Season preview 2016-2017 : Chicago Blackhawks

Western Conference – Central division


Le temps des remises
en question

 

 

Echangé à Columbus faute de place sous le plafond salarial voici deux saisons, Brandon Saad fait son retour à Chicago, en retour d’Artemi Panarin, dans l’un des trades les plus spectaculaires de l’été.

 

Ils sont tombés de leur piédestal. L’an dernier, après une saison régulière de grande qualité qui les a vus remporter la Conférence ouest pour la première fois depuis quatre ans, les Blackhawks se sont effondrés au premier tour des playoffs face à une équipe de Nashville qui n’aura ensuite cédé que face aux Penguins, en finale de la Stanley Cup. Une grosse désillusion, amplifiée par le score sans appel de cette série (4-0), qui a conduit Stan Bowman à opérer de nombreux changements cet été. Sans toucher au noyau dur de son équipes, les Toews, Kane, Seabrook et Keith, le GM chicagoan a bougé des pièces importantes.

Artemi Panarin, 11e meilleur scoreur de la ligue l’an dernier et qui composait un duo létal avec Patrick Kane, a été envoyé à Columbus avec Tyler Motte et un choix de sixième ronde lors du dernier repêchage. Dans l’échange, les Hawks ont récupéré leur ancien joueur Brandon Saad, le gardien remplaçant Anton Forsberg, et un choix de cinquième ronde en 2018. L’idée est à la fois d’économiser un peu sous le cap à moyen terme (Panarin coûtait autant que Saad, mais était sous contrat pour deux ans contre quatre pour l’Américain, avec une augmentation salée à la clef), et de relancer Jonathan Toews, quelque peu en retrait depuis deux ans et le départ de Saad, avec qui il fonctionnait remarquablement.

Coincé par le plafond salarial, Bowman a également envoyé Niklas Hjalmarsson à Colorado en retour de Connor Murphy, plus jeune, un peu moins cher, et sous contrat pour longtemps, et de Laurent Dauphin. Deux décisions , la deuxième surtout, qui ont provoqué l’ire de Joel Quenneville, l’entraîneur des Blackhawks. Les deux échanges ont été annoncés le jour de la draft, qui se tenait au United Center de Chicago. L’absence du coach à la table des Blackhawks dans la foulée de ces annonces a été largement commenté. «Coach Q» n’a pas non plus dû être ravi de perdre Trevor Van Riemsdyk, repêché par Vegas lors de l’expansion draft, ou Marcus Krüger, envoyé dans le Nevada en retour de considérations futures. Quant à Scott Darling, envoyé à Carolina pour un choix de troisième ronde, la qualité de son jeu rendait hypothétique toute chance de le conserver en numéro 2 à un tarif compatible avec le cap des Hawks.

Hossa, une fin cruelle ?
Au total, une quinzaine d’autres joueurs, principalement des minor leaguers, cela dit, ont quitté l’organisation, laissés libres par les Hawks, parmi lesquels Brian Campbell, Johnny Oduya ou Andrew Desjardins. Mais Bowman n’a pas eu l’initiative sur tous les départs cet été. Victime d’une maladie de peau liée au contact des équipements de hockey, l’ailier Marian Hossa est sous traitement médical lourd, traitement qui le tiendra éloigné de la glace pendant toute la saison à venir. Certaines mauvaises langues ont souligné que cette absence longue durée aidait bien la situation salariale des Hawks, mais l’indisponibilité de Hossa, vétéran respecté et joueur two way de grande valeur, même à 38 ans, est un coup dur sportif évident pour Chicago. D’autant que le risque existe que Hossa soit forcé de prendre sa retraite au bout de cette saison blanche.

Au chapitre des arrivées, outre les nouveaux venus obtenus lors des échanges cités plus haut, Stan Bowman a signé le défenseur Jordan Oesterle (2 ans, 1,3M$), le gardien Jean-François Bérubé (2 an, 1,4M$), mais aussi trois ailiers : un autre ancien de la maison, Patrick Sharp, qui a accepté un contrat minuscule (1 an, 800 000$) pour revenir, et deux bangers, Lance Bouma (1 an, 1M$) et Tommy Wingels (1 an, 750 000$), chargés de donner un peu plus d’agressivité à une équipe qui frappait très peu l’an dernier (lire «Le chiffre»). On surveillera aussi l’autre prise de l’été de Bowman, le défenseur tchèque Jan Rutta (1 an, 925 000$), qui a choisi les Blackhawks alors qu’il avait plusieurs autres propositions en NHL.

