Season preview 2017-2018 : Buffalo Sabres

Eastern Conference – Atlantic division


Le grand ménage de Terry Pegula

 

 

Exit le GM Tim Murray et l’entraîneur Dan Bylsma. C’est désormais Jason Botterill, ancien joueur maison, qui va présider aux destinées des Sabres.

 

Ce devait être la saison de l’envol. Portée par le phénomène Jack Eichel et un escadron de jeunes talents, Buffalo devait redevenir une équipe qui compte dans la ligue. Mais après avoir engrangé 30 points de plus en 2015-2016 que lors de la saison précédente, les Sabres en ont… perdu trois l’année suivante. Une stagnation insupportable pour Terry Pegula, le propriétaire de la franchise, qui n’a pas hésité à trancher dans le vif, le 20 avril dernier, chargeant au passage son ex-front office avec un tact pour le moins contestable.

Exit donc l’entraîneur Dan Bylsma, coupable, en deux ans, de ne pas avoir ramené les Sabres sur le devant de la scène. Coupable aussi, selon certaines rumeurs que les deux principaux protagonistes ont nié par la suite, de s’être aliéné Eichel. Mais Pegula ne s’est pas arrêté là. Tim Murray, le GM, en place depuis 2014, a aussi pris la porte. Des décisions pour le moins radicales, pour ne pas dire précipitées. Une reconstruction, processus dans lequel les Sabres sont engagés, cela prend du temps, et la trajectoire n’est pas forcément linéaire. Pour le bon déroulement de la reconstruction, mieux vaudrait que le propriétaire des Sabres ne répète pas ce genre de grand ménage trop fréquemment.

Pour mettre un terme à six saisons sans playoffs, le patron des Sabres a choisi de mettre en place un GM débutant, l’ancien joueur maison Jason Botterill, qui œuvrait depuis dix ans dans l’organisation des Penguins de Pittsburgh, dernièrement au poste de GM associé. Spécialiste de la gestion du salary cap, responsable de plusieurs décisions clefs comme l’embauche de Mike Sullivan ou le recrutement de Matt Murray ou Connor Sheary, Botterill a joué un rôle clef dans les récents succès des Crosby Boys. Même s’il début réellement au poste de GM, il s’est fait les dents pendant de longues années auprès de professionnels expérimentés de ce poste (Ray Shero, Jim Rutherford).

Phil Housley de retour chez lui
Botterill a donc rapidement démarré la quête d’un nouvel entraîneur, pour se fixer sur l’ancienne légende locale Phil Housley, qui travaillait depuis quatre ans en tant qu’assistant à Nashville. Un coach qui va avoir du travail. Buffalo était en effet l’an dernier une des pires de NHL, notamment sur le plan défensif, accordant 34,3 tirs cadrés par match à ses adversaires, le plus mauvais total de la ligue. Botterill a donc choisi de renforcer sa défense. Pour ce faire, il a laissé partir Cody Franson et Dmitry Kulikov, et trois nouveaux arrières sont venus se greffer à l’effectif. Le nouveau GM a acquis Nathan Beaulieu Montréal en retour d’un choix de troisième ronde, profitant du fait que le Canadien aurait pu perdre le défenseur lors du repêchage d’expansion. Puis il a envoyé Marcus Foligno et Tyler Ennis à Minnesota pour récupérer Jason Pominville, un ancien capitaine des Sabres, et surtout le défenseur Marco Scandella. Enfin, le Kazakh Victor Antipin (qui représente la Russie en compétitions internationales) a signé un contrat d’un an (950 000$).
Mais le relookage des Sabres version Botterill ne s’est pas limité à la défense. Le GM a signé un solide backup pour Robin Lehner (qu’il a ensuite prolongé pour un an et 4M$), avec Chad Johnson, un ancien de la maison (1 an, 2,5M$), laissant Anders Nilsson filer à Vancouver. En attaque, l’inénarrable Benoît Pouliot débarque (1 an, 1,15M$), comme le centre suédois Jacob Josefson (1 an, 700 000$), Johan Larsson resigne (2 ans, 2,95M$) alors que Cal O’Reilly et Brian Gionta ne sont pas retenus.

