Season preview 2017-2018 : New York Rangers

Eastern Conference – Metropolitan division


Prolonger l’espoir 

 

La légende suédoise des Rangers Henrik Lundqvist voit le temps s’écouler impitoyablement et ses espoirs de remporter la Coupe Stanley s’amenuisent.

 

C’est un exercice difficile auquel se prête Jeff Gorton, le GM des Rangers, depuis sa prise de fonction voici deux ans. Son prédécesseur, Glen Sather, lui avait laissé une équipe compétitive, mais vieillissante. Dans le très exigeant marché new-yorkais, difficile de se prêter au jeu de la reconstruction par le vide, en sacrifiant des joueurs talentueux pour obtenir des choix de repêchage, et construire ainsi les fondement d’une toute nouvelle équipe. C’est pourtant la méthode qui a profité à Chicago, Pittsburgh, Los Angeles, et sans doute à Edmonton et Toronto, voire Arizona.

Mais à New York comme à Montréal ou à Boston, il paraît difficilement envisageable de renoncer à être compétitif sur une durée indéterminée. Gorton a donc choisi de rajeunir son équipe, tout en maintenant sa compétitivité. Les anglophones parlent de reconstruction « on the fly », qu’on pourrait traduire par « en marchant ». L’an dernier, il avait ainsi sacrifié Derick Brassard pour attirer Mika Zibanejad, pas aussi productif, mais plus jeune et dont on pouvait penser que son potentiel l’amènerait un jour ou l’autre au niveau de Brassard. Cet été, c’est plus la volonté de gérer le salary cap qui a conduit le GM à se séparer de Derek Stepan et Antti Raanta, envoyés en Arizona en retour du 7e choix overall lors du dernier repêchage, et d’Anthony DeAngelo. L’argent dégagé lui a permis de se racheter le contrat du vieillissant Dan Girardi, et de faire une offre compétitive à Kevin Shattenkirk, le free agent le plus convoité de la cuvée 2017. L’ancien des Blues, natif de l’Etat de New York, a toutefois dû faire un effort sur son salaire pour signer avec les Blueshirts (contrat de 4 ans, 26,6M$).

L’air de rien ces quelques mouvements ont permis de rajeunir la franchise. Reste maintenant à évaluer si ces décisions vont faire baisser le niveau d’une équipe qui a connu une belle saison régulière l’an dernier (102 points), alors qu’elle évolue sans doute dans la division la plus forte de la ligue. La perte de Stepan pourrait être compensée par Mika Zibanejad, à qui l’on a consenti un contrat de 5 ans et 26,5M$, mais la ligne de centre des Rangers semble tout de même affaiblie, même si JT Miller a le temps pour compenser ce handicap. New York a en effet perdu un autre centre, Oscar Lindberg, récupéré par les Golden Knights lors du repêchage d’expansion, et son remplaçant, David Desharnais (contrat d’1 an, 1M$) est sur le déclin depuis quelques saisons, dans un profil strictement offensif qui se marie mal avec une place sur le quatrième trio.  Devant le filet, Antti Raanta avait fait beaucoup de bien l’an dernier dans le rôle de numéro 2. Pour le remplacer, Gorton a fait un pari avec Ondrej Pavelec, médiocre depuis quelques saisons, mais qui a, un temps fait figure de solide numéro 1 (contrat d’un an, 1,3M$). Là encore, les Rangers semblent affaiblis. Par contre l’arrivée conjuguée de Kevin Shattenkirk et Anthony DeAngelo compense très largement le départ de Girardi et la retraite d’un Kevin Klein qui avait beaucoup décliné, et la défense semble améliorée.

Grosse pression sur Zibanejad
Si Stepan a pu être échangé, c’est aussi que Jeff Gorton sait que son équipe a de la réserve. L’an dernier, les Rangers tournaient à 3,09 buts par match (4e de la ligue), avec un scoring bien réparti : huit joueurs ont ainsi inscrit plus de quinze buts l’an dernier pour New York, qui bénéficiait en outre d’un solide powerplay (10e de la ligue avec 20,3% d’efficacité).
Le joueur clef du premier trio devrait donc être Mika Zibanejad. L’ancien des Senators a connu un très bon début avec sa nouvelle équipe avant de se fracturer le péroné, ce qui lui a coûté 26 matchs. Rapide, solide dans les deux sens de la patinoire, c’est un joueur intense, qui a connu une progression lente, mais constante depuis son arrivée dans la ligue. Il devrait être associé à la vieillissante star canadienne Rick Nash, auteur de 23 buts l’an dernier, mais de seulement 38 points, à peine mieux qu’en 2015-2016, la pire saison offensive de sa carrière. Le gros power forward a en outre complètement disparu de la circulation en playoffs, avec toutefois pour circonstance atténuante une blessure au genou droit. On attend un rebond de sa part, à un an du terme de son contrat. Le trio sera complété par le jeune Jimmy Vesey, qui avait refusé l’an dernier de signer avec Nashville, qui l’avait repêché, et décidé de signer aux Rangers au terme d’un feuilleton qui a tenu en haleine toute la ligue. C’est un ailier gros format qui a montré de solides instincts de buteurs, comme en témoignent ses 16 buts dans sa première saison NHL. Comme pour tout jeune joueur, la courbe d’apprentissage n’a toutefois pas été régulière, et Vesey a peiné après un démarrage très convaincant.

