Season preview 2016-2017 : Detroit Red Wings

Eastern Conference – Atlantic division


La fin d’une ère

 

Les Red Wings ont quitté leur très chère  Joe Louis Arena sur une désillusion : une saison ratée qui marque la fin de 25 ans de présences continue en playoffs. Pour la franchise modèle de la ligue depuis plus de deux décennies, l’avenir est incertain.

 

En 2017, les Red Wings ont salué lA Joe Louis Arena, leur patinoire dédiée au légendaire boxeur depuis 1979. En 2017, les Red Wings ont dit adieu à Mike Ilitch, leur patron depuis 1982, décédé en février à l’âge de 87 ans. Et en 2017, les Red Wings ont achevé leur saison au début du mois d’avril pour la première fois depuis 1990. Pour une franchise à la stabilité légendaire, cela ressemble à un séisme. Au tournant des années 80, Detroit avait dû apprendre à se passer coup sur coup de son antre mythique, l’Olympia, et de ses propriétaires historiques, la famille Norris. Cette fois, le changement est moins brutal puisque Christopher Ilitch prend le relais de son père Mike. La famille, fondatrice de la chaîne de restauration Little Caesars, donne le nom de sa firme à la nouvelle arène. Si la franchise du Michigan est donc l’avant-dernière à céder au naming (seul subsiste le Madison Square Garden…qui est depuis longtemps devenu une marque à part entière !), c’est du bout des lèvres. Ce qui n’en a pas moins causé l’ire des partisans, qui réclamaient que la nouvelle enceinte soit nommée du nom de la légende des années Olympia, Gordie Howe, disparu en 2016. Si l’on ajoute le départ de son leader Pavel Datsyuk l’été dernier, c’est clairement la fin d’une époque pour Detroit.

Les changements du tournant des années 80 avaient vu la franchise repêcher Steve Yzerman et oublier progressivement quinze années de médiocrité avant de devenir l’équipe référence de la Ligue nationale du milieu des années 90 à la fin de la décennie 2000. Depuis, les résultats parlent d’eux-mêmes : dernière Coupe Stanley et dernier trophée des Présidents en 2008, dernière participation à la finale en 2009, dernier titre de division en 2011, dernière apparition au second tour des séries en 2013. Et donc, depuis ce printemps, la série de 25 qualifications consécutives pour les playoffs s’est achevée. Les Bruins sont donc assurés de conserver leur record de 29 apparitions consécutives (1968-1996) pendant encore au moins 19 ans puisque les Penguins mènent désormais la partie avec 11 qualifications d’affilée. Souhaitons donc aux Wings que les changements actuels marquent la fin d’une bien plus courte période creuse plutôt que le début d’une nouvelle ère dans les profondeurs du classement.

Et pourtant, malgré la Coupe Calder remportée par les Griffins de Grand Rapids en AHL ce printemps, un quart de siècles de qualifications pour les séries ont considérablement handicapé la capacité des Red Wings à repêcher des joueurs de très haut niveau (malgré les diamants bruts Datsyuk et Zetterberg). Et vingt d’échanges, pour se maintenir au sommet d’abord, à flot à la fin, ont accentué les difficultés à renouveler qualitativement l’effectif. La moins bonne gestion du plafond salarial que certains de ses concurrents a également contribué à fragiliser un peu plus le travail du DG Ken Holland, qui a encore dû dépasser le cap cet été (en raison de la présence sur la masse salariale de Johan Franzen, dans l’attente de la visite médicale qui devrait confirmer qu’il ne pourra pas jouer cette saison non plus…).

Avec de telles contraintes financières, il lui a été impossible de remanier en profondeur l’équipe cet été. Las Vegas a repêché l’espoir tchèque Tomáš Nosek, auteur d’une bonne saison en AHL, mais qui n’a disputé que 17 matches en NHL, répartis sur les deux dernières campagnes. Autre départ du même acabit, celui de Mitch Callahan, qui, à 26 ans, n’a joué que 4 petits matches en NHL. Au final, le seul véritable départ de la formation est celui de Drew Miller, joueur de quatrième trio pour le moins peu prolifique. Mais si on a vu saignée plus mémorable, la case des arrivées n’est pas plus enthousiasmante : seuls un joueur NHL a signé, le défenseur Trevor Daley, double vainqueur de la Coupe Stanley avec Pittsburgh, sans toutefois être un des piliers de la défense des Penguins. La seule autre signature est celle de l’ailier-défenseur Luke Witkowski, arrivé de Tampa. Mais on parle encore d’un joueur qui, à 27 ans, n’a que 54 matches de NHL derrière la cravate, dont 34 l’an dernier. Enfin David Booth et Pierre-Alexandre Parenteau ont été mis à l’essai pour le camp d’entraînement. Au final, il reste une épine dans le pied de Ken Holland : alors que l’équipe a actuellement une masse salariale supérieure au plafond de 3 millions, il doit attendre de pouvoir mettre Franzen sur la liste des blessés de longue durée avant de pouvoir faire signer un nouveau contrat à Andreas Athanasiou, une des révélations de l’an dernier. Mais son ailier d’origine grecque dispose d’une offre alléchante d’un an en KHL, qui lui permettrait de participer aux Jeux Olympiques. S’il a jusque là fait preuve de patience pour rester à Detroit, il se refuse d’écarter l’option russe définitivement…