Ryan O’Reilly, futur trophée Selke ?
Beaucoup de changements, donc, et une équipe difficilement lisible pour les observateurs. Ce qui est sûr, c’est que Buffalo a une vraie marge de progression, à part en avantage numérique (lire «Le chiffre»). L’attaque, l’an dernier, a quelque peu coincé (2,43 buts par match, 24e de la ligue). Pour la relancer, on comptera avant tout sur le retour de Jack Eichel. Le  franchise player des Sabres (lire ci-contre) a fini très fort l’an passé après un début de saison perturbé par les blessures. Il devrait évoluer sur le premier trio, avec Sam Reinhart, et peut-être Benoît Pouliot. Le premier est un petit ailier au remarquable talent de playmaker, qui a poursuivi sa progression statistique l’an dernier avec cinq points de plus sur son bilan. Benoît Pouliot, lui, demeure ce joueur très talentueux, mais qui ne parvient pas à le montrer sur la durée. D’où la surprise de certains observateurs de le voir signer aussi rapidement avec les Sabres.

La deuxième unité est en fait la première, si l’on se fie aux responsabilités défensives qui lui étaient confiées par Bylsma l’an dernier. Ryan O’Reilly est un des meilleurs centres two way  de la ligue, et probablement le meilleur attaquant des Sabres l’an dernier. S’il n’a pas les talents d’Eichel ou de Reinhart, c’est un travailleur acharné, constant dans sa production (il a franchi le palier des 20 buts pour la troisième fois en quatre saisons. Il devrait évoluer avec Evander Kane, qui semble perpétuellement suivi par les controverses, mais qui reste sur une très bonne saison individuelle, avec 28 buts au compteur. Gros, rapide, puissant, Kane manque un peu de discernement parfois, choisissant un peu trop systématiquement le tir, mais c’est un atout important. Quant à Kyle Okposo, il était en train de réaliser une bonne première saison à Buffalo quand il a dû y mettre un terme pour une maladie qui demeure toujours inconnue à l’heure actuelle. Jason Botterill a heureusement annoncé qu’il devrait être pour le camp d’entraînement en septembre.

Sur la troisième unité, on devrait retrouver Zemgus Girgensons. Le très intense centre letton n’a malheureusement pas confirmé sa belle saison offensive 2014-2015 (15 buts), et l’on vient à penser que c’était une anomalie, comme semble le démontrer son pourcentage au tir (13% cette année-là, 7, 6,4 et 6,3% lors de ses trois autres saisons NHL). Il demeure néanmoins un joueur très utile sur un bottom six. Par contre, il n’était pas encore signé à l’heure où nous bouclions ce preview. S’il se met d’accord pour rempiler, il devrait évoluer avec deux coureurs vétérans, Matt Moulson et Jason Pominville, deux joueurs qui semblent décliner fortement depuis quelques saisons et sont toujours dotés de lourds contrats. Enfin le quatrième trio devrait être composé de Johan Larsson, Nicolas Deslauriers et Jacob Josefson, trois joueurs encore jeunes, mais qui ne semblent pas en mesure de débloquer offensivement. Ils ont tous trois le mérite d’être responsable dans leur zone.

Lehner, une année pour prouver
En défense, Buffalo s’en est un peu mieux sorti qu’en attaque l’an dernier, avec un 19e rang dans la ligue (2,82 buts encaissés par match), malgré un PK médiocre (25e de la ligue avec 77,6% d’efficacité). Vue la refonte de cette défense, difficile d’imaginer quel sera son rendement. Ce que l’on sait, c’est que Marco Scandella, arrivé de Minnesota, devrait apporter sa capacité à remonter le puck, et donner un gros temps de jeu. Il pourrait évoluer avec le Finlandais Rasmus Ristolainen, un des arrières les plus utilisés dans la ligue l’an dernier. Grand, costaud, bon patineur, Ristolainen est le meilleur espoir des Sabres pour développer un véritable défenseur numéro 1, même s’il est moins flashy que d’autres.

Sur la deuxième paire, on devrait retrouver le solide Jake McCabe, un arrière US plutôt à dominante défensive, qui s’installe progressivement en NHL, même s’il a connu quelques moments délicats. Zach Bogosian, lui, déçoit de plus en plus. L’ancien 3e choix overall, du repêchage 2008 a des atouts physiques considérables, mais ne semble pas capable de les utiliser à bon escient. Sur la troisième unité, deux anciens du Canadien, le spécialiste du shot blocking Josh Gorges, un arrière défensif limité, mais valeureux, et le talentueux, mais irrégulier Nathan Beaulieu. Superbe patineur l’ancien des Seadogs de St John ne produisait pas à la hauteur de son talent, ce qui a conduit Marc Bergevin à s’en séparer. Les observateurs remettent en question son hockey sense. S’il ne s’impose pas, on verra peut-être Victor Antipin, solide avec la Russie lors du dernier mondial.

