Season preview 2017-2018 : Winnipeg Jets

Western Conference – Central division


 

L’avenir leur appartient

 

Il est le PPG player (joueur qui inscrit en moyenne un point par match) dont on parle le moins dans la ligue. Le centre des Jets, Mark Scheifele a connu une saison monstrueuse l’an dernier, s’établissant comme un centre de premier plan.

 

Au premier coup d’œil, l’amateur de hockey qui aurait suivi de loin la saison 2016-2017 pourrait se dire en regardant le classement des Jets «Encore une saison sans faire les séries, encore une saison pour rien».  Il faut dire qu’à l’heure où les jeunes nés avec la franchise sont désormais en âge de voter et d’entrer à l’université, le bilan est plutôt famélique : deux petites participations en séries (la première en 2007, quand l’équipe évoluait encore à Atlanta et la seconde en 2015) et deux balayages dès la première ronde à la clé !

L’amateur un peu plus attentif sait pourtant que l’heure des premières victoires printanières approche. Car Winnipeg est une bonne équipe. L’équipe a terminé à la neuvième place de la Conférence Ouest, juste derrière (à 7 points tout de même) le finaliste de la Coupe Stanley, les Predators de Nashville. Or, depuis leur retour dans le Manitoba en 2011, les Jets semblent suivre l’exemple de leur voisin du Tennessee : patience, stabilité et construction par le repêchage. Ainsi, le DG Kevin Cheveldayoff, en place depuis 2011, a vu son contrat prolongé tout récemment, de même que son expérimenté entraîneur, Paul Maurice, en poste depuis janvier 2014.

Contrairement aux Preds cependant, l’œil des scouts manitobains et les hasards de la loterie du repêchage ont fait de l’attaque, plutôt que de la défense, le point fort de l’organisation : l’an passé, l’équipe a terminé au 7e rang avec une moyenne de 3 buts par match et au 5e rang pour l’efficacité des tirs (10% de réussite). A l’inverse, le point faible reste la défense, tant à égalité (27e avec 3,11 buts encaissés par match) qu’en infériorité numérique (26e à 77,5%).

Pour palier ces carences, Cheveldayoff, comme à son habitude, a préféré procéder par retouches plutôt que de tout chambouler. L’opération a essentiellement consisté à laissé filer plusieurs joueurs expérimentés qui n’étaient pas des leaders de la formation. Devant, Stafford et Burmistrov, ont été échangés pendant la saison, tandis que Chris Thorburn, sélectionné par Las Vegas, et Anthony Peluso ont fait leur valises cet été. En défense, les vétérans de la franchise Mark Stuart et Paul Postma ont salué leurs partisans tandis que Brian Strait est parti après une petite saison. Aucun de ces joueurs n’évoluait sur le top 6 offensif ou le top 4 défensif, si bien que le départ le plus marquant reste celui du gardien Ondrej Pavelec. Présent dans le Manitoba depuis 2011 lui aussi, il avait vu son DG lui accorder sa confiance, mais n’a jamais réussi à s’imposer comme un bon n°1. Il est remplacé par Steve Mason, qui, s’il n’appartient pas à l’élite du circuit, présente néanmoins un peu plus de garanties pour pousser le jeune Hellebuyck à donner le meilleur de lui-même. Pour remplacer les autres départs, deux vétérans, Dmitri Kulikov, développé en Floride mais arrivant de Buffalo, et Matt Hendricks, débarquant d’Edmonton. Pour le reste, place aux jeunes !

Mais revenons un instant aux raisons d’espérer en un proche avenir plus souriant. Elles sont doubles. D’abord, le niveau de la division Centrale semble devoir baisser dans les années à venir, à cause des cycles imposés par le plafond salarial. Chicago, toujours solide, ne fait plus figure d’épouvantail et Saint-Louis et Minnesota semblent à la croisée des chemins tandis que Colorado est fermement vissé au fond du classement. Dallas semble devoir rebondir et Nashville veut poursuivre sur sa lancée des play-offs, mais aucune de ces équipes ne possède un jeune noyau offensif aussi prometteur que les Jets.