Par ailleurs, Holland a choisi de maintenir sa confiance en Jeff Blashill, malgré les deux premières saisons difficiles de l’ancien entraîneur des Griffins et des statistiques d’équipe particulièrement médiocres cette saison : 25e de la Ligue (79 points), 26e attaque (2,41 buts/match), 26e défense (2,98 buts encaissés/match), 27e en supériorité numérique (15,1%), 25e au nombre de tirs (28,5 par match). Et surtout, avec 30,6 tirs subis par match, c’est la première fois depuis la saison 1990-1991 que Detroit, au jeu jusque là synonyme de domination et de possession du palet, présente un différentiel de tirs négatif (-2,1 tirs/ match, 24e). Au final, seule l’infériorité numérique a été correcte : 16e avec 80,8% d’efficacité.

Une attaque rajeunie mais en manque de leaders
Outre les départs de Drew Miller, Tomáš Nosek et Mitch Callahan à l’intersaison, Ken Holland s’est départi de Thomas Vanek, Tomáš Jurco et Steve Ott à la date limite des transactions, conscient que son équipe ne parviendrait pas à se qualifier pour les séries. Ces départs ont fait de la place pour Anthony Mantha et Andreas Athanasiou, qui ont décroché un poste permanent avec les Red Wings.

L’effectif offensif 2017-2018 devrait donc beaucoup ressembler à celui de la fin de saison dernière. Sur le premier trio, on retrouvera le capitaine Henrik Zetterberg, auteur d’une saison pleine (82 matches, 68 points, 51 passes décisives) avec l’inséparable binôme d’ailiers Tomáš Tatar – Gustav Nyquist. Les deux joueurs sont toujours aussi réguliers, marquant généralement entre 45 et 50 points. Des statistiques qui, dans une bonne équipe, sont plutôt celles d’ailiers de deuxième trio, mais les Red Wings n’ont pas mieux pour le moment. A noter que si Nyquist avait débarqué comme sniper il y a quatre ans, il s’est petit à petit mué en passeur au fur et à mesure que son exceptionnel pourcentage de réussite au tir diminuait, ce qui lui a permis d’atteindre un sommet personnel la saison dernière avec 36 assistances. Le second trio devrait toujours être piloté par Frans Nielsen, qui s’est adapté à sa nouvelle équipe sans difficultés, et dont les 41 points sont fidèles à son rendement des années précédentes. La saison a en revanche été plus compliquée pour ses deux ailiers. Justin Abdelkader, limité à 64 matches par une blessure au genou, n’a inscrit que 21 points. Quant à Larkin, la pépite des Wings a connu une seconde saison un peu plus compliquée que la première, n’enregistrant que 32 points et affichant un abyssal différentiel de -28 (lire ci-contre). Seuls 5 joueurs ont fait pire cette saison, dont son coéquipier Riley Sheahan. La deuxième saison en NHL est souvent réputée la plus difficile. Les Wings vont avoir besoin que celui qu’ils avaient identifié comme un de leurs futurs leaders rebondisse rapidement.

Derrière ces six hommes, deux ailiers chercheront à accroître leur temps de glace et se faire une place dans le top 6. Anthony Mantha et Andreas Athanasiou ont plusieurs points communs : ils ont débuté en NHL en 2015-2016 avant de se faire une place définitive à Detroit l’an dernier, ils sont grands, très bons patineurs et des snipers d’abord. Avec respectivement 17 et 18 buts malgré un temps de glace les classant plutôt sur un 3e voire un 4e trio, ils finissent juste derrière Tatar (25 buts) dans la colonne des buteurs des Wings. Leurs progrès ont été une des rares notes positives de la dernière saison et est une des rares sources d’espoirs pour la prochaine. S’ils ne sont pas les nouveaux Datsyuk et Zetterberg, ils doivent progresser, notamment défensivement, pour être au moins les nouveaux Tatar et Nyquist. Derrière ce duo, l’attaque des Wings est complétée par trois joueurs à vocation défensive déjà solidement installés : Darren Helm, Riley Sheahan et Luke Glendening. Le dernier poste est quant à lui ouvert. Evgeny Svechnikov, premier choix de l’équipe en 2015 et un profil comparable à Mantha et Athanasiou, part favori après une bonne saison dans l’AHL (51 points) et deux petits matches avec Detroit en fin de saison. Autre espoir à surveiller, Tyler Bertuzzi, le neveu de Todd, qui a également donné ses premiers coups de patin en NHL l’an dernier. Le versatile Luke Witkowski, arrivé cet été et capable de jouer à l’aile ou en défense,  devrait obtenir une place dans l’effectif de 23 joueurs grâce à sa polyvalence. Enfin le vétéran Ben Street, habitué à naviguer entre AHL et NHL, donnera un coup de main en cas de besoin.

