Season preview 2017-2018 : San Jose Sharks
Western Conference – Pacific division
La fin d’une époque…
pas d’une équipe

L’éternel Patrick Marleau a fini par quitter San Jose, pour terminer sa carrière sur un dernier bon contrat à Toronto. Mais les Sharks de Thronton, Burns et Pavelski restent bien outillés.
19 saisons. 1493 matchs de saison régulière, 177 en playoffs. 576 buts. Lorsque les Sharks ont repêché Patrick Marleau, numéro 2 de la draft 1997, ils savaient qu’ils mettaient la main sur un joueur de haut niveau. Mais ils ignoraient que le gamin d’Aneroid (50 âmes aujourd’hui) allait devenir l’emblème de leur franchise, son capitaine, et sans doute, avec Joe Thornton et peut-être Joe Pavelski, le meilleur attaquant de son histoire. Mais après ces deux décennies, Patty a choisi de dire au revoir à la franchise qui l’a vu grandir, et de rentrer au Canada, attiré, sans doute, par la perspective d’évoluer aux côtés des jeunes et brillants attaquants des Maple Leafs… et sans doute aussi par le contrat que lui a consenti Lou Lamoriello (3 ans, 18,75M$), généreux pour un joueur de 37 ans, même si la production de Marleau demeure de très bon niveau.
On a longtemps cru que Joe Thornton allait imiter son ami, mais le grand centre barbu a finalement prolongé d’une saison (8M$). Tout comme d’ailleurs l’excellent défenseur Marc-Edouard Vlasic, (8 ans, 56M$) et le gardien Martin Jones,(6 ans, 34 M$), dont les nouveaux contrats prendront effet en 2018-2019. Logan Couture, Joe Pavelski et Brent Burns étant eux aussi signés à long terme, le noyau des Sharks a donc de bonnes chances de poursuivre ensemble pendant quelques saisons encore.
Après une saison régulière solide, San Jose a buté l’an dernier sur la puissance montante des Oilers d’Edmonton et n’a pu passer le premier tour des playoffs. Doug Wilson a pourtant fait le choix de la stabilité cet été, n’opérant ni échange ni signature d’envergure, et se contentant de signer deux joueurs de complément, l’ailier Brandon Bollig, et le gardien Antoine Bibeau (contrats d’1 an et 650 000$ pour les deux). Pour progresser et combler le départ de Marleau, le GM des Sharks compte sur la progression de jeunes joueurs comme Timo Meier, Tomas Hertl ou Kevin Labanc, voire Marcus Sörensen (2 ans, 1,4M$), et le rebond de certains joueurs plus âgés, comme Mikkel Boedker.
Boedker, Hertl, Donskoi : il faut rebondir
L’attaque des Sharks a enregistré un recul notable l’an dernier, régressant du 4e au 19e rang de la ligue avec 2,67 buts par match. Un recul en partie du à l’effondrement du powerplay de l’équipe nord-californienne, passé de 22,5 à 16,7% d’efficacité. Un recul surprenant dans la mesure où San Jose est particulièrement bien outillé pour cet exercice.
Joe Thornton, la pierre angulaire de cette attaque, est en effet l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur passeur de la ligue, grâce à une vision du jeu quasiment sans égale. Jumbo Joe a toutefois connu une année sensiblement moins productive l’an dernier, après un exercice 2015-2016 remarquable pour un joueur de son âge. Il faudra également surveiller sa récupération après une double déchirure des tendons du genou droit, qui ne l’a pas empêché de terminer la saison (!). Il devrait être à nouveau associé à l’excellent Joe Pavelski, lui aussi un peu en retrait par rapport à son excellente saison précédente, un motif commun chez un certain nombre de Sharks, et que l’on peut sans doute attribuer au contrecoup de leur remarquable parcours jusqu’en finale de la Stanley Cup l’année précédente. Pavelski demeure toutefois un très solide ailier de premier trio, particulièrement redoutable lorsqu’il se poste devant le filet adverse, où il est l’un des meilleurs de la ligue pour effectuer des déviations gagnantes. Le trio pourrait être complété par Timo Meier (lire ci-contre), qui obtiendrait là une superbe chance de prouver ses qualités.
Sur la deuxième unité, on devrait retrouver Logan Couture, une autre valeur sûre de l’organisation un peu en retrait l’an dernier. Centre two way complet et fiable, il n’a pas réussi à briller autant en saison régulière que lors des précédents playoffs, où il tournait à un point par match. Couture est toutefois l’un des éléments les plus importants pour l’avenir des Sharks, et on attend de lui un rebond cette année. Il devrait être associé à l’une des bonnes surprise de la dernière saison, l’ailier US Kevin Labanc. L’ancien scoreur des Barrie Colts a en effet fait une belle impression lors de sa première saison NHL, inscrivant 20 points et démontrant beaucoup d’assurance, notamment lorsqu’il est en position de distribuer le jeu en avantage numérique. Il devra confirmer cette année que les Sharks peuvent s’appuyer sur lui pour l’avenir. Joonas Donskoi devra, lui, faire oublier la saison dernière, où il a été durement touché par les blessures (notamment par deux fois à l’épaule). Le Finlandais a raté 21 matchs et vu sa production offensive divisée par deux. Pour lui aussi l’heure est au rebond.
