Season preview 2017-2018 : New Jersey Devils
Eastern Conference – Metropolitan division
Métamorphose
en cours

Pour sa première saison dans le New Jersey, Taylor Hall a apporté un influx de talent offensif bienvenu aux Devils. Mais il s’est aussi rendu compte du chemin que devra parcourir la franchise pour devenir compétitive.
S’il fallait choisir un emblème de la «dead puck era», cette période où la NHL était une ligue où il était aussi difficile de marquer que de trouver un fan des Bruins capable d’admettre que le Canadien avait une bonne équipe, ce serait sans conteste les Devils de Lamoriello, Brodeur et Stevens. Drivés par Jacques Lemaire, New Jersey a construit ses succès autour d’une trappe défensive sans faille et d’un jeu peu spectaculaire, qui valait à l’équipe la réputation d’être la plus ennuyeuse de la ligue – mais aussi l’une des plus efficaces.
Mais sous le mandat de Ray Shero, cet ADN défensif des Devils est en train de s’étioler. L’ancien GM des Penguins infuse en effet chaque année un peu plus de talent offensif à son équipe. Après Taylor Hall l’an dernier, New Jersey a eu le bonheur de remporter la loterie de la draft, ce qui lui a permis de repêcher celui qui sera sans doute son premier centre pour l’avenir, le brillant Suisse Nico Hischier. Mais Shero ne s’est pas contenté de profiter de ce coup de pouce du destin. Il a également fait l’acquisition de Marcus Johansson en retour d’un choix de deuxième et de troisième ronde en 2018, profitant de la situation salariale complexe des Capitals. Moins prestigieuse, la signature de Brian Boyle (2 ans, 5,5M$) devrait aussi aider John Hynes, le coach, à déployer quatre lignes de meilleure qualité. Une démarche qui pourrait toutefois être contrariée par la blessure de Travis Zajac, opéré du muscle pectoral et qui reviendra, au mieux, courant décembre.
Côté défense, Shero a tenté en vain d’attirer Kevin Shattenkirk, qui a préféré les Rangers. Il a profité du repêchage d’expansion pour soutirer Mirco Mueller aux Sharks en retour d’un choix de deuxième et de quatrième ronde, avant de le signer pour deux ans et 1,7M$. De quoi compenser la perte de John Merrill, repêché par Vegas. Brian Strait (1 an, 650 000$) a également été signé pour apporter de la profondeur. Pour le reste, l’effectif des Devils n’a pas été transfiguré cet été. Une douzaine de joueurs ont été libérés, parmi lesquels Mike Cammalleri, Beau Bennett ou Jacob Josefson, dont le rendement ne donnait pas satisfaction. Pas plus que Devante Smith-Pelley, qui a vu son contrat racheté.
Palmieri, la confirmation
New Jersey a peiné, l’an dernier, par manque de talent offensif. Les Devils avaient la 28e attaque de la ligue (2,2 buts en moyenne par match), avec un PP faiblard (22e avec 17,5% d’efficacité). Et ce en dépit d’une première année plutôt réussie de Taylor Hall, la star offensive de la franchise. Avec 53 points en 72 matchs, le rapide ailier canadien est dans la lignée de sa dernière saison avec Edmonton. Il a retrouvé avec plaisir son ancien coéquipier de Windsor Adam Henrique, un centre rapide et intelligent qui n’a pu rééditer sa très belle production de la saison précédente (30 buts). Le troisième larron de ce trio, Kyle Palmieri a, lui, quasiment réussi à répliquer sa meilleure année en carrière (26 buts, 53 passes). Rapide et adroit, il s’installe donc comme un ailier de premier trio fiable sur le plan statistique.
