Season preview 2017-2018 : Toronto Maple Leafs

Eastern Conference – Atlantic division


Les dents très longues

 

 

Avec leur compère William Nylander, Auston Matthews et Mitch Marner ont insufflé une bonne dose de talent et d’enthousiasme aux Leafs. Avec ces trois-là, l’avenir est radieux pour Toronto.

 

Des années qu’ils attendaient cela. Pour la première fois peut-être depuis la période Mats Sundin – Pat Quinn, les Maple Leafs de Toronto ont posé l’an dernier les bases d’une équipe dominante. Dans la foulée du super rookie Auston Matthews et de ses deux brillants acolytes William Nylander et Mitch Marner, les Leafs nouvelle génération ont accroché leur premier strapontin pour les playoffs l’an dernier, avant de donner des maux de tête aux puissants Capitals de Washington (2-4). Le plan de reconstruction patient élaboré par Lou Lamoriello et Brendan Shanahan, le GM et le président de l’équipe a porté ses premiers fruits. Toute la question, au lendemain de l’élimination, était de savoir si le front office des Leafs allait garder le cap, laisser tranquillement ses jeunes talents se développer, au risque de n’ajouter les pièces complémentaires que trop tard, une fois le trio d’espoirs en possession d’un premier contrat coûteux, ou d’ores et déjà attirer quelques vétérans pour encadrer la jeune garde, et tenter, dès cette année, de devenir un prétendant sérieux à la Stanley Cup.

C’est la seconde option qui semble avoir été privilégiée. Dans un été où la colonne des départs a été bien peu remplie (Leipsic, Boyle, Hunwick), Lamoriello a choisi de signer Patrick Marleau à un lourd contrat de trois ans et 18,75M$, ainsi que deux autres vétérans, Dominic Moore (1 an, 1M$) et Ron Hainsey (2 ans, 6M$). L’idée est que l’expérience des trois lascars contribue à accélérer la progression de l’équipe et la positionne d’ores et déjà comme un contender. Toute la question est de savoir si cette analyse est pertinente. L’avantage, c’est qu’outre celui de Marleau, les contrat signés cet été ne devraient pas trop handicaper l’équipe à moyen terme. D’autant que le contrat de Joffrey Lupul, qui ne devrait pas rechausser les patins, s’achèvera cet été, et celui de Horton, lui aussi en retraite anticipée, sera écoulé au terme de celui de Marleau.

De quoi donner un peu plus de 10M$ de marge à Lamoriello. Mais au vu du contrat de McDavid, on peine à imaginer que Matthews ne mange pas, à lui seul, l’essentiel de ces 10M$, d’ici deux saisons. D’ici là, Nylander aura probablement décroché un solide contrat lui aussi, et on ne parle même pas encore de Marner. Il est donc fort probable que d’autres éléments quittent le navire soit cette saison, soit l’été prochain. Dans le viseur notamment, Tyler Bozak et James Van Riemsdyk, voire Jake Gardiner. Pour le reste, Lamoriello a prolongé plusieurs jeunes éléments, les attaquants Connor Brown (3 ans, 6,3M$) et Zach Hyman (4 ans, 9M$), et surtout le défenseur Nikita Zaitsev (7 ans, 31,5M$).

Kadri, reconversion réussie
L’an dernier, Toronto a réglé subitement ses problèmes offensifs grâce à l’apport des jeunes recrues. Les Leafs tournaient l’an dernier à 3,05 buts par match, cinquième moyenne de la ligue, grâce notamment à un super powerplay, 2e de la ligue avec 23,8% d’efficacité. Une attaque menée par la superstar naissante Auston Matthews, immédiatement dominant à son arrivée dans la ligue, notamment au scoring : 40 buts inscrits pour sa saison inaugurale, 2e buteur de la ligue derrière Sidney Crosby. Ce gros centre hypercomplet n’a pas de faiblesse apparente. Puissant, rapide, doté d’une superbe vision du jeu, il peut devenir l’un des tout meilleurs joueurs de la ligue. Il a en outre développé une belle complicité avec William Nylander, un ailier tout en finesse et en vitesse qui excelle dans la distribution du jeu. Nylander ne brille d’ailleurs pas qu’avec Matthews à ses côtés puisqu’il a été élu meilleur joueur du dernier mondial senior. Le nouveau venu Patrick Marleau pourrait venir compléter ce trio en apportant son adresse et son expérience (lire ci-contre).