L’attaque passe à la lessiveuse
C’est donc une reconfiguration quasi intégrale qui s’annonce pour les Hawks, dont tous les trios devraient être affectés. Si l’on s’en tient au rendement sportif lors de la saison régulière, l’équipe de l’an dernier n’avait pourtant pas à rougir, loin de là : 9e de la ligue avec 2,93 buts marqués par matchs, l’attaque des Hawks était un solide point fort, malgré un powerplay étonnamment faible pour une équipe aussi bien outillée (19e de la ligue avec 18% d’efficacité), après une saison où elle était la deuxième meilleure de la ligue dans ce registre.

La première ligne des Hawks devra cette année se passer de la contribution d’Artemi Panarin. Ce qui ne devrait pas empêcher Patrick Kane de briller. L’ailier américain demeure l’un des joueurs les plus talentueux et spectaculaires de la ligue. S’il n’a pu répéter sa phénoménale saison 2015-2016 (106 points), le kid de Buffalo a tout de même rendu une superbe copie l’an dernier, terminant deuxième ex aequo avec Sidney Crosby himself au classement des pointeurs de la ligue. Il a aussi disputé une deuxième saison complète d’affilée, ce qui ne lui était jamais arrivé depuis ses débuts dans la ligue. Il le leader offensif incontestable de cette équipe et devrait tirer vers le haut, à lui seul, ses deux partenaires de trio. Le gros centre russe Artem Anisimov a bien profité de l’aspiration de Kane, et aussi de Panarin depuis deux saisons. L’an dernier, il a même connu la meilleure saison offensive de sa carrière, alors qu’une blessure à la jambe lui a coûté 18 matchs et l’a handicapé pendant les playoffs. Il va devoir prouver qu’il peut continuer cette progression sans l’un de ses deux magiciens préférés. Le trio pourrait être complété par Patrick Sharp, de retour après deux saisons à Dallas. Sharp est un ailier solide et expérimenté, et un buteur doué, mais il sort d’une saison délicate, pourrie par deux commotions cérébrales et une blessure à la hanche qui l’a conduit à l’opération. Son retour à Chicago devrait lui permettre, s’il est en possession de ses moyens, de retrouver un niveau plus conforme à sa valeur.

Sur la deuxième unité, on devrait retrouver le capitaine Jonathan Toews, un peu en retrait offensivement depuis deux saisons. «Captain Serious» demeure toutefois un compétiteur exceptionnel, et l’un des centres two way les plus accomplis de la ligue. Les fans des Hawks espèrent que son association retrouvée avec Brandon Saad rallumera la flamme offensive. Ce gros ailier rapide et adroit avait quitté la franchise dans un échange forcé par le salary cap voici deux ans. Il s’y est bien comporté, saurant avec régularité, mais sans exploser comme on pouvait l’attendre à l’époque. Le trio devrait être complété par Richard Pánik, dont l’arrivée à Chicago a coïncidé avec une explosion offensive inattendue. Auteur de 44 points, lui qui n’avait pas dépassé les 25 depuis le début de sa carrière, il semble, à 26 ans, arrivé à maturité. Stan Bowman a en tout cas arbitré qu’il ne s’agissait pas d’une simple année exceptionnelle, et a consenti au Slovaque un contrat de deux ans et 5,6M$. Ailier rapide, skilled et doté d’un solide gabarit, Pánik avait les ingrédients pour devenir un bon ailier top 6. Il semble enfin avoir compris comment utiliser ses qualités, et effacé ses problèmes d’irrégularité.