Enfin devant le filet, Robin Lehner sort d’une bonne saison, avec un solide 92% d’arrêts (8e de la ligue pour les gardiens à plus de 40 matchs) et 2, 68 buts encaissés par match (21e), honorable compte tenu de la faiblesse défensive de son équipe l’an dernier. Il n’a pourtant signé qu’un contrat d’un an (à l’issue duquel il sera toutefois agent libre avec restriction), qui indique sans doute que l’organisation souhaite le voir répéter ce type de saison  avant de s’engager à long terme. Quant à Chad Johnson, il fait sans doute aujourd’hui partie des bons backups de la ligue, même s’il ne faut pas lui en demander beaucoup plus.


Le lineup probable

Benoît Pouliot (#67)- Jack Eichel (#15) – Sam Reinhart (#23)
Evander Kane (#9) – Ryan O’Reilly (#90) – Kyle Okposo (#21)
Matt Moulson (#26) – Zemgus Girgensons (#28) – Jason Pominville (#29)
Nicolas Deslauriers (#44) – Johan Larsson (#22) – Jacob Josefson (#16)
Seth Griffith (#33)

Marco Scandella (#6) – Rasmus Ristolainen (#55)
Jake McCabe (#29) – Zach Bogosian (#47)
Nathan Beaulieu (#28) – Josh Gorges (#4)
Victor Antipin (#93)

Robin Lehner (#40)
Chad Johnson (#31)

Coach: Phil Housley


BUFFALO SABRES
Création: 1970.
Propriétaires: Terrence Pegula depuis 2010
Patinoire: First Niagara Center
Palmarès: aucun
Equipe affiliée AHL:
Rochester Americans

L’AN DERNIER
15e
de la conférence Est avec 78 points.
Meilleurs pointeur : Jack Eichel (57 points)
Meilleur buteur: Evander Kane (28 buts).

Le joueur à suivre :
JACK EICHEL

Pas facile d’être le numéro 2 quand le numéro 1 s’appelle Connor McDavid. Depuis leur repêchage commun, Jack Eichel n’a cessé d’être comparé au magicien d’Edmonton. Une comparaison difficile pour la fierté de l’Américain tant son rival est dominant. Qui plus est quand, l’an dernier, une blessure à la cheville lui a fait rater deux mois en début de saison et que ses Sabres se traînent en bas de tableau quand les Oilers retrouvent les playoffs – et y brillent. Ajoutez à cela des rumeurs de mésentente avec Dan Bylsma, qui mentionnaient même qu’Eichel avait demandé son renvoi, et 2016-2017 est une saison à oublier pour le prodige américain. Mais le talent, lui, est toujours là, souvent étincelant. Le décollage n’est pas loin. D’autant qu’il est en fin de bail, et que son prochain contrat devrait être gargantuesque.

La relève :
BEAUCOUP DE DENSITÉ EN ATTAQUE

Casey Mittelstadt

Classement
ESPN : 11
La principale force du prospect pool  des Sabres se situe en attaque. Le joueur le plus embléma-
tique est le le frère de William Nylander, des Leafs, Alex (8e overall en 2016), un ailier rapide et créatif, qui a toutefois connu quelques difficultés pour sa première saison en AHL. Premier choix de la franchise en juin (8e), Casey Mittlestadt est un autre scoreur très explosif. Citons également le petit playmaker Rasmus Asplund (33e en 2016). La Suède est un terrain de chasse apprécié des Sabres, qui ont récupéré cet été le rapide ailier two way Marcus Davidsson. Citons également le  rapide centre Cliff Pu (69e en juin), et l’ailier gros gabarit Hudson Fasching (114e en 2013, choix de Kings). Devant le filet, deux prospects intéressants, Cal Petersen (129e en 2013), l’inoxydable goalie de Notre Dame, et le grand Finlandais Ukko-Pekka Luukkonen (54e en juin). C’est plus mince en défense avec un seul espoir de premier plan, le talentueux arrière offensif Brendan Guhle (51e en 2015).

Le pronostic de TPPQB

C’est une équipe de Buffalo très renouvelée qui va entamer la saison, avec le risque que l’alchimie prenne un peu de temps. Or dans une conférence Est qui devient chaque année plus compétitive, les Sabres n’auront pas beaucoup de marge de manœuvre. Lles changements opérés cette intersaison semblent pertinents, et l’on devrait observer une progression de l’équipe de Phil Housley. Sans doute pas assez pour menacer les meilleurs équipes de la divisions atlantique, le Canadien et le Lightning, mais assez pour se mêler à la lutte avec les Senators, les Bruins, et peut-être les Panthers pour une place en playoffs. A TPPQB, on a tendance à penser que ce sera encore compliqué cette année pour Buffalo. Mais l’heure de la rédemption approche.