Season preview 2017-2018 : Florida Panthers
Eastern Conference – Atlantic division
Une année
perdue

Sans son mentor Jaromir Jagr, Alexander Barkov va devoir reprendre sa progression et remettre Florida dans le bon sens.
Avec les Coyotes, ce devait être la franchise tête d’affiche des défenseurs des statistiques avancées. Dale Tallon, le GM très old school qui a assemblé la jolie collection de talents des Panthers avait été borduré, Gerard Gallant, le coach aux méthodes traditionnelles, écarté sans ménagement en cours de saison après un début d’exercice médiocre. Tom Rowe, le nouveau patron, féru de stats avancées, a pris la suite en cours de saison, mais n’a pu redresser la barre.
Et c’est un coup de barre à 180 degrés qui a été donné au printemps. Exit Rowe, et retour de Dale Tallon aux manettes. Dans la foulée, le GM est allé chercher Bob Boughner, assistant coach chez les Sharks, pas franchement réputé pour être un moderniste, comme en témoigne ses déclarations lors de son intronisation : «Les statistiques avancées sont utiles jusqu’à un certain point, mais nous avons affaire à des hommes. Le hockey est différent. Ce n’est pas le baseball, un sport qui avance lentement. Les choses se déroulent à pleine vitesse. Au bout du compte, les chiffres qui m’importent, ce sont surtout les victoires et les défaites. Certains outils sont utiles, mais je suis dans le hockey depuis longtemps, je suis capable de dire quand un joueur joue bien ou mal. Je n’ai pas besoin d’un camembert ou d’un histogramme pour cela, et je sais quand il faut faire des ajustements. J’aurai sûrement une enveloppe sur mon bureau tous les matins, je regarderai certaines choses que j’aime, d’autres que j’aime moins, et je jetterai le reste à la poubelle.»
Boughner aura du travail pour renverser la colonne de chiffres qui le passionne, celle des victoires. Car Florida a perdu plusieurs éléments importants, partis pour Vegas, Reilly Smith et Jonathan Marchessault, la surprise de la saison dernière, mais aussi Jaromir Jagr et Jussi Jokinen. Un quatuor qui valait quand même 72 buts l’an dernier, soit 35% de la production des Panthers… Pour les remplacer, Dale Tallon a fait ses emplettes sur le marché des agents libres, récupérant Radim Vrbata, meilleur buteur et scoreur des Coyotes l’an dernier (1 an, 2,5M$), le Finlandais Henrik Haapala (2 ans, 1,85M$), meilleur scoreur du championnat finlandais l’an dernier, et le Micheal Haley, qui devrait, lui, plutôt occuper un rôle dans le bottom six. Mais la plus grosse prise est sans doute à chercher du côté du SKA St Petersbourg, où Florida est allé récupérer un de ses anciens prospects, Evgeny Dadonov (3 ans, 12M$). Beaucoup de paris, donc, et une volonté évident de rajeunissement qui vise sans doute aussi à responsabiliser les jeunes stars des Panthers. Pour le reste, on notera principalement les deux prolongations de contrats accordées aux défenseurs Mark Pysyk (3 ans, 8,2M$) et Alex Petrovic (1 an, 1,85M$).
Le pari Haapala
L’an passé, Florida a connu une sensible régression offensive, passant de 2,83 à 2,5 buts inscrits par match, et glissant du 8e rang au 23e, avec un powerplay médiocre (17% d’efficacité, 23e dans la ligue). Un recul qui doit sans doute beaucoup aux absences des meilleurs attaquants de la franchise : à eux trois, Aleksander Barkov, Jonathan Huberdeau et Nick Bjugstad ont raté 100 matchs sur blessures. Les deux premiers devraient toutefois figurer sur le premier trio des Panthers cette année. Le gros centre finlandais a connu une légère régression dans son rythme de production offensive (de 0,89 à 0,85 points par match), mais il demeure l’un des attaquants les plus prometteurs de la ligue, et le principal pilier offensif de l’avenir des Panthers. Il sera chargé de faciliter l’adaptation de Dadonov, qui devrait prendre place à sa droite. A sa gauche, on retrouvera Jonathan Huberdeau victime l’an dernier d’une blessure au tendon d’Achille qui lui a coûté plus de 50 matchs. A son meilleur niveau, Huberdeau est un ailier playmaker rapide, intelligent et adroit, dont la complicité avec Barkov est évidente.