Quatre garçons plein d’avenir
Les noms des trois premiers mousquetaires de ces temps modernes sont relativement aisés à trouver puisqu’ils ont dominé la colonne des pointeurs de l’équipe. Mark Scheifele (24 ans) s’est définitivement imposé comme le centre n°1 de l’équipe avec une production de 32 buts et 82 points le plaçant au 7e rang des pointeurs de la ligue. A sa gauche, le Danois Nikolaj Ehlers (20 ans), auteur de 25 buts et 64 points, n’a pas connu la guigne de la deuxième année après les promesses de sa première saison. A leur droite, Patrik Laine (19 ans) a quant à lui confirmé qu’il était bien un buteur de premier plan, en inscrivant 36 buts et 64 points, le tout en ratant 9 matches après une commotion suite à une retentissante mise en échec de Jake McCabe. Gageons que l’héritier de Teemu Selänne, dont il partage l’efficacité à défaut de la vitesse, saura retenir la leçon. Un centre canadien complet, un ailier créatif et explosif et un sniper létal, 21 ans de moyenne d’âge, voilà un premier trio appelé à dominer pendant de nombreuses années.

Pour les seconder, les Jets peuvent compter sur des vétérans productifs, à commencer par Blake Wheeler. Régulier comme une horloge suisse depuis son arrivée à Winnipeg en 2011 (seulement 5 matches manqués en 6 saisons et une moyenne de 0,85 point par match sur cette période), l’ailier américain a inscrit 26 buts et 74 points l’an dernier. Bryan Little est également toujours fidèle au poste, lui qui évolue avec la franchise depuis ses débuts dans la NHL, à Atlanta. Si sa production est tout aussi régulière que celle de son ailier depuis 4 ans (0,76 point par match), il n’en est pas de même de sa santé, puisque se dernière saison complète remonte à 2013-2014. Après les 25 matches manqués en 2015-2016, il a dû regarder 23 matches depuis la galerie de presse l’an dernier, ce qui a limité sa production à 47 points. Le top 6 est complété par Mathieu Perreault, qui va entamer sa 4e saison à Winnipeg et devrait encore une fois apporter sa quarantaine de points (45 en 2016-2017, record personnel).

Ce trio expérimenté, qui affiche une moyenne d’âge de 30 ans, devra néanmoins se méfier de la relève qui a fait ses armes dans l’AHL avec le Moose du Manitoba. Il y a en effet plusieurs postulants au rôle de quatrième mousquetaire. Le premier d’entre eux est Kyle Connor, premier choix de l’équipe en 2015, a connu une excellente première saison professionnelle, marquant 25 buts et 44 points en 52 matches dans l’AHL, ainsi que 5 points pour ses 20 premières apparitions en NHL. Le second est Jack Roslovic, également sélectionné en première ronde par les Jets en 2015. S’il avait moins impressionné que Connor en NCAA en 2015-2016, il s’est tout aussi bien adapté au niveau professionnel, puisqu’il a terminé meilleur marqueur du Moose avec 48 points en 65 matches. Il a également goûté à la NHL avec un petit match en fin de saison. Enfin, Nic Petan et le Slovaque Marko Dano, repêchés un peu plus tôt (2013), essaieront de justifier les espoirs placés en eux il y a quelques années.

Avant d’espérer déloger Little ou Perreault du top 6, ces jeunes loups devront déjà prendre du temps de glace aux joueurs qui partent avec un poste sur le bottom 6 assuré. Adam Lowry, 29 points l’an dernier, a bien rebondi et devrait piloter le troisième trio, flanqué de Joel Armia. L’ailier finlandais, qui n’avait pas eu le temps de s’imposer à Buffalo, a conquis sa place à Winnipeg. S’il n’atteindra sans doute jamais le niveau espéré pour un choix de milieu de première ronde, il est suffisamment complet pour être un solide joueur de troisième trio. Le vétéran Shawn Matthias, arrivé l’an dernier, a également son poste assuré. Lutteront donc pour les derniers strapontins le vétéran Matt Hendricks, arrivé cet été, et les joueurs développés en interne Andrew Copp et Brandon Tanev. 

