Season preview 2017-2018 : Ottawa Senators

Eastern Conference – Atlantic division


Dans la continuité


Erik Karlsson a produit une saison, et surtout des playoffs stratosphériques. Pour beaucoup, le défenseur suédois des Senators est aujourd’hui l’un des trois meilleurs joueurs de la ligue.

 

L’an dernier au moment de son intronisation, Pierre Dorion, le GM d’Ottawa, confiait que son équipe était «sur la bonne voie pour atteindre la Coupe Stanley». Une déclaration qui avait laissé les observateurs quelque peu circonspects. Les Senators étaient alors vus comme une équipe moyenne de la Conférence est, capable sans doute d’accrocher une place en playoffs, mais clairement pas un rival crédible pour Tampa, Washington ou Pittsburgh.

Sauf qu’au printemps dernier, après une honnête saison, les coéquipiers d’Erik Karlsson ont des dégâts en playoffs, éliminant successivement les Bruins et les Rangers, avant de ne céder que lors de la prolongation du septième match face aux Penguins, futurs champions. Un parcours qui crédibilise le discours de Dorion, même si le doute reste de rigueur. Car Ottawa n’est pas une équipe très puissante offensivement, et son succès est bâti sur une bonne défense (2,56 buts encaissés par match, 10e de la ligue), elle même appuyée par les solides performances de son duo de gardiens Craig Anderson et Mike Condon, qui a tenu un pourcentage d’arrêt cumulé de 91,5%, 8e de la ligue. Or on sait que Craig Anderson est un goalie dont les performances varient considérablement d’année en année.

Toujours est-il que Pierre Dorion, lui, est convaincu que le parcours des siens au printemps dernier n’est pas un feu de paille. Il a donc cherché à conserver l’ossature de son équipe, jugeant sans doute que les jeunes talents de l’organisation comme Claesson, White ou Chabot (lire ci-contre) seront capables d’apporter le coup d’accélérateur supplémentaire. Le GM des Senators a tenté de protéger tout son monde, mais, faute d’avoir conclu un deal avec George McPhee ou d’avoir su convaincre Dion Phaneuf de lever sa clause de non mouvement, a vu les Golden Knights lui soutirer Marc Methot, l’habituer partenaire d’Erik Karlsson. Pour le remplacer, Dorion comptera donc sur Johnny Oduya, signé pour 1 an et 1M$, au cas où Thomas Chabot ne s’imposerait pas. Une garantie, plus qu’un titulaire indéboulonnable. Dorion a aussi renforcé son bottom six avec l’ancien des Ducks Nate Thompson (2 ans, 3,3M$), qui remplace numériquement Tommy Wingels, parti à Chicago. Enfin, côté prolongations, on notera celles de Mike Condon (3 ans, 7,2M$), Tom Pyatt (2 ans, 2,2M$), Ryan Dzingel (2 ans, 3,6M$) et Jean-Gabriel Pageau (3 ans, 9,3M$). Le vétéran enforcer Chris Neil quitte, lui, la franchise qui l’a repêché et où il a effectué l’intégralité de sa carrière NHL.

Claesson, la bonne surprise
Guy Boucher, le coach des Senators, a remis l’an dernier son équipe dans le bon sens. Et comme souvent avec le coach québécois, c’est en s’appuyant sur une solide défense qu’il y est parvenu (10e de la ligue avec 2,56 buts encaissés en moyenne par match) en dépit d’un faible PK (22e de la ligue avec 79,7% d’efficacité. Il faut dire que cette défense est emmenée par la superstar suédoise de l’équipe, Erik Karlsson, probablement un des cinq meilleurs hockeyeurs de la planète aujourd’hui. L’arrière natif de Landsbro, dans le sud de la Suède n’a dû qu’à l’extraordinaire saison offensive de Brent Burns de ne pas ramener à la maison un troisième trophée Norris. Mais personne dans la ligue ne remet en question le statut de meilleur arrière de NHL de Karlsson. Brillantissime patineur, doté d’un hockey IQ remarquable, le Suédois est devenu un arrière défensif très solide, alors qu’il produit offensivement comme peu d’attaquants dans la ligue. Cette année, il va devoir s’adapter à un nouveau partenaire puisque Marc Methot n’est plus un Senator. Ce partenaire pourrait être son compatriote Fredrik Claesson, très intéressant depuis son rappel avec le grand club, et qui a notamment été excellent en playoffs l’an dernier. Claesson est, à 24 ans, un puckmover solide, capable d’encaisser un solide temps de jeu.