Sur la deuxième unité, on devrait retrouver Vincent Trocheck, qui a confirmé l’an dernier sa belle saison 2015-2016. Ce petit centre rapide et accrocheur est désormais une menace offensive fiable. Il devra toutefois faire avec deux nouveaux partenaires de trio, ses complices habituels ayant quitté la Floride. Parmi les nouveaux arrivants, Radim Vrbata est la valeur sûre. Le petit ailier tchèque n’est pas le joueur le plus régulier, mais c’est un scoreur capable d’inscrire une trentaine de points dans une mauvaise année, et le double s’il est inspiré. On peut espérer que le fait d’évoluer dans une équipe au potentiel offensif supérieur l’aidera à tirer le meilleur parti de ses capacités. Le trio pourrait être complété par Henrik Haapala, un petit ailier playmaker qui a évolué avec Barkov à Tappara. Rapide, responsable défensivement, très skilled, Haapala a dominé offensivement en Finlande l’an dernier, scorant 60 points en 51 matchs. Reste pour lui à bien s’adapter au jeu nord-américain.
Sur la troisième unité, on devrait retrouver Nick Bjugstad, un autre atout offensif des Floridiens, qui reste toutefois sur deux saisons gâchées par les blessures. Le grand centre américain est pourtant un scoreur de très bon niveau, grâce notamment à un superbe tir du poignet. Il pourrait évoluer avec Colton Sceviour, un ailier rapide et travailleur qui semble se stabiliser dans un rôle de bottom sixer à la contribution offensive limitée, et Denis Malgin, un petit ailier suisse technique et rapide, qui doit toutefois parfaire son acclimatation au jeu NHL, où son manque de puissance peut être problématique. Le quatrième trio devrait être celui du capitaine Derek MacKenzie, spécialiste des mises au jeu, de Jared McCann, acquis l’an dernier en retour d’Erik Gudbranson, et que l’on a plus vu en AHL qu’en NHL l’an dernier, et du vétéran Micheal Haley. Mais les jeunes pousses floridiennes comme Sebastian Repo, Maxim Mamin, voire même le premier choix des Panthers lors du dernier repêchage, le sniper Owen Tippett pourraient aussi avoir leur chance.
Luongo-Reimer, l’heure de la succession ?
Comme en attaque, les statistiques défensives des Panthers ont chuté l’an passé, glissant de la 7e à la 19e place du classement des défenses avec 2,83 buts encaissés par match. Ce qui représente tout de même 32 buts de plus… Les Cats ont pourtant pas mal d’atout à la ligne bleue, à commencer par Aaron Ekblad. Le grand arrière ontarien, aussi costaud que fluide sur ses patins, sort d’une saison en dedans, avec une production offensive en baisse. Surtout, ses commotions cérébrales commencent à inquiéter. Il devrait évoluer Michael Matheson. Très attendu l’an dernier après un splendide championnat du monde, le Montréalais a connu une saison d’adaptation au niveau NHL, avec un rendement offensif en deçà des attentes. Grand, rapide, intelligent et créatif offensivement, il a tout pour devenir un défenseur très solide.
Le deuxième binôme devrait être conduit par Keith Yandle, signé à prix d’or l’an dernier, qui a quelque peu déçu. Pas tant sur le plan offensif, où il demeure un élément intéressant, comme en témoigne sa récolte de l’an dernier (41 points), mais plu sur le plan défensif, où on le savait chancelant, mais où il a peiné un peu plus qu’à l’habitude. Son binôme, Jason Demers, est un puckmover au registre moins créatif, qui n’a pas complètement convaincu l’an dernier. Florida n’a d’ailleurs pas choisi de le protéger lors du repêchage d’expansion… Sur le troisième duo, on devrait retrouver Mark Pysyk, un autre puckmover fiable, qui a gagné tranquillement sa place l’an passé, et Alex Petrovic, un arrière gros gabarit qui a semblé avoir trouvé les bons réglages la saison dernière.
Devant le filet, le duo Roberto Luongo – James Reimer s’est partagé le temps de glace de façon quasiment équitable, le plus âgé ayant participé à 40 matchs, contre 43 pour son benjamin. A 38 ans, Luongo demeure un gardien de grande valeur, et un vétéran précieux, mais l’heure de la transition approche doucement. Reimer affichait l’an dernier des stats sensiblement supérieures à celle de « Bobby Lu » (92% d’arrêts pour le premier, 91,4 pour le second ; 2,53 buts encaissés en moyenne pour le premier, 2,68 pour le second). On observera attentivement l’évolution de ce binôme cette année, avec une tendresse particulière pour le gardien québécois, l’un des grands talents du poste de ces quinze dernières années, et une des personnalités les plus agréables du hockey nord-américain, particulièrement drôle sur Twitter.