Un bottom six bien vert
Mais une fois passé ce top 6 de grande valeur, cela se complique. Non pas que les bottom sixers des Hawks soient dénués de talent, mais l’expérience est limitée. A l’image de Ryan Hartman, très bon l’an dernier pour sa première saison NHL. Ce petit ailier très intense et agressif  a frôlé les 20 buts l’an dernier (19), alors qu’il ne bénéficiait que d’un temps de jeu limité (moins de 13 minutes par match). La tendance est encourageante, mais demande confirmation. Nick Schmalz pourrait, lui, évoluer au centre de ce troisième trio, même si on l’a surtout vu à l’aile jusqu’à présent. Il sort lui aussi d’une saison rookie plutôt intéressante, dans un rôle de playmaker qui lui sied à merveille. Reste à savoir s’il pourra répondre aux exigences défensives de la position. Le trio pourrait être complété par Tommy Wingels, qui apportera un peu de bouteille à ses jeunes partenaires.

Sur le quatrième trio, plusieurs jeunes joueurs devraient avoir leur chance. Lance Bouma a quitté Calgary après deux saisons consécutives à 7 petits points, quand il en avait inscrit 34 en 2014-2015. Il doit apporter de l’impact au bottom six. Pour le reste, Joel Quenneville aura à sa distribution le centre québécois Laurent Dauphin, le minuscule ailier US Vinnie Hinostroza, et son compatriote Tanner Kero, trois joueurs capables de distribuer le jeu, et l’énigmatique slovaque Tomáš Jurčo, au talent évident, mais à l’irrégularité exaspérante. Sans oublier John Hayden, un ailier gros gabarit natif de Chicago.

Seabrook inquiète
En défense, les Hawks ont aussi beaucoup de changements à digérer, puisque seul trois défenseurs annoncés titulaires figuraient l’an dernier dans le roster. Une défense qui a bien fonctionné en saison régulière (11e avec 2,59 buts encaissés en moyenne), en dépit d’un médiocre PK (24e avec 77,7% d’efficacité), mais a souffert de la comparaison face au quatuor majeur des Predators en playoffs. Ce n’est certainement pas du fait d’un éventuel déclin de Duncan Keith. A 34 ans, le vainqueur du trophée Connu Smythe en 2015 reste l’un des arrières d’élite dans la ligue, comme en témoignent ses 53 points (5e meilleur défenseur de la ligue), et son jeu à la fois rapide, agressif, et très solide dans sa zone. Il devrait faire la paire avec Connor Murphy (lire ci-contre), un arrière mobile et complet, qui n’a pas encore débloqué offensivement alors que le potentiel est là.

Sur la deuxième paire, Brent Seabrook devrait être associé au Tchèque Michael Kempný, auteur d’une première saison contrastée, notamment du fait de blessures qui l’ont limité à 50 matchs,  mais qui a tout de même convaincu ses dirigeants de le prolonger pour un an et 900 000$. Ce puckmover au gabarit modeste devrait bien fonctionner avec Seabrook, un vétéran au style physique et sans fioritures dans sa zone, qui dispose en outre d’un excellent lancer. L’an dernier, alors qu’il venait de signer un très gros contrat (8 ans, 55M$), il a toutefois marqué le pas défensivement. Simple accident, ou signe d’un déclin entamé ? Il vaudrait mieux pour les Hawks que le premier diagnostic soit le bon… Sur la troisième paire, on devrait retrouver le jeune Gustav Forsling, un arrière offensif petit gabarit qui a montré des choses intéressantes l’an dernier pour sa première année dans la ligue. C’est toutefois une grosse responsabilité que de lui confier un poste régulier après seulement 38 matchs en NHL l’an dernier. On pourrait le voir associé à un vrai débutant, pour le coup, le Tchèque Jan Rutta. Ce défenseur offensif gros gabarit a beaucoup d’atouts pour s’imposer en NHL, surtout dans un club aussi structuré que Chicago. Il va toutefois devoir s’adapter au jeu nord-américain et soigner l’aspect défensif. Au besoin, le vétéran Michal Roszival pourra dépanner, mais il est clairement en fin de parcours, et son apport risque d’être surtout dans l’encadrement de ses jeunes compatriotes tchèques.

Devant le filet, Chicago avait l’an dernier l’un des meilleurs duos de gardiens de la ligue. Ce n’est pas un hasard si Scott Darling se voit confier le poste de starter de Carolina cette année. Quant à Corey Crawford, il demeure chroniquement sous-estimé, sans doute en bonne partie parce qu’il fait partie d’une équipe de très haut niveau. Mais autant par le passé, la défense des Hawks a pu faire briller ses gardiens, autant l’an passé, c’est plutôt ces derniers qui ont caché la misère. D’où des statistiques pas forcément extraordinaires pour Crawford (11e au pourcentage d’arrêts parmi les gardiens à plus de 40 matchs avec 91,8% d’arrêts, 16e à la moyenne de buts encaissés avec 2,55), mais la reconnaissance de ses partenaires. Sa doublure, Anton Forsberg, s’est vu offrir un contrat de deux ans et 1,5M$, signe que les Hawks croient en son potentiel.


