher un espoir de premier plan, avec le centre de Windsor Gabe Vilardi, annoncé dans le top 5 de la draft et qui a finalement glissé jusqu’au 11e rang. Vilardi manque de vitesse, ce qui explique sans doute la glissade, mais pour le reste, il a tout d’un centre de premier trio, puissant, complet, intelligent. Avec Jarret Anderson Dolan, un autre centre repêché en juin (41e), il vient donner une autre dimension au prospect pool des Kings, sans doute le moins garni de la ligue jusqu’alors. Le rapide et intense ailier suédois Adrian Kempe (29e en 2014) était jusqu’à présent le meilleur espoir de l’organisation. En défense, Kale Clague (51e en 2016), est un puck mover prometteur, mais qui doit parfaire son jeu défensif. Les Kings comptent aussi beaucoup sur Paul LaDue (181e en 2012), un arrière two way qui s’est développé plus vite que prévu.

Le pronostic de TPPQB

Cette année encore, les Kings risquent de peiner à scorer. Mais avec un Quick de retour, on peut espérer que la défensive angelina porte l’équipe jusqu’en playoffs. Un finish au troisième ou quatrième rang de la division pacifique est envisageable, et une fois en playoffs, l’expérience de Doughty et compagnie peut faire des dégâts, mais le manque de profondeur de l’effectif ne permettra pas aux Kings de retrouver la finale.  Ce qui est sûr, c’est que le temps presse. En fin de saison prochaine, Drew Doughty devra recevoir un nouveau contrat. Il sera conséquent.