Sur la deuxième unité, l’absence de Travis Zajac devrait ouvrir encore un peu plus grande la porte à Nico Hischier. Le Suisse manque sans doute encore un peu de maturité physique pour la NHL, mais sa vitesse, son intelligence et sa finesse devraient lui permettre d’y avoir tout de même un impact. Il pourrait évoluer avec Pavel Zacha, un autre ancien haut choix lors du repêchage. Le Tchèque, qui peut également évoluer au centre, n’a pas cassé la baraque lors de sa première saison dans la grande ligue (24 points, dont 8 buts, en 70 matchs). Mais le succès des Matthews, Laine et McDavid, joueurs exceptionnels, ne doit pas faire oublier que pour la majorité des joueurs, la transition avec la NHL est difficile et requiert un apprentissage long et difficile. Gros, agressif, et talentueux, il présente une combinaison recherchée de talents. Il faudra sans doute un peu de patience avec lui. Le trio devrait être complété par un élément d’expérience, Marcus Johansson (lire ci-contre), qui doit, lui, prouver qu’il peut produire loin de la puissante attaque des Caps.
Sur la troisième unité, John Hynes pourrait faire confiance à Brian Boyle, un gros centre défensif qui était une pièce importante du dispositif à Tampa, et deux jeunes maison. John Quenneville, choix de première ronde des Devils en 2014, sort d’une très bonne saison AHL, et semble prêt à prendre sa chance au niveau supérieur. C’est un ailier athlétique, bon scoreur, qui doit pouvoir, à terme, s’installer dans un top 6 NHL. Quant à Miles Wood, il a disputé 60 matchs avec les Devils l’an dernier, et s’appuie sur un remarquable coup de patin, qui lui permet de se créer des occasions intéressantes. Enfin, le quatrième trio pourrait voir les débuts de Mike McLeod, un centre inépuisable dont le coup de patin fait le bonheur des scouts. L’an dernier, il a connu une belle saison en OHL avec Mississauga avant de produire des playoffs de très haut niveau (27 points en 20 matchs). Il n’a pas vocation à durer longtemps sur un quatrième trio, et pourrait devenir, à terme, le deuxième centre des Devils derrière Hischier. On pourrait le voir associé au rapide ailier allemand Stefan Noesen, au rapide et agaçant Joseph Blandisi, ou au travailleur, mais limité à ce niveau Nick Lappin
Schneider, le coup de fatigue
La défensive de New Jersey a clairement faibli l’an dernier. Les Devils affichaient le 8e bilan défensif de la ligue en 2015-2016, dans la foulée d’un énorme Cory Schneider (2,48 buts encaissés par match). Mais la saison dernière, le rendement a fortement baissé (24e de la ligue avec 2,94), avec un PK qui s’est effondré dans des proportions comparables (22e avec 17,5% d’efficacité). Comme évoqué plus haut, Kevin Shattenkirk était dans le viseur de Ray Shero, ce qui confirme l’impression que les Devils ont besoin (aussi) de renfort en défense. Andy Greene, qui devrait occuper le poste de défenseur gauche de la première paire, semble en effet en déclin. L’an passé, sa contribution offensive était minime (13 points), et il a en outre manqué 16 matchs. Il continue d’absorber un temps de glace important, mais n’est plus un véritable arrière top 2. Ce qu’est peut-être en train de devenir Damon Severson. L’ancien des Kelowna Rockets semble avoir passé un palier l’an dernier après deux saisons d’apprentissage. Grand, doté d’un lancer lourd, c’est un bon playmaker en zone offensive. Il n’est pas encore très sûr dans sa zone, mais progresse. A l’heure où nous écrivions ces lignes, il était toutefois toujours en négociation pour une prolongation de contrat.
Sur la deuxième unité, Ben Lovejoy apporte une solide présence défensive. L’ancien des Penguins n’apportera jamais une grande contribution offensive, mais il est rassurant. On n’en dira pas autant de John Moore, un ancien choix de première ronde des Blue Jackets qui patine remarquablement, mais semble en difficulté pour assumer un rôle dans un top 4. A l’aise à New York, qui l’utilisait sur un troisième duo, il peine avec les Devils. Enfin, le troisième binôme pourrait être composé du puck moving defenseman suisse Mirco Mueller, qui aura l’occasion de gagner un temps de glace qu’on ne lui accordait pas à San Jose, et du solide et rugueux Steve Santini, un arrière qui amène une intéressante dimension physique à une défense (et plus globalement à une équipe) dont ce n’est pas le point fort. Son profil n’est pas si différent de celui de Dalton Prout, mais ce dernier est plus âgé et son potentiel est moindre.