Sur la deuxième unité, le troisième mousquetaire des Leafs, Mitch Marner, devrait être l’une des attractions de la saison. Malgré son petit gabarit, Marner est un attaquant brillant, rapide, insaisissable, et qui est capable de délivrer des passes aussi surprenantes que créatives. Il a bien fonctionné l’an dernier associé à Tyler Bozak, un centre playmaker expérimenté qui a connu l’an dernier sa meilleur saison offensive en carrière. Le trio devrait être complété par James Van Riemsdyk un ailier US gros format lui aussi au top sur le plan des statistiques personnelles l’an dernier. Malgré son gros gabarit, Van Riemsdyk n’est pas un power forward, mais c’est un buteur redoutable.

Le troisième trio devrait être celui du binôme Nazem Kari – Leo Komarov. Le petit centre ontarien a passé un cap l’an dernier. Sur le plan offensif, où il a touché pour la première fois la barre des 60 points, mais surtout en pratiquant un hockey plus complet, très solide défensivement, au point que les supporters des Leafs les plus fanatiques espéraient le voir décrocher le trophée Selke. Quant à Komarov, c’est un ailier intense et provocateur, lui aussi très fort dans sa zone. Son impact offensif est plus limité, mais c’est un pion important du dispositif de Babcock. Enfin, Connor Brown a été l’une des belles révélations de la dernière saison, utilisé en complément sur les trios offensifs. C’est un ailier intense et courageux, qui n’a sans doute pas le potentiel pour s’installer durablement dans un top 6, mais peut dépanner. On pourrait également voir, soit sur le top 6, soit à ce poste d’ailier top 9, le talentueux Kasperi Kapanen, un petit ailier finlandais rapide et technique qui a brillé en playoffs. Enfin le quatrième trio devrait être piloté par le fiable vétéran Dominic Moore, un des très bons fourthliners de la ligue, associé au rugueux Matt Martin et à Zach Hyman, un autre grinder rapide et intense qui s’est révélé l’an dernier.

Gardiner, enfin l’explosion ?
En défense, c’est moins brillant. Les Leafs encaissaient l’an dernier 2,85 buts par match, la 22e moyenne du circuit, malgré un solide PK (9e de la ligue avec 82,5% d’efficacité). D’où les tentatives avortées (si l’on en croit les rumeurs) de Lamoriello de faire des échanges pour Travis Hamonic ou Colin Miller. Dans l’idéal, Toronto aurait besoin d’un arrière établi, capable d’encaisser un gros temps de jeu. Mais ce type de profil est rare et cher. Les Leafs comptent cela dit plusieurs éléments intéressants en défense, à commencer par l’excellent Morgan Rielly, un petit puckmover fluide et inventif en attaque, mais qui tient aussi la marée défensivement. Sa production offensive était un peu en retrait l’an dernier, mais il reste le meilleur arrière des Leafs. Un titre auquel ne prétendra certainement pas son partenaire, Ron Hainsey. L’arrière US, qui n’avait jusqu’alors jamais disputé un match de playoffs en 14 saisons NHL, a eu le bonheur d’être échangé à Pittsburgh à la trade deadline, un trade qui lui a permis de connaître enfin son baptême du feu, mais surtout de remporter le précieux trophée. C’est un solide vétéran, rompu aux joutes de la NHL, qui sera chargé d’apporter son expérience à une bien jeune blueline.

Sur la deuxième unité, Mike Babcock devrait associer un duo très mobile composé de Jake Gardiner et du Russe Nikita Zaitsev. Le premier sort d’une très belle saison, sa meilleure offensivement en carrière (43 points). C’est un arrière grand, particulièrement rapide, et qui semble avoir trouvé sa place. Au point de justifier enfin les commentaires de certains observateurs un peu trop «torontophiles» qui le décrivaient comme un vrai numéro 1? Zaitsev, lui, est un excellent distributeur, solidement bâti lui aussi, et a réussi des débuts très encourageants dans la ligue, alors qu’il débarquait du CSKA Moscou et devait s’acclimater au jeu et à la langue. La troisième paire, enfin, devrait être celle de l’une des bonnes surprises de la dernière saison, Connor Carrick, un autre puckmover de talent, qui dispose, lui, d’un gabarit plus modeste. On pourrait le voir associé soit au mobile, mais suspect défensivement Calle Rosen, soit au costaud et fiable Martin Marincin, limité à 25 matchs l’an dernier du fait d’un accident de la route. Cette défense est jeune, et manquera sans doute d’expérience, mais elle est très mobile, une qualité essentielle dans le jeu NHL d’aujourd’hui. Lou Lamoriello devrait toutefois rester à l’affût pour ajouter un arrière solide et expérimenté.