Sur la troisième ligne, on retrouve la grosse déception de la dernière saison, le Danois Mikkel Boedker. Arrivé en tant qu’agent libre après une saison qui l’avait vu effacer la barre des 50 points, l’ancien d’Arizona a coulé l’an passé, avec seulement 26 points, et plusieurs healthy scratches, une mesure inhabituelle vis-à-vis d’une recrue au coquet contrat (4 ans, 16M$). Le très rapide ailier doit vite démontrer que ce n’était qu’un accident. Il devrait être associé au centre tchèque Tomáš Hertl, durement frappé par les blessures l’an dernier (33 matchs manqués, notamment pour une blessure au genou et une fracture du pied), et qui doit prouver qu’il peut retrouver sa forme de la saison précédente, qui l’avait vu inscrire 46 points. D’autant qu’il sera en fin de contrat en juin… Le trio devrait être complété par un autre Danois, l’ancien Canuck Jannik Hansen, un autre joueur dont la qualité de patinage est reconnue. Enfin, sur le quatrième trio, Peter DeBoer devrait faire confiance au grinder vétéran Joel Ward, associé à Chris Tierney, un solide bottom sixer, très utile en PK, et à Melker Karlsson, récemment prolongé de trois ans (pour 6M$), un ailier plutôt adroit qui aura toutefois besoin de meilleurs partenaires de trio pour maintenir son intéressante production (11 buts l’an dernier). On devrait aussi voir cette année le rugueux Michael Haley, l’ailier floridien Ryan Carpenter, remarquable en playoffs AHL l’an dernier, ou le rapide et responsable ailier suédois Marcus Sörensen. L’ensemble est dense, mais aura besoin d’un rebond de plusieurs éléments, en particulier Hertl et Boedker pour combler le déficit de points lié à la perte de Patrick Marleau.
Le phénomène Burns
La défense des Sharks a dû hausser son niveau l’an dernier pour compenser les difficultés offensives. Et elle y est parvenu, gagnant 5 places au classement, pour se fixer au 5e rang (2,44 buts encaissés en moyenne), et ce malgré un PK quelconque (80,7% d’efficacité, 17e de la ligue).
Une défense qui s’appuie sur l’une des individualités les plus marquantes des deux dernières saison, le grand et fantasque Brent Burns. Vainqueur du trophée Norris après une saison offensive extraordinaire (76 points, dont 29 buts, deux statistiques pour lesquelles il est le leader parmi les arrières de la ligue) le barbu est moins dominant sur le plan défensif. Mais c’est une pièce fondamentale du jeu de transition des Sharks. A 32 ans, il entame un énorme contrat de 8 ans et 64M$). Il devrait être associé, comme l’an dernier, au très fiable Paul Martin, un arrière principalement défensif dont le jeu se marie bien à celui de Burns.
Sur la deuxième unité, Marc Edouard Vlasic est quasiment l’opposé de Burns, aussi calme et posé que son partenaire est excentrique, mais c’est un des arrières défensifs les plus solides de la ligue, dans un style sans esbroufe qu’adorent les puristes. Mobile, capable d’encaisser un très gros temps de jeu, le Québécois est un arrière qui réduit les erreurs au strict minimum. Il a pour habitude d’évoluer aux côtés de Justin Braun, un autre minute muncher plutôt défensif, même s’il assure d’ordinaire une certaine production offensive. La saison passée a été plus compliquée de ce point de vue, sa contribution chutant de 23 à 13 points, mais il a également vu son fardeau défensif s’alourdir, et a plutôt bien répondu de ce point de vue. Ce qui reste, quand même, la priorité.
Enfin, le troisième binôme devrait être composé du costaud Brenden Dillon et de Dylan DeMelo, un arrière maison trop âgé pour faire la navette avec l’AHL, et qui a donc dû se contenter d’un temps de jeu limité cette saison (25 matchs seulement). Il a pourtant donné satisfaction lorsqu’il a eu l’occasion de se montrer, et le départ de David Schlemko, repêché par Vegas, devrait lui donner une fenêtre de tir intéressante. A ses côtés, Brenden Dillon a connu une saison intéressante l’an dernier, justement du fait de sa bonne complémentarité avec Schlemko. L’ancien des Stars apporte son agressivité et un solide jeu défensif, mais il ne faut pas compter sur lui pour produire offensivement. On pourrait également voir le puckmover suédois Tim Heed, convaincant l’an dernier en AHL, notamment sur l’avantage numérique.