Le lineup probable

Patrick Sharp (#10) – Artem Anisimov (#15) – Patrick Kane (#88)
Brandon Saad (#20) – Jonathan Toews (#19) – Richard Pánik (#14)
Ryan Hartman (#38) – Nick Schmalz (#8) – Tommy Wingels (#57)
Lance Bouma (#17) – Tanner Kero (#67) – Tomáš Jurčo (#13)
Vinnie Hinostroza (#48)

Duncan Keith (#2) – Connor Murphy (#)
Michal Kempný (#6) – Brent Seabrook (#7)
Gustav Forsling (#42) – Jan Rutta (#44)
Michal Roszival (#32)

Corey Crawford (#50)
Anton Forsberg (#31)

Coach: Joel Quenneville


CHICAGO BLACKHAWKS
Création: 1926
Ancien nom: Chicago Black Hawks
Propriétaire: Chicago Blackhawk Hockey Team, Inc., depuis 1954. Dirigé par Rocky Wirtz depuis 2007
Patinoire: United Center
Palmarès: 6 Stanley Cups (1934, 1938, 1961, 2010, 2013, 2015)
Equipe affiliée AHL:
Rockford Ice Hogs

L’AN DERNIER
1ers
 de la Conférence Ouest avec 109 points.
Eliminés au premier tour des playoffs par les Predators de Nashville (4-0).
Meilleur pointeur et buteur: Patrick Kane (89 points, 34 buts).

Le joueur à suivre : CONNOR MURPHY

Lorsque Joel Quenneville a appris que son GM avait envoyé Niklas Hjalmarsson sous d’autres cieux, le coach des Hawks a accusé le coup. Le Suédois était l’un des piliers discrets, mais vitaux de son équipe. Arrivé dans l’échange, Connor Murphy est un arrière solide et physique, mais son jeu offensif laisse encore à désirer. Plus jeune de six ans, il aura donc le redoutable honneur de remplacer Hjalmarsson à un poste clef pour la bonne tenue défensives des Hawks, une franchise où les enjeux  et la culture de la victoire sont autrement plus importants qu’en Arizona. Sacré challenge.

La relève :
QUI SERA LA PROCHAINE SURPRISE ?

Alex DeBrincat

Classement
ESPN : 27e. Chaque année, on se dit que les Hawks vont peiner à trouver l’influx de jeunesse nécessaire. Et chaque année, les jeunes de l’organisation surprennent, comme l’an dernier le rapide attaquant Tyler Motte (121e overall en 2013), convaincant avant de se blesser, le défenseur suédois Gustav Forsling (126e en 2014) ou le centre offensif Nick Schmaltz (20e en 2014) et surtout l’agitateur Ryan Hartman (30e en 2013), 19 buts la saison passée. Cette année, si bonne surprise il y a, elle pourrait venir du minuscule Alex DeBrincat (39e en 2016), brillant avec Erie l’an dernier, mais qui devra s’adapter au jeu professionnel. Pour le reste, les meilleurs espoirs sont surtout des défenseur, comme Chad Krys (45e en 2016), très mobile et calme, le petit ppqb Ian Mitchell (57e en juin) et le très intelligent puckmover finlandais Henri Jokiharju (29e en juin).

Le pronostic de TPPQB

Deux sorties de route au premier tour des playoffs, quelques éléments importants partis, les Hawks semblent affaiblis. Mais l’équipe demeure solide à tous les postes, avec un noyau de très haut niveau. En saison régulière, Chicago devrait tenir la distance et se bagarrer pour la tête de la division centrale. En playoffs, le manque d’expérience d’une partie du roster pourrait handicaper les joueurs de Quenneville. A moins que Bowman n’injecte de l’expérience à la trade deadline. Ce serait opportun, car Chicago arrive sans doute au bout de sa fenêtre de tir avec ce groupe.