La deuxième unité défensives des Senators n’a pas été brillante l’an dernier. Dion Phaneuf a confirmé à ceux qui en doutaient encore qu’il n’était plus capable d’évoluer sur un premier duo défensif. L’ancienne vedette des Flames a beaucoup perdu en explosivité. Il peut apporter un solide jeu two way, mais semble sur le déclin, avec en outre un contrat de 7M$ par saison qui le rend difficilement échangeable. Son partenaire, Cody Ceci, est un des jeunes joueurs importants de l’organisation. Gros, rapide, costaud, il était projeté comme un défenseur offensif au moment de son repêchage, mais cet aspect de son jeu tarde à se développer. L’an dernier, Ceci n’a inscrit que 17 maigres points, un recul notable par rapport à sa précédente saison (26 points). Avec Phaneuf, le duo a peiné à créer offensivement, et s’est trop souvent retrouvé acculé dans des situations défensives délicates. Le troisième trio pourrait, lui, être celui où débutera le brillant Thomas Chabot, un arrière très mobile, qui a goûté l’an dernier à ses premières minutes NHL. On pourrait le voir associé à Chris Wideman, un puckmover mobile et agressif, mais au gabarit modeste. A moins que le vétéran Johnny Oduya, fiable, mais clairement sur le déclin, ne soit préféré à l’un des deux.

Devant le filet, Ottawa paraît plutôt bien équipé. Craig Anderson a connu une drôle de campagne l’an dernier, où il s’est montré très solide sur la glace, tant en saison régulière   (2e de la ligue au pourcentage d’arrêts avec 92,6%, 8e à la moyenne de buts encaissés avec 2,28) qu’en playoffs. Mais sa saison a été interrompue par une absence consécutive au cancer contracté par son épouse. Dans ce contexte psychologique plus que délicat, sa saison n’en est que plus remarquable, comme l’est d’ailleurs celle de Mike Condon, qui a été acquis par le biais des waivers en début de saison. L’ancien Montréalais a assuré un très solide intérim, permettant à son équipe de tenir le choc en l’absence d’Anderson (2,5 buts encaissés par match, 91,5% d’arrêts). De quoi écarter la concurrence d’Andrew Hammond et celle de Matthew O’Connor, et s’installer semble-t-il pour de bon dans le rôle du numéro 2 et peut être même d’héritier d’Anderson.

Quel Bobby Ryan cette saison ?
En attaque, Ottawa est plus à la peine (22e de la ligue avec 2,51 buts par match), et les difficultés constatées en powerplay l’an dernier n’ont pas été surmontées depuis l’arrivée de Guy Boucher (23e de la ligue avec 17%). Les Senators disposent pourtant d’un premier trio intéressant, pivoté par  Kyle Turris. L’ancien 3e choix overall des Coyotes en 2007 a bien rebondi après une saison 2015-2016 en retrait, établissant son record de buts depuis son arrivée dans la ligue. Mais il a ralenti la cadence en playoffs. Quant à Mark Stone, c’est un buteur adroit et très intéressant sur le plan défensif. Il boucle toutefois une deuxième saison où sa production a diminué, en partie du fait d’une dizaine de matchs manqués. Comme Turris, il s’est fait discret en playoffs, mais à sa décharge, il jouait avec une blessure à la jambe. C’est sans doute Mike Hoffman, le troisième larron, qui s’est montré le plus convaincant lors du parcours des Sens en playoffs l’an dernier. On attendait beaucoup du buteur ontarien, qui retrouvait le coach qui l’avait révélé en junior avec Gatineau, mais il n’a pas passé le pallier attendu. Il demeure toutefois l’un des très bons snipers de la ligue grâce à un remarquable lancer du poignet.

Sur la deuxième ligne, Derick Brassard devra faire oublier une première saison assez anonyme (lire ci-contre). Le playmaker québécois pourrait évoluer avec le gros point d’interrogation de l’effectif des Senators, Bobby Ryan. L’ancien des Ducks a connu une saison régulière affreuse, manquant 20 matchs et offrant une production offensive indigne d’un joueur de son statut. Mais il s’est réveillé en playoffs où il a été l’un des attaquants les plus dangereux des Senators. Son lourd contrat (7,25 M$ pour encore cinq ans) a toutefois conduit Pierre Dorion à le laisser exposé lors du repêchage d’expansion, signe du crédit limité dont il dispose. Vegas n’a pas mordu, et Ryan devra rebondir cette année. On observera aussi attentivement la saison de Ryan Dzingel, un ailier extrêmement rapide qui s’est fait une place l’an dernier dans le roster des Sens, inscrivant 14 buts et 32 points pour sa première saison complète dans la ligue.