Le lineup probable
Jonathan Huberdeau (#11) – Aleksander Barkov (#16) -Evgeny Dadonov (#63)
Henrik Haapala (#25) – Vincent Trocheck (#21) – Radim Vrbata (#20)
Colton Sceviour (#23) – Nick Bjugstad (#27) – Denis Malgin (#62)
Jared McCann (#90) – Derek MacKenzie (#17) -Micheal Haley (#38)
Maxim Mamin (#18)
Keith Yandle (#3) – Aaron Ekblad (#5)
Michael Matheson (#19) – Jason Demers (#55)
Mark Pysyk (#13) – Alex Petrovic (#6)
Ian McCoshen (#12)
Roberto Luongo (#1)
James Reimer (#34)
Coach: Bob Boughner
NDLR : Depuis l’écriture de ce preview, Florida a échangé Jason Demers aux Coyotes, obtenant en retour l’attaquant Jamie McGinn.
FLORIDA PANTHERS
Création: 1993
Propriétaires: Vincent Viola (Sunrise Sports and Entertainment), depuis 2013
Patinoire: BB&T Center
Palmarès: Aucun
Equipe affiliée AHL:
Springfield Thunderbirds
L’AN DERNIER
13e de la conférence Est avec 81 points.
Meilleurs pointeur: Vincent Trocheck (54 points)
Meilleur buteur: Jonathan Marchessault (30 buts).
Le joueur à suivre :
EVGENY DADONOV
He’s back. Dix ans après son repêchage par les Panthers, l’ailier russe va porter à nouveau le maillot de l’équipe floridienne. Un maillot qu’il a déjà défendu entre 2009 et 2012, pour un modeste bilan de 10 buts et 20 points en 55 matchs. Sauf qu’entre temps, de retour en Russie, Dadonov est devenu l’un des meilleurs éléments de la KHL, et un pensionnaire régulier de la Sbornaya, l’équipe nationale russe. L’an dernier, scorait plus d’un point par match en KHL avec le SKA St Petersbourg. Florida fait le pari qu’il pourra produire aussi en NHL, et ainsi rendre plus supportables les pertes de Jonathan Marchessault, Reilly Smith et Jaromir Jagr.
La relève :
DE LA DENSITÉ MAIS PEU DE GRANDS TALENTS
Classement
ESPN : 22e.
L’effectif des Panthers est jeune, mais le pipeline n’est pas vide pour autant, en particulier en attaque. Florida croit beaucoup en son premier choix de juin, Owen Tippett (10e overall), et des rumeurs l’annoncent même en NHL dès cette saison. Prudence quand même car si Tippett est une remarquable buteur, son jeu présente des lacunes certaines. Mais c’est sans doute le seul blue chipper dont dispose Florida. Henrik Borgström, lui, a été un choix surprise l’an dernier (23e en 2016e), mais le gros centre a confirmé avec une belle saison en NCAA. Florida a tenté cet été un autre pari finlandais avec le minuscule mais talentueux Aleksi Heponiemi (40e). Sans oublier le gritty Joyce Hawryluk (32e en 2014), convaincant lors du dernier camp mais malheureusement blessé, et le petit scoreur Adam Mascherin (38e en 2016). En défense le meilleur espoir est Ian McCoshen (31e en 2013), un arrière fluide et rugueux. Citons aussi Michael Downing (97e en 2013) et le dernier venu, Max Gildon (66e en juin). Enfin, devant le filet, Florida mise beaucoup sur Samuel Montembeault (77e en 2015), très fort cette année dans la LHJMQ.
Le pronostic de TPPQB
Les Panthers vont retrouver les playoffs. La question est de savoir si ce sera dès cette saison. Il faudra pour cela éviter les blessures et proposer un jeu un peu plus structuré que l’an dernier. L’équipe de Dale Tallon recèle tout de même plusieurs interrogations, notamment sur la capacité des nouveaux à remporter les partants. A priori, Florida à les moyens de se mêler à la lutte avec Boston et Toronto pour l’une des deux places wild card, mais devrait être un ton en retrait des Tampa/Montréal/Ottawa, qui lutteront pour le titre de la division. Au final, pour se mouiller, nous pensons que les playoffs se feront sans les Panthers. Mais plus pour très longtemps.