Devant le filet, Cory Schneider a connu une année sans après trois excellentes premières saisons dans le New Jersey. Le portier US d’origine suisse a vu ses statistiques plonger, tant la moyenne de buts encaissés (2,82, 27e parmi les gardiens à plus de 40 matchs) que le pourcentage d’arrêts (90,8%, 26e). On peut comprendre sa lassitude vue la faiblesse défensive de son équipe l’an dernier, mais il doit rebondir cette saison. Même si son backup, Keith Kinkaid, a affiché des statistiques légèrement supérieures (91,6% d’arrpets, 2, 64 buts encaissés en moyenne).
Le lineup probable
Taylor Hall (#9) – Adam Henrique (#14) – Kyle Palmieri (#21)
Pavel Zacha (#37) – Nico Hischier (#13) – Marcus Johansson (#90)
Miles Wood (#44) – Brian Boyle (#11) – John Quenneville (#42)
Joseph Blandisi (#64)- Michael McLeod (#41) – Stefan Noesen (#23)
Nick Lappin(#36)
Blessé : Travis Zajac (#19)
Andy Greene (#6) – Damon Severson (#12)
John Moore (#2) – Ben Lovejoy (#28)
Mirco Mueller (#42) – Steven Santini (#34)
Dalton Prout (#47)
Cory Schneider (#35)
Keith Kinkaid (#1)
Coach: John Hynes
NEW JERSEY DEVILS
Création: 1974. Arrive à Newark en 1982.
Anciens noms: Kansas City Scouts, Colorado Rockies
Propriétaires: Joshua Harris depuis 2013
Patinoire: Prudential Center
Palmarès: 3 Stanley Cups (1995, 2000, 2003)
Equipe affiliée AHL:
Albany Devils
L’AN DERNIER
16e de la conférence Ouest avec 70 points.
Meilleur pointeur: Taylor Hall et Kyle Palmieri (53 points)
Meilleur buteur: Kyle Palmieri (26 buts).
Le joueur à suivre :
MARCUS JOHANSSON
Drôle de trajectoire que celle de Marcus Johansson, prolongé à un tarif raisonnable l’été dernier, auteur de sa meilleure saison en carrière (24 buts, 58 points)… et échangé par les Caps faute de place sous le salary cap. L’ailier suédois débarque au New Jersey avec l’envie de prouver à ses anciens patrons qu’ils se sont trompés. Attention quand même, Johansson affichait l’an dernier le sixième meilleur pourcentage au shoot parmi les 96 marqueurs de 20 buts et plus dans la ligue, avec 18,6%. Un taux de réussite trois points au-dessus de sa meilleure marque précédente qui risque de chuter, surtout avec des partenaires moins forts qu’à Washington.
La relève :
EN AVANT TOUTE
Classement
ESPN : 5e.
Pour regonfler un prospect pool, quoi de mieux que d’hériter du tout premier choix ? Les Devils en ont profité pour compléter leur jeune ligne de centres avec Nico Hischier, un pivot suisse bourré de talent qui a été comparé à Henrik Zetterberg. Il vient s’ajouter à deux anciens first rounders, le très rapide et compétitif Michael McLeod (12e overall en 2016), qui se développe bien, le Tchèque Pavel Zacha (6e en 2015), qui a déjà engrangé 70 matchs NHL l’an dernier, et le scoreur John Quenneville (30e en 2014), très convaincant en AHL l’an dernier. A l’aile, moins de talent, mais des joueurs solides comme Joey Anderson (73e en 2016), Nathan Bastian (41e en 2016) ou le nouveau venu Jesper Boqvist (36e en juin). En défense et dans les buts, c’est plus maigre, avec deux prospects notables seulement, le rugueux défenseur US Steve Santini (42e en 2013) et le gardien gros format MacKenzie Blackwood (42e en 2015).
Le pronostic de TPPQB
La saison dernière a été un coup d’arrêt pour les Devils, mais elle aura eu le mérite de leur permettre de mettre la main sur Nico Hischier. On suivra attentivement le développement du Suisse, un vrai talent en devenir. Car pour ce qui est de revoir New Jersey en playoffs, il faudrait un miracle, surtout en prenant en compte l’absence de Zajac. Un finish dans le dernier tiers de la ligue est plus que probable, notamment du fait d’une défense limitée.