Il faudra donc sans doute encore que Frederik Andersen soit solide au poste cette année. Le gardien danois a eu quelques ratés au début de sa saison dans la métropole ontarienne, mais a finalement rendu une copie honnête (11e de la ligue parmi les gardiens ayant disputé au moins 40 matchs  au pourcentage d’arrêts, 91,8%, 20e de la ligue à la moyenne de buts encaissés avec 2,67). Reste tout de même à voir s’il est opportun de demander au Danois de maintenir la charge de travail de la saison dernière, où il a tout de même disputé 66 matchs (2e de la ligue derrière Cam Talbot). Il pourra cette année compter sur un backup plus expérimenté, Curtis McElhiney, arrivé en cours de saison et qui affichait des stats très correctes (91,4% d’arrêts, 2,85 buts encaissés en moyenne avec Toronto). L’ancien Blue Jackets a démontré par le passé qu’il était capable de démarrer plus de 25 matchs dans une saison.


Le lineup probable

Patrick Marleau (#12) – Auston Matthews (#63) – William Nylander (#29)
James Van Riemsdyk (#21) – Tyler Bozak (#42) – Mitch Marner (#16)
Leo Komarov (#47) – Nazem Kadri (#43) – Connor Brown (#13)
Matt Martin (#15) – Dominic Moore (#28) – Zach Hyman (#11)
Eric Fehr (#23)

Jake Gardiner (#51) – Nikita Zaitsev (#22)
Ron Hainsey (#65) – Morgan Rielly (#44)
Connor Carrick (#8) – Martin Marincin (#52)
Calle Rosen (#39)

Frederik Andersen (#31)
Curtis McElhiney (#35)

Coach: Mike Babcock


TORONTO
MAPLE LEAFS 

Création: 1917
Anciens noms: Toronto Arenas, Toronto St. Patricks
Propriétaires:  Maple Leaf Sports & Entertainment Ltd depuis 1931, présidé par Larry Tanenbaum.
Patinoire: Air Canada Center
Palmarès: 13 Stanley Cups (1918, 1922, 1932, 1942, 1945, 1947, 1948, 1949, 1951, 1962, 1963, 1964, 1967)
Equipe affiliée AHL:
Toronto Marlies

L’AN DERNIER
8e de la Conférence Ouest avec 95 points.
Eliminés au premier tour des playoffs par les Capitals de Washington (4-2)
Meilleur pointeur: Auston Matthews (69 points, 40 buts).

Le joueur à suivre :
PATRICK MARLEAU

Après 20 saisons et 508 buts pour les Sharks, la franchise qui l’avait repêchée numéro 2 derrière Joe Thornton, puis fait capitaine de la franchise nord-californienne, Patrick Marleau a choisi de signer un dernier contrat au Canada, avec les Leafs. S’il n’est plus aussi fulgurant qu’il y a quelques années, il devrait pouvoir contribuer offensivement et aider les jeunes Leafs à progresser. A 6,25M$ par saison, c’est le minimum qu’on attendra de lui.

La relève :
LA DÉFENSE REPREND DU VOLUME

Kasperi Kapanen

Classement
ESPN : 13e. Avec une équipe très jeune en NHL ou les blue chippers d’hier ont tenu leurs promesses, le prospect pool des Leafs est moins reluisant. Mais garde quelques talents intéressants, comme Kasperi Kapanen (22e overall en 2014, choix des Penguins), un ailier scoreur finlandais dominant en AHL, et qui a fait de bons playoffs. L’Américain  Jeremy Bracco (61e en 2015), rapide et déterminé et le très intense ailier suédois Carl Grundström ont aussi du potentiel. La défense, pour le moins banale l’an dernier, a été singulièrement renforcée lors du dernier repêchage, avec le Suédois Timothy Liljegren (17e), un gros potentiel offensif qui a des carences en défense, et le costaud Eemeli Rasanen (59e), dans un style complètement différent. C’est moins reluisant devant le filet, ou le seul prospect digne de ce nom est Joseph Woll (62e en 2016).

Le pronostic de TPPQB

Toronto est taillé pour poursuivre sa trajectoire ascendante, à moins que ses rookies de l’an dernier ne soient tous frappés du redouté sophomore slump. Un scénario peu probable  Attention quand même, Tampa Bay devrait redevenir un concurrent sérieux cette saison, et si les attentes sont énormes dans la ville reine, Toronto n’a que peu de marge. Accéder aux playoffs serait déjà une confirmation importante, mais le ticket des Maple Leaf pour la postseason est loin d’être composté, notamment du fait d’une défense encore suspecte. En se mouillant, on ne serait pas surpris, à TPPQB, de voir Toronto dans la course des playoffs cette année, mais rester finalement à quai face à des équipes plus matures comme Tampa, Boston, Ottawa ou Montréal.