Les mêmes doutes en défense et dans les buts
Après une très bonne saison 2015-2016, le poste de gardien n°1 semblait définitivement promis au Tchèque Petr Mrázek. Un an plus tard, les cartes sont rebattues et c’est à nouveau Jimmy Howard qui part avec les faveurs des pronostics en début de saison. Mrázek a bien débuté la majorité des matches (50/82) l’an dernier, mais il a affiché des statistiques médiocres : 90,1% d’arrêts et 3,04 buts encaissés par match, 36e sur 37 gardiens ayant débuté au moins 35 matches dans les deux cas. Jimmy Howard, blessé au genou une partie de la saison, a été nettement meilleur dans les 26 matches qu’il a joués (92,7% d’arrêts, 2,10 buts encaissés par match). Au point que c’est finalement lui qui a été protégé pour le repêchage d’expansion, et non Mrázek, que Las Vegas a ignoré. Le grand Jared Coreau, appelé en renfort pour palier l’absence d’Howard, a connu des débuts difficiles (88,7% d’arrêts, 3,46 buts encaissés par match en 14 matches) mais il a continué son bon travail en AHL, conduisant les Griffins à la Coupe Calder. Si Mrázek ne rebondit pas rapidement, il devrait être en mesure de lui disputer rapidement le poste de gardien réserviste.

Du côté de la défense, le manque de leader se fait toujours cruellement sentir. Mike Green a été le joueur le plus utilisé. Offensivement, il continue sur sa lancée des années précédentes (36 points), mais il a plus marqué (14 buts). Le problème, c’est qu’il est le seul défenseur à contribuer à l’attaque, puisqu’aucun autre arrière n’a dépassé les 13 points ! Avec Danny DeKeyser, ils forment une première paire qui n’impressionne pas grand monde (différentiels respectifs de -20 et -22).
Derrière, les deux vétérans Suédois Niklas Kronwall et Jonathan Ericsson sont toujours en perte de vitesse. Limités tous les deux à moins de 60 matches par les pépins physiques, ils devraient voir leur rôle diminuer petit à petit. Ericsson actuellement blessé, le nouveau venu Trevor Daley pourrait se voir donner l’occasion d’intégrer le top 4. S’il a remporté les deux dernières Coupes Stanley avec Pittsburgh, ses statistiques n’indiquent pas un joueur contribue à assurer la domination de son équipe quand il est sur la glace, au contraire. Et lui aussi a vu sa dernière saison handicapée par les blessures.
Pour compléter la brigade, on devrait retrouver le Franco-Québecois Xavier Ouellet. Débarrassé de Brendan Smith et Alexey Marchenko, échangés en cours de saison, il a vu son rôle accru et a disputé 66 matches pour sa première vraie saison complète en NHL. Nick Jensen devrait occuper le poste de 7e défenseur. Pour ses premiers coups de patin à Detroit, il a disputé 49 matches et est passé devant Ryan Sproul et Robbie Russo, autres candidats à un strapontin.


Le lineup probable

Tomáš Tatar (#21) – Henrik Zetterberg (#40) – Gustav Nyquist (#14)
Justin Abdelkader (#8) – Frans Nielsen (#51) – Dylan Larkin (#71)
Andreas Athanasiou (#72) – Darren Helm (#43) – Anthony Mantha (#39)
Riley Sheahan (#15) – Luke Glendening (#41) – Evgeny Svechnikov (#77)
Luke Witkowski (#28)

Danny DeKeyser (#65) – Mike Green (#25)
Niklas Kronwall (#55) – Trevor Daley (#23)
Jonathan Ericsson (#52) – Xavier Ouellet (#61)
Nick Jensen (#3)

Jimmy Howard (#35)
Petr Mrázek (#34)

Coach : Jeff Blashill


DETROIT RED WINGS
Création: 1926.
Anciens noms: Detroit Cougars, Detroit Falcons
Propriétaire: Ilitch Holdings, depuis 1982
Patinoire: Little Caesars Arena
Palmarès: 11 Stanley Cups (1936, 1937, 1943, 1950, 1952, 1954, 1955, 1997, 1998, 2002, 2008)
Equipe affiliée AHL:
Grand Rapids Griffins

L’AN DERNIER
14e
de la Conférence Est avec 79 points.
Meilleur pointeur : Henrik Zetterberg (68 points).
Meilleur buteur : Tomáš Tatar (25 buts).

