Season preview 2017-2018 : Carolina Hurricanes

Eastern Conference – Metropolitan division


Enclencher
la marche avant

 

Sebastian Aho et les jeunes Canes semblent en mesure de redonner du lustre à une franchise qui se complaît depuis trop longtemps dans la médiocrité.

 

Les Blackhawks sont pour beaucoup, la franchise modèle de la ligue. Importer un petit bout de la culture chicagoane dans une équipe en reconstruction paraît donc une bonne idée. C’est en partie ce qu’a fait Ron Francis, le GM des Hurricanes cet été, pour donner un coup d’accélérateur au retour de ses Hurricanes à la compétitivité. Après avoir collecté bon nombre d’assets au cours des deux dernières saisons en échangeant ses vétérans, Francis a commencé à dépenser cet été, obtenant successivement trois anciens Hawks. Scott Darling est arrivé directement de Windy City pour un choix de troisième ronde en 2017, et a signé dans la foulée un contrat de quatre saisons et 16,6M$. Trevor Van Riemsdyk, réclamé par Vegas lors du repêchage d’expansion, a, lui, coûté un choix de deuxième ronde en 2017. Enfin, Marcus Krüger a lui aussi fait un séjour express par Vegas avant d’atterrir en Caroline du Nord en retour d’un choix de cinquième ronde en 2018.

Il faut dire que pour les Hurricanes, le temps était sans doute venu de passer un cap, surtout à l’heure où sa situation financière et ses affluences font craindre un déménagement. L’été a même vu une rumeur de vente battue en brèche. La franchise de Raleigh, en Caroline du Nord, dispose en effet d’une base intéressante, en particulier en défense où son top 4 est composé exclusivement de joueurs de moins de 25 ans, tous talentueux et adaptés au jeu moderne. Cet été, Ron Francis a d’ailleurs prolongé deux d’entre eux, Brett Pesce (6 ans, 24,15M$, contrat qui prendra effet en 2018-2019), et Jaccob Slavin (7 ans, 37,1M$). S’il parvient à garder ensemble ce noyau défensif, Carolina peut espérer construire ses succès à venir sur le modèle des Predators.

Dans l’immédiat, il faut sans doute booster un peu l’attaque également, et Francis a donc choisi de signer un ancien de la maison, Justin Williams (2 ans, 9M$), qui apportera son expérience (trois Stanley Cup au palmarès, dont une en 2004 avec les Canes). Josh Jooris a également paraphé une entente d’un an (775 000$), mais son impact sera moindre. Côté départs, Carolina a envoyé Eddie Lack, qui n’avait pas su s’imposer, à Calgary, en compagnie de Ryan Murphy et d’un choix de 7e ronde en 2009, et obtenu en retour le prospect Keegan Kanzig et un choix de 6e ronde en 2019, conservant au passage la moitié du salaire du gardien suédois. Ont aussi quitté le navire Bryan Bickell, Andrej Nestrasil et Jay McClement.

On
L’an dernier, cette attaque a tout de même enregistré une certaine progression, inscrivant une quinzaine de buts supplémentaires et grimpant de la 27e à la 20e place du classement (2,59 buts par match), malgré un powerplay faiblard (17,5% d’efficacité, 21e de la ligue). Son leader est l’ailier ontarien Jeff Skinner, qui a égalé l’an dernier sa meilleure saison offensive en carrière 63 points, et trompé les gardiens adverses avec une confondante régularité (37 buts, 6e buteur de la ligue). A 24 ans, enfin débarrassé des blessures, il sort de trois saisons à plus de 75 matchs, et est sans doute aujourd’hui le buteur d’élite dont on parle le moins dans la ligue. Il devrait évoluer avec Victor Rask, un playmaker soucieux de jouer de façon responsable. L’an dernier, le Suédois a quasiment répété sa récolte offensive de la saison précédente (45 points), mais a manqué de régularité sur la saison, connaissant plusieurs périodes de disette. Le trio devrait être complété par Elias Lindholm, Comparé à l’excellent Nicklas Bäckström lors de son année de draft, ce Suédois à l’évident talent de playmaker progresse à son rythme. C’est un attaquant intelligent et adroit, sa progression est sensible, mais son jeu est trop tourné vers la passe, ce le rend quelque peu prévisible. Le talent est là, il manque un déclic.