La deuxième unité pourrait être piloté par Kevin Hayes, qui grimperait alors dans la hiérarchie des centres new-yorkais, à moins que ce ne soit JT Miller qui occupe cette place. Hayes est un attaquant au solide gabarit, qui dispose de bonnes mains. Il sort de la meilleure saison offensive de sa carrière, une saison qui le rend crédible en tant que joueur top 6, mais a peiné en playoffs. Il pourrait évoluer avec un autre attaquant imposant, l’ailier US Chris Kreider, un des meilleurs patineurs de l’organisation. Auteur d’une saison très solide qui l’a vu établir son record de buts (28) et de points (53), Kreider a par contre été moins percutant en playoffs, avec seulement quatre points. Pour passer un palier et devenir une menace offensive de premier plan, il devra gagner en constance. Le trio devrait être complété par l’habile Mats Zuccarello, meilleur pointeur des Rangers l’an dernier. L’ailier norvégien est un joueur tout en finesse, qui s’appuie sur une compréhension fine du jeu pour exister malgré un tout petit gabarit.

Le troisième trio pourrait donc être celui de JT Miller, un centre buteur redoutable par sa vitesse et sa polyvalence. L’Américain progresse avec constance depuis trois saisons, même si sa fin d’exercice et ses playoffs ont été un peu moins convaincants. Il a les moyens, lui aussi de devenir un centre top 6 fiable. Il pourrait évoluer avec l’autre brillant rookie de la dernière saison, le Russe Pavel Buchnevich, un ailier rapide et créatif, qui a connu une première saison d’adaptation dans la ligue, montrant de belles choses sans toutefois trouver la régularité. C’est Michael Grabner qui devrait évoluer à l’aile droite de cette ligne. L’Autrichien est l’un des patineurs les plus rapides de la ligue, une qualité qui lui permet de se procurer de nombreuses occasions en breakaway. Il manque toutefois d’habileté pour en concrétiser la majorité, sans quoi il serait sans doute un des buteurs les plus dangereux de la ligue, comme il le fût en 2010-2011 avec les Islanders (34 buts). Plutôt en réussite l’an dernier, il a tout de même marqué 27 buts, mais il est dangereux avec ce joueur d’attendre une régularité à ce niveau. Enfin la quatrième ligne pourrait associer le playmaker québécois David Desharnais au sniper  ontarien Matt Puempel, deux joueurs qui n’ont pas le niveau pour évoluer plus haut dans l’alignement sur la durée mais qui apporteront un intéressant potentiel offensif au quatrième trio, associés au Suédois Jesper Fast, rapide et responsable défensive ment.

La belle surprise Skjei
Les Rangers ont fait le métier sans briller l’an dernier, avec la douzième défense de la ligue (2,63 buts encaissés par match), et un PK moyen (19e avec 79,8% d’efficacité). Un rendement sans relief qui doit sans doute beaucoup à la (relative) baisse de forme du pilier de l’équipe, le gardien Henrik Lundqvist. Le gardien suédois, qui a souffert d’une blessure à la hanche, a donné des signes évidents de fatigue, se contentant d’un pourcentage d’arrêt de 91% (24e parmi les gardiens à plus de 40 matchs), et d’une moyenne de buts encaissés de 2,74 (25e), ses deux pires stats en carrière… Habitué à disputer énormément de matchs, King Henrik a-t-il amorcé son déclin ? Pas sûr, vu ses solides playoffs, et notamment un premier tour énorme face à Montréal. Il devra toutefois, cette année, faire sans son excellent backup de l’an dernier, Antti Raanta. Ondrej Pavelec, qui le remplace, devra, lui, faire oublier quelques saisons médiocres et relancer sa carrière.

Ryan McDonagh, le capitaine des Blueshirts, devrait s’aligner sur la première paire défensive avec Brendan Smith. L’ancien premier choix du Canadien en 2007 est un arrière très complet, mobile et agressif, puissant et dangereux offensivement. Son nouveau binôme, arrivé de Detroit à la trade deadline, a connu de bons playoffs. Son jeu est plus strictement défensif que celui de McDonagh, avec une contribution intéressante en PK, mais un potentiel offensif limité. Il est par contre capable d’encaisser un solide temps de jeu.