Le joueur à suivre :
DYLAN LARKIN

Dylan Larkin a vu sa progression fulgurante stoppée en 2016-2017. Lui qui avait brûlé les étapes en intégrant l’effectif des Red Wings à 19 ans, après avoir flambé en NCAA avec les Wolverines de l’Université du Michigan, avait convaincu à sa saison rookie, montrant tous les signes d’un futur leader et forçant les plus anciens des partisans à convoquer leurs souvenirs des premiers coups de patin de Steve Yzerman. Le chandail était sans doute un peu trop grand et on peut douter que Larkin ait autant de talent offensif que son illustre prédécesseur. Néanmoins, il serait prématuré de l’enterrer après une saison sophomore difficile durant laquelle toute l’équipe a plongé. Sa principale va être de générer de l’offensive seul car, à part Zetterberg, il n’y a pas d’autre gros talent dans cette équipe, à moins que Mantha ou Athanasiou n’explosent.

La relève :

EVGENY SVECHNIKOV, « GRAND FRÈRE DE »

Evgeny Svechnikov

Classement ESPN : 18e.
Le nom de Svechnikov est déjà connu par des amateurs qui s’intéressent aux prospects. Mais quand ils entendent ce nom, ils ne pensent pas en premier à Evgeny, mais à son petit frère Andrei, qui devrait être un des tout premiers choix du draft 2018, sinon le premier. Repêché au 19e rang en 2015, Evgeny est lui aussi un talent offensif de premier plan, doté d’un beau gabarit et d’un bon coup de patin. Comme beaucoup de joueurs de son âge, il doit s’améliorer sur le plan défensif. Et, qui sait, si Detroit rate à nouveau les séries et se révèle chanceux à la loterie du repêchage, Evgeny sera peut-être rejoint l’an prochain par Andrei.
Derrière Svechnikov, on peut citer le nom de trois défenseurs, qui ne devraient pas être intégrés à l’effectif NHL cette saison, mais plutôt la prochaine et la suivante. Le Tchèque Filip Hronek (53e choix en 2016) a franchi l’Atlantique l’été dernier, d’abord en OHL, puis en AHL, sans démériter. Ce défenseur complet aura un poste permanent avec les Griffins cette année. Il devrait en être de même pour le Finlandais Saarijärvi (73e choix en 2015) qui a manqué une bonne partie de la saison d’OHL en raison d’une blessure au poignet mais à su montrer son talent offensif, notamment en playoffs. Enfin, Dennis Cholowski (20e choix en 2016), quitte la NCAA après une seule saison pour se joindre à la WHL. Il en a profité pour se frotter à un match d’AHL avec les Griffins, mais ce défenseur mobile et offensif est encore loin de la NHL. Enfin, le premier choix de cette année, Michael Rasmussen (9e choix en 2017), est aussi le premier choix dans le top 10 pour Detroit depuis 26 ans. Doté d’un gabarit impressionnant (1,95 m), il a déjà appris à s’en servir autour du filet adverse, pour gêner le gardien et la défense, une qualité recherchée dans la NHL. Néanmoins, s’il est doté d’un bon coup de patin, il a encore besoin de peaufiner l’ensemble de son jeu et continuera avec sa formation de Tri-City en WHL.

Le pronostic de TPPQB

La division Atlantique semble s’être améliorée, entre des équipes qui ont joué en-deçà de leur niveau l’an passé (Tampa Bay, Florida) et d’autres dont l’effectif plein de jeunes joueurs talentueux laisse augurer des jours heureux (Toronto, Buffalo). Dans ces conditions, et vu le statu quo estival des Red Wings, difficile d’espérer une qualification pour les séries après la piteuse 14e place de l’an passé. Mais Detroit fait partie de ces villes habituées à gagner où il est difficile d’envisager une reconstruction en bonne et due forme. L’équipe a pourtant cruellement besoin de joueurs d’élite, aussi bien en attaque qu’en défense. Vue la qualité annoncée du repêchage 2018 et la saison difficile qui s’annonce, il suffira peut-être d’un peu de chance pour tirer le bon numéro et ramener la flamme dans le cœur des partisans l’été prochain, à défaut de redevenir immédiatement compétitifs.