La troisième unité pourrait être celle de Jean-Gabriel Pageau. Le Québécois a connu un sensible recul statistique l’an dernier, inscrivant 10 points de moins en saison régulière, mais a réémergé pendant les playoffs. Adroit et intense, malgré son petit gabarit, Pageau est un élément important du PK des Senators. Son binôme habituel, Zach Smith, n’a, comme prévu, pas réussi à rééditer son incroyable saison 2015-2016 (25 buts), mais s’est tout de même fendu de 16 buts, ce qui en fait un solide joueur de troisième trio, capable d’amener de l’agressivité, un solide travail sur le PK, et donc un peu de scoring. Le trio, qui s’annonce difficile à affronter, devrait être complété par l’agaçant Alexandre Burrows, arrivé de Vancouver à la trade deadline, et qui s’est instantanément fondu dans le moule, même si ses playoffs ont été un brin décevants. Enfin le quatrième trio devrait être piloté par l’ancien Duck Nate Thompson, un attaquant défensif solide sur les mises au jeu, associé à l’ailier défensif Tom Pyatt. Mais on pourrait aussi y voir Clarke McArthur, dont la carrière a failli s’arrêter l’an dernier à cause de commotions cérébrales à répétition. Son retour en playoffs a été l’une des belles histoires du printemps, mais on ne peut s’empêcher de penser que reprendre le jeu est un risque considérable pour lui. Enfin, Colin White, l’un des grands espoirs de l’organisation, essaiera de se tailler un poste dans cet effectif. Cet attaquant polyvalent, doté d’un superbe coup de patin, démontre une grande intelligence de jeu. Il y a fort à parier qu’il ne finira pas la saison sur le quatrième trio.


Le lineup probable

Mike Hoffman (#68) – Kyle Turris (#7) – Mark Stone (#61)
Ryan Dzingel (#18) – Derick Brassard (#19) – Bobby Ryan (#9)
Zach Smith (#15) – Jean-Gabriel Pageau (#44) – Alexandre Burrows (#14)
Clarke MacArthur (#16) – Nate Thompson (#17) – Tom Pyatt (#10)
Colin White (#16)

Fredrik Claesson (#33) – Erik Karlsson (#65)
Dion Phaneuf (#2) – Cody Ceci (#5)
Thomas Chabot (#72) – Chris Wideman (#6)
Johnny Oduya (#29)

Craig Anderson (#41)
Mike Condon (#1)

Coach: Guy Boucher


OTTAWA SENATORS
Création: 1992
Propriétaires: Eugene Melnyk depuis 2003
Patinoire: Canadian Tire Center
Palmarès: Aucun (même si une première version de l’organisation a gagné 11 coupes Stanley dans les années entre 1903 et 1937, avant de disparaître)
Equipe affiliée AHL:
Binghamton Senators

L’AN DERNIER
6e
de la Conférence Est avec 98 points.
Eliminés en finale de conférence par les Penguins de Pittsburgh (4-3)
Meilleur pointeur: Erik Karlsson (71 points)
Meilleur buteur: Kyle Turris (27 buts).

Le joueur à suivre :
DERICK BRASSARD

Ottawa a payé cher pour faire venir le petit centre québécois (Mika Zibanejad et un choix de deuxième ronde), mais sa première année dans la capitale fédérale n’a pas franchement donné satisfaction, avec 39 maigres points en saison régulière. Il a tout de même rassuré avec 11 points en 19 matchs de playoffs, malgré une blessure à l’épaule qui l’a contraint à l’opération cet été. Les Senators ont besoin d’un Brassard plus tranchant sur la durée pour soutenir Kyle Turris et aligner deux vraies lignes offensives de qualité.

La relève :
UN TOP 3 DE HAUTE VOLÉE

Thomas Chabot

Classement ESPN : 12e.
Les Sens n’hésitent pas à faire confiance aux produits maison, et trois de leurs prospects semblent taillés pour avoir un impact significatif en NHL. Thomas Chabot (18e overall en 2015) est le plus prometteur du lot. Ce défenseur mobile et intelligent est perçu par beaucoup d’observateurs comme le meilleur jeune défenseur à ne pas encore avoir une place dans un roster NHL. Colin White (21e en 2015), est un centre two way très compétitif qui domine en NCAA et que l’on compare à Patrice Bergeron. Enfin Logan Brown (11e overall en juin) est un centre playmaker gros format avec qui il faudra être patient. Sa dernière saison a été très perturbée par les blessures, mais le potentiel demeure. Les Sens ont aussi ajouté deux attaquant intéressants lors du dernier repêchage, le centre tout terrain Shane Bowers (28e), et le très rapide ailier Alex Formenton (47e)

Le pronostic de TPPQB

Quel crédit accorder à un bon parcours en playoffs comme celui des Sens ? Autant les Predators ont dominé leurs adversaires, autant Ottawa s’est faufilé jusqu’en finale de conférence. Karlsson a beau être l’un des tout meilleurs joueurs actuels, il paraît difficile de classer les Sens dans la catégorie des favoris objectifs, ne serait-ce qu’au titre de la division, où Tampa et Montréal semble plus armés. Les hommes de Guy Boucher devraient se qualifier pour les playoffs, mais il sera déjà délicat de passer le premier tour… A moins que les jeunes de l’organisation ne tiennent toutes leurs promesses, apportant un bonus conséquent à l’actuel effectif.