Sur la deuxième unité, on devrait retrouver la grosse prise de Jeff Gorton sur le marché des agents libres cet été, Kevin Shattenkirk (lire ci-contre). L’ancien des Blues devrait évoluer avec Brady Skjei, l’une des grosses révélations de la saison l’an dernier du côté de Manhattan. Cet arrière gros format très mobile joue avec simplicité et efficacité, notamment défensivement. L’an dernier pour sa première saison dans la ligue, il a produit 39 points avant de démontrer en playoffs qu’il avait les moyens d’être un solide contributeur même lorsque le niveau s’élève. Enfin la troisième unité devrait être celle du vétéran Marc Staal, un arrière défensif qui a vu son rendement sensiblement décliner depuis quelques saisons. Sans être devenu un fardeau, le cadet de la fratrie Staal n’est clairement pas à la hauteur aujourd’hui de son riche contrat (5,7M$ pour encore quatre saisons), et pourrait bien, à terme, subir le sort qu’a connu Dan Girardi, dont les Rangers ont racheté le contrat cet été. Il pourrait évoluer avec le jeune et talentueux arrière offensif Anthony DeAngelo, qui serait bien inspiré de se nourrir du professionnalisme de Staal, ou de Nick Holden, une grosse surprise l’an dernier de par sa production offensive (34 points, dont 11 buts). L’ancien de Colorado va devoir confirmer cette année qu’il ne s’agissait pas d’un accident.


Le lineup probable

Jimmy Vesey (#26) – Mika Zibanejad (#93) – Rick Nash (#61)
Chris Kreider (#20) – Kevin Hayes (#13) – Mats Zuccarello (#36)
Pavel Buchnevich (#89) – JT Miller (#10) – Michael Grabner (#40)
Matt Puempel (#12) – David Desharnais (#51) – Jesper Fast (#19)
Daniel Catenacci (#43)

Ryan McDonagh (#27) – Brendan Smith (#42)
Brady Skjei (#76) – Kevin Shattenkirk (#22)
Marc Staal (#18) – Anthony DeAngelo (#77)
Nick Holden (#23)

Henrik Lundqvist (#30)
Ondrej Pavelec (#32)

Coach: Alain Vigneault


NEW YORK RANGERS
Création: 1926
Propriétaires: James L. Dolan (The Madison Square Garden Company) depuis 1997
Patinoire: Madison Square Garden
Palmarès: 4 Stanley Cups (1928, 1933, 1940, 1994)
Equipe affiliée AHL:
Hartford Wolfpack

L’AN DERNIER
5e
de la conférence Est avec 102 points.
Eliminés au deuxième tour des playoffs par les Senators d’Ottawa (4-2)
Meilleurs pointeur : Mats Zuccarello (59 points)
Meilleur buteur : Chris Kreider (28 buts).

Le joueur à suivre :
KEVIN SHATTENKIRK

Des mois que durait le feuilleton de son départ de St. Louis. C’est finalement Washington qui a attiré le défenseur américain, pour un rendement globalement décevant. Loin des Blues, le dynamique arrière américain a peiné. Originaire de l’Etat de New York, il a accepté moins d’argent que prévu pour porter le maillot des Rangers. A lui de prouver que cette parenthèse dans la capitale américaine n’était qu’un accident, en redevenant l’un des arrières offensifs les plus percutants de la ligue sous les lumières de Madison Square Garden.

La relève :
QUI POUR SUCCÉDER À LUNDQVIST ?

Igor Shestyorkin

Classement ESPN : 29e. Habitués de l’échange de choix de repêchage et d’espoirs, les fans des Rangers n’avaient pas grand-chose à espérer de leur prospect pool. Mais Jeff Gorton a a frappé un grand coup en acquérant le 7e choix des Coyotes. De quoi mettre la main sur le prometteur centre Lias Andersson, un choix qui a surpris mais pourrait rapporter gros. Avec le 21e choix, c’est un autre centre européen, le Tchèque Filip Chytil qui a été choisi. De quoi singulièrement booster la relève qui ne comptait plus de prospect de grande valeur depuis la promotion de Pavel Buchnevich. Citons tout de même deux arrières, Sean Day (81e en 2016), très talentueux, mais pas forcément très lucide sur la glace, et le stay at home  Ryan Graves (110e en 2013). La seule vraie force des Rangers se situe devant le filet, avec trois gardiens intéressants, l’Américain Brandon Halverson (59e en 2014), le Slovaque Adam Huska (184e en 2015), et surtout le Russe Igor Shestyorkin (118e en 2014), un goalie au gabarit modeste, mais qui fait des dégâts en KHL et pourrait bien être l’héritier de King Henrik.

Le pronostic de TPPQB

Sans Stepan, New York sera affaibli en attaque l’an prochain, mais l’arrivée de Shattenkirk pourrait compenser. Les Rangers ont une belle équipe, solide dans toutes les lignes, avec de la profondeur offensive et défensive. Mais son meilleur atout demeure Henrik Lundqvist, et le gardien suédois a inquiété l’an dernier. En outre, les Rangers évoluent dans une division très compétitive. Ils devront donc batailler pour s’assurer d’une place en playoffs, et espérer éviter les cadors au premier tour des playoffs. Difficile, honnêtement, de les imaginer au delà de la demi-finale de conférence.