La relève arrive aussi derrière
Depuis l’acquisition de Myers en février 2015 et la fixation définitive de Byfuglien au poste de défenseur, le top 4 de l’équipe était clairement établi : Byfuglien – Trouba et Enström – Myers formaient les deux premières paires de l’équipe, se partageant équitablement le temps de glace à égalité numérique, tout en laissant les qualités offensives de Byfuglien s’exprimer en supériorité numérique. Cette stabilité aurait dû voler en éclats cet été avec le repêchage d’expansion permettant à Las Vegas de choisir un des quatre hommes (les jeunes joueurs n’étant pas éligibles, les Jets pouvaient protéger tous leurs bons attaquants). En cédant leur choix de première ronde et un choix de troisième ronde en retour du choix de première ronde de Colombus, précédemment acquis par les Knights, Cheveldayoff a pu conserver le fidèle Enström. C’est donc bien avant, au cours de la saison, que les changements ont eu lieu : parce que le DG a dû attendre début novembre avant de convaincre Trouba de resigner pour deux ans d’une part, et parce que les blessures ont affecté Toby Enström (60 matches joués) et surtout Tyler Myers (11 matches joués).

Dans ces conditions, si Byfuglien a tenu son rôle de leader, avec près de 27,5 minutes de temps de glace moyen et 52 points inscrits au compteur, les Jets ont pu compter sur l’émergence, attendue, mais pas dès cette année, de Josh Morrissey (choix de première ronde en 2013) pour l’épauler. Celui qui n’avait joué qu’un match en NHL la saison précédente a vu son développement fortement accéléré par l’hécatombe puisqu’il est le seul défenseur à avoir joué les 82 matches de la saison, récoltant 20 points et un temps de glace moyen de 19,5 minutes. Si ces circonstances expliquent les difficultés défensives des Jets, l’autre satisfaction vient de Jacob Trouba. Après le hold out initial, il s’est enfin imposé comme un leader de l’équipe, signant sa meilleure campagne offensive avec 33 points en 60 matches et un temps de glace moyen de près de 25 minutes.

Cet été, la brigade défensive a vu partir deux fidèles soldats qui ont contribué à tenir tant bien que mal le fort la saison dernière, Mark Stuart (contrat racheté) et Paul Postma. Paul Maurice récupère par contre un nouveau venu, le solide Dmitri Kulikov, ancien choix de première ronde des Panthers qui, sans avoir rempli les attentes offensives initialement placées en lui, est un solide défenseur dont le temps de glace tourne autour de 21-22 min depuis de nombreuses saisons. Avec six défenseurs dignes d’un top 4 d’une équipe moyenne de NHL, 3 joueurs lançant de la gauche et 3 lançant de la droite (un détail d’importance pour certains entraîneurs), un atout offensif tel que Byfuglien et un leader émergeant en Trouba, l’entraîneur des Jets n’aura que l’embarras du choix pour trouver la meilleure combinaison possible en fonction des situations de jeu.

Dans le rôle du septième homme, il reste un fidèle soldat, Ben Chiarot. En cas de nouveaux forfaits en cascade, Julian Melchiori et le jeune Nelson Nogier attendront un nouvel appel depuis l’AHL, tandis que l’espoir finlandais Sami Niku débutera sa carrière nord-américaine avec eux sous les couleurs du Moose.

Dans les buts, Ondrej Pavelec a connu une triste dernière saison avec la franchise qui l’a fait débuter en NHL en 2007-2008 (à Atlanta). Cantonné à 8 petits matches en NHL avec des stats peu reluisantes (88,8% d’arrêts, 3,55 buts encaissés par match), il a finalement été envoyé en AHL. Après une Coupe du Monde avec l’équipe nord-américaine des moins de 23 ans en tant que n°3, Hellebuyck s’est imposé comme le n°1 de l’équipe, mais plutôt faute de concurrence que par son talent. Avec 90,7% d’arrêts et 2,89 buts encaissés par match en 58 matches, il fait à peine mieux que Michael Hutchinson (90,3% d’arrêts et 2,92 buts encaissés par match en 28 matches) et moins bien que pour ses débuts l’année précédente. Encore très jeune (24 ans) pour un gardien, il devra composer cette année avec la concurrence de Steve Mason, un vétéran d’un autre calibre que Pavelec. Si l’ex-gardien des Flyers n’a jamais autant brillé que lors de sa saison rookie avec les Blue Jackets en 2008-2009, il reste sur 3 solides saisons avec Philadelphie avant une dernière année un peu plus compliquée (90,8% d’arrêts, 2,66 buts encaissés par match). Là encore, difficile de dire au préalable qui s’imposera cette saison, si ce n’est qu’Hutchinson devrait retrouver son rôle de roue de secours.


