Season preview 2017-2018 : Boston Bruins

Eastern Conference – Atlantic division


 L’après Julien débute

 

Brad Marchand poursuit son étonnante progression. Avec 39 buts, l’ailier était l’an dernier le quatrième meilleur buteur de la ligue.

 

Dix ans que Claude Julien dirigeait les Bruins. Pendant sa décennie à la barre, le coach québécois a durablement marqué la franchise du Massachusetts. Son style intense et défensif a permis à Boston de retrouver deux fois la finale de la Stanley Cup, et de ramener en 2011 le précieux trophée à Beantown. Il est encore aujourd’hui le coach ayant remporté le plus de victoire dans l’histoire quasi centenaire de la franchise.

Mais l’on sentait, depuis l’intronisation de Don Sweeney au poste de GM, que le binôme n’était pas fait pour durer. Et lors que Boston a connu une première moitié de saison poussive (26-23-6), le successeur de Peter Chiarelli a choisi de se séparer de son entraîneur. Un destin cruel pour Julien, qui a tout de même vu partir, en un peu moins de trois ans, Milan Lucic, Loui Eriksson, Jarome Iginla, Reilly Smith, Carl Soderberg, Johnny Boychuk et Dougie Hamilton, sans que son GM ne lui apporte de talents équivalents pour les remplacer. Pourtant, grâce à un système très au point, et notamment des équipes spéciales remarquables (meilleur PK de la ligue avec 85,7%, 7e powerplay avec 21,7, Boston tenait la cadence. Insuffisant pour Sweeney.

Bruce Cassidy, qui a succédé à Julien, a su réveiller ses troupes, pour terminer en force la saison (18-8-1), et arracher une place en playoffs. Les Bruins ont toutefois buté sur les Senators dans une série plus serrée que ne l’indique son verdict (4-2), mais au cours de laquelle l’impact du nouvel entraîneur s’est quelque peu dilué. D’où une agaçante impression de fin de cycle.

Et c’est été, Don Sweeney n’a pas vraiment révolutionné son roster. Quand votre renfort le plus spectaculaire est celui de Paul Postma, il est logique de s’inquiéter. Surtout que, si les départs n’ont pas touché le noyau, Boston a quand même perdu quelques éléments intéressants comme Dominic Moore ou Colin Miller. On n’en dira pas autant de Jimmy Hayes, très médiocre l’an dernier au point de voir son contrat racheté par Sweeney… Heureusement pour les Bruins, le talent maison pourrait apporter un sang neuf bienvenu. On attend ainsi beaucoup du jeune et talentueux arrière Charlie McAvoy. Zach Senyshyn ou Jake DeBrusk ne sont pas très loin de la grande ligue.

L’explosion de Brad Marchand
Un peu en retrait par rapport à la saison précédente, où l’équipe se classait au 5e rang des attaques, Boston a inscrit l’an dernier 2,83 buts par match (13e). Un rendement honorable compte tenu du talent de cette équipe, porté par un excellent powerplay. Les Bruins s’appuient sur une première ligne de haut niveau, sans doute l’une des meilleures de la ligue. Elle est piloté par l’immense Patrice Bergeron, l’un des meilleurs joueurs two way des vingt dernières années. Le Québécois a d’ailleurs remporté l’an dernier son quatrième trophée Selke, en dépit d’une production offensive un peu en retrait. Il est l’un des meilleurs faceoff men de la ligue (60,1%, 3e de la ligue dans cette catégorie), et est d’ailleurs le centre qui en dispute le plus (1812). Il devrait être associé, comme à son habitude, à l’irritant Brad Marchand. On pouvait légitimement s’interroger si la saison 2015-2016 de ce dernier était un accident (37 buts, 61 points). Mais il semble bien que Marchand se soit métamorphosé pour de bon en un attaquant d’élite. L’an dernier, il a atteint la barre des 80 points (85, 5e de la ligue) et frôlé les 40 buts (39, 4e de la ligue). Reste maintenant à voir s’il peut confirmer sur la durée. Une question qui se pose aussi pour son partenaire de trio, David Pastrnak. Le Tchèque, qui n’avait pas prolongé son contrat à l’heure où nous écrivions ces lignes malgré une solide proposition des Bruins, a lui inscrit 34 buts et 70 points l’an dernier pour sa première saison complète dans la ligue. Rapide, créatif, très difficile à attraper pour les défenseurs adverses, il peut également compter sur un lancer de haut niveau. A seulement 23 ans, il semble parti pour devenir une menace offensive de premier plan.