Devant le filet, le duo des Sharks a rendu une bonne copie l’an dernier. Le starter, Martin Jones, a confirmé sa première bonne saison avec San Jose, même si son pourcentage d’arrêts a légèrement régressé, de 91,8 à 91,6%, ce qui le classe au 23e rang parmi les gardiens ayant disputé plus de 40 matchs. Sa moyenne de buts encaissés (2,4) le classe par contre dans le top 10 de la ligue. Son remplaçant, Aaron Dell, a, lui, des statistiques dignes de l’élite des gardiens de la ligue (93% d’arrêts, 2e parmi les goalies à plus de 20 matchs, 2 buts encaissés en moyenne, 1er). Le duo fonctionne bien, les Sharks ont confiance en lui, et ils devraient encore l’an prochain être l’un des points forts de la franchise.
Le lineup probable
Timo Meier (#28) – Joe Thornton (#19) – Joe Pavelski (#8)
Kevin Labanc (#) – Logan Couture (#39) – Joonas Donskoi (#27)
Jannik Hansen (#36) – Tomas Hertl (#48) – Mikkel Boedker (#89)
Joel Ward (#42) -Chris Tierney (#50) – Melker Karlsson (#68)
Marcus Sörensen (#20)
Paul Martin (#7) – Brent Burns (#88)
Marc-Edouard Vlasic (#44) – Justin Braun (#61)
Brenden Dillon (#4) – Dylan DeMelo (#74)
Tim Heed (#72)
Martin Jones (#31)
Aaron Dell (#30)
Coach: Peter DeBoer
SAN JOSE SHARKS
Création: 1991
Propriétaires: San Jose Sports & Entertainment Enterprises, depuis 2002. Dirigé par Hasso Platner.
Patinoire: SAP Center
Palmarès: aucun.
Equipe affiliée AHL:
San Jose Barracuda
L’AN DERNIER
6e de la Conférence Ouest avec 99 points. Eliminés au premier tour des playoffs par les Oilers d’Edmonton (4-2)
Meilleur pointeur : Brent Burns (76 points).
Meilleurs buteurs : Brent Burns et Joe Pavelski (29 buts)
Le joueur à suivre :
TIMO MEIER
Le jeune ailier suisse était très attendu à San Jose l’an dernier, mais une mononu-
cléose a perturbé son début de saison, et a contraint les Sharks à le renvoyer en AHL. Ses 34 matchs NHL n’ont pas été éblouissants, avec une maigre récolte de six points. Il devrait cette année avoir l’opportunité de démontrer qu’il peut être ce gros ailier scoreur que l’on imaginait l’année de son repêchage, d’autant que San Jose va avoir besoin de scoring pour remplacer, notamment l’apport de Patrick Marleau. A Timo Meier de jouer.
La relève :
LE RÉSERVOIR
EST VIDE
Classement
ESPN : 30e
Les Sharks ont sérieuse-
ment entamé leur prospect pool l’an dernier, mais pas de la meilleure des façons. Sous la pression du repêchage d’expansion, Doug Wilson a échangé son meilleur espoir, le défenseur suisse Mirco Mueller à New Jersey. A la trade deadline, il avait déjà envoyé à Vancouver Nikolai Goldobin, pour récupérer Janik Hansen. Du coup, la banque d’espoirs est affaiblie. Le meilleur est sans doute l’attaquant Josh Norris, repêché en juin (19e), un centre puissant et agressif, mais aussi un bon passeur. L’organisation aime beaucoup Danny O’Regan, un centre repêché en 2012 (138e) qui brille en AHL, et l’ailier suisse Noah Rod (53e en 2014), même si les deux joueurs projettent plutôt comme des bottom sixers. En défense, le Québécois Jérémy Roy (31e en 2015) a le potentiel pour devenir un bon puck mover, mais il reste sur deux années gâchées par les blessures. En juin, San Jose a aussi misé sur Mario Ferraro (49e), un défenseur mobile et à l’aise en avantage numérique, qui a connu une progression spectaculaire dans les rankings l’an dernier.
Le pronostic de TPPQB
Le départ de Patrick Marleau, outre le symbole, marque la fin effective de l’équipe qui avait atteint la finale de la Stanley Cup voici deux saisons. Pour les Sharks, il faudra une conjonction de facteurs favorables (notamment le rebond de certains attaquants en difficulté l’an dernier et l’éclosion de nouveaux talents) pour rééditer l’exploit. A priori, les playoffs sont dans les cordes des hommes de Peter DeBoer, surtout s’ils maintiennent leur excellence défensive. Mais la montée en puissance des Oilers, voire des Flames et la solidité des Ducks ne laissent que peu de marge d’erreur. San Jose a de bonnes chances de retrouver les playoffs cette année, mais passer le premier tour serait déjà une belle performance.