Le lineup probable

Nikolaj Ehlers (#27) – Mark Scheifele (#55) – Patrik Laine (#29)
Mathieu Perreault (#85) – Bryan Little (#18) – Blake Wheeler (#26)
Kyle Connor (#81) – Adam Lowry (#17) – Joel Armia (#40)
Shawn Matthias (#16) – Nic Petan (#19) – Andrew Copp (#9)
Marko Dano (#56)

Josh Morrissey (#44) – Jacob Trouba (#8
Tobias Enström (#39) – Dustin Byfuglien (#33)
Dmitri Kulikov (#77) – Tyler Myers (#57)
Ben Chiarot (#7)

Steve Mason (#35)
Connor Hellebuyck (#37)


WINNIPEG JETS
Création: 1999.  Arrive à Winnipeg en 2011.
Ancien nom: Atlanta Thrashers
Propriétaires: True North Sports & Entertainment, dirigé par Mark Chipman, depuis 2011
Patinoire: MTS Center
Palmarès: aucun
Equipe affiliée AHL:
Manitoba Moose

L’AN DERNIER
11e
de la Conférence Ouest avec 78 points.
Meilleur pointeur : Mark Scheifele (82 points)
Meilleur buteur : Patrik Laine (36 buts).

Le joueur à suivre : PATRICK LAINE

Un an après avoir été sélectionné au deuxième rang au repêchage, le Finlandais a également vu le talentueux Auston Matthews le devancer pour l’obtention du trophée Calder, remis au meilleur rookie. Entre temps, il aura assumé avec brio son statut de nouvelle superstar du hockey finlandais et… mondial. Quelle que soit l’étiquette qu’on cherche à lui accoler, Selänne pour la répétition de l’histoire du Finlandais débarquant à Winnipeg, Jagr pour la capacité à protéger le palet avec son corps ou Ovechkin pour le côté sniper puissant, Laine fait sa propre marque sans succomber à la pression. Bien entouré offensivement, tout le monde attend désormais qu’il explose sa marque de 36 buts (7e buteur de la ligue) pour aller chatouiller le plafond ovechkinien des 50 buts, d’autant que l’attaquant russe en était loin l’an dernier…

La relève :
LAINE N’EST PAS SEUL

Kyle Connor

Classement ESPN : 18e. Avec Ehlers, Scheifele, Laine, Morrissey, Trouba et Hellebuyck, les jeunes sont déjà au pouvoir dans le Manitoba. Avec Kyle Connor (LW), Jack Roslovic (C), Kristian Vesalainen (LW/RW, choix de 1ère ronde cette année), Logan Stanley (D, choix de 1ère ronde en 2016), Luke Green (D), Sami Niku (D) ou Eric Comrie (G), la prochaine génération attend déjà son tour. Connor et Roslovic, après une bonne campagne AHL pour leur première saison professionnelle, sont les plus proches d’une place en NHL, tandis qu’Eric Comrie, qui a connu un court baptême du feu l’an dernier, doit dépasser 2 gardiens dans la hiérarchie pour s’assurer une place sur le banc du Bell MTS Place. Niku découvrira l’Amérique du Nord avec le Moose, tandis que son compatriote repêché cet été au 24ème rang, Vesalainen, continuera sa progression en Finlande. Le prometteur Logan Stanley, dont le jeu complet et l’imposante stature (2 m) ne dépareilleront pas au milieu des Myers, Byfuglien et autre Trouba, continuera quant à lui sa carrière en OHL dans sa ville natale, Kitchener.

Le pronostic de TPPQB

Avec les arrivées de Mason et Kulikov, l’émergence de Morrissey et tout le monde en santé et sous contrat pour le début de la saison, les Jets semblent améliorés sur leur gros point faible de l’an passé, le rendement défensif. Comme, sauf coup du sort, l’attaque devrait également progresser sous l’impulsion de ses jeunes joueurs et la constance de ses vétérans, l’équipe devrait collecter plus de points que l’an passé. Pour se qualifier pour les séries, il faudra cependant probablement dépasser une des quatre autres équipes de la division Centrale ayant terminé devant, tout en surveillant Dallas dans le rétroviseur. Si le duo Mason-Hellebuyck pousse chacun des deux gardiens à donner le meilleur de lui-même, alors la folie des séries pourra à nouveau s’emparer de Winnipeg. Si les Hawks, les Blues et le Wild ne lâchent pas encore cette année, il faudra patienter encore un peu pour gagner enfin ce premier match en playoffs…