Le problème pour Boston, c’est qu’après ce remarquable premier trio, les choses se compliquent. Les Bruins manquent de profondeur. David Krejci a disputé sa première saison complète depuis 2009, mais sa production a connu un recul l’an dernier. Ce playmaker rapide et intelligent doit rebondir, mais il risque de manquer de talent à ses côtés. David Backes, signé à un tarif prohibitif l’an dernier, a en effet connu une première saison à Boston assez délicate, qui s’inscrit dans une tendance un peu inquiétante : en deux saison, l’ancien capitaine des Blues a vu sa production quasiment divisée par deux, passant de 68 à 38 points. Rugueux et opiniâtre, Backes doit vite redresser la barre offensivement. L’aile gauche pourrait être occupée, elle, par Franck Vatrano, un ailier originaire du Massachusetts qui a connu une première saison NHL convenable (18 points en 44 matchs), rapide et doté d’un bon lancer, mais qu’on a du mal à projeter comme un véritable ailier top 6 dès cette saison.

Sur la troisième unité  Matt Beleskey est un ailier physique et intense, mais son scoring semble s’être évanoui depuis son arrivée à Boston. Il pourrait évoluer avec le petit playmaker Ryan Spooner, dont le front office des Bruins peine à évoluer la véritable valeur. Il s’est donc vu gratifier d’un contrat d’un an et 2,825M$, avec pour mission de démontrer sans équivoque qu’il mérite bien une entente à long terme. Le trio pourrait être complétée par l’un des espoirs des Bruins, le Suédois Jakob Forsbacka-Karlsson, un centre two way très complet, responsable et compétitif, qui doit toutefois encaisser le passage du niveau universitaire à la NHL. Enfin le quatrième trio devrait voir défiler le spécialiste du PK et des mises au jeu Riley Nash, le banger petit format Noel Acciari, l’ancien défenseur reconverti attaquant Tim Schaller, l’ailier slovaque Peter Cehlarik, solide joueur two way aux intéressantes qualités de playmaker, ou l’ailier US Anders Bjork, très fort avec Notre Dame l’an dernier.

Chara toujours debout
Après une saison difficile suite notamment au départ de Dougie Hamilton, les Bruins ont rectifié le tir en défense l’an dernier. Boston affichait le 8e meilleur bilan défensif de la ligue l’an dernier (2,55 buts par matchs), une caractéristique qui était dans l’ADN des équipes coachées par Claude Julien. Reste maintenant à voir si son successeur, qui semble vouloir mettre en place un jeu plus offensif parviendra à garder cette étanchéité. Cassidy disposer pour cela d’une solide brigade, renforcée considérablement par l’arrivée l’an dernier des deux jeunes, Brandon Carlo et Charlie McAvoy. Le premier (lire ci-contre) évoluera sur un premier trio très gros format avec le capitaine Zdeno Chara. Le Slovaque n’est plus aussi dominant qu’il y a quelques années, notamment sur le plan offensif, mais son immense gabarit et sa science défensive le rendent toujours indispensable pour les Bruins. Il continue d’ailleurs d’absorber un gros temps de jeu (23’19 », 28e de la ligue).

Sur la deuxième unité, le très mobile Torey Krug devrait être associé au rugueux Adam McQuaid. Le premier est le leader offensif incontesté des arrières des Bruins (51 points l’an dernier, 7e défenseur de la ligue, meilleure saison en carrière). Ce puckmover petit format, rapide et redoutable powerplay quarterback, n’est pas le plus efficace de l’effectif des Bruins dans le registre défensif, mais son apport en attaque est fondamental. D’où sa bonne complémentarité avec McQuaid, solide dans sa zone et qui apporte un grosse dimension physique.

Boston devrait aussi disposer d’une troisième paire intéressante avec le très attendu Charlie McAvoy, que The Hockey News classait au printemps comme le meilleur espoir de la ligue à n’avoir pas encore évolué dans la ligue. Depuis, ce puckmover très mobile et inspiré offensivement a encore renforcé sa cote avec un rappel convaincant lors des playoffs, encaissant sans coup férir un gros temps de jeu (26’11 »). Il devrait évoluer avec Kevan Miller, un arrière US plutôt défensif, qui a souffert l’an dernier de l’épaule. Charge à lui de faciliter l’adaptation de McAvoy.