Le deuxième trio devrait être pivoté par l’expérimenté Eric Staal, seul élément de plus de 24 ans dans ce top 6. L’ancien Penguin est un centre gros format au jeu défensif très au point. Mais sa production offensive reste moyenne pour un centre offensif, tout juste suffisante pour un numéro 2. Il a principalement évolué l’an dernier avec un duo finlandais composé de Sebastian Aho et Teuvo Teräväinen. Le premier est l’espoir offensif le plus intéressant des Hurricanes, un ailier playmaker rapide et subtil, très créatif. Il a éclaboussé la NHL de son talent pour sa première saison dans la grande ligue l’an dernier, inscrivant 49 points et disputant l’intégralité des matchs de son équipe. Mais il a eu la malchance d’évoluer dans une équipe très exposée médiatiquement et de faire partie d’une année très dense en rookies de talent (Matthews, Laine, Werenski…). Son compatriote  Teuvo Teräväinen a, lui, obtenu une prolongation de deux ans et 5,72M$ au printemps. L’ancien des Blackhawks (décidément…) est un ailier playmaker très skilled et créatif, qui a connu l’an dernier sa meilleure saison offensive en NHL. Très fin, il doit encore s’épaissir et gagner en constance, mais le potentiel est conséquent.

Sur la troisième unité, les Hurricanes devraient pouvoir aligner un trio expérimenté. Marcus Krüger, pourrait pivoter ce trio, dans un style de grinder classique, travailleur et responsable défensivement. Offensivement, ses belles saisons entre 2011 et 2014 semblent du passé et sa contribution sera limitée. Mais c’est un élément important dans une équipe par son éthique de travail. Lee Stempniak, lui, est un pur attaquant, un buteur adroit, qui évolue toutefois dans un registre limité. Enfin Justin Williams apportera lui aussi son écot à l’attaque, et une grosse dose de leadership. Si les Hurricanes retrouvent les playoffs, son expérience sera précieuse. Cette troisième ligne pourrait en tout cas changer beaucoup de chose en apportant plus de scoring que ce qu’elle faisait par le passé, afin d’offrir une attaque plus équilibrée. On n’en dira pas autant de la quatrième, à l’exception du vétéran Derek Ryan, qui a frôlé les 30 points l’an dernier, alors qu’il n’en avait inscrit que… 2 lors de sa précédente et unique autre saison NHL. A confirmer quand même. Pour le reste, on pourrait y voir Joakim Nordström, décevant après une saison 2015-2016 intéressante, le jeune Phil Di Giuseppe, un ailier créatif, mais trop irrégulier, ou encore Josh Jooris, travailleur mais limité.

Un
On l’a dit, Carolina a beaucoup d’atouts en défense, mais la jeunesse de l’effectif, et surtout les limites des gardiens (26e de la ligue avec un pourcentage d’arrêts cumulé de de 90,1%) l’ont empêché l’an dernier de progresser sur le plan statistique. Les Hurricanes possédaient l’an dernier la 18e défense de la ligue avec 2,8 buts encaissés par match. Pas ridicule, mais l’équipe est outillée pour faire mieux, surtout qu’elle excelle en PK (6e avec 84,2% d’efficacité).

Le principal renfort, et le meilleur espoir de cette défense sera donc le gardien Scott Darling, remarquable l’an dernier avec Chicago. Il pourra s’appuyer sur sa doublure Cam Ward pour éponger différentiel de matchs. Le vainqueur du trophée Conn Smythe 2006, l’année où les Canes ont remporté leur seule et unique Stanley Cup, a depuis considérablement décliné. L’an dernier, il a connu de bons passage, d’autres plus médiocres, pour afficher au final des stats très ordinaires (29e parmi les gardiens à plus de 40 matchs avec 90,5% d’arrêts, et 23e avec 2,69 pour les buts encaissés). Il sera intéressant d’observer son comportement avec l’arrivée de Darling, un temps de glace plus réduit l’aidera peut-être à retrouver un meilleur niveau.

Le leader de la brigade défensive reste néanmoins Justin Faulk. L’arrière US est l’une des valeurs sûres à son poste, capable à la fois de produire un solide effort défensif, et de produire offensivement. L’an dernier, il a ainsi établi son record personnel de buts inscrits (17, deuxième meilleur de la ligue derrière l’extra-terrestre Brent Burns). Il devrait être associé au jeune et talentueux Noah Hanifin, un arrière gros format doté d’un superbe coup de patin, qui a confirmé l’an dernier sa très belle année rookie. Mature et bourré de talent, il devrait être un pilier de l’avenir défensif des Hurricanes. A 20 ans, il est déjà indispensable.

Sur la deuxième paire, on devrait retrouver le duo Brett Pesce / Jaccob Slavin, plus riches de quelques dizaines de millions de dollars chacun. La paire est complémentaire, avec un Pesce plutôt casté dans un rôle défensif dans lequel il est à l’aise. Il excelle ainsi à bloquer les lancers adverses, et permet à son partenaire d’exprimer son talent offensif. C’est un puckmover très complet, calme et intelligent, qui s’appuie en outre sur un excellent lancer. Il a confirmé sa belle saison rookie en augmentant encore son rendement offensif. Enfin le dernier binôme devrait associer deux anciens Blackhawks (encore), Trevor Van Riemsdyk, frère de l’ailier de Toronto, et Klas Dahlbeck, qui n’a été utilisé que sur une moitié des matchs l’an dernier. Une paire honnête, mais clairement un gros ton en dessous des deux autres binômes.


Le lineup probable

Jeff Skinner (#53) – Victor Rask (#49) – Elias Lindholm (#16)
Sebastian Aho (#20) – Jordan Staal (#11) – Teuvo Teräväinen (#86)
Lee Stempniak (#21) – Marcus Krüger (#16) – Justin Williams (#14)
Phil Di Giuseppe (#34) – Derek Ryan (#7) – Joakim Nordström (#42)
Josh Jooris (#18)

Noah Hanifin (#5) – Justin Faulk (#27)
Jaccob Slavin (#74) – Brett Pesce (#54)
Klas Dahlbeck (#6)- Trevor Van Riemsdyk (#57)
Haydn Fleury (#4)

Scott Darling (#33)
Cam Ward (#30)

Coach: Bill Peters


CAROLINA HURRICANES
Création: 1972. Arrivée à Raleigh en 1997.
Anciens noms: New England Whalers, Hartford Whalers
Propriétaires: Peter Karmanos, Jr. depuis 1994
Patinoire: PNC Arena
Palmarès: 1 Stanley Cup (2006)
Equipe affiliée AHL:
Charlotte Checkers

L’AN DERNIER
12e
de la conférence Est avec 87 points.
Meilleurs pointeur et buteur: Jeff Skinner (63 points, 37 buts).

Le joueur à suivre :
SCOTT DARLING

Sera-t-il le Cam Talbot ou le Martin Jones de cette année ? L’ancien des Blackhawks, au parcours accidenté et exemplaire, a marqué les esprits à Chicago dans un rôle de backup de Corey Crawford, avec une remarquable ligne de stats l’an dernier (2,38 buts encaissés en moyenne, 6e de la ligue parmi les gardiens à plus de 25 matchs, 92,4% d’arrêts, 11e). Il doit démontrer cette année qu’il peut être un numéro 1 dans la ligue, lui qui n’a jamais disputé plus de 32 matchs dans la grande ligue. Si c’est une affaire de résilience, nul doute qu’il y parviendra.

La relève :
DU TALENT PARTOUT

Martin Necas

Classement
ESPN : 15e.

Malgré la pléthore de jeunes défenseurs talentueux qui évoluent avec le grand club, Carolina a encore de beaux espoirs en réserve à l’arrière. A commencer par Jake Bean (11e overall en 2016), qui a les moyens de devenir un powerplay quarterback de haut niveau dans la ligue, mais brille aussi sur le plan défensif. Le costaud et mobile Haydn Fleury (7e en 2014) se développe plus lentement que prévu, mais l’espoir reste de mise dans son cas. Quant à Roland McKeown (50e en 2014, choix des Kings), il a quasiment fait l’équipe après le camp d’entraînement l’an dernier, et s’est montré solide en AHL. En attaque, le directeur du scouting Tony MacDonald a choisi cet été Martin Necas (11e), un centre tchèque très talentueux, mais un peu irrégulier, et le Finlandais Eetu Lostarinen, centre two way gros format (42e). Le gros ailier québécois Julien Gauthier (21e en 2016) a, lui, le potentiel pour devenir un ailier scoreur top 6, alors que son compatriote Nicolas Roy, dont la cote avait chuté l’année de son repêchage (96e en 2015), progresse de façon très intéressante. Enfin, devant le filet, Alex Nedjelkovic (37e en 2014) est un candidat intéressant à la succession de Darling.

Le pronostic de TPPQB

Les Hurricanes se sont renforcés en attaque, mais sans doute pas assez pour se rapprocher des playoffs de façon significative. L’équipe de Bill Peters progresse, et va sans doute continuer à le faire cette année, mais pour être réellement compétitif, il faut plus de talent en attaque. Logiquement, Carolina devrait terminer dans le dernier tiers de la ligue. Et l’on surveillera aussi les affluences, catastrophiques l’an dernier, ce qui tombe plutôt mal quand les rumeurs de déménagement à Québec continuent de courir.