Côté goalies, Boston est plutôt bien équipé avec Tuukka Rask dans le rôle du starter. Le Finlandais n’a pas connu une grande saison l’an dernier, en partie à cause d’une blessure à l’aine qui a fini par le contraindre à l’opération une fois la saison terminée. Son pourcentage d’arrêt (91,5%) le situe au 15e rang des gardiens à plus de 40 matchs, loin de ses meilleures années, où il atteignait régulièrement les 93% et se classait parmi les tout meilleurs gardiens de la ligue. Mais sa moyenne de buts encaissés (2,23) le ramène au cinquième rang, un classement plus conforme à sa valeur. On n’en dira pas autant du Russe Anton Khudobin, très moyen l’an dernier (2,64 buts encaissés en moyenne, mais seulement 90,6% d’arrêts), et qui a même fait un séjour prolongé à Providence, avec l’équipe AHL des Bruins.


Le lineup probable

Brad Marchand (#63) – Patrice Bergeron (#37) – David Backes (#42)
Frank Vatrano (#72) – David Krejci (#46) – David Pastrnak (#88)
Matt Beleskey (#39) – Jakob Forsbacka-Karlsson (#23) – Ryan Spooner (#51)
Noel Acciari (#55) – Riley Nash (#20) – Peter Cehlarik (#11)
Tim Schaller (#59)

Zdeno Chara (#33) – Brandon Carlo (#25)
Torey Krug (#47) – Adam McQuaid (#54)
Charlie McAvoy (#73) – Kevan Miller (#86)
Paul Postma (#1)

Tuukka Rask (#40)
Anton Khudobin (#35)

Coach: Bruce Cassidy


BOSTON BRUINS
Création: 1924
Propriétaires: Jeremy Jacobs depuis 1975
Patinoire: TD Garden
Palmarès: 6 Stanley Cups (1929, 1939, 1941, 1970, 1972, 2011)
Equipe affiliée AHL:
Providence Bruins

L’AN DERNIER
7e
 de la conférence Est avec 95 points.
Eliminés au premier tour des playoffs par les Senators d’Ottawa (4-2)
Meilleurs pointeur et buteur: Brad Marchand (85 points, 39 buts).

Le joueur à suivre : BRANDON CARLO

Débuter en NHL à 19 ans n’est pas à la portée du premier venu. Le faire en défense, sur la première paire d’une équipe capable de se qualifier en playoffs est plus difficile encore. C’est pourtant ce qu’a réalisé l’an dernier l’arrière américain, qui a passé l’année aux côté de Zdeno Chara et convaincu qu’il était l’une des clefs du futur de l’organisation à ce poste. Le front office des Bruins pense même que ce défenseur défensif gros format a les moyens de devenir un puck mover intéressant, grâce notamment à une belle qualité de patinage. Les attentes sont donc fortes pour Carlo, qui a malheureusement fini l’année par une commotion cérébrale qui l’a privé de playoffs. A lui d’y répondre.

La relève :
UNE BLUELINE PROMETTEUSE

Charlie McAvoy

Classement
ESPN : 10e.
Même sans compter Carlo, l’avenir des Bruins en défense semble radieux. Boston compte en effet avec Charlie McAvoy (14e overall en 2016), un arrière offensif de très haut niveau, qui a débuté sans trembler en playoffs NHL au printemps. Brillant également au mondial junior avec Team USA. Puissant, agressif et doté d’un bon lancer, Jakub Zboril (13e en 2015) doit, lui, gagner en constance. Moins flashy, le défensif Ryan Lindgren (49e en 2016) fait dans la sobriété, et l’efficacité, un peu comme le Québécois Jérémy Lauzon (52e en 2015). Enfin, le dernier arrivée, le Finlandais Urho Vaakenainen (18e en juin), se distingue par un superbe coup de patin. En attaque, l’ailier Zach Senyshyn (15e en 2015) continue de scorer avec aisance, mais ne projette sans doute pas au-delà d’un deuxième trio, au mieux. Le centre two way Jakob Forsbacka-Karlsson (45e en 2015) montre beaucoup de maturité. Le sniper Jake DeBrusk (14e en 2015) convainc moins avec Providence. Quant à Trent Frederic (29e en 2016), il était projeté comme un bottom sixer mais semble se découvrir du talent offensif. Enfin, devant le filet, Malcolm Subban (24e overall en 2012) demeure le principal espoir.

Le pronostic de TPPQB

Avec le renvoi de Claude Julien, les Bruins assument clairement la fin de cycle. L’équipe est en transition, suffisamment armée pour lutter pour une place en playoffs, vraisemblablement pas pour y faire autre chose que de la figuration, faute de profondeur en attaque. Boston devrait se retrouver à la lutte avec Ottawa, Toronto, et peut-être Florida pour la troisième place de la division atlantique. Face à Tampa, ce sera compliqué, mais face à Montréal, la série sera imprévisible et pourrait sourire à Boston. Mais au-delà, les Bruins